OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 #ICANN #Nairobi: Le sacre des noms de domaine http://owni.fr/2010/03/14/icann-nairobi-le-sacre-des-noms-de-domaine/ http://owni.fr/2010/03/14/icann-nairobi-le-sacre-des-noms-de-domaine/#comments Sun, 14 Mar 2010 15:37:57 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=10031 img_7833-par-charles-mok

Après Séoul en octobre 2009, c’est à Nairobi (Kenya) que s’est réunie du 7 au 12 mars l’ICANN, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, c’est-à-dire la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet. Pour en savoir plus sur cette institution, on peut consulter la page de l’encyclopédie participative Wikipédia qui lui est consacrée ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/ICANN.On peut également se rendre directement sur le site de la Société (www.icann.org) qui propose une page de présentation en français ici :http://www.icann.org/tr/french.html.

Pour résumer il faut savoir que l’Icann est l’organisme qui gère et délègue la gestion (1) des noms de domaine de premier niveau (les .com, .fr) ce qui est une tâche technique mais aussi un pouvoir économique, diplomatique et politique de première importance. La compétence de l’ICANN est mondiale, ce qui fait que ses décisions s’imposent de fait aux Etats membres, alors même – comme le rappelle wikipedia – qu’elle est de droit californien. Plus délicat encore : elle est placée directement sous la tutelle du ministère du commerce américain.

C’est dire si les réunions comme celle qui s’est achevée vendredi à Nairobi sont suivies de près par les gouvernements et les acteurs de l’Internet. C’est souvent dans la coulisse que se nouent et se dénouent les grandes affaires. A Nairobi, quelques points essentiels ont été abordés par le board, l’instance qui dirige l’ICANN :

-L’abandon de la procédure dite de l’EOI, l’ « Expression of interest ». Cette procédure visait à demander aux porteurs de projets de se déclarer préalablement. Une forme de pré-enregistrement autrement dit qui pouvait donner lieu à de la spéculation. Il faut savoir que le dépôt de dossier pour la demande de l’ouverture d’une extension coûte 185.000 dollars, et que pour l’EOI il était réclamé une avance de 55.000 dollars.

-De nouvelles dispositions pour protéger les marques. L’enjeu notamment économique est d’importance dans le cadre de la création de nouvelles extensions. La création de nouvelles terminaisons est en effet une difficulté pour les marques qui souhaitent pouvoir déposer leur nom de domaine sous toutes les formes. Les détenteurs de marques sont donc une très forte force d’opposition à l’extension des noms de domaines. Le dossier « nouvelles extensions génériques » avait été gelé lors de la dernière réunion à Séoul. Deux propositions ont donc été intégrées. La première consiste en l’établissement d’une « cleaning house », c’est-à-dire en fait une liste de référence globale qui protègerait les détenteurs de marque pour toute les terminaisons. La deuxième est l’adoption d’une procédure accélérée pour le blocage d’un nom de domaine cyber-squatté. Jusqu’à maintenant, la procédure réclamait 45 jours. Il n’en faudra plus que 15 désormais.

-Des études économiques et techniques. Un groupe d’économistes a été mandaté afin d’effectuer une étude de marché pour connaître plus précisément la véritable demande dans le cadre de la création d’une extension. Cette étude devrait être publiée juste avant la prochaine réunion de Bruxelles. Une autre étude devra par ailleurs déterminer l’impact technologique de la création d’une extension. Une nouvelle extension provoque en effet toujours immédiatement un pic de charge, des milliers de noms de domaines se créant avec la nouvelle terminaison.

