OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Feu les blogueurs influents http://owni.fr/2011/02/28/la-marginalisation-des-blogueurs/ http://owni.fr/2011/02/28/la-marginalisation-des-blogueurs/#comments Mon, 28 Feb 2011 07:30:48 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=48839 Le 24 février, Éric Besson invitait un panel de blogueurs à venir diner au ministère. Comme toujours, beaucoup de réactions hystériques, pour un évènement qui finalement, n’apporte rien. En fait, ce n’est que de la comm’, et ça ne marche que très modérément, le modèle commençant à se banaliser, donc à perdre en efficacité. C’est particulièrement vrai avec Éric Besson, déjà en charge du secteur en 2008 (c’est là qu’il fallait les faire, ces diners de blogueurs), dont l’image générale n’est pas très bonne et qui passe après une professionnelle de la comm’.

La rencontre intéressante, c’était celle de Sarkozy et des entrepreneurs. Le vrai pouvoir, il est à l’Élysée, c’est là qu’il faut aller frapper. Et de préférence avec des choses à demander. Si c’est pour échanger aimablement, ça ne sert à rien. Les blogueurs amateurs n’ont pas leur place à ce niveau du jeu, sauf peut-être un ou deux gros (au sens du nombre de visiteurs, bien entendu…) afin d’apporter des contre-points et des précisions. Globalement, en tant que blogueur amateur, je n’ai pas à me plaindre du pouvoir en place, je n’ai pas grand chose à lui dire et rien à lui demander. Aucune menace ne pèse sur mon activité (Masson est un clown qui n’est écouté nulle part dans les lieux de pouvoir). Si j’ai des choses à dire, c’est en tant que citoyen, pas en tant que blogueur.

Le web, c’est maintenant une affaire de professionnels

Il faut arrêter de voir le web par le prisme des blogueurs, ce temps est révolu ! Le web, c’est maintenant une affaire de professionnels, tant pour le commerce que pour la diffusion des idées. Ouvrir un blog est bel et bon, et quelques-uns se lancent encore, mais désormais, l’essentiel se joue sur les réseaux sociaux et sur les sites de presse en ligne. À chaque fois, ce sont les journalistes qui sont les maîtres du jeu. Le “blogueur” est lu et vu s’il est repris par les sites de presse ou retwetté par un “forçat influent”. Seuls quelques blogs émergent, parmi les plus anciens. À un nouveau qui se lance et qui a véritablement des choses intéressantes à dire (c’est-à-dire une infime minorité), plutôt que d’ouvrir un blog, devenez chroniqueur chez un pure player. C’est ce que fait par exemple Jean-François Copé, en publiant régulièrement sur Slate. Moins contraignant et beaucoup plus efficace que de tenir un blog. Ces sites de pure player sont en plus très demandeurs de contributeurs de qualité. L’amateur qui tient son blog café du commerce est sympathique, mais sera de plus en plus marginal. Les regroupements qui, en 2005-2006, tenaient le haut du pavé se sont délités, laminés par la force de frappe des professionnels. Les blogrolls (à commencer par la mienne) ressemblent à des cimetières et l’essentiel de la conversation et de la recommandation, c’est Facebook-Twitter.

Aucun ne représente plus que lui-même et son petit cercle

La liste des invités du diner Besson est éloquente. Certes, il y a des gens très intéressants, mais aucun ne représente plus que lui-même et son petit cercle. Aucun ne pèse vraiment en terme d’audience, malgré une certaine notoriété. En terme de représentativité, c’est le néant absolu ou presque. Qu’avaient donc à dire ces blogueurs au ministre en charge de l’économie numérique ? Emery Doligé a pu poser trois questions, dont deux ne portaient pas sur le numérique ou sur les compétences ministérielles d’Éric Besson. Je suppose que le reste était à l’avenant : beaucoup de politique générale et quelques questions très générales ou sur des points récurrents (Hadopi, Loppsi…) sur l’Internet.

La société numérique, c’est désormais autre chose. Il y a des enjeux de pouvoir et d’argent qui sont devenus énormes. Beaucoup trop lourds pour de simples amateurs comme les blogueurs, qui de toute manière, n’ont pas les compétences pour les traiter. Le vrai boulot va se faire maintenant au sein du CNN, où il faut des chefs d’entreprise, des juristes, des techniciens de l’informatique et de l’Internet. Le blogueur y aurait sa place en tant qu’usager, mais c’est à peu près tout.

