OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La science aussi a son point Godwin: le syndrome de Galilée http://owni.fr/2011/05/29/la-science-aussi-a-son-point-godwin-le-syndrome-de-galilee/ http://owni.fr/2011/05/29/la-science-aussi-a-son-point-godwin-le-syndrome-de-galilee/#comments Sun, 29 May 2011 12:30:00 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/?p=64833 En matière d’argumentation, tout est affaire de point G. Non pas celui d’une éventuelle source de plaisirs suprêmes, mais bien celui du point de non retour lors d’un débat argumenté. Au fameux point Godwin succède ainsi son versant scientifique, le syndrome de Galilée.

Et pourtant elle tourne.

Galilée a beau ne jamais avoir prononcé ces mots (la phrase est apocryphe), il n’en a pas moins été condamné à la prison à vie pour ses théories. Au début du XVIIe siècle, l’astronome italien s’emploie à démontrer que l’Univers ne tourne pas autour de la Terre, mais que c’est au contraire la Terre qui tourne autour du soleil. Une définition qui convient peu à l’Église, persuadée de l’immuabilité de la planète bleue dans un univers en mouvement. Contraint de renier ses travaux, mais reconnu depuis à titre posthume, Galilée devient le symbole du génie incompris.

À ce génie mis au ban auraient donc succédé certaines sommités parmi lesquelles Jacques Benveniste, Claude Allègre, Éric Zemmour (pourtant loin d’être un scientifique), etc. Après tout, si Galilée était un incompris, pourquoi pas eux ?

Galillègre : quand le syndrome contamine Claude Allègre

Vers le point Godwin

L’argument est évidemment spécieux puisqu’il s’agit là d’une analogie douteuse. Une ressemblance ne prouve en rien la validité d’un argumentaire scientifique. Ce n’est pas parce que Galilée a eu raison, que les climato-sceptiques, en se comparant à lui, ont raison à leur tour.

Cette façon de procéder est très proche de la loi de Godwin, énoncée en 1990 par Mike Godwin, qui considère que :

Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.

La “loi de Godwin” a depuis très largement dépassé les frontières du web pour s’appliquer également aux débats IRL. Et une telle comparaison (au demeurant souvent accompagnée de la phrase : “les heures les plus sombres de notre histoire”), si elle s’inscrit dans une conversation qui ne traite pas directement de ce sujet, achève souvent de discréditer son auteur.

Dans le même genre, le syndrome de Galilée ressemble étonnamment au Point Godwin. Sur la page wikipédia “Esprit critique”, on en trouve d’ailleurs une définition :

Toute personne qui adhère à une pseudo-théorie la considère presque toujours comme révolutionnaire, et en outre s’estime persécutée.

Processus de victimisation

Parmi les victimes malheureuses du syndrome de Galilée, on retrouve notamment les climato-sceptiques ou les partisans des parasciences (les sciences non reconnues par la communauté scientifique parmi lesquelles : l’astrologie, l’homéopathie, la graphologie, etc.).

Claude Allègre, par exemple, géochimiste et ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, n’hésite pas à se comparer à Galilée (ainsi qu’à Louis Pasteur auparavant) à l’occasion d’un débat pour l’émission l’Objet du scandale (à environ 8′15”) :

Galilée disait : “Il vaut mieux une personne qui sait, que 1000 personnes qui ne savent pas”. Je pense que la quasi totalité des gens [les enseignants-chercheurs] qui sont là dedans ne savent pas. Tout comme j’étais tout seul contre 3000 personnes -je crois qu’on était 2- au moment de la tectonique des plaques.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il s’agit ici du processus de victimisation typique : “je suis seul contre tous, donc j’ai raison, la preuve, Galilée était seul contre tous, et il a eu raison“. Claude Allègre connaît pourtant d’autant mieux son sujet qu’il a écrit un ouvrage sobrement intitulé “Galilée”.