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-La création d’un groupe de travail pour réfléchir au financement de projets portés par les pays du sud. Les 185.000 dollars de dossier sont en effet rédhibitoires pour un certain nombre de projets venus de pays du Sud. Le groupe de travail devra trouver des solutions de financement, prêts à taux 0 ou autres…

-Enfin la création de l’extension .XXX pour les sites pornographiques est revenue sur le devant de la scène. Il faut savoir que cette extension, réclamée par les professionnels du secteur avait bien failli voir le jour en 2005. Mais les représentants américains au sein de l’ICANN, très explicitement guidés par le gouvernement des Etats-Unis, avaient alors utilisé leur droit de véto pour faire avorter le projet. Dans l’histoire de l’ICANN il s’agit d’ailleurs du seul et unique épisode ou les américains aient usé de ce droit de véto. Les professionnels de l’industrie pornographique n’ont pourtant jamais renoncé. Ils ont utilisé recours sur recours. Or un comité d’audit indépendant a remis en question la décision de l’ICANN de ne pas créer cette extension. A Nairobi le board a conservé un silence pudique sur la question qui devrait ressurgir de façon officielle.

Il faut rappeler par ailleurs que l’année 2010 est et sera riche en nouveautés au rayon des noms de domaines et de leurs extensions, suite à des décisions prises avant la réunion de Nairobi. Principale innovation : la possiblité de création d’extension en alphabet non latin. Dès le mois d’avril le « .rf » en cyrillique (pour la Russie) fera son apparition. Les mois suivants viendront également le « .bg » en cyrillique toujours pour la Bulgarie, des extensions en arabe pour l’Egypte et la Tunisie et enfin en caractère chinois pour la Chine.

Olivier Zilbertin

(1) en France, c’est ainsi l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet en coopération – www.afnic.fr) qui est délégataire de cette gestion.

> Illustrations par Charles Mok sur Flickr

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[WE spécial #Zik] Le MP3 anachronique http://owni.fr/2010/03/06/le-mp3-anachronique/ http://owni.fr/2010/03/06/le-mp3-anachronique/#comments Sat, 06 Mar 2010 14:58:35 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=9522 vinyl-kills-the-mp3-industry

Ce week-end, l’équipe d’Owni vous propose une sélection d’articles autour de l’évolution de l’industrie de la musique. Internet a en effet joué un rôle important dans la fuite en avant de cette industrie, qui, en dix ans, est passée de l’âge d’or aux temps obscurs. Obscurs parce que soumis à la pression de millions d’internautes qui se sont mis à échanger en masse des oeuvres  musicales sous format MP3.

Journaliste au Monde Interactif à l’époque des balbutiements de ce format, Olivier Zilbertin revient sur la genèse de ce qui est à présent un état de fait.

Pendant que les maisons de disques cherchaient par tous les moyens à préserver leur pré carré, en se fondant sur la défense des droits d’auteur et un discours rôdé autour de leur indispensable rôle dans la découverte et la promotion des nouveaux talents, les ventes de disques chutaient et  Apple révolutionnait les usages en profitant de la situation.

Aujourd’hui, nous n’avons jamais autant écouté de musique, et les nouveaux groupes foisonnent, profitant des coûts très faibles de diffusion de leur musique sur le réseau. Reste à trouver de nouveaux moyens de créer de la valeur. Virginie Berger propose quelques solutions pragmatiques: son article avait été particulièrement apprécié et partagé, nous l’avons traduit en anglais.

Gilles Babinet de Sawndblog propose une réflexion centrée sur l’artiste en 2010.

Quant à Aurélien Fache aka @mathemagie, aka ownidj, il vous propose une sélection de près de 24 heures de musique. Enjoy – Tous ces billets sont à découvrir en ce WE spécial Zik, sur Owni !

En fouillant dans mes archives, je suis tombé sur quelques « pépites ». Des articles «  techno » vieux de plus de dix ans, qui se penchaient sur la situation de la musique et de l’industrie du disque face à l’arrivée du MP3. Si jamais je devais me moquer dans les lignes qui suivent de quelques prédictions et réflexions aujourd’hui dépassées, je ne pourrais le faire que gentiment puisqu’il se trouve que j’en suis l’auteur. Pour l’un d’entre eux, j’en suis précisément le co-auteur avec Guillaume Fraissard, qui m’a autorisé à le reproduire ici et sur mon blog (www.blogOZ.fr). A l’époque, nous travaillions tous les deux pour le Monde Interactif, le supplément hebdomadaire du Monde consacré aux nouvelles technologies, en particulier celles de l’information et de la communication (NTIC). Un bon poste d’observation de toutes les transformations de la société liées à ces NTIC.

