OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Une histoire interactive de la science du climat http://owni.fr/2011/06/28/une-histoire-interactive-de-la-science-du-climat/ http://owni.fr/2011/06/28/une-histoire-interactive-de-la-science-du-climat/#comments Tue, 28 Jun 2011 13:30:41 +0000 Martin Clavey http://owni.fr/?p=70996 Quand on parle du réchauffement climatique et de l’impact de l’homme sur celui-ci, les discussions s’enveniment rapidement et certains se retrouvent souvent atteints par le syndrome de Galilée. Faisant appel au crowdsourcing, le site Skeptical Science, qui revendique le scepticisme face aux sceptiques du réchauffement climatique, a produit une web-app très fournie présentant les différentes publications scientifiques sur le sujet dans une timeline interactive. Elles ont été classées en trois catégories :

  • Sceptiques (Skeptical papers)
  • Neutres (neutral papers)
  • Pro-réchauffement climatique lié à l’homme (pro-agw ou pro anthropogenic global warming papers)

Cette classification, un peu compliquée, est basée sur la liste des “mythes” sur le climat qu’a établie le site dans laquelle on retrouve des assertions telles que “L’acidification des océans n’est pas une thèse sérieuse“, “le réchauffement est dû aux rayons cosmiques” ou encore “c’est un cycle naturel“. Quand un article scientifique est ajouté dans la base de données, il est associé à l’un de ces “mythes”. Si il confirme le “mythe”, l’article est classé dans les papiers sceptiques sur les conséquences des activités de l’homme sur le réchauffement de la planète. Attention, ça ne veut pas dire que l’article réfute en bloc les effets de l’homme sur le réchauffement, mais qu’il contredit un des points de la thèse anthropique du réchauffement de la Terre. De même si l’article est classé dans les “pro-agw”, c’est qu’il confirme un des arguments tendant à prouver que l’homme est pour quelque chose dans le réchauffement de notre planète. Les papiers neutres sont soit des papiers liés à plusieurs “mythes” dont les résultats s’annulent, soit des papiers qui ne sont liés à aucun “mythe”.

Les internautes qui ont participé à cette web-app via un formulaire (il faut d’abord s’enregistrer sur le site) ou via l’add-on Firefox, ont déjà recensé 4 884 articles scientifiques.

De la correspondance de notre cher Baron Fourier (découvreur de l’effet de serre) avec le professeur Sullivan publiée dans l’American Journal of Science en 1824 aux 934 papiers qui sont déjà parus cette année, chaque bulle représente le nombre d’articles produit par année dans chacune des catégories.

(Cliquez ici pour accéder à l’application)

En jouant avec la scroll bar, on navigue dans la recherche sur le climat et on peut, par exemple, constater que :

  • globalement, le nombre de papiers sceptiques est très faible
  • le nombre de publication sur le climat a explosé depuis les années 2000.

Même si les critères de catégorisation des papiers sont perfectibles, cette web-app permet d’avoir une bibliographie assez globale et originale sur le climat. Cette application montre, en tout cas, que même quand on parle de science à un niveau élevé, le crowdsourcing peut être très efficace. N’hésitez pas à continuer à enrichir l’application !


Web-app découverte grâce à Knowtex

Photo FlickR CC PaternitéPas d'utilisation commerciale par doug88888

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Changement climatique: inégalité face aux risques http://owni.fr/2011/05/27/changement-climatique-inegalite-face-aux-risques/ http://owni.fr/2011/05/27/changement-climatique-inegalite-face-aux-risques/#comments Fri, 27 May 2011 13:19:34 +0000 Aïda Nciri http://owni.fr/?p=34989 Non seulement, les « pauvres » doivent mettre la main à la poche pour respecter des politiques environnementales mal conçues, mais ils doivent également se préparer à être les plus exposés aux dommages causés par le changement climatique. En 2010, près des 2/3 des dommages causés par les catastrophes naturelles (soit $85 milliards), n’étaient pas assurés. Soit parce que la catastrophe se déroulait dans un pays dit « en développement » où le système d’assurance est faible, voire, inexistant; soit parce qu’une partie de la population des pays dits « riches » n’avait pas les moyens de s’assurer. La correction de ces inégalités est possible. C’est une question de choix de société (et non pas de marché…).