Citons aussi Serge Galam, directeur de recherche au CNRS et climato-sceptique, qui dans une tribune adressée au journal Le Monde en février 2007 s’offre le luxe du syndrome de Galilée (qui aurait, selon lui, démontré que la Terre est… ronde) ET d’un point Godwin :

Lorsque Galilée a conclu que la Terre était ronde, le consensus unanime était contre lui, s’accordant sur la platitude de la Terre. Mais lui avait la démonstration de sa conclusion. De façon similaire, à l’époque nazie la théorie de la relativité fut rejetée, estampillée comme une théorie juive dégénérée, avec à l’appui une pétition de grands scientifiques de l’époque, qui signaient du haut de leur autorité établie. Einstein aurait alors dit que des milliers de signatures n’étaient pas nécessaires pour invalider sa théorie. Il suffirait d’un seul argument, mais scientifique. [...]

Mais, attention, lorsque les scientifiques et les politiques font bloc, ça ne présage en général rien de bon… pour les humains ; voir les précédents historiques : nazisme, communisme, Inquisition (les docteurs sont des théologiens). En conclusion, lutter contre la pollution, pourquoi pas ? Mais si le réchauffement est naturel, ce n’est vraiment pas la priorité.

Du côté des parasciences, l’exemple de Jacques Benveniste fait figure d’autorité.  Ce chercheur s’est notamment fait connaître pour ses recherches sur la “mémoire de l’eau“, qui lui ont valu d’être évincé de l’INSERM. Sa théorie fait encore largement débat aujourd’hui malgré de farouches opposants et l’absence de résultats concrets. Elle est cependant défendue par quelques scientifiques (dont Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour sa collaboration à la découverte du VIH) et par les partisans de l’homéopathie, qui voit là la confirmation de l’efficacité de leur (para)science. Le fait est que Jacques Benveniste est probablement un des scientifiques qui souffre le plus du syndrome de Galilée, tant ses recherches sont l’objet de controverses : Luc Montagnier affirme ainsi qu’il s’agit d’une affaire “aussi importante que l’affaire Galilée”  et L’Association Jacques Benveniste pour la recherche organisait, il y a encore peu de temps, une conférence sur le thème “Jacques Benveniste, Galilée des temps modernes”.

Ces comparaisons ne sont en rien une preuve. Elles tiennent plus de l’argument d’autorité que d’une véritable démonstration du bien fondé des recherches de Benveniste.

Si la référence à Galilée est utilisée par quelques scientifiques -plus ou moins crédibles- en mal d’arguments pour défendre leurs hypothèses, ce sont surtout leurs zélés défenseurs qui font l’amalgame. Ainsi on pourrait définir le point Galilée de la sorte :

Plus une discussion en ligne sur un sujet scientifique dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant Galilée ou l’inquisition tend vers 1.

Sur les forums, des experts improvisés témoignent en effet de la persécution de la communauté scientifique à l’encontre de leurs Galilée des temps modernes. Une comparaison d’autant plus illogique que l’astronome incarnait le combat de la raison contre la religion. Et non pas de la raison contre la raison, ou de la science contre la science.

Surtout, outre un certain manque de modestie (il faut oser se comparer à Galilée sans le recul de l’Histoire), l’argument ne tient pas, ne serait-ce que sur le plan purement historique.

Un Galilée devenu mythique

Contrairement à l’idée couramment répandue, Galilée était loin d’être incompris. A une époque où les sciences visaient à prouver le bien fondé de la religion, il était difficile de s’éloigner des écrits saints sans passer pour un hérétique. Giordano Bruno, un autre astronome italien, a ainsi été brûlé vif en 1600, pour avoir affirmé que l’univers était infini et qu’il existait donc une infinité de terres et de soleils. Pour parvenir à ces conclusions Bruno s’était appuyé sur les travaux d’un certain Nicolas Copernic.

Travaux qui ont également servi de point de départ aux théories avancées par Galilée. Avant Copernic, il était communément admis que l’univers était géocentrique. Cette idée, développée par Aristote puis par Ptolémée, veut que la Terre soit immobile, au centre de l’Univers, et que les planètes (le soleil et la lune) gravitent autour d’elle en décrivant des cercles parfaits. Une théorie largement acceptée par la religion catholique.