En février 99, donc, nous avions consacrés un dossier de « Une » à la musique en ligne. Son titre : « Il faudra payer les notes sur Internet ». On peut lire ici l’article de synthèse. « Les grandes manœuvres ont bel et bien commencé sur le front de l’Internet musical, écrivions nous. Il faut dire que, des artistes aux producteurs, en passant par les éditeurs et les distributeurs, nul acteur de la filière ne peut plus feindre d’ignorer les bouleversements engendrés par la diffusion de fichiers audio en ligne : de la musique de qualité CD circule rapidement sur le Web et peut se reproduire facilement à des milliers d’exemplaires partout dans le monde et à moindre coût ! Voilà, en substance, ce qui se cache réellement derrière le sigle MP3. ». Ou encore : « Téléchargement et vente en ligne : les nouvelles formes de diffusion vont obliger éditeurs et distributeurs à repenser leur métier ». Visionnaires, non ?

Le MP3 était pourtant loin d’être déjà devenu un standard. Au contraire. J’expliquais dans cet autre article « la technique reste la meilleure défense du disque », que se procurer un fichier à ce format relevait de l’exploit pour qui du moins n’était pas rompu aux langages ésotériques de l’informatique et des réseaux. Pour preuve, j’avais écrit : « QUESTION sur un forum de discussion : « Quelqu’un pourrait-il m’indiquer où trouver des fichiers MP3 ? » Réponse d’un anonyme : « Commence par chercher sur irc sur des channels comme #mp3 #mp3files #mpeg3files #mp3direct sur le serveur efnet puis tu trouvera [sic] des tounes que tu pourrais télécharger directement à l’aide de commande ou bien juste te trouver des sites ftp avec les annonces que d’autres utilisateurs diffusent sur les channels la commande pour te faire venir des tounes est : /ctcp (nick) xdcc send #1 ou 2… » .

Bref, si «MP3 » était à l’époque le troisième mot-clef le plus recherché sur Yahoo, la musique en ligne était encore loin d’être accessible à tous et le net loin d’être devenu l’auditorium géant et gratuit que l’on décrivait parfois. Quelques mois plus tôt seulement venait juste d’arriver sur le marché le premier lecteur de MP3 portable, le RIO, et l’Ipod n’existait pas encore. Il fallait théoriquement 9 minutes de téléchargement au mieux pour en récupérer une de musique, avec un modem 28.8, le plus répandu à l’époque. Débits riquiqui, disques durs étriqués, coût élevés du stockage : le MP3 a été inventé pour répondre à ces lourdes contraintes techniques. En échange de quoi, il faut se contenter d’une musique sensiblement dégradée.

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Les temps ont bien changé. Si de nombreuses problématiques d’hier restent d’actualité, on peut néanmoins se demander quelle est encore aujourd’hui la raison d’être de ce format. Le haut débit s’est généralisé, et télécharger des albums entiers ne prend plus que quelques instants. Les ordinateurs premiers prix disposent par ailleurs de disques durs de plusieurs centaines de gigas, tout comme les supports de stockages externes bon marché.

Au-delà de cette interrogation purement technique, ce sont évidemment d’autres enjeux du net qui se nouent : si l’on veut que l’internaute paie sa musique, ou pour généraliser plus encore, si l’on veut tout simplement que l’internaute paie, encore faut il ne pas oublier qu’il est désormais en droit de réclamer un produit de bien meilleure qualité. Yves Riesel, le patron du site de musique en ligne Qobuz (www.qobuz.com), l’écrivait récemment dans une chronique publiée dans « Le Monde Télévisions »:

« La filière (de la musique, NDLR) elle-même devra se secouer et penser aux usages et aux usagers. Les labels devront achever de comprendre le nouveau vocabulaire Internet, ses contraintes et ses avantages. La qualité offerte au consommateur doit progresser vigoureusement : elle est pour l’heure assez rudimentaire. (…) Achetez un album sur une plate-forme légale. Pour 65,70 vieux francs, vous recevrez souvent un fichier compressé à 256 Kbit/s, un visuel recto mangé par des mites, aucune information sur les auteurs et compositeurs des chansons ou des œuvres ».