En fait, ce diner chez Éric Besson, ça ressemblait à une rencontre entre le directeur marketing d’une entreprise et un panel de consommateurs.


Article initialement publié sur le blog d’Authueil.

Illustration CC FlickR:Johan V.

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Blog: de l’art du commentaire http://owni.fr/2010/07/25/blog-de-lart-du-commentaire/ http://owni.fr/2010/07/25/blog-de-lart-du-commentaire/#comments Sun, 25 Jul 2010 13:35:44 +0000 Laurent Bourrelly http://owni.fr/?p=22931 Entre spam de base pour chasseurs de liens en dofollow et réponse développée sous forme de billet, il existe tout une gamme de commentaires qui méritent de s’attarder sur cette zone dédiée à la discussion sur un blog.

Voyons voir quels sont les bénéfices d’une pratique maîtrisée du commentaire – tant au niveau du lecteur que du blogueur.

Tout d’abord, je dois faire mon mea culpa car j’ai de gros défauts dans la gestion des commentaires sur ce blog. Principalement, j’ai du mal à entretenir la conversation sur les anciens billets et je réponds parfois sur les récents avec un retard qui dépasse le délai raisonnable. Je présente toutes mes excuses à ceux qui voient leur message répondu tardivement ou pas du tout. Il ne faut pas penser que je ne porte pas d’attention aux messages, mais j’essaye de porter un minimum d’attention à certaines réponses et cela demande du temps que je n’ai pas forcément dans l’instant de la lecture. Il ne faut pas hésiter à me relancer si besoin, le mieux étant de procéder par e-mail.

Les bénéfices du commentaire de blog

Tous les blogs ont besoin de commentaires. Cet échange entre le lecteur et le rédacteur est devenu une caractéristique indispensable du blog. Pour le rédacteur, cela assouvit l’insatiable besoin d’attention. Le lecteur trouve aussi son compte dans cette interaction, mais il oublie parfois que le blogueur attend un retour sincère, plutôt qu’une vulgaire manipulation d’intention ou message anodin et insipide.

Bénéfices pour le blogueur

  • Gratification pour l’ego.
  • Contenu généré de manière organique par le biais d’UGC (User Generated  Content).
  • Information utile lorsque le commentaire est informatif.
  • Amélioration de son contenu lorsque le commentaire rebondit sur l’information.
  • Possibilité de mise en relation directe.

Bénéfices pour celui qui commente

  • Sentiment d’être utile.
  • Faire connaître son site.
  • Se démarquer.
  • Se faire des amis/prospects/clients.
  • Engranger des backlinks.
  • Entrer en relation avec le blogueur.
  • Faire la promotion de sa marque et/ou de son nom.

Comment participer dans les commentaires

Pour les chasseurs de liens en dofollow, j’envoie vers les modes d’emploi de AxeKeeg et Oseox qui ont traité le sujet «comment spammer un blog dofollow».
Personnellement, je suis assez souple envers ceux qui recherchent simplement un lien, mais il faut bien garder à l’esprit que l’image donnée par cette pratique est plutôt égocentrique. Sauf que tout le web est devenu égocentrique, alors bon…

Ensuite, le commentaire n’est pas pour tout le monde. Preuve en est le nombre régulier d’e-mails que je reçois de personne qui préfèrent s’exprimer en privé. D’ailleurs, certains blogueurs ont élevé ce style de conversation «one on one» à un niveau que je ne pourrais jamais appréhender. Le meilleur exemple est sans doute Seth Godin qui ne propose pas de commentaires publics, mais qui répond à tous les e-mails (plusieurs centaines par jour) en engageant la conversation uniquement par ce biais.

Pour ceux qui veulent bien participer en public, je pense que le meilleur commentaire possible se présente sous la forme d’un billet dédié sur son propre blog. La réponse sous forme de billet présente d’énormes avantages. Premièrement, vous êtes certain d’être démarqué par rapport au flot habituel de commentaires ; vous allez être remarqué par les autres lecteurs, mais surtout par le blogueur. Puis, la réponse sous forme de billet est susceptible d’attirer un lectorat qualifié qui avait déjà trouvé de l’intérêt à la première lecture. Le blogueur qui a inspiré votre billet pourra également faire un lien directement sur la page web avec les bénéfices évidents qui s’en suivent.

