OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Un nuage de protestations http://owni.fr/2012/02/20/le-nuage-de-protestations-qui-vient/ http://owni.fr/2012/02/20/le-nuage-de-protestations-qui-vient/#comments Sun, 19 Feb 2012 23:23:00 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=98746 Occupy hiberne. Loin de constater un désamour, ses partisans se préparent à mieux ressurgir au printemps. Une hypothèse très crédible pour les chercheurs en sciences sociales, qui s'expliquerait par la notion de cloud protesting. Ou nuage de protestations.]]>

Restructuration. Le terme revient sans cesse. De New York à Paris, en passant par Montréal et Londres, les activistes du mouvement Occupy contactés par OWNI l’assurent : leur détermination n’a pas faibli, mais il est temps de redéfinir les cibles de la contestation.

Lancé il y a cinq mois, le mot d’ordre des “99%” fait sans aucun doute partie d’un certain imaginaire collectif aujourd’hui. Pas de porte-parole, pas de structure, pas de programme politique mais une revendication unique – celle de la lutte contre les inégalités résultant du système capitaliste. Autant de spécificités qui font d’Occupy un mouvement social à part. Un mouvement en apparence uni, “pour le peuple et par le peuple”. Naomi, une activiste d’Occupy the London Stock Exchange - la bourse londonienne -, résume :

Jamais je n’aurais imaginé qu’une idée politique puisse entraîner un tel enthousiasme collectif.

Mais l’unité d’Occupy s’arrête là. Derrière l’enthousiasme et l’espoir, c’est une crise existentielle qui est en train de se vivre chez ses militants. Car, un peu à la manière des Anonymous, la bannière “Occupy” est utilisée pour des motifs variés, parfois trop.

Même si, globalement, l’étiquette “Occupy” accompagne des actions de plus en plus ciblées. En témoigne la dernière campagne lancée sur le site de Occupy Wall Street - le site historique du mouvement – appelant à occuper le siège du géant américain de la téléphonie AT&T, après l’annonce de la suppression de centaines d’emplois.

C’est d’abord sur Facebook et Twitter que la variété du mouvement s’exprime. Des pages aussi farfelues qu’Occupy Bacon (Occupons le bacon) ou Occupy Your Mom (Occupons ta maman) ont ainsi vu le jour et sont parvenues à intéresser des centaines d’internautes. Dans un registre plus sérieux, la marque Occupy a été mise au service de causes écologiques comme le barrage du Belo Monte au Brésil, ou – plus près de chez nous -, avec Occupy Tricastin, du nom du fameux site nucléaire du Sud-Est de la France.

Si cette diversité n’écorne pas nécessairement la réputation du mouvement, elle révèle toutefois à quel point il est simple de revendiquer son appartenance à Occupy à l’heure d’Internet. Une ouverture que Stefania Milan, chercheur au Citizen Lab de l’Université de Toronto, analyse en posant la notion de “cloud-protesting”, c’est-à-dire “nuage de protestations”, comme elle l’a fait le 10 février dernier lors d’une présentation de ses travaux :

Dans l’univers numérique, le nuage désigne un ensemble de services accessibles depuis Internet [par exemple des capacités de stockage, NDLR]. De la même manière, les mobilisations contemporaines comme Occupy peuvent être perçues comme le résultat d’un nuage de protestations, donc un ensemble de pratiques, de narrations, de signes identitaires (…) Ils peuvent être repris et adaptés par n’importe quel individu (…) Les médias sociaux, les plateformes et les diverses applications confèrent à cette réalité un nouveau dynamisme.

Cette démultiplication d’occurrences en lien avec Occupy pourrait indiquer un soutien massif du public à l’égard du mouvement. Mais sur Internet, et plus généralement dans les campements, c’est un public déjà très politisé, souvent issu de réseaux activistes pré-existants, et très à l’aise avec les réseaux sociaux qui s’exprime.

Occupy est donc bel et bien un mouvement sans leader, sans “entrepreneur de mobilisation” comme le disent les sociologues. Les profils sociologiques qui s’y croisent sont pourtant moins hétérogènes qu’il n’y paraît : les plus fidèles membres d’Occupy sont très souvent issus de mouvements politiques préexistants. Et derrière le bazar apparent de l’écosystème Occupy, nombreuses sont les tentatives de recadrage de la contestation, car, comme l’indique Stefania Milan :

Internet est devenu un moteur dans la production de règles pour Occupy.

Méthode

Les internautes qui se nichent derrière les plus célèbres sites Internet du mouvement n’ont jamais établi un corpus de lois contraignantes pour autant. La seule règle qui vaille est celle de “l’échange de bons procédés”.