Copernic, lui, développe l’hypothèse de l’héliocentrisme, faisant du soleil un astre autour duquel les planètes, dont la Terre, graviteraient. Son ouvrage clé, «Nicolai Copernici Torinensis De Revolutionibus Orbium Coelestium Libri VI», paraît l’année de sa mort, en 1543, et est dédicacé au pape Paul III. Copernic était un protégé du pape, comme le sera à son tour Galilée avec le pape Urbain VIII. Ce dernier lui commande d’ailleurs un livre, “Dialogue sur les deux grands systèmes du monde“, dans lequel Galilée doit présenter de façon impartial les théories aristotéliciennes et coperniciennes. Mais l’astronome italien profite de son ouvrage pour railler le géocentrisme (le défenseur de cette thèse étant d’ailleurs nommé “Simplicio”) au profit de l’héliocentrisme.

Devant l’ampleur du scandale, le Pape lui même prend le parti des adversaires de Galilée. Avec la suite que l’on connaît : Galilée est poursuivi par l’inquisition, contraint de renier son œuvre et condamné à la prison à vie. Peine immédiatement commuée par le Pape en une assignation à résidence (qui sera d’ailleurs relativement assouplie, le scientifique est autorisé à changer de lieu et à recevoir des visites).

Galilée, contrairement aux croyances, n’était donc pas un laissé-pour-compte. Il comptait au contraire de nombreux soutiens, à la fois dans la communauté scientifique (notamment Johannes Kepler, célèbre astronome allemand) mais également chez les religieux (le Pape) ou les nobles (les de Medicis).

L’astronome italien n’a pas tant été jugé par ses comparses scientifiques que par le dogme chrétien (représenté par l’inquisition). Une situation incomparable de nos jours, au vu de la place qu’occupe la religion dans les sciences.

Preuve est faite que les points G (non sexués a-t-on dit) ne sont pas des arguments valides. Peut-être nous intéresserons-nous, une prochaine fois, aux points P (syndromes de Poppeye, du poulpe et de Pangloss).


Photos Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par theilr et PaternitéPas d'utilisation commerciale Pas de modification par jennandjon

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Le syndrome de Galilée, point Godwin de la science http://owni.fr/2011/05/26/le-syndrome-de-galilee-point-godwin-de-la-science/ http://owni.fr/2011/05/26/le-syndrome-de-galilee-point-godwin-de-la-science/#comments Thu, 26 May 2011 15:57:30 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/?p=34932 En matière d’argumentation, tout est affaire de point G. Non pas celui d’une éventuelle source de plaisirs suprêmes, mais bien celui du point de non retour lors d’un débat argumenté. Au fameux point Godwin succède ainsi son versant scientifique, le syndrome de Galilée.

Et pourtant elle tourne.

Galilée a beau ne jamais avoir prononcé ces mots (la phrase est apocryphe), il n’en a pas moins été condamné à la prison à vie pour ses théories. Au début du XVIIe siècle, l’astronome italien s’emploie à démontrer que l’Univers ne tourne pas autour de la Terre, mais que c’est au contraire la Terre qui tourne autour du soleil. Une définition qui convient peu à l’Église, persuadée de l’immuabilité de la planète bleue dans un univers en mouvement. Contraint de renier ses travaux, mais reconnu depuis à titre posthume, Galilée devient le symbole du génie incompris.

À ce génie mis au ban auraient donc succédé certaines sommités parmi lesquelles Jacques Benveniste, Claude Allègre, Éric Zemmour (pourtant loin d’être un scientifique), etc. Après tout, si Galilée était un incompris, pourquoi pas eux ?

Galillègre : quand le syndrome contamine Claude Allègre

Vers le point Godwin

L’argument est évidemment spécieux puisqu’il s’agit là d’une analogie douteuse. Une ressemblance ne prouve en rien la validité d’un argumentaire scientifique. Ce n’est pas parce que Galilée a eu raison, que les climato-sceptiques, en se comparant à lui, ont raison à leur tour.

Cette façon de procéder est très proche de la loi de Godwin, énoncée en 1990 par Mike Godwin, qui considère que :

Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.