Le but de l’opération est de rebondir sur un billet en publiant sa propre vision sur son blog. Ensuite, il s’agit simplement de signifier par le biais des commentaires de la source qu’une réponse est présente chez soi.
Bien entendu, cela demande un effort puisque le sujet est imposé et il faut avoir quelque chose d’assez substantiel à dire pour faire réagir les foules. Aussi, c’est souvent la polémique qui va attiser le plus la curiosité et provoquer des réactions. La critique constructive est une stratégie à considérer, surtout en taclant les blogueurs les plus populaires. Tout en sachant qu’il faut être prêt à recevoir des salves négatives de la part des supporters du blogueur que vous avez mis à mal. D’ailleurs, certaines joutes entre blogueurs dits «influents» sont assez amusantes.

Il est toujours intéressant de rebondir sur les sujets principaux de votre thématique. Concernant la thématique du référencement, vous pouvez attaquer les yeux fermés tout ce qui touche au PageRank, Black Hat SEO ou la mort du référencement. Que ce soit en développant une information complémentaire ou en donnant un point de vue différent, il y a toujours moyen de rédiger un article si vous maîtrisez le sujet.

Entre le spam dofollow et la réponse sous forme de billet se situe toute une gamme de commentaires plus ou moins réussis. Il paraît que c’est futile de remercier simplement sans autre forme de participation constructive. Sauf que flatter l’ego est la raison numéro une pour laquelle un blogueur apprécie un commentaire. On peut conclure que le blogueur fait partie d’une espèce un peu bizarre souhaitant être flattée avec style.
Pourtant, on n’a pas toujours quelque chose à ajouter, tout en voulant marquer son approbation (ou pas).
Le fait est que les commentaires sont trop spammés, impliquant une méfiance accrue de la part du blogueur blasé par le nettoyage de ses commentaires. Peut-être que la solution se tient dans le bouton «Like» que je me refuse pour le moment à adopter ?

Spammeurs, vous êtes prévenus /-)

En fait, je pense que l’envie de commenter dépend fortement du billet en lui-même. Dans le cadre de mon blog, je note une baisse du nombre de commentaires dès que le sujet devient de plus en plus technique. Parfois, on se laisse surprendre par les sujets qui suscitent le plus grand nombre de commentaires ou les discussions les plus intéressantes.  Il est donc compliqué d’anticiper les billets qui verront une participation en hausse, mais c’est aussi au sein du flot de commentaires que l’activité peut s’élever grâce à des messages suggérant une réponse. Encore une fois, c’est la polémique qui va payer le plus pour attiser les réponses, mais il peut aussi y avoir des conversations constructives et pacifiques. C’est très intéressant lorsque la conversation dépasse les limites avouées du billet.
Autrement, la conclusion du billet est aussi l’occasion d’inciter aux commentaires en posant des questions ou en finalisant de manière ouverte afin que le lecteur ressente l’envie d’ajouter un complément d’information.

On peut aussi penser que le commentaire attire le commentaire. Il est facile de remarquer qu’un billet qui comporte plusieurs dizaines de commentaires va attirer plus facilement de nouveaux messages, tandis que l’article qui stagne à moins d’une poignée de messages va sans doute rester à ce niveau pour toujours.

La règle de base pour poser un message qui va retenir l’attention est d’être sincère. Peu importe si c’est pour simplement remercier ou carrément répondre sous la forme de billet, ce qui importe est de rester franc. Ainsi, parlez avec votre cœur et tout devrait bien se passer. Que ça soit pour le blogueur ou le lecteur, il est indispensable que le commentaire soit une source de satisfaction. Tout le reste va découler naturellement en respectant cette notion de base.