Ainsi est née la plate-forme HowToOccupy.org et son slogan : “Techniques de base pour un changement mondial”. Comment démarrer une révolution pacifique ? Que faire en cas d’arrestation et d’interrogatoire par la police ?  Comment entretenir un jardin communautaire ? Autant de questions auxquelles des anonymes répondent de manière pédagogique, en s’appuyant sur les exemples des révolutions dans le monde arabe ou des assemblées de rue du printemps dernier en Espagne.

Des conseils techniques très spécialisés ont également vu le jour. On peut par exemple apprendre à sécuriser ses données informatiques pour éviter la cybersurveillance ou encore développer des stratégies pour “filmer une révolution” avec cette vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Parfois, un seul extrait vidéo peut suffire à alerter le public sur le degré de tyrannie de nos régimes. Qui le filme ? Pas les médias, trop gros et trop lents, mais vous, citoyens, avec votre propre caméra (…) Big Brother, nous te regardons.

Occupy a d’ailleurs très vite compris l’intérêt du visuel. Occupy Design, par exemple,  a vu le jour pour doter la contestation d’un “langage visuel”. Il rassemble une large variété de contributions de designers professionnels ou amateurs, qui vont des visualisations de données sur l’inégale répartition des richesse aux embèmes du mouvement  comme le poing fermé ou le taureau de Wall Street. Dans un registre plus artistique, Occuprint s’est proposé de rassembler des centaines de posters sur la contestation.

Plus largement, c’est le dialogue entre les campements qui est nettement mis en avant sur Internet. Interoccupy, par exemple, se propose d’organiser une conversation téléphonique géante tous les lundis soirs pouvant réunir“plus de 500 personnes”. De son côté, Occupy Together répertorie les centaines d’occupations existantes dans le monde et propose de créer des “actions de solidarité locales près de chez vous”.

Pas de “bureau politique” international des occupations, donc. Mais de multiples efforts d’identification commune, de dialogue, voire de centralisation. Reste que les administrateurs de toutes ces plates-formes le précisent tous : ils ne sont pas les porte-paroles ou les représentants du mouvement. D’ailleurs, les adresses mail destinées aux contacts avec la presse renvoient toujours vers un occupant qui signe en son nom et donc pas au nom du collectif.

Le défi majeur qui se pose désormais devant Occupy est justement d’enfin réunir le collectif. Comme le note Catherine Sauviat, économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales :

Occupy Wall Street a marqué une étape dans l’histoire de la contestation sociale aux États-Unis. Mais il n’a pas encore mordu sur le monde du travail, les syndicats, et les populations noires défavorisées.

Quand on les interroge sur l’avenir du mouvement, les occupants new-yorkais comme parisiens se disent confiants. Pour Mark, d’Occupy Wall Street, “beaucoup de gens cherchent une échappatoire à leur frustration envers ce système injuste, c’est pourquoi on continue à gagner des soutiens de jour en jour”. Nico, qui gère les contacts avec la presse pour Occupy France, ajoute :

Ce n’est même pas une question de confiance, c’est là, c’est tout. Je ne pense pas que le mouvement s’éteigne de lui-même, tant que les problèmes soulevés par Occupy perdureront, l’esprit d’Occupy perdurera. Et puis, il ne faut pas oublier que le sentiment de liberté qu’on ressent dans les occupations est hautement addictif, on continue aussi parce qu’on aime ça.

À l’occasion des cinq mois du mouvement, une vidéo compilant des dizaines de photos des slogans d’Occupy a été publiée sur Facebook. L’un d’entre eux, reprenant les mots d’Alexandre Dubcek, sonne comme un avertissement :

Vous pouvez écraser les fleurs, mais vous n’arrêterez pas le printemps.


Illustrations [CC BY-NC-SA] de Nathan M et de McMillian-Furlow pour OccupyTogether.org

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Naomi Klein occupe Wall street http://owni.fr/2011/10/24/naomi-klein-occupe-wallstreet-occupywallstreet-new-york/ http://owni.fr/2011/10/24/naomi-klein-occupe-wallstreet-occupywallstreet-new-york/#comments Mon, 24 Oct 2011 06:29:35 +0000 Agnès Rousseaux (Bastamag) http://owni.fr/?p=84289

Naomi Klein, journaliste canadienne et auteur de La Stratégie du choc, était invitée à s’exprimer par le mouvement Occupy Wall Street, à New York. Selon elle, ce mouvement va durer, car le combat contre le système économique « injuste et hors de contrôle » prendra des années. Objectif : renverser la situation en montrant que les ressources financières existent, qui permettraient de construire une autre société.

J’ai été honorée d’être invitée à parler [le 29 septembre] devant les manifestants d’Occupons Wall Street. La sonorisation ayant été (honteusement) interdite, tout ce que je disais devait être répété par des centaines de personnes, pour que tous entendent (un système de « microphone humain »). Ce que j’ai dit sur la place de la Liberté a donc été très court. Voici la version longue de ce discours [publiée initialement en anglais dans Occupy Wall Street Journal].