On ne saurait mieux dire. La réflexion vaut pour d’autres secteurs. Plus la technique progresse, plus la tolérance de l’internaute à la médiocrité recule. C’est aujourd’hui l’ensemble des acteurs de l’internet, et en particulier ceux de l’information, qui doivent méditer cette maxime.

> Illustrations par karola riegler photography et par fabbriciuse sur Flickr

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Au pied de La Défense, le terrain stratégique de l’EPAD est un terrain vague http://owni.fr/2009/10/29/au-pied-de-la-defense-l%e2%80%99epad-est-un-terrain-vague-ou-jean-sarkozy-seclate/ http://owni.fr/2009/10/29/au-pied-de-la-defense-l%e2%80%99epad-est-un-terrain-vague-ou-jean-sarkozy-seclate/#comments Thu, 29 Oct 2009 10:00:44 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=5016 Je vous propose une petite visite guidée, dans un endroit tout à fait inattendu de la banlieue parisienne. L’entrée n’est pas facile à trouver: il faut passer par un grillage découpé, sous l’immense viaduc en béton du RER A. Voici l’entrée (en cliquant sur l’image vous pouvez la voir en grand):

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Ensuite, il faut emprunter ce qui ressemble à une ancienne sortie de voie rapide désaffectée et gagnée par les herbes folles:
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Puis il faut prendre des chemins mal tracés, à travers la végétation sauvage et désordonnée. Comme ici :

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Faisons une petite halte. Nous venons donc d’entrer par une porte dérobée sur une parcelle des 230 hectares que convoite l’Epad, l’Etablissement public d’aménagement de la Défense. 230 hectares de terrains vagues, au pied du plus grand quartier d’affaire d’Europe.qui s’étend lui sur 160 hectares. 230 hectares de boue, de poussière, de cailloux et de végétation anarchique qui semblent narguer les tours de la Défense, les centres commerciaux aux enseignes prestigieuses, les hôtels quatre étoiles et les centre de conférence, les sièges sociaux ultramodernes des plus grandes entreprises de France et d’ailleurs, les sociétés d’assurance et les salles de marché. Sur la photo ci-dessus, au-delà des feuilles et des branches, on voit la Grande Arche, et sur la droite, la préfecture des Hauts-de-Seine.
Un terrain vague où la nature a pris ses aises, entre deux voies ferrées, au croisement bétonné de l’A14 et de l’A86.
Il faut noter de surcroit que ces 230 hectares se situent sur le territoire de la ville de Nanterre, ville communiste… Comme une vieille dame rouge et indigne qui s’amuse encore et toujours à faire un bras d’honneur aux tours géantes de la Société Générale. A croire que l’insolence pousse ici comme les mauvaises herbes : il suffit de tourner les talons, pour apercevoir les logements de la Garde Républicaine qui veillent au garde-à-vous sur le grand terrain désordonné et rebelle:

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Reprenons notre promenade. Si l’on avance un peu plus à travers ce champs abandonné, on peut certain jour y croiser Roberto. Roberto vit là, sous les fenêtres de la Garde Républicaine. Il n’a pas de chance Roberto. Pensez : il a vécu 40 ans en Hongrie , a fuit le communisme, et finalement il se retrouve là, en pleine banlieue rouge !… C’est vraiment pas de bol:

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On peut aussi y croiser Roger Des Prés, qui connait les lieux comme personne, chaque fleur, chaque ronce, et qui organise à l’occasion quelques visites guidées du terrain avant un thé à la menthe sous les arbres.