Il existe diverses techniques pour améliorer la discussion, dont la plus indispensable me semble être l’abonnement par e-mail aux commentaires. Dans le même genre, je trouve que l’abonnement par flux RSS est bien moins répandu. En deuxième position des indispensables, je mets l’affichage en évidence des derniers commentaires.
Sinon, il faut surtout s’attacher à faciliter au maximum l’ajout d’un commentaire, le «tool time» doit être réduit à sa plus simple expression. Dans ce sens, il vaut mieux passer un peu plus de temps à gérer manuellement en complément d’un bon plugin anti-spam, plutôt qu’obliger à passer l’épreuve du captcha. La compatibilité avec Gravatar et OpenID est aussi un bon atout pour faciliter le process. D’autres systèmes comme Disqus sont conçus pour favoriser toujours plus la discussion.
Pour aller plus loin, la créativité est la seule limite. Par exemple, faire gagner un cadeau à un commentaire tiré au sort est toujours une recette gagnante.

Le commentaire négatif

Un commentaire qui critique le billet, le sujet ou le blogueur va forcément brosser le poil dans le mauvais sens, mais le web serait tellement ennuyeux si tout le monde était d’accord ! Même si la discussion part en vrille et dégénère en bagarre virtuelle, je ne fais pas partie des bisounours qui refusent un débat musclé. Pas de pitié non plus si l’interlocuteur me broute (critère totalement subjectif) avec l’option éjection comme seule issue. Ma conviction profonde est qu’il est plus important de susciter une réaction – dans le bon ou le mauvais sens. Être ignoré est la pire pire chose qui puisse arriver à un blogueur, dérivant bien souvent dans la lassitude et l’abandon du blog.

Afin d’apaiser les commentaires agressifs, il est toujours efficace de répondre avec calme et courtoisie tout en adoptant l’adage «n’affronte pas quelqu’un qui cherche la bagarre». Parfois, on peut même voir de belles relations émerger d’un premier conflit. Il n’ y a que le cas du troll anonyme qui est plus radical à adresser ; ceux qui n’ont pas le courage de leurs opinions méritent juste le dédain – Eject as well !

Le commentaire positif

Un message constructif peut avoir un impact important. Cela peut faire changer d’avis au blogueur et au lecteur, mais surtout cela va apporter de la valeur ajoutée à l’image de celui qui explique quelque chose d’intéressant. C’est vraiment un excellent moyen de jauger les affinités et  je ne compte plus les relations que j’ai tissées par le biais de conversations nées dans les commentaires.

En tant que blogueur, mes commentaires préférés sont ceux qui me font réfléchir et carrément changer d’avis. Bien entendu, ce n’est pas pour tout le monde car il faut être capable d’encaisser la critique (constructive). Je pense que c’est une erreur de fermer carrément les commentaires pour cause d’incapacité à les gérer (négatifs, spam, etc.). Dans le genre « je patauge dans la choucroute », voici Michael Gray qui explique la raison de fermeture des commentaires.

Commentez sans cesse

Bien que l’exercice puisse paraître rebutant pour certains, je ne peux qu’encourager aux commentaires sur les blogs. Aujourd’hui, certaines thématiques (le référencement en fait partie) ont complètement déplacé la conversation depuis les forums vers les commentaires de blogs.

Cette zone bien particulière d’un site web qui est inhérente au format du blog est particulièrement propice à la visibilité. Ceux qui pratiquent assidûment de poser un message constructif sur le blog d’autrui ne peuvent nier que les bénéfices sont réels. De la même manière, les blogueurs qui reçoivent un nombre suffisant de participations pour satisfaire leur ego (nombre sujet à l’appréciation de chacun) doivent admettre la gratification et l’encouragement à entretenir un blog.

En fait, le commentaire est la deuxième moitié d’un billet. Même si je comprends l’attitude de ceux qui refusent la conversation publique (du côté lecteur comme rédacteur), il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un élément à forte valeur ajoutée. On peut tout à fait s’en passer, mais c’est bien mieux avec.

Billet initialement publié sur le blog de Laurent Bourrelly sous le titre “Faut-il vraiment commenter tant que ça ?”