$128 milliards de dommages – $43 milliards de biens assurés = $85 milliards… Qui paie la différence? Toutes les pertes économiques ne sont pas couvertes par les assurances. Dans son rapport Sigma 2010, la compagnie d’assurance Swiss Re estimait que les pertes des biens assurés, sur l’ensemble des catastrophes, étaient de $43 milliards alors que les pertes économiques globales se chiffraient à plus de $128 milliards, soit 2/3 de plus! Alors, qui paie la différence? Les individus, les entreprises, les collectivités, les États… mais quand cela leur est possible…

Les populations des pays pauvres, sans système d’assurance

Prenons les inondations survenues au Pakistan en été 2010. Elles ont à peine fait la une des médias et mobilisées les donateurs pour secourir les populations.

Pourtant la Banque Mondiale et la Banque Asiatique de Développement évalue à 9,7 milliards de dollars les dégâts et à 20 millions le nombre des victimes (dont près de 2000 morts). Ban Ki Moon, le Secrétaire Général de l’ONU, dans son discours du 19 août 2010 estime même qu’il s’agit d’un « tsunami au ralenti, dont le pouvoir de destruction se consolidera et s’étendra au fil du temps. Qu’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une catastrophe mondiale et d’un défi mondial. » Autant dire que dans cette région pauvre du Pakistan, peu de personnes avaient les moyens d’assurer leur biens. Et encore eût-il fallu qu’il y ait un marché de l’assurance pour ce type de risque… Et l’État n’est pas suffisamment organisé et/ou riche pour indemniser les victimes. Alors forcément, ce sont encore les pauvres qui sont doublement touchés: ils sont les plus exposés et ils sont les moins couverts pour faire face aux catastrophes. En attendant, ces populations touchées ne peuvent qu’attendre, impuissante, une aide humanitaire contingente, qui pallie, bon an mal an, l’absence de système d’indemnisation.

Habitations dévastées au Pakistan lors des inondations de 2010

Les précaires des pays riches sans assurance climatique

Retour en août 2005, Nouvelle-Orléans, après le passage du cyclone Katrina. Le public découvre l’autre visage des États-Unis: celui d’une population pauvre (et en majorité noire), livrée à elle-même, maisons détruites et sans moyen pour partir vivre ailleurs ou reconstruire leur maison. Cinq ans après le passage de l’ouragan, certains rescapés continuent de vivre dans des caravanes fournies par l ’Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA)… s’ils n’ont pas été expulsés avant comme l’indique un article du Los Angeles Times repris par la Courrier International.

Si ces populations ont été frappées de plein fouet c’est parce qu’elles n’avaient pas les moyens de souscrire une assurance contre les catastrophes naturelles: selon le bureau du gouverneur du Mississippi, le républicain Haley Barbour, 53 % des occupants des caravanes déployées par la FEMA dans son État gagnent moins de 20 000 dollars [14 700 euros] par an…

Un fonds d’indemnisation des catastrophe naturelles: le principe de solidarité nationale en France. La France a mis en place un régime original d’assurance obligatoire aux catastrophes naturelles institué par la loi du 13 juillet 1982. Ce régime est dit « à péril non dénommé » car il n’existe pas de liste exhaustive des périls (ou aléas) qu’il couvre. Pour bénéficier de ce fonds deux conditions doivent être remplies:

  • l’état de catastrophe naturelle doit être reconnu par un arrêté interministériel, qui en délimite le champ géographique et temporelle ainsi que la nature des dommages couverts par la garantie (article L.125-1 du Code des Assurances)
  • seuls les biens sinistrés des particuliers et entreprises couverts par un contrat d’assurance “dommages aux biens” peuvent bénéficier de la garantie catastrophe naturelle (si les sinistre sont directement liés à la catastrophe reconnu par le décret).

Le régime Catastrophes Naturelles (Cat-Nat) repose sur le principe de solidarité nationale, lui même défini par deux composantes:

  1. son caractère obligatoire: tout contrat d’assurance de dommages aux biens comporte obligatoirement la garantie contre les catastrophes naturelles ;
  2. son caractère égalitaire : un taux unique s’applique à l’ensemble des assurés indépendamment de leur exposition géographique aux risques. Ainsi, le fonds Cat-Nat est alimenté par une prime additionnelle (surprime) calculée à partir d’un taux uniforme sur l’assurance de base ( 12 % pour un contrat multirisques habitation/entreprise et 6 % pour un contrat d’assurance d’un véhicule terrestre à moteur) ;

Ainsi, d‘après un rapport du Commissariat Général au Développement Durable de mai 2010, 8,3 Md€ ont été indemnisés de 1995 à 2006, en France métropolitaine, au titre des évènements naturels reconnus comme «catastrophes naturelles».