Je vous aime.

Et je ne dis pas cela pour que des centaines d’entre vous me répondent en criant « je vous aime ». Même si c’est évidemment un des avantages de ce système de « microphone humain ». Dites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous redisent, encore plus fort.

Hier, un des orateurs du rassemblement syndical a déclaré : « Nous nous sommes trouvés. » Ce sentiment saisit bien la beauté de ce qui se crée ici. Un espace largement ouvert – et une idée si grande qu’elle ne peut être contenue dans aucun endroit – pour tous ceux qui veulent un monde meilleur. Nous en sommes tellement reconnaissants.

S’il y a une chose que je sais, c’est que les 1 % [les plus riches] aiment les crises. Quand les gens sont paniqués et désespérés, que personne ne semble savoir ce qu’il faut faire, c’est le moment idéal pour eux pour faire passer leur liste de vœux, avec leurs politiques pro-entreprises : privatiser l’éducation et la Sécurité sociale, mettre en pièces les services publics, se débarrasser des dernières mesures contraignantes pour les entreprises. Au cœur de la crise, c’est ce qui se passe partout dans le monde.

Et une seule chose peut bloquer cette stratégie. Une grande chose heureusement : les 99 %. Ces 99 % qui descendent dans les rues, de Madison à Madrid, en disant : « Non, nous ne paierons pas pour votre crise. »

Naissance d’un slogan et choix d’une cible

Ce slogan est né en Italie en 2008. Il a ricoché en Grèce, en France, en Irlande, pour finalement faire son chemin jusqu’à l’endroit même où la crise a commencé.

« Pourquoi protestent-ils ? » demandent à la télévision les experts déroutés. Pendant ce temps, le reste du monde demande : « Pourquoi avez-vous mis autant de temps ? », « On se demandait quand vous alliez vous manifester ». Et la plupart disent : « Bienvenus ! »

Beaucoup de gens ont établi un parallèle entre Occupy Wall Street et les manifestations « antimondialisation » qui avaient attiré l’attention à Seattle en 1999. C’était la dernière fois qu’un mouvement mondial, dirigé par des jeunes, décentralisé, menait une action visant directement le pouvoir des entreprises. Et je suis fière d’avoir participé à ce que nous appelions alors « le mouvement des mouvements ».

Mais il y a aussi de grandes différences. Nous avions notamment choisi pour cibles des sommets internationaux : l’Organisation mondiale du commerce, le FMI, le G8. Ces sommets sont par nature éphémères, ils ne durent qu’une semaine. Ce qui nous rendait nous aussi éphémères. On apparaissait, on faisait la une des journaux, et puis on disparaissait. Et dans la frénésie d’hyperpatriotisme et de militarisme qui a suivi l’attaque du 11 Septembre, il a été facile de nous balayer complètement, au moins en Amérique du Nord.

Occupy Wall Street, au contraire, s’est choisi une cible fixe. Vous n’avez fixé aucune date limite à votre présence ici. Cela est sage. C’est seulement en restant sur place que des racines peuvent pousser. C’est crucial. C’est un fait de l’ère de l’information : beaucoup trop de mouvements apparaissent comme de belles fleurs et meurent rapidement. Parce qu’ils n’ont pas de racines. Et qu’ils n’ont pas de plan à long terme sur comment se maintenir. Quand les tempêtes arrivent, ils sont emportés.

Être un mouvement horizontal et profondément démocratique est formidable. Et ces principes sont compatibles avec le dur labeur de construction de structures et d’institutions suffisamment robustes pour traverser les tempêtes à venir. Je crois vraiment que c’est ce qui va se passer ici.

Autre chose que ce mouvement fait bien : vous vous êtes engagés à être non-violents. Vous avez refusé de donner aux médias ces images de fenêtres cassées ou de batailles de rue qu’ils attendent si désespérément. Et cette prodigieuse discipline de votre côté implique que c’est la brutalité scandaleuse et injustifiée de la police que l’histoire retiendra. Une brutalité que nous n’avons pas constatée la nuit dernière seulement. Pendant ce temps, le soutien au mouvement grandit de plus en plus. Plus de sagesse.

Mais la principale différence, c’est qu’en 1999 nous prenions le capitalisme au sommet d’un boom économique frénétique. Le chômage était bas, les portefeuilles d’actions enflaient. Les médias étaient fascinés par l’argent facile. À l’époque, on parlait de start-up, pas de fermetures d’entreprises.

Nous avons montré que la dérégulation derrière ce délire a eu un coût. Elle a été préjudiciable aux normes du travail. Elle a été préjudiciable aux normes environnementales. Les entreprises devenaient plus puissantes que les gouvernements, ce qui a été dommageable pour nos démocraties. Mais, pour être honnête avec vous, pendant ces temps de prospérité, attaquer un système économique fondé sur la cupidité a été difficile à faire admettre, au moins dans les pays riches.