Images CC Flickr duncan Ansy et D’Arcy Norman

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Nous, les salopards socio-capitalistes http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/ http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/#comments Wed, 25 Nov 2009 14:15:29 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=5706

Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on Enchaîne?
Ohé! Partisans, ouvriers et paysans c’est l’alarme.
Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

Entamer un blog post sur un extrait du chant des partisans, c’est bien ? C’est suffisamment cliché ? On comprend que je suis un de ces @lesinternautes dont le lobby puissant dit du mal des sites en flash, des nominations de rejeton, des billets sponsorisés, mais la ferme total sur les misères du monde, les violeurs récidivistes et les saligauds en tous genres. @Pressecitron dirait: un paquet de Grandes Gueules Petit Zizi IRL. Et il n’aurait pas tout à fait tort.

Il y a des fois des hasards du web dont on a envie de s’emparer pour écrire. La même semaine, je tombe sur un billet de http://www.presse-citron.net/ rappelant les conditions d’utilisation du bon billet sponso, une attaque maline de http://www.deuxcons.com/ sur les bloggeurs influents, et une boulette de chroniqueur musical pour Benzine me force à défendre mes positions de bloggeur même pas influent pour ma part. Même pas vraiment bloggeur en fait.

1) Nous ne sommes pas des enfants de choeur

Chers annonceurs, chers attachés de presse, chers community managers (nouveau terme à la mode de la blogosphère). Nous ne sommes pas ou plus des enfants de choeur. Il y a bien longtemps que nous avons troqué notre barbe en broussaille, nos pulls trop longs d’étudiants de lettre, et même nos idéaux libertaires pour entrer dans le vrai monde. Nous aussi nous galérons avec nos fins de mois, nos Assedics, notre travailler plus pour gagner moins etc. etc. Nous avons une position privilégiée. Nous avons une connexion internet #sisi, un goût pour la no-life et pour la plupart des passions personnelles que nous mettons en avant. Nous ne sommes pas uniques, nous ne sommes pas M. Internaute facilement rangeable dans un tiroir schématique. Certains ont même décidé de vivre de leur passion numérique, et faire de leur blog un moyen de gagner leur vie d’adulte, de père. Inch’ Allah. D’autres hésitent à franchir le pas. Certains enfin, se tâtent entre passion dominicale et professionnalisme pour trouver la limite philosophique. Mais tous, tous, nous sommes vénaux.Enfin quand je dis vénaux, je dis “achetables”. Enfin quand je dis achetables, je dis que nous accordons un “prix” à certaines choses. Imposables ou non.

Il y a bien longtemps que nous avons compris que le temps que nous investissons dans nos magazine, nos blogs, notre présence en ligne a une valeur. Vous l’avez peut-être même compris avant nous. Vous aviez peur, nous étions vierges et effarouchés. Il y a bien longtemps que nous nous sommes rendu compte que la passion numérique peut être valorisée comme toute les autres passions productivistes. Comme le bidouilleur de voitures antiques qui fournit les cortèges de mariage, comme le photographe amateur qui professionnalise certains de ses shoots ou le cuistot du samedi qui joue au chef pour des proches. Il y a bien longtemps que nous ne prenons plus le clavier uniquement comme on chausserait ses crampons pour jouer dans l’équipe de foot de Chalmaison deux fois par semaine.

On nous parle de formation continue. On s’est formé. Et nous continuons chaque jour, soir, nuit, comme l’armée de Fight Club. On nous parle de marketing des réseaux sociaux, OK on cherche à comprendre comment ils fonctionnent, comment notre passion peut se servir des gadgeto-trouvailles de l’atelier.fr. On nous parle de crise, et d’obligation pour les annonceurs de repenser leur dépenses: on se dit que peut-être il est temps pour nous de prouver notre valeur; de canaliser une peu de leur pensée nouvelle. Nous ne sommes plus uniquement des “bloggeurs du dimanche”. Nous ne sommes pas journalistes non (je dis ça parce qu’après l’industrie culturelle c’est les journaleux qui risquent de nous attaquer au prétexte d’une crise de valeurs). Nous ne sommes pas marketeux non, berk c’est sale. Nous sommes juste “en ligne”, prenons la parole pour ne rien dire en retwittant @jeanlucr @Narvic et @Vinvin et nous rendons compte que cette parole, en fait elle a aussi, un prix.