Il faudrait des heures pour parler de Roger des Prés et de sa Ferme du Bonheur. La Ferme du bonheur, c’est un lieu très singulier, qui squatte déjà plus ou moins légalement selon les époques, un hectare et demi de cette friche qui nargue l’Epad, à deux pas de l’école du cirque On y élève chevaux et volailles. Chats, chiens et parfois hommes perdus peuvent y trouver refuge. On y fait pousser des légumes, de la poésie, de la musique, et du théâtre. On y boit du thé ou du café. L’été on peut s’y prélasser après une séance de hammam traditionnel. On y pratique, en résumé, un art rare, l’ « agro-poésie », selon l’expression de Roger des Prés.
Il semble que dans le futur aménagement du terrain vague, Roger Des Prés ait obtenu l’assurance de pouvoir étendre sa ferme du bonheur sur 30 hectares ! Le projet s’appelle le PRE -  Parc Rural Expérimental – et comprend un terrain de production agricole traditionelle, un théâtre, des écuries, des ateliers traditionnels eux aussi, des bains publics…
La Ferme du bonheur a en tout cas déjà commencé à défricher le terrain et à planter ses premiers arbres, ses premières courgettes, son premier mais. En échange d ‘un peu de mobilier venu de la ferme du bonheur, Roberto, le Hongrois qui fuit le communisme, surveille ce jardin inattendu…

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Voilà pour cette petite visite. 320 hectares de terre en friche, à deux stations de RER des Champs-Elysées, à quelques encablures du plus grand centre d’affaire européen et de la Grande Arche, au croisement de l’A14 et de l’A86, sous les fenêtre de la préfecture et de l’hôtel du département, cela, on l’imagine, ne peut que stimuler l’imagination féconde des promoteurs immobiliers qui manquent cruellement de place aux porte de Paris pour exprimer pleinement leur créativité. Que fera l’Epad de ce terrain vague ? D’après vous ?

» Article initialement publié sur blogoz.fr

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Les web-fictions carburent à l’humour http://owni.fr/2009/10/22/les-web-fictions-carburent-a-lhumour/ http://owni.fr/2009/10/22/les-web-fictions-carburent-a-lhumour/#comments Thu, 22 Oct 2009 08:06:46 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=4800 le-rireIl est parfois subtil, souvent carrément potache. Il a de l’esprit, il peut être de second degré, ou bien rester au ras des pâquerettes. Il arrive aussi qu’il soit très noir ou bien grinçant. Il n’a pas honte de se montrer gras, et il est loin d’être toujours de bon goût. Mais quelles que soient sa nature et sa forme, c’est un fait : l’humour est l’un des principaux piliers d’Internet. Pour preuve, « la catégorie Comédie et humour est la deuxième la plus fréquentée, après celle consacrée à la musique », constate Martin Rogard, le directeur de Dailymotion, la plate-forme d’échange de vidéos. Au total, le rire représenterait ainsi 20 % de l’audience du site. Et serait du coup le meilleur sésame pour la notoriété.

DU BLOG À LA TÉLÉVISION

Ils sont quelques-uns, en effet, à avoir profité de la formidable caisse de résonnance du rire sur la Toile pour se tailler leur part plus ou moins grande de succès. De la « Chanson du dimanche » à Zazon, des détournements de Mozinor aux provocations de Rémy Gaillard, en passant par les tubes du chanteur Kamini, ce ne sont pas les occasions de rire qui manquent. Sans parler, bien sûr, des célèbres « Têtes à claques » québécoises, nées sur un blog personnel, devenues aujourd’hui en quelque sorte des stars internationales, à la télé et sur téléphone mobile également.

Actuellement, en France, c’est le « Comité de la claque », ses fausses pubs, fausses séries, fausses bandes annonces, ses parodies en tout genre, qui cartonnent sur le Web. Avec plus de 2 millions de spectateurs en quelques semaines, la fine équipe vient de signer avec le studio MGM. Les Web-séries n’échappent évidemment pas à la règle. En ce moment, la saison 3 de « DRH, la vie de bureau de Nicolas Berthier » fait se gondoler les internautes. Au palmarès du dernier Festival de la fiction de La Rochelle, c’est la très humoristique « Histoire racontée par des chaussettes », de Dedo et Yacine, qui a succédé au palmarès de la catégorie Web à la comique « P’tite couronne », de Maxime Potherat.humour1

Sur le Web, on a beaucoup ri aussi aux succulentes et parodiques leçons de cinéma de « La séance de Sergueï », filmée par Simon Dronet, aux désordres amoureux des trois colocataires « Antoine, Bibi et Casimir », de François Chabert et Laurent Jeanne et, évidemment, aux affres de la création de « Putain de série », réalisée par Julius Berg et produite par Stéphane Drouet et Matthieu Viala de Making Prod.