La “loi de Godwin” a depuis très largement dépassé les frontières du web pour s’appliquer également aux débats IRL. Et une telle comparaison (au demeurant souvent accompagnée de la phrase : “les heures les plus sombres de notre histoire”), si elle s’inscrit dans une conversation qui ne traite pas directement de ce sujet, achève souvent de discréditer son auteur.

Dans le même genre, le syndrome de Galilée ressemble étonnamment au Point Godwin. Sur la page wikipédia “Esprit critique”, on en trouve d’ailleurs une définition :

Toute personne qui adhère à une pseudo-théorie la considère presque toujours comme révolutionnaire, et en outre s’estime persécutée.

Processus de victimisation

Parmi les victimes malheureuses du syndrome de Galilée, on retrouve notamment les climato-sceptiques ou les partisans des parasciences (les sciences non reconnues par la communauté scientifique parmi lesquelles : l’astrologie, l’homéopathie, la graphologie, etc.).

Claude Allègre, par exemple, géochimiste et ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, n’hésite pas à se comparer à Galilée (ainsi qu’à Louis Pasteur auparavant) à l’occasion d’un débat pour l’émission l’Objet du scandale (à environ 8′15”) :

Galilée disait : “Il vaut mieux une personne qui sait, que 1000 personnes qui ne savent pas”. Je pense que la quasi totalité des gens [les enseignants-chercheurs] qui sont là dedans ne savent pas. Tout comme j’étais tout seul contre 3000 personnes -je crois qu’on était 2- au moment de la tectonique des plaques.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il s’agit ici du processus de victimisation typique : “je suis seul contre tous, donc j’ai raison, la preuve, Galilée était seul contre tous, et il a eu raison“. Claude Allègre connaît pourtant d’autant mieux son sujet qu’il a écrit un ouvrage sobrement intitulé “Galilée”.

Citons aussi Serge Galam, directeur de recherche au CNRS et climato-sceptique, qui dans une tribune adressée au journal Le Monde en février 2007 s’offre le luxe du syndrome de Galilée (qui aurait, selon lui, démontré que la Terre est… ronde) ET d’un point Godwin :

Lorsque Galilée a conclu que la Terre était ronde, le consensus unanime était contre lui, s’accordant sur la platitude de la Terre. Mais lui avait la démonstration de sa conclusion. De façon similaire, à l’époque nazie la théorie de la relativité fut rejetée, estampillée comme une théorie juive dégénérée, avec à l’appui une pétition de grands scientifiques de l’époque, qui signaient du haut de leur autorité établie. Einstein aurait alors dit que des milliers de signatures n’étaient pas nécessaires pour invalider sa théorie. Il suffirait d’un seul argument, mais scientifique. [...]

Mais, attention, lorsque les scientifiques et les politiques font bloc, ça ne présage en général rien de bon… pour les humains ; voir les précédents historiques : nazisme, communisme, Inquisition (les docteurs sont des théologiens). En conclusion, lutter contre la pollution, pourquoi pas ? Mais si le réchauffement est naturel, ce n’est vraiment pas la priorité.

Du côté des parasciences, l’exemple de Jacques Benveniste fait figure d’autorité.  Ce chercheur s’est notamment fait connaître pour ses recherches sur la “mémoire de l’eau“, qui lui ont valu d’être évincé de l’INSERM. Sa théorie fait encore largement débat aujourd’hui malgré de farouches opposants et l’absence de résultats concrets. Elle est cependant défendue par quelques scientifiques (dont Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour sa collaboration à la découverte du VIH) et par les partisans de l’homéopathie, qui voit là la confirmation de l’efficacité de leur (para)science. Le fait est que Jacques Benveniste est probablement un des scientifiques qui souffre le plus du syndrome de Galilée, tant ses recherches sont l’objet de controverses : Luc Montagnier affirme ainsi qu’il s’agit d’une affaire “aussi importante que l’affaire Galilée”  et L’Association Jacques Benveniste pour la recherche organisait, il y a encore peu de temps, une conférence sur le thème “Jacques Benveniste, Galilée des temps modernes”.

Ces comparaisons ne sont en rien une preuve. Elles tiennent plus de l’argument d’autorité que d’une véritable démonstration du bien fondé des recherches de Benveniste.

Si la référence à Galilée est utilisée par quelques scientifiques -plus ou moins crédibles- en mal d’arguments pour défendre leurs hypothèses, ce sont surtout leurs zélés défenseurs qui font l’amalgame. Ainsi on pourrait définir le point Galilée de la sorte :

Plus une discussion en ligne sur un sujet scientifique dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant Galilée ou l’inquisition tend vers 1.

Sur les forums, des experts improvisés témoignent en effet de la persécution de la communauté scientifique à l’encontre de leurs Galilée des temps modernes. Une comparaison d’autant plus illogique que l’astronome incarnait le combat de la raison contre la religion. Et non pas de la raison contre la raison, ou de la science contre la science.

Surtout, outre un certain manque de modestie (il faut oser se comparer à Galilée sans le recul de l’Histoire), l’argument ne tient pas, ne serait-ce que sur le plan purement historique.

Un Galilée devenu mythique

Contrairement à l’idée couramment répandue, Galilée était loin d’être incompris. A une époque où les sciences visaient à prouver le bien fondé de la religion, il était difficile de s’éloigner des écrits saints sans passer pour un hérétique. Giordano Bruno, un autre astronome italien, a ainsi été brûlé vif en 1600, pour avoir affirmé que l’univers était infini et qu’il existait donc une infinité de terres et de soleils. Pour parvenir à ces conclusions Bruno s’était appuyé sur les travaux d’un certain Nicolas Copernic.

Travaux qui ont également servi de point de départ aux théories avancées par Galilée. Avant Copernic, il était communément admis que l’univers était géocentrique. Cette idée, développée par Aristote puis par Ptolémée, veut que la Terre soit immobile, au centre de l’Univers, et que les planètes (le soleil et la lune) gravitent autour d’elle en décrivant des cercles parfaits. Une théorie largement acceptée par la religion catholique.

Copernic, lui, développe l’hypothèse de l’héliocentrisme, faisant du soleil un astre autour duquel les planètes, dont la Terre, graviteraient. Son ouvrage clé, «Nicolai Copernici Torinensis De Revolutionibus Orbium Coelestium Libri VI», paraît l’année de sa mort, en 1543, et est dédicacé au pape Paul III. Copernic était un protégé du pape, comme le sera à son tour Galilée avec le pape Urbain VIII. Ce dernier lui commande d’ailleurs un livre, “Dialogue sur les deux grands systèmes du monde“, dans lequel Galilée doit présenter de façon impartial les théories aristotéliciennes et coperniciennes. Mais l’astronome italien profite de son ouvrage pour railler le géocentrisme (le défenseur de cette thèse étant d’ailleurs nommé “Simplicio”) au profit de l’héliocentrisme.

Devant l’ampleur du scandale, le Pape lui même prend le parti des adversaires de Galilée. Avec la suite que l’on connaît : Galilée est poursuivi par l’inquisition, contraint de renier son œuvre et condamné à la prison à vie. Peine immédiatement commuée par le Pape en une assignation à résidence (qui sera d’ailleurs relativement assouplie, le scientifique est autorisé à changer de lieu et à recevoir des visites).

Galilée, contrairement aux croyances, n’était donc pas un laissé-pour-compte. Il comptait au contraire de nombreux soutiens, à la fois dans la communauté scientifique (notamment Johannes Kepler, célèbre astronome allemand) mais également chez les religieux (le Pape) ou les nobles (les Medicis).

L’astronome italien n’a pas tant été jugé par ses comparses scientifiques que par le dogme chrétien (représenté par l’inquisition). Une situation incomparable de nos jours, au vu de la place qu’occupe la religion dans les sciences.

Preuve est faite que les points G (non sexués a-t-on dit) ne sont pas des arguments valides. Peut-être nous intéresserons-nous, une prochaine fois, aux points P (syndromes de Poppeye, du poulpe et de Pangloss).


Photos Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par theilr et PaternitéPas d'utilisation commerciale Pas de modification par jennandjon

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Le populisme climatique http://owni.fr/2010/11/11/le-populisme-climatique/ http://owni.fr/2010/11/11/le-populisme-climatique/#comments Thu, 11 Nov 2010 08:43:59 +0000 'ICE' http://owni.fr/?p=33294 Étant donné que Paris ce week-end ressemblait, au niveau pluviométrique, à la ville dans laquelle se déroule Seven, j’ai eu tout le temps de lire le récent livre de Stéphane Foucart, Le populisme climatique (sous-titré : “Allègre et cie, enquête sur les ennemis de la science”). S. Foucart est journaliste scientifique au Monde, particulièrement intéressé par la question du changement climatique et les sciences du climat.

Un climat agité

Avec ce livre, l’auteur nous emmène à travers les détails et les dessous de la croisade climato-sceptique de Claude Allègre et Vincent Courtillot, à travers leurs écrits, leurs articles, leurs conférences, leurs interventions médiatiques, à travers aussi les épisodes à l’Académie francaise, au cours des dernières années ; mais pas seulement : le livre détaille aussi le Climategate, l’épisode de “chasse aux sorcières” qui s’est ensuivi dans la presse britannique avec les différents “-gates” et les attaques contre le GIEC ; l’univers des think tanks conservateurs américains financés par l’industrie et recrutant des scientifiques ad hoc pour “vendre” du doute préfabriqué (sur le tabac, l’amiante, les CFC… et maintenant le climat). J’en oublie certainement. Bref – c’est vrai qu’il y a du matériel à traiter.

Tout au long de ce parcours l’auteur s’attache à décrire et démonter les “arguments” (i.e., les erreurs ou les mensonges) du climato-scepticisme, les manipulations des uns et des autres, et porte un soin particulier à expliquer comment cette désinformation se propage – pour le dire vite : depuis Exxon jusqu’aux plumes d’intellectuels ou chroniqueurs censément “autorisés” dans la presse nationale, avec le rôle fondamental d’internet et de la blogosphère.

L’auteur parvient, malgré la lourdeur et le côté fasitidieux de l’exercice de “debunkage”, à faire le tour de la question de façon concise et convaincante (même si il est plusieurs fois obligé d’abréger le propos parce qu’expliciter “toutes les erreurs” de tel ou tel serait “trop fastidieux”) et parvient à nous transmettre une inquiétude visiblement sincère devant le processus fondamentalement “antiscientifique” qu’il décrit – quand ce n’est pas sa consternation devant la teneur des “débats” à l’Académie des Sciences, où sont ressortis (par des gens censément pointus scientifiquement) les poncifs climato-sceptiques les plus éculés.

Prêcher les convertis ?

Un livre intéressant, donc. Ma seule interrogation est celle du public visé : le niveau de détail de certains dossiers (les publications et les erreurs de Courtillot, les liens entre l’IPGP et EPSL, l’Académie ou le CNRS).

S’il est bien sur intéressant pour ceux qui ont déjà un peu suivi l’histoire, il risque d’en détourner ceux qui abordent la question en néophytes. De l’autre côté, bien entendu, les sceptiques convaincus (notez l’oxymore) n’y verront qu’une entreprise écolo-totalitariste de plus visant à défendre la pensée-unique, et rangeront S.Foucart aux côtés d’Al Gore et Nicolas Hulot parmi les khmers verts de la fraternité réchauffiste.

Finalement je recommanderais la lecture du livre à ceux qui ont déjà une connaissance minimale du sujet, et sont intéressés par la question de la controverse climatique et plus généralement des liens entre science et société (les lecteurs du C@fé des sciences ou d’OwniSciences par exemple !).

P.S. : Vous pourrez trouver des extraits ici, et un chat avec l’auteur (qui par moment éclaire tout à fait le propos même du livre).

>> Article intialement publié sur le blog de ICE.

>> Illustrations Flickr CC : misterbisson, JosephLeonardo

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