1) Le personal branding

@fbrahimi et @egadenne vous expliqueront mieux que moi l’avènement de ces “noms propres du web”. les @gonzague et @HenryMichel qui existent en ligne comme d’autres dans la vie réelle. Certains d’entre nous représentent une même une communauté de lecteurs (@Zara c’est ici que je peux te citer). Qu’on photographie du Côte d’Or sur http://www.kreature.be et c’est un chocolatier qui soigne son image sociale. Que Nokia fournisse un N97 à http://www.mobileenfrance.com et c’est un blogeur qui en promeut l’usage (enfin si Nokia m’entend…). Nous ne sommes pas dupes. Nous connaissons le prix d’une campagne de pub IRL, même une numérique. Nous savons que nos lecteurs représentent des consommateurs et qu’au final c’est le CPA (coût d’acquisition client) qui vous intéresse. Il ne vous manque guère d’ailleurs que quelques métriques efficaces pour que nous soyons rhabillés par Adidas sur nos Twitpic influents, que je reçoive le dernier Iphone (appel du pied bis), ou que @journaldutrek parte en vacances à l’oeil, enfin selon les rumeurs. Nos blogs, ou nos identités sont devenus des marques. Comme les vôtres l’étaient. Comme Le Monde est une Marque, Libé, Slate, Electron libre sont des marques à leur coeur défendant et comme la régie de TF1 une marque. Avec plusieurs avantages: nous ne coûtons pas encore très cher dans vos campagnes, et s’attirer les bonnes grâces d’une communauté c’est autant attirer l’oeil sur un nouveau produit que faire de l’entretien d’enseigne. Le joaillier Timmermans en Belgique vient de l’apprendre à ses dépends.

2) Le rapport temps c’est de l’argent

Nous avons des familles. Nous essayons de garder des moitiés, des salaires fixes, souvent, en parallèles de nos activités de bloggeurs et de fans des réseaux sociaux. #sisi. Une inscription de base chez #OVH me côute 15€. J’ajoute une bonne 20taine pour les noms de domaine à l’année…Je poste en moyenne 7 “objets” vers les chroniqueurs chaque mois, pour un coût postal moyen de trois euros/envoi. Si je me déplace pour découvrir un produit, je paie ma place de métro. Je viens de perdre mon travail. D’autres n’en ont pas. Si je devais comparer ma passion numérique au club de foot de Chalmaison… Je pense que j’aurais rangé les crampons et résilié mon abonnement. Je serais devenu gros. Ca tombe bien je le suis déjà. Nous savons combien se facture une journée de RP, nous connaissons le prix d’une simple campagne de mailing. Oui nous aussi, nous avons une vraie vie mature en dehors du web. Nous savons que le temps c’est de l’argent. Nous savons la valeur des choses.

Mais nous ne sommes pas des requins. Pas encore. Nous savons que nous flottons à la limite entre plaisir personnel, savoir-faire et marketing. Alors nous prenons des heures, des nuits, à rédiger des billets sur vos produits, vos expériences. Oui, bien sûr nous les aimons. Nous sommes vos premiers consommateurs. Vous nous avez conquis. Ca c’était à la base votre boulot.

Mais nous n’oublions pas que notre passion est aussi un travail. Le vôtre aujourd’hui. Et pragmatiques, si nous ne pouvons pas travailler plus pour gagner plus, au moins pouvons-nous peut-être travailler plus pour dépenser moins. Continuer à compter parmi vos consommateurs, sans devoir prendre un prêt chez Cetelem ou Sofinco. Un espèce de donnant donnant. Vous participez à la concrétisation de notre plaisir? Ok nous vous rendons la monnaie de votre pièce. Vous travaillez pour nous, nous travaillons pour vous. Nous donnons notre temps, et certains du talent, vous nous donnez des produits ou des passe-droits.

Puis, parce que les étudiants barbus et démerdards continuent à vivre quelque part au fond de nos têtes, nous pratiquons nous aussi le partage et la bidouille. A l’ancienne. Nous donnons des cadeaux reçus aux femmes de nos vies, nous troquons sur les réseaux idoines les produits pourris que vous voudriez nous faire aimer, nous échangeons pour payer l’hébergement de nos sites, le prix des timbres le passe Navigo pour nous rendre à vos happenings. Certains en font une véritable économie additionnelle à leurs rentrées mensuelles et imposables. D’autres jouent les vide-greniers numériques du dimanche: un tiens pour un demi tu l’auras.