Reviennent aussi en mémoire les très noirs et fascinants « Petits suicides de M. Raoul », de Najar et Perrot, ou les prestations, sombres elles aussi, de Tom Novembre pour les abonnés de Club-Internet dans « Soyez prudents », récits, par un médecin légiste, de morts absurdes tirées de faits réels. La liste serait presque sans fin. Le Web et le rire étaient faits pour s’entendre. Ils font d’ailleurs bon ménage depuis l’origine, et les premières blagues envoyées lors des premiers échanges de courriels…

Formats courts, percutants, que l’on partage facilement en quelques clics. « L’humour est plus facile en termes de production », estime Martin Rogard. « Oui, mais faire rire est plus difficile », répond Julien Pichard, l’un des trois auteurs réalisateurs de « Hello Geekette », une Web-série humoristique qui met aux prises Valérie, une charmante geekette (fan de technologies et de mangas), à son colocataire Greg, un rien bobo (830 000 visiteurs en 14 mois).

DES COMÉDIENS PAYÉS EN REPAS

« On fait de l’humour parce qu’on aime ça tout simplement », explique Julien Pichard. « Pour se faire remarquer sur Internet, il faut soit faire du drôle, soit faire du choquant, estime, de son coté, Simon Dronet, l’auteur des petites leçons de cinéma de Sergueï. Cela peut aussi devenir déprimant de se fatiguer à vouloir faire de l’humour de qualité, d’écrire des scénarios, et de constater que la vidéo amateur d’un chat qui se cogne à une porte fait dix fois plus de visionnages. L’humour, c’est un moyen efficace pour se faire connaître. Je ne renie rien, mais je ne fais pas que ça non plus ».

Avec L’Homme en rose, conte poétique destiné aux musées, qu’il est en train de réaliser, Maxime Potherat, doublement primé à La Rochelle, tournera lui aussi, au moins provisoirement, la page de la série humoristique. « Est-ce que cela marchera ? », s’inquiète le réalisateur de la très comique « Vie des animaux selon les hommes » diffusée sur France 5.

Le passage du Web à la télé n’est en tout cas pas toujours une envie, et surtout pas une évidence. « Putain de série », comédie très réussie, se moquait-elle trop de la télé pour que celle-ci lui ouvre ses antennes ? « Les chaînes veulent l’exclusivité de la diffusion sur tous les supports », explique un de ses producteurs, Stéphane Drouet. « Et donc ne veulent pas la laisser sur Internet. Ce n’est pas l’esprit de la série. » Les dix premiers épisodes sont toujours sur le Web et les dix suivants, déjà écrits, pourraient les rejoindre. « L’économie de lafiction sur le Web, ce n’est pas encore ça », regrette le producteur.

Les réalisateurs de « Hello geekette » font la cuisine à leurs comédiens pour tout salaire. Les auteurs de « Antoine, Bibi et Casimir » avaient vendu leur maison pour pouvoir tourner la saison 1 des aventures du trio. Eux aussi ont frappé à la porte de nombreuses chaînes de télévision. Là encore, ils ont pu constater que la grande liberté du Web, vantée par tous les réalisateurs en ligne, n’avait pas cours sur le petit écran : choix des comédiens, réécriture des textes, langage policé, formatage…

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Finalement, nos trois colocataires ont trouvé refuge auprès des « Brèves de Marseille », Web-série en ligne sur le site du quotidien La Provence et qui serait prêt à produire la saison 2 . « Si on choisit de faire de l’humour, confie Julien Pichard,l’un des réalisateurs de « Hello geekette », ce n’est peut-être, au fond, que pour une seule raison : être aimé !».

> Article initialement publié par Le Monde puis sur http://blogoz.fr

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