Dix ans plus tard, il semble qu’il n’y ait plus de pays riches. Juste un tas de gens riches. Des gens qui se sont enrichis en pillant les biens publics et en épuisant les ressources naturelles dans le monde.

Le fait est qu’aujourd’hui chacun peut voir que le système est profondément injuste et hors de contrôle. La cupidité effrénée a saccagé l’économie mondiale. Et elle saccage aussi la Terre. Nous pillons nos océans, polluons notre eau avec la fracturation hydraulique et le forage en eaux profondes, nous nous tournons vers les sources d’énergie les plus sales de la planète, comme les sables bitumineux en Alberta. Et l’atmosphère ne peut absorber la quantité de carbone que nous émettons, créant un dangereux réchauffement. La nouvelle norme, ce sont les catastrophes en série. Économiques et écologiques.

Tels sont les faits sur le terrain. Ils sont si flagrants, si évidents, qu’il est beaucoup plus facile qu’en 1999 de toucher les gens, et de construire un mouvement rapidement.

“To-do” de l’époque

Nous savons tous, ou du moins nous sentons, que le monde est à l’envers : nous agissons comme s’il n’y avait pas de limites à ce qui, en réalité, n’est pas renouvelable – les combustibles fossiles et l’espace atmosphérique pour absorber leurs émissions. Et nous agissons comme s’il y avait des limites strictes et inflexibles à ce qui, en réalité, est abondant – les ressources financières pour construire la société dont nous avons besoin.

La tâche de notre époque est de renverser cette situation et de contester cette pénurie artificielle. D’insister sur le fait que nous pouvons nous permettre de construire une société décente et ouverte, tout en respectant les limites réelles de la Terre.

Le changement climatique signifie que nous devons le faire avant une date butoir. Cette fois, notre mouvement ne peut se laisser distraire, diviser, épuiser ou emporter par les événements. Cette fois, nous devons réussir. Et je ne parle pas de réguler les banques et d’augmenter les taxes pour les riches, même si c’est important.

Je parle de changer les valeurs sous-jacentes qui régissent notre société. Il est difficile de résumer cela en une seule revendication, compréhensible par les médias. Et il est difficile également de déterminer comment le faire. Mais le fait que ce soit difficile ne le rend pas moins urgent.

C’est ce qui se passe sur cette place, il me semble. Dans la façon dont vous vous nourrissez ou vous réchauffez les uns les autres, partageant librement les informations et fournissant des soins de santé, des cours de méditation et des formations à « l’empowerment ». La pancarte que je préfère ici, c’est : « Je me soucie de vous. » Dans une culture qui forme les gens à éviter le regard de l’autre et à dire : « Laissez-les mourir », c’est une déclaration profondément radicale.

Quelques réflexions finales. Dans cette grande lutte, voici quelques choses qui ne comptent pas :

- Comment nous nous habillons,
- Que nous serrions nos poings ou faisions des signes de paix,
- Que l’on puisse faire tenir nos rêves d’un monde meilleur dans une phrase-choc pour les médias.

Et voici quelques petites choses qui comptent vraiment :
- Notre courage,
- Notre sens moral,
- Comment nous nous traitons les uns les autres.

Nous avons mené un combat contre les forces économiques et politiques les plus puissantes de la planète. C’est effrayant. Et tandis que ce mouvement grandit sans cesse, cela deviendra plus effrayant encore. Soyez toujours conscients qu’il y a aura la tentation de se tourner vers des cibles plus petites – comme, disons, la personne assise à côté de vous pendant ce rassemblement. Après tout, c’est une bataille qui est plus facile à gagner.

Ne cédons pas à la tentation. Je ne dis pas de ne pas vous faire mutuellement des reproches. Mais cette fois, traitons-nous les uns les autres comme si on prévoyait de travailler ensemble, côte à côte dans les batailles, pour de nombreuses années à venir. Parce que la tâche qui nous attend n’en demandera pas moins.

Considérons ce beau mouvement comme s’il était la chose la plus importante au monde. Parce qu’il l’est. Vraiment.

Naomi Klein, le 6 octobre 2011


Discours publié dans Occupied Wall Street Journal. A lire : le blog de Naomi Klein (en anglais).

Traduction : Agnès Rousseaux / Basta !

Illustrations et Photos via Flickr par *Eddie [cc-by-nc-nd] ; Devon Shaw [cc-by-nc-sa] ; Daniel Oliverio [cc-by-nc-nd]

Publié initialement sur Bastamag sous le titre Naomi Klein : « Le mouvement Occupons Wall Street est actuellement la chose la plus importante au monde »

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