Ne nous la faites pas sainte-Nitouche. Au fond de vous vous le savez. Mieux, vous en vivez. Sérieusement, vous pensez que tous les blogs perso des ados ont la qualité de celle de @nathansoret ? Sérieusement, vaut-il mieux que nous jouions les jongleurs, que vous nous identifiiez rapidement et que nous nouions une relation de confiance productiviste pour vous et nous? Ou que, poussés par la famine les problèmes familiaux et la disette économique, nous soyons forcés de fermer les sites que vous avez identifiés utiles à vos démarches, et que vous soyez chaque jour obligé de remettre à plat vos bases de données commerciales au gré de l’ouverture/fermeture des Bloggers et Skyblogs? L’un dans l’autre… nous y gagnons tous les deux. Connaissons-nous, sachons-le.

Oui certes, ces pratiques remettent parfois en cause la linéarité des processus de vente à l’ancienne, oui parfois nous commettrons des impairs, oui parfois aussi vos commanditaires auront l’impression de financer leur propre perte. Ne nous trompons pas de cible. Le monde change, ce qu’on vend aussi. Les modes de consommation sont remis en question, les usages promotionnels aussi, la notoriété des marques aussi. Certains parmi vous, parmi nous resteront sur le carreau. C’est un monde difficile. Nous ne l’avons pas créé, nous l’utilisons. Nous tentons d’y faire entendre notre voix. Ne vous leurrez pas nous sommes plus louveteaux que colombes. Mais au fond allez, vous le savez.

3) Le billet sponsorisé

Arlesienne des blogs, le billet sponsorisé fait plus parler les bloggeurs que les marchands. Les marchands se posent plutôt des questions sur 1) et 2). N’empêche le “naaaan t’as-vu c’est horrible je suis sur que Korben et Vinz ont été payés pour dire ça, c’est pas possible…”  “ouh le billet sponsorisé c’est mal….” ou encore “dois-je me lancer ou pas” ou encore “naaan j’ose pas”. Fichtredieu. Mais oh c’est pas parce qu’on ne veut pas forcément d’une Rolex à cinquante balais qu’on crache sur la bière du soir quand on nous l’offre sur un plateau.

Apprenez à démêler le bon grain de l’ivraie, pardi. Soyez malins. Oui Il y a des blogs uniquement dédiés aux marques. Je connais même des agences marketing dont le boulot est de créer des faux blogs super bien référencés dans les moteurs de recherche. Dont le seul but est de contrecarrer un “bombing” ou une mauvaise presse. Oui c’est mal. Ca c’est mal. Ca fait penser aux méthodes d’intoxication des masses par l’armée ennemie. C’est du billet sponsorisé. Mais ce n’est pas du billet sponsorisé. Ailleurs on appelerait ça un Canada Dry Numérique. Ca a la couleur de, mais ce n’est pas un… Amis internautes, vous apprenez à vous méfier du fishing? Bien apprenez à découvrir un site qui fait pareil. Pour cela c’est facile. Parlez à vos amis. Identifiez vos copains numériques et vos copains IRL en numériques. Demandez leur avis etc. Démerdez-vous pour ne pas tomber dans le panneau. Pour le reste vous comprendrez rapidement qui sont vos copains testeurs de produit.

Amis adeptes du billet sponsorisé, grand bien vous fasse. Vous savez. Vous comprenez. Vous connaissez le web social et ses règles impitoyables. Vous savez qu’en vous camouflant, il y aura toujours deux cons pour débouler à la vitesse du twit et venir chambouler votre belle image d’intouchabilité numérique, votre vertu chevaleresque de testeur de produit sans peur et sans reproche.

Irréprochable. Billet-sponsorisétomanes soyez irréprochables. Quand on vous donne un produit, pour le tester, dites-le. Quand vous allez à l’oeil à une soirée, dites-le. Quand vous recevez un petit biffeton pour parler d’un clavier ou d’une souris, signalez-le (ah et aussi comme ils disent dans la pub > déclarez-le aux impôts). Oui je sais, je sais… c’est dur de jongler dans la meute… Si vous criez trop fort que vous recevez les disques que vous chroniquez, y’a toutes les chances qu’un plus geek que vous arrive à monter un plus beau site, mieux référencé, plus connecté avec plus d’amis… et que votre gloire ne dure qu’une pouillème sur le wall de la célébrité numérique. Mais bon. Tant pis.