Mais ce système n’est pas la panacée car il crée un effet pervers appelé « aléa moral », c’est à dire qu’une personne assurée contre un risque ne prend pas de précautions pour empêcher ce risque ou s’en protéger car elle sait qu’elle sera de toute façon remboursée. Le système français tente donc d’introduire une politique de prévention, notamment au niveau des communes, pour que celles-ci prennent en compte le risque de catastrophes naturelles dans leur plan d’aménagement. Et nous retombons là dans le violent débat qui a suivi le passage de la tempête Xynthia, opposant l’État et les collectivités territoriales, les habitants et les assureurs…

Assurance, solidarité et changement climatique, un trio qui doit apprendre à vivre ensemble pour éviter tensions et injustices. Avec l’ampleur toujours plus grande des dégâts dus aux catastrophes naturelles, l’augmentation de leur intensité lié au changement climatique, et les inégalités de revenus entre pays et populations, nous sommes confrontés à une thématique cruciale du « développement durable », trop souvent minorée. Il s’agit pour le secteur de l’assurance de trouver un modèle économique viable qui ne mette pas sur le carreau les personnes les plus exposées aux catastrophes et les plus pauvres. Une intervention de l’État me paraît donc indispensable pour à la fois favoriser un marché de l’assurance tout en veillant à ce que tous les habitants soient inclus dans ce système, par des mécanismes de solidarité. Cela paraît une conclusion évidente. Mais le système d’indemnisation français Cat-Nat reste une exception dans le paysage mondial…


Article initialement publié sur Globule Vert

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En attendant Cancún, où en sont les négociations sur le climat ? http://owni.fr/2010/10/26/en-attendant-cancun-ou-en-sont-les-negociations-sur-le-climat/ http://owni.fr/2010/10/26/en-attendant-cancun-ou-en-sont-les-negociations-sur-le-climat/#comments Tue, 26 Oct 2010 15:49:21 +0000 Thomas Matagne http://owni.fr/?p=111 Titre original : ?Le climat à Tianjin, une histoire de petite cuillère

A Tianjin, en Chine, se tenait jusqu’au samedi 9 octobre la dernière séance intermédiaire de négociations avant la Conférence des Parties à la Convention qui se tiendra à Cancún en décembre prochain. Le résultat est très mitigé. Tentative d’explications.

Situation générale

Après la claque de Copenhague (où, rappelons-le, il n’a été produit en décembre qu’un texte à caractère politique non approuvé par tous les pays), les réunions qui se sont tenues à Bonn en juin puis à Tianjin avaient pour objectif de continuer à travailler dans le cadre du processus de négociation du Plan d’Action de Bali (2007). Les négociations sont organisées dans selon deux voies parallèles dites AWG-KP et AWG-LCA : la première doit permettre la suite du protocole de Kyoto tandis que la seconde doit permettre une coopération plus large et de long terme (en intégrant les Etats-Unis et les grands pays émergents dans les efforts de réduction des émissions).

Négociations à Bonn le 9 avril 2010

A Copenhague, les textes des deux groupes KP et LCA avaient été sauvés d’un abandon total afin de ne pas perdre deux ans de travail. Dans le LCA, lors des réunions de Bonn de juin dernier, les textes de négociation avaient beaucoup enflé car les pays ont tenu à inclure toutes leurs positions et ont rejeté des textes plus concis proposés à deux reprises par la Présidence. Or, l’objectif est d’arriver à Cancún avec des textes suffisamment courts et clairs afin que des choix politiques puissent être réalisés. A Tianjin, l’objectif était donc de couper, réorganiser, concentrer les textes afin de permettre l’adoption de décisions qui constitueraient le socle de construction d’un (ou plusieurs) traité(s) pour la COP17 à en Afrique du Sud de 2011.

Avancer de manière « équilibrée »

« Balanced » (équilibré) aura été le mot dans toutes les bouches de cette réunion de Tianjin. La notion d’équilibre est difficile à décrypter, mais l’idée principale semble être que les négociations internes à chaque groupe de discussion (KP et LCA) doivent avancer de manière cohérente sur les principaux chapitres… mais aussi que les deux groupes doivent avancer tous les deux de manières coordonnées.

Par exemple actuellement, d’après Paul Watkinson (chef de délégation de la France), pour l’Union Européenne le LCA est en retard sur le KP. L’idée est la suivante : les discussions sur la prolongation du protocole de Kyoto qui engagent les pays développés (hors Etats-Unis) ne peuvent aboutir qu’à la condition qu’il y ait une visibilité claire de ce qu’il se passe concernant les Etats-Unis et les pays émergents dans le LCA. Cette visibilité concerne le niveau d’engagement de réductions, mais aussi le caractère contraignant de ces engagements et les règles générales qui s’appliquent. L’UE exige d’avoir des garanties sur ces deux points avant de s’engager elle-même.

Le problème est que chaque groupe de Parties a sa propre définition de ce qu’être « équilibré » : l’Union Européenne a esquissé une liste d’éléments dans un document interne, le G77+Chine a fait de même. La Présidence a proposé une série d’éléments qui pourraient constituer un paquet de décisions équilibré, sans recevoir de soutien particulièrement enthousiaste de l’ensemble des Parties.

Ce qui a bloqué

Or, actuellement, le LCA n’avance pas sur deux chapitres essentiels (dits « 1bi » et « 1bii ») qui concernent la réduction des émissions des pays développés d’une part et celle des pays en développement d’autre part. A Tianjin, les négociateurs n’ont même pas travaillé réellement sur le texte. Lors de la séance plénière de conclusion du LCA, chaotique, la Présidence du groupe a proposé une note décrivant les différentes positions entendues lors de débats… Mais cette note a été assez mal accueillie (erreurs, formulations explosives, interrogation sur son statut juridique…). Au final elle a été acceptée comme un aide-mémoire des débats passés, mais sans résoudre du tout le problème de l’absence de texte.

Un autre chapitre bloquant, directement en lien avec les précédents, est celui dit du « MRV » (pour « measurable, verifiable, reportable ») : il s’agit cette fois de trouver un système international qui permette d’établir transparence et confiance sur la réalité des actions entreprises pour réduire les émissions. Ce chapitre est très lié à la question des financements, puisque le MRV peut également s’appliquer au contrôle des financements effectivement dégagés par les pays développés. Ce problème du MRV n’est pas nouveau, il avait été très présent à Copenhague ; la Chine semble montrer très peu de flexibilité pour tout système de vérification qui interviendrait sur son sol… à moins que ce ne soient les Etats-Unis qui exigent des contrôles trop importants ?

Des discussions de procédure et des blocages difficilement compréhensibles dans KP

Sur l’autre voie de négociation relative au protocole de Kyoto, on a assisté tout au long de la semaine des échanges assez virulents sur le respect des procédures. En effet, les discussions actuelles sont encadrées par un mandat ; or celui-ci ne comprend pas certains aspects que pourtant certains pays exigent de régler avant d’avancer sur le chiffrage des réductions d’émissions. Ces points problématiques sont, grosso modo, les règles de comptabilité des émissions de GES et la gestion du surplus d’unités d’émissions de la première période. L’UE, mais aussi l’Australie, le Japon veulent l’établissement clair de ces règles, pour pouvoir ensuite prendre des engagements. Ce qui paraît assez logique (on peut en effet modifier substantiellement la nature d’un engagement chiffré en modifiant les règles du jeu a posteriori).

Mais le Brésil et la Chine mettent un point d’honneur à vouloir s’en tenir de manière étroite au mandat initial du groupe de travail, c’est à dire uniquement le chiffrage sans discussion sur les règles. Résultat : les discussions s’enchaînent et se répètent sur la procédure, sans que rien ne bouge sur le fond. Il est assez difficile de comprendre la dynamique qui est derrière ce blocage. Les pays en développement n’ont de cesse de répéter qu’ils exigent la survie du protocole de Kyoto. En jouant sur la procédure comme ils l’ont fait à Tianjin, le Brésil et la Chine réduisent les chances de progrès et donc, in fine, d’un accord à Cancún.

Inversement, pourquoi les pays développés exigent-ils de dépasser le mandat de Bali ? N’auraient-ils pas anticipé, lors de l’établissement du mandat de travail, les questions qu’ils mettent aujourd’hui sur la table ? Ce serait étonnant, tant chaque position est pesée et pensée à long terme… Y aurait-il donc un piège tendu par les pays développés ? A moins que la discussion sur les règles ne soit pas appréciée par le Brésil et la Chine, simplement par défense de leurs intérêts. On sait qu’il faudra une cohérence des règles entre le KP et le LCA. Ainsi, les pays en développement auraient peur de discuter de ces règles (dont ils savent qu’elles devront s’appliquer au moins partiellement à eux) tant que d’autres points ne sont pas éclaircis dans le cadre du LCA.

Tout ceci n’est que suppositions. Mais le fait est que les négociations sur la seconde période d’engagement, qui doit commencer en 2013, n’ont pas avancé à Tianjin.

Les points qui ont avancé

Sur les autres chapitres, en revanche, les discussions semblent avoir été globalement constructives. Par exemple, sur les financements à long terme, des brouillons de décisions ont été discutés, ce qui indique un niveau avancé de négociation. D’ailleurs on peut espérer l’établissement à Cancún d’un « fonds vert » par une Décision. Celle-ci organisera également le processus de « faisabilité » de ce fonds pour 2011, c’est à dire la réflexion sur la concrétisation du fonds (choix institutionnels, organisation concrète, levée des fonds…), afin d’une mise en place dans les années qui suivent.

De manière similaire, la question des transferts de technologies a continué d’avancer : la création d’un Comité Exécutif des Technologies doublé d’un réseau de centres régionaux de soutien aux transferts de technologies pourrait être décidée. Les autres chapitres plutôt encourageants sont ceux relatifs l’adaptation, à la protection des forêts (mécanisme dit REDD+).

Chemin vers Cancún : garder de l’optimisme

La question principale est donc : les deux mastodontes (Etats-Unis et Chine) vont-ils bouger à Cancún ? Il faut absolument que la question du « MRV » trouve une issue rapidement. A priori, comme pour Copenhague, cette question ne peut pas être réglée au niveau des négociateurs : il faut qu’elle le soit au niveau politique.

Les Etats-Unis ont annoncé et répété leur volonté d’aller vers un engagement contraignant. Jonathan Pershing (chef de délégation) a affirmé avec vigueur que son pays garde une forte volonté d’agir en interne par la réglementation, mais qu’en aucun cas la situation interne à son pays ne peut justifier un blocage de la part des autres pays. En face, la Chine, notamment en accueillant pour la première fois une réunion de l’UNFCCC, a également voulu démontrer sa volonté d’avancer : elle a rappelé ses engagements nationaux – qui sont réellement importants-, ainsi que la réalité de ses politiques nationales.

Mais concernant l’atténuation des émissions, il existe un réel problème : les engagements des pays développés sont, pris ensemble, trop faibles pour permettre le respect de l’engagement dit du « 2°C » (i.e. pas de réchauffement supérieur à 2°C en 2100 par rapport à la période préindustrielle). L’accroissement de ces engagements paraît indispensable aux yeux des pays en développement… Or pour cela, il n’y a pas a priori de réserves de réductions : nous sommes aujourd’hui sur des promesses d’engagements qui sont fixes par rapport à il y a un an. Et il n’y a rien qui laisse penser que les pays développés ont l’intention de bouger pour aller plus loin.

Au-delà du fond, il y a également une sérieuse inquiétude à avoir : il est à craindre que les textes des deux chapitres problématiques du LCA soient encore bien trop longs (et mal organisés) pour pouvoir permettre d’aboutir à une conclusion à Cancún. Or, en respect du principe d’équilibre sur lequel tout le monde s’accorde, si ces chapitres bloquent, c’est tout le reste qui coince également !  Une absence de tout résultat à Cancún serait sérieusement inquiétante : cela pourrait mettre davantage en péril le processus des Nations unies (déjà décrit par certains acteurs comme « malade »).

On retiendra cependant l’optimisme de Mme Figueres, la secrétaire générale de la Convention : elle croit tout à fait en une possible réussite et rappelle qu’il n’existe pas d’alternative aux Nations unies. Elle rappelle qu’elle n’a entendu aucune Partie s’opposer à l’idée d’un accord contraignant, et que de nombreuses Parties se sont même exprimées en sa faveur. Elle dédramatise la situation en la remettant en perspective : l’humanité fait face à un changement d’une ampleur inédite dans toute son histoire. Il est donc normal que cela soit compliqué, difficile.

Mme Figueres n’est pas une adepte des grands soirs : pour elle, changer le monde se fait avec une petite cuillère. Je ne peux m’empêcher de vouloir y croire, tout en ayant peur que la cuillère serve plus à le ramasser, ce monde, plutôt à qu’à le changer…

>> Article initialement publié sur “the Adopt a Negotiator Project

>> Illustrations Flickr CC : Sunset Noir et adopt a negotiator

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Quand journalistes et scientifiques font bon ménage http://owni.fr/2010/10/09/quand-journalistes-et-scientifiques-font-bon-menage/ http://owni.fr/2010/10/09/quand-journalistes-et-scientifiques-font-bon-menage/#comments Sat, 09 Oct 2010 13:05:44 +0000 Gayané Adourian http://owni.fr/?p=58

1990 est la date à laquelle paraît le premier rapport du GIEC.  Il y a déjà eu des sommets sur le climat, des objectifs définis entre scientifiques et politiques… pourtant le problème n’est pas encore arrivé jusqu’aux oreilles des citoyens. Il faut attendre 1997 et le protocole de Kyoto pour que cette thématique soit plus largement abordée dans les médias.

Pourquoi si tard ? Plusieurs facteurs sont en cause en France : la faible structuration de la recherche académique sur le climat, les réticences des scientifiques à l’égard des médias, la faible professionnalisation du journalisme environnemental, le manque d’implication des associations environnementale sur le sujet… Pour toucher “monsieur et madame tout-le-monde”, il faut rendre nationales et concrètes les préoccupations climatiques.

Dans un article publié en 1995 et intitulé “Sources strategies and the mediatization of climate change“, les sociologues Marc Mormont et Christine Dasnoy remarquent que

la méfiance à l’égard des médias qui prédomine au sein du champ scientifique français ne favorise pas l’investissement des scientifiques dans une pratique d’expertise auprès des journalistes.

En pratique, les journalistes n’ont guère le choix… Ils peuvent seulement montrer que la communauté internationale est unanime et que la gravité du problème est telle qu’il faut se mobiliser. En outre, le poids des journalistes environnementaux dans les rédactions n’est pas toujours suffisant : ils sont cantonnés dans la couverture des COP ou l’explication de l’effet de serre et il leur faut argumenter et batailler ferme pour pouvoir publier autre choses  sur le sujet.

Une transformation de la relation qui existe entre les journaliste environnementaux et les scientifiques du climat est absolument nécessaire pour pouvoir rendre la question publique et espérer ainsi toucher tout le monde.

La montée du “journalisme environnemental”

La montée progressive de la thématique climatique dans la hiérarchie des problèmes publics s’effectue en parallèle de l’institutionnalisation du journalisme environnemental au début des années 2000. Dans sa thèse (1), Jean-Baptiste Comby raconte :

À la fois “complices” de cette spécialité journalistique et bénéficiaires de cette institutionnalisation, les entrepreneurs du problème climatique servent et se servent des journalistes des rubriques environnement.

La création en 1994 de l’Association des Journalistes de l’environnement (AJE) révèle les modifications structurelles que connaît ce sous-ensemble de la profession. L’AJE répond aux aspirations d’autonomisation et de professionnalisation à un moment de forte croissance du nombre de ces journalistes… mais cette association est étroitement liée à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) dont le responsable des relations presse est, à l’époque, président de l’AJE.

Dans les années 1990, il est très difficile pour un journaliste environnementaliste de ne pas être considéré comme un militant. Certaines tensions et déconsidérations existent au sein même des rédactions des quotidiens nationaux (Le Figaro, Le Monde…).

À Libération, la rubrique quotidienne sur l’environnement est mise en place à partir de 2003 et concerne quatre “journalistes environnement” et cinq “journalistes science”. Il faut attendre 2005 à la rédaction du journal Le Monde pour avoir une rubrique quotidienne partagée. En revanche, le quotidien Le Figaro se démarque par sa prévoyance puisque dès 2001 un “journaliste environnemental” et un “journaliste science” se partagent la rubrique.

Le journalisme comme outil de sensibilisation

Pour attirer l’attention du public, ces journalistes doivent ancrer leurs articles sur le climat dans le quotidien des lecteurs ou téléspectateurs. Pour cela, tous les moyens sont bons, notamment les registres du sensible et de la proximité. Pour Jean-Baptiste Comby,

les journalistes de l’environnement font ainsi d’une pierre deux coups : ils remplissent la mission de sensibilisation que leurs “sources” leur assignent et satisfont aux impératifs de l’audimat.

En clair : satisfaire les scientifiques tout en concernant « monsieur et madame tout-le-monde ».

Que voit-on ? L’emprise de la communication sur l’action publique (notamment par le biais des agences comme l’Ademe) et la professionnalisation du journalisme environnemental, partis de deux points de départ différents, se rejoignent finalement :

La valorisation publique du problème climatique s’en trouve dépolitisée

Il est maintenant possible d’instrumentaliser des évènements météorologiques pour accélérer la publicisation du problème du changement climatique. Par exemple, les journalistes n’ont pas annoncé de lien entre la tempête de 1999 et le changement climatique, mais ce dernier a été immédiat dans les journaux en ce qui concerne la canicule de 2003.

Dans ce dispositif qui tient d’alliance objective, tout le monde est gagnant. D’une part, les agences et cabinets d’expertise, d’autre part les journalistes en charge de cette actualité. Ces deux groupes insistent sur un consensus qui leur permet d’argumenter sur l’urgence du problème tout en laissant de côté d’éventuelles controverses scientifiques abstraites qui n’intéresseraent presque personne. En prime, tous se sentent investis d’un rôle civique.

Quant aux scientifiques, une participation à l’expertise ne leur semble pas présenter un intérêt scientifique suffisant au regard du temps et de l’énergie nécessaire. Par ailleurs, pour les chercheurs du Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD), affilié au CNRS, l’organisation nécessaire pour réaliser des simulations pour le GIEC ne cadre pas avec leur culture institutionnelle. Ils voient dans l’expertise un risque pour le droit du chercheur à travailler sur les sujets qui lui semble pertinent.

Les scientifiques dans l’arène médiatique

En 2004, changement de cap. Les équipes de recherche françaises s’engagent massivement dans la réalisation de simulations pour le 4ème rapport au GIEC (publié en 2007). Les chercheurs semblent avoir été convaincus que l’expertise respectait les normes et valeurs de la recherche et qu’ils pouvaient y trouver un intérêt scientifique pour leurs propres travaux.

Jean-Baptiste Comby et Marine Soichot montrent que dans la suite de la construction du problème climatique, plusieurs chercheurs de ces équipes Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) dont le LMD et Météo France, vont s’engager en dehors de l’arène scientifique. Parmi eux, Jean Jouzel, incontournable porte-parole du problème climatique en France, sera le plus médiatisé. D’autres chercheurs comme Hervé Le Treut (LMD), Sylvie Joussaume (LSCE) ou Valérie Masson-Delmotte (LSCE) monteront également petit à petit dans les médias.

Ces scientifiques jouissent d’un crédit incontestable et leur discours met en avant le consensus (du GIEC), en insistant sur le fait que les certitudes sur le sujet pèsent plus que les incertitudes. Ce sont ce qu’on peut appeler des lanceurs d’alerte, position plus ou moins assumée par tous.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce discours va rencontrer les attentes des journalistes qui cherchent  à obtenir un positionnement clair de la part des scientifiques français. Ils peuvent alors difficilement remettre en cause le consensus avancé par les scientifiques qui s’engagent dans la médiatisation du problème, d’autant plus qu’il n’y a en France à cette époque, que peu de discours contradictoires sceptiques.

Le sujet devient plus facile à traiter pour les journalistes : il est possible de parler des conséquences, de rendre le problème plus concret. Et depuis, le changement climatique est entré dans notre information quotidienne… jusqu’à avoir aujourd’hui une sorte de parité dans les débats : un « climatosceptique contre un réchauffiste ». Extrême inverse pour rétablir un équilibre ?

Notes :

1. Les enjeux liés aux changements climatiques : valorisation publique, médiatisation et appropriations au quotidien (1998).

>> Images CC Flickr : HikingArtist.com et Creeping.D

>> Article initialement publié sur : Prisme de tête

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Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé ! http://owni.fr/2009/12/17/si-le-climat-etait-une-banque-vous-lauriez-deja-sauve/ http://owni.fr/2009/12/17/si-le-climat-etait-une-banque-vous-lauriez-deja-sauve/#comments Thu, 17 Dec 2009 09:40:14 +0000 Agnès Maillard http://owni.fr/?p=6288
Hugo Chavez, conférence climat de l’ONU à Conpenhague (VF), 16 décembre 2009, VO from Reuters

The rich countries of the north helped bankers, the big banks. I’ve forgotten the figure, but it’s astronomical.

What they’re saying on the streets is that ‘if the climate was a bank they would already have saved it’. I think it’s true. if the climate was a capitalist bank, a capitalist bank, one of the biggest ones, they would have saved it.

I think (U.S. President Barack) Obama isn’t here yet. He got the Nobel Peace Prize almost the same day as he sent 30,000 soldiers to kill innocent people in Afghanistan.

There is an imperial dictatorship in this world, and we continue to denounce it. There is no democracy in the world. The destructive model of capitalism is eradicating life.

We need to consume less and distribute more. Climate change is certainly the most devastating environmental problem of the last century — droughts, hurricanes, floods the rising sea level, heatwaves and so on.

Les pays riches du Nord ont aidé les banquiers, les grosses banques. J’ai oublié la somme, mais c’est astronomique. Comme ils le disent dans la rue, “si le climat avait été une banque, il l’auraient déjà sauvé!”. Je pense que c’est vrai. Si le climat avait été une banque capitaliste, une banque capitaliste parmi les plus grosses, ils l’auraient sauvée. Je pense qu’Obama n’est pas encore là. Il a reçu le Prix Nobel de la Paix le jour même où il envoyait 30 000 soldat tuer le peuple innocent d’Afghanistan. Il s’agit d’une dictature impériale de ce monde et nous continuons à la dénoncer. Il n’y a pas de démocratie dans le monde. Le modèle destructeur du capitalisme est en train d’éradiquer la vie. Nous devons consommer moins et distribuer plus. Le changement climatique est certainement le problème environnemental le plus destructeur de ce siècle : sécheresses, ouragans, inondations, élévation du niveau de la mer, vagues de chaleur et ainsi de suite.

Pendant ce temps, dans les rues de Copenhague, ces gens luttent pour notre droit à la survie.

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Un apéro avec Jean-Louis Borloo? http://owni.fr/2009/12/02/sommet-de-copenhague-un-apero-avec-jean-louis-borloo/ http://owni.fr/2009/12/02/sommet-de-copenhague-un-apero-avec-jean-louis-borloo/#comments Wed, 02 Dec 2009 09:52:19 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=5890 Lnouvelle-image-1e 7 décembre débutera la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP15), qui rassemblera 192 pays à Copenhague. Conséquences du réchauffement, énergies renouvelables, gaz à effets de serre, nouveaux modes de production et de déplacement, économies d’énergie, nouvelles habitudes, développement “vert” et surtout… ambitions et décisions, tous ces sujets sont très attendus.

Qu’on se rassure, la planète va très bien, merci pour elle, elle est là depuis un moment et y sera bien après l’extinction de l’espèce. La vie était là bien avant homo sapiens aussi, elle lui survivra sous une forme ou une autre. En revanche, c’est l’homme qui est directement concerné par le climat : la montée des eaux et les dérèglements climatiques risquent de modifier nos modes de vies, l’accès aux ressources et les flux de population à une vitesse jamais connue jusqu’ici.

Jean-Louis Borloo, Ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, a annoncé récemment un plan ambitieux baptisé “Justice-climat“, particulièrement engageant pour les pays industrialisés : il s’agit de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre dans une fourchette comprise entre 25% et 40% d’ici 2020, et de les diviser par quatre à l’horizon 2050. D’autres mesures figurent dans ce « paquet », comme la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement et la taxation des transactions financières à 0,01% pour financer le plan (recettes estimées : environ 30 milliards de dollars par an).

Pourquoi “justice” ? Parce que selon le Ministre d’État, les pays pauvres et côtiers ou insulaires seront sans doute les premiers touchés par le réchauffement climatique, et ils paieront ainsi pour tous les autres. Ce plan est made in Hexagone mais aurait le soutien de nombreux pays d’Afrique.

Pour savoir si cette brique aura du succès au pays des Legos, quelques jours après sa réélection à la tête du seul parti centenaire de France, Jean-Louis Borloo a souhaité rassembler quelques personnes pour discuter de son plan et prendre le pouls. Sabotage des négociations internationales, idéalisme, ou bien urgence et pragmatisme, j’aurai l’occasion d’en discuter de vive voix ce soir.

Visiteurs de la soucoupe, votre participation est la bienvenue en commentaire de ce billet ! Je tâcherai de relayer ces questions ou remarques ce soir.

Pour ceux qui gazouillent, sur Twitter en reply ou direct message aussi. Le hashtag de ce soir sera #COP15FR.

Et bien sûr, un compte-rendu à suivre prochainement.

(Nota : trolls, merci bien de retourner à vos si belles forêts et montagnes.)

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