OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ils ont hacké la presse http://owni.fr/2012/01/16/ils-ont-hacke-la-presse/ http://owni.fr/2012/01/16/ils-ont-hacke-la-presse/#comments Mon, 16 Jan 2012 17:52:19 +0000 Sabine Blanc et Ophelia Noor http://owni.fr/?p=94133 Mercredi dernier, OWNI co-organisait Hack The Press 2, l’événement de la rentrée en matière de data journalisme, avec Silicon Maniacs, La Cantine, Regard Citoyens, Epitech, et le soutien de La Netscouade. Cette joute amicale a opposé sept équipes pluridisciplinaires (développeurs-designers-journalistes) : elles avaient une journée pour concevoir une application à partir des données de Regards citoyens concernant les députés et les sénateurs.

Au terme du marathon, les équipes ont soumis leur projet au vote du public. Celui-ci a désigné à main levée le vainqueur : l’équipe “Cinq à sept”, pour son projet “Amitiés internationales”, a finalement levé au ciel leur trophée, le Minitel d’Or. Nous vous proposons ci-dessous un résumé des travaux présentés par l’ensemble des équipes.

Métarédaction

Les esprits chagrins regretteront que les projets n’aient pas été finalisés en temps et en heure : la plupart n’étaient accessibles qu’en local, à un stade plus ou moins avancé. On préfère retenir l’effervescence de cette journée, la richesse des travaux proposés, qui ont de quoi faire saliver plus d’un journaliste politique, et les envies qui sont nées de cette journée. Preuve aussi que la métarédaction n’est pas (toujours) une élucubration éthérée, certains ont exprimé la volonté de poursuivre les projets après.

Autre temps fort de cet événement, un appel à ouverture des données a été lancé, à l’issue de la conférence “Quelles data pour 2012 ?”. Il est visible sur le site Candidata.fr.

Hack The Press a en effet été l’occasion de constater à quel point il est encore difficile d’accéder à certaines données, pourtant nécessaires pour effectuer un travail de data journalisme correct dans le cadre de la présidentielle, et des législatives qui suivront. Vous pouvez compléter la liste des “courses” sur ce pad.

Équipe 1 : Poleetic

Mi-LOL, mi-sérieuse, l’application Poleetic reprenait le principe de Meetic appliqué au Parlement : saurez-vous trouver l”élu de votre cœur ? Une façon ludique d’aborder la question de l’uniformité sociale de nos représentants.

Équipe 2 : Watchdog

L’équipe 2 propose d’interroger les amendements similaires déposés par le Parlement : quel domaine concernent-t-ils, qui les dépose, etc. Son travail est rassemblé sur un site, Qui copie qui. On y trouve une visualisation de synthèse (cf. ci-dessous), un outil pour naviguer parmi les amendements similaires, présentés via un blog wordpress qui dispose d’un moteur de recherche.

Équipe 3 : CumuloNimbus

Une application pour mesurer l’impact du cumul des mandats sur l’activité des parlementaires, présentée dans ce document.

Équipe 4 : Awerty

Un outil pour évaluer l’activité de son député sur le sujet de son choix.

“Chaque point représente un député, avec au centre la moyenne de l’apparition du mot demandé :

- plus ils sont en haut à droite, plus ils ont écrit ou prononcé le mot en question ;

- plus c’est en bas à droite, moins ils en ont parlé ;

- en haut à gauche, ils essentiellement parlé du sujet cliqué en premier ;

- en bas à droite, essentiellement le second.”

Le développeur s’est heurté à des difficultés concernant le traitement des données, ce qui explique que l’outil n’ait pas été plus abouti mercredi soir.

Hack The Press

"Alors notre projet, il est super cool, votez pour lui, merci." Guillaume Guichard, de l'équipe n°2.

Équipe 5 : Cinq à sept

Les vainqueurs de Hack The Press 2 ont travaillé sur l’activité diplomatique des parlementaires : à quel groupe d’amitié internationale appartiennent-ils et dans quelle mesure la taille des groupes reflètent les liens économiques ou culturels ?

Équipe 6 : Datafluence

Une application pour comprendre comment nait l’actualité : influence-t-elle l’agenda parlementaire, ou vice-versa ?

“Les journalistes parlent-ils vraiment de ce qui intéresse le public ? Les élus sont-ils esclaves des rebondissements de l’actualité ? La rupture entre intelligentsia et le grand public est-elle réelle ? Y a t-il un gouffre entre le temps médiatique, le temps politique et le temps de l’opinion public et, si il existe, comment peut-on l’expliquer ?

Nous avons voulu interroger les influences, les relations et les imbrications entre l’agenda politique, l’agenda médiatique et l’intérêt du grand public. Pour cela, nous avons imaginé ce que l’on pourrait définir comme le “Storify” des datas”.

Hack the press

Ils ont de l'humour les Toulousains, malgré la fatigue : ils ont hacké la connection Skype pour apparaître en mode dégradé Minitel.

Équipe 7 : Tetalab/Carredinfo (Toulouse)

L’équipe des toulousains s’est penché sur le travail des parlementaires cumulards : est-ce que ceux qui cumulent en dehors de l’Assemblée cumulent aussi dans l’Assemblée (groupes d’études, groupes d’amitié… ) ? Leur travail a été documenté au fil de la journée sur un pad, jusqu’à leur synthèse finale.

“Nous sommes partis sur l’idée de comparer le cumul des mandats et l’activité parlementaire. Notre idée était d’étendre notre notion de cumul non seulement à l’accumulation de mandats locaux, mais également à la participation à de multiples groupes d’études et de travail. Nous nous sommes concentrés sur les député, le postulat étant ‘plus le nombre de mandat et de participations à des groupes était important, moins l’activité parlementaire réelle était significative’”.


Photos et illustrations :
CC Ophelia Noor pour OWNI.fr ; © Jacob Khrist, photojournaliste ; Instagrams par Gayané Adourian et Nicolas Loubet pour Knowtex ; Dessins par Benoit Crouzet pour Knowtex.
Le site de Hack The Press

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HADOPI déjà six pieds sous terre ? http://owni.fr/2010/11/18/hadopi-deja-six-pieds-sous-terre/ http://owni.fr/2010/11/18/hadopi-deja-six-pieds-sous-terre/#comments Thu, 18 Nov 2010 14:43:26 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=28105 Olivier Laurelli, l’homme derrière le pseudo Bluetouff opère avec brio sur le site du même nom et twitte ici.

Il en aura fallu du temps pour faire comprendre à certains ne serait-ce que 10% de la bêtise du mécanisme de riposte graduée… Mais apparemment, ça commence, petit à petit, à rentrer. Si certains députés de la majorité (en plus de ceux de l’opposition) s’étaient déjà clairement opposés à la riposte graduée, soulignant le caractère liberticide et injuste, l’infaisabilité technique et le gouffre financier qu’allait représenter son application, on gardera à l’esprit que le texte est passé comme une lettre à la Poste, ce après une censure au Conseil Constitutionnel. L’avertissement du  Conseil des Sages n’avait pas été jugé suffisant… quelle monumentale erreur.

La riposte graduée semble avoir du plomb dans l’aile

Commençons par la député Marland-Militello qui quelques semaines après avoir demandé à ce que 2 millions de plus soient accordés à la HADOPI dans la loi de finance 2011,  veut maintenant mettre l’accent sur le volet préventif, à savoir l’offre légale… ça, c’est nouveau, et passé le style stalinien qui caractérise sa prose, toujours à la gloire du chef, la député Marland-Militello appelle maintenant à un gèle de la riposte graduée à l’étape 1 tant que l’offre légale est insatisfaisante, ce qui nous fait, comme nous l’avions prévu dés le début… 12 millions pour une machine à spam, la classe !
Ce dont la député Marland-Militello ne semble pas prendre la mesure, c’est que cette offre légale, tant que les majors n’auront pas remis leur stratégie en question… elle n’est pas prête de voir le jour… et donc l’HADOPI n’est pas prête de passer à l’étape 2, le courrier recommandé.
La « révolution culturelle et éthique » dont parle la député Marland-Militello dans son dernier billet est donc bien en marche… mais à reculons.

Du consensus à « l’auto désaccord de l’Elysée avec lui même »

Plus sérieusement maintenant, le Nouvel Obs et 20 Minutes rapportent que selon le député Tardy, Nicolas Sarkozy lui même aurait évolué sur les questions numériques. La scène s’est jouée à huis-clos devant des députés de la majorité, le chef de l’Etat aurait exprimé des doutes sur le cap de sa politique numérique. Sans jamais la nommer, Nicolas Sarkozy semblait implicitement faire référence à l’HADOPI, identifiant un nouvel ennemi, cette fois ci clairement désigné, à savoir Google.

«Nicolas Sarkozy a parlé d’Hadopi sans la nommer, mais pour une fois ce n’était pas pour la vanter, mais pour dire que le texte avait été difficile à adopter et qu’il y aurait pas mal de choses à revoir sur le numérique» rapporte le député. Et d’ajouter : ??«J’ai l’impression qu’il y a une vraie prise de conscience du chef de l’Etat sur le numérique, qu’il est en train de se dire que c’est un vrai sujet et qu’il va falloir l’aborder autrement que par le seul côté répressif (… ) Peut-être qu’il se rend compte que ce n’est pas à l’échelle de la France que ça se joue. Ce serait intéressant qu’il en fasse une question internationale ».

Ce mea culpa Élyséeen, c’est bien… mais c’est trop tard

Tout ce temps perdu pour en arriver à la conclusion que nous venons de perdre encore 3 ans. Pendant ce temps, Google, lui, a préparé sa riposte non graduée à l’industrie du disque, et ça va faire mal… très mal. La taxe Google revient donc sur la table. Taxer les services en ligne est une idée assez étrange, une sorte de cyber protectionnisme alors que notre industrie culturelle n’a absolument rien à y opposer… pourquoi pas, mais permettez moi de douter. Usuellement, quand on prend des mesures protectionnistes, c’est qu’on a une offre équivalente à mettre en avant… nous on a tellement même pas de quoi faire illusion, que c’est encore le contribuable qui s’y colle.

Aujourd’hui, je dois vous avouer que j’ai les yeux rivés sur la « majorette » EMI que l’on sait assez mal en point. EMI intéresserait fortement Warner Music. Si Warner parvenait à se porter acquéreur d’EMI, il ne resterait donc plus que 3 majors pour se partager le gros du catalogue mondial. Warner  offrirait 750 millions de dollars à Terra Firma Capital Partners, principal actionnaire d’EMI et le plus gros créancier de la majorette, Citigroup, pousserait également Terra Firma Capitals Partners à céder ses parts. Il ne resterait donc plus, si ce rachat venait à se concrétiser, que Sony (qui avait déjà croqué BMG), Universal Music (Vivendi), et Warner Music Group dont le titre boursier a pris presque 7% depuis le jour de la propagation de la rumeur… Et ça pour l’industrie du disque, c’est dans le meilleur des cas…

Devinez ce qui arriverait si Apple, qui détient déjà la plateforme de distribution (iTune), ou Google qui a des vues manifestes sur les contenus musicaux, se décidaient à faire une offre pour croquer EMI. Ceci sonnerait tout simplement le glas de l’industrie du disque « à la papa » à laquelle l’ami Pascal tente de se raccrocher comme il le peut.

Le combat n’est cependant pas terminé

Maintenant que la conséquence semble vouée à une petite mort, il va falloir se débarrasser de la cause. Le délit que sanctionne la riposte graduée est bien pire que la riposte graduée elle même, la contravention pour négligence caractérisée DOIT être purement et simplement supprimée du texte de loi. Le défaut de sécurisation de l’accès Internet reste d’une bêtise sans nom et fait planer le spectre d’une sanction sur les plus vulnérables. Ce n’est pas acceptable et nous ne l’accepterons pas.

La rémunération des créateurs est toujours la grande oubliée

HADOPI n’a trompé personne, les auteurs n’ont jamais eu à y gagner quoi que ce soit, et ça commence aussi à se voir. D’ailleurs, ça se voit tellement que le législateur veut maintenant taxer de manière outrancière les gros bénéfices d’une industrie qu’HADOPI était sensée sauver d’une mort certaine… du grand n’importe quoi. Taxer les bénéfice d’une industrie en crise ? Vous le voyez mieux l’impact du piratage sur cette industrie maintenant ?

Et pendant ce temps, les créateurs, eux