Soyez punks. Ne soyez pas fous. Prenez des risques. Soyez entreprenant, entrepreneurs, voire auto-entrepreneurs… Mais je sais que je prêche plein de convaincus. Vous avez passé des mois, voire des années à fédérer des gens autour de votre nom, de votre blog… vous n’allez pas risquer de tout perdre en essayant de tout cacher… Avouez, partagez, faites parler… Dites-vous que de toutes façons y’aura toujours quelq’un pour vous piéger dans le cas contraire. Pensez aux trolls que vous avez appris à gérer sur vos blogs. Un mal nécessaire. Vous avez cessé de leur répondre? Bien… Soyez suffisamment transparents que pour qu’on pige de quoi il retourne quand vous prenez la plume. Le lecrteur comprendra. Ou pas. Mais on s’en moque, le sujet n’est pas là. On ne peut pas plaire à tout le monde de toutes façons. Dites-vous que l’annonceur recherche de la visibilité.

A vous de gérer ça en fonction de votre courbe de croissance blogienne. Où en ête-vous dans la vie de votre propre marque, de votre propre marque ? Phase d’acquisition de lectorat, de territoire > Ok balancez de temps à autres un petit post sponso ne fait pas de mal, tant qu’il ne cannibalise pas l’essence de votre site, tant que le lecteur lambda peut venir faire un tour pour autre chose. Phase de statbilisation> Prenez de l’assurance. Jouez avec le rapport gain/ perte de lectorat à chaque blog sponsorisé. Positionnez votre marque personnelle sur l’échiquier du marketing, jouez un peu avec le feu, jusqu’où aller trop loin sans se faire le coup d’Icare (le mythe par le chanteur). Ceci procure une légère pointe de jouissance, anwa vous allez pouvoir commencer à exprimer votre avis sur un produit sponsorisé, dans un billet, sans que personne ne vous engueule, sans que le RP vienne vous sonner les cloches derrière. Phase Star> jouez à Octave dans 99F c’est le moment de flamber. Recevez des produits dont vous ne parlez pas. Dites du mal de produits qu’on vous paie pour encenser. Ne répondez qu’aux produits qui vous tentent le plus ou par esprit de contradiction. C’est un jeu. Et vous êtes en train de le gagner…. Ou pas. Et faites la nique au détracteurs, aux jaloux et aux envieux. Vous profitez de tout et de tout le monde, mais vous ne trompez personne. C’est-y pas là le but ultime de tout socio-capitaliste. Se sentir un gros privilégié, un nanti, un parvenu au dessus des autres… mais conserver une putain de probité intellectuelle qu’on loue dans les salons 2.0 parisiens et d’ailleurs.

4) En conclusion

Rêvez. Mais ne vous enflammez pas trop. C’est un jeu, mais comme dans le monde y’a personne qui gagne vraiment à la fin. Ah oui parce que j’ai oublié de vous dire… Etre un influenceur cador du marketing 2.0 et de la captation de système de promotion contemporain… ca reste quand même un sacré mythe. C’est bien beau de se taper une PS3 ou un Asus 1005ha-h (appel du pied) à l’oeil… ben vous savez quoi… c’est quand même toujours le taf IRL qui fournit le beefsteack à la gamine. C’est toujours la compétence plutôt que la notoriété qui ramène le gras. Et puis faut que je vous dise… Quand t’as passé tes what mille heures à “produire” ton identité numérique, à te goinfrer au passage de cette nouvelle économie numérique… ben t’es jamais sûr que ton “personal branding” il plait autant à tes proches qu’à toi… Et au final le socio-capitaliste… Il a intérêt à inventer le concept du “c’est super de vivre tout seul avec un cable USB dans le cul”, parce que sinon, il risque bien de se rendre compte que son indentité numérique c’est presque un taf aussi chouette que H&M et France Télécom.

Allez amitiés 2.0. Pour ce que ça vaut … ]]> http://owni.fr/2009/11/25/nous-les-salopards-socio-capitalistes/feed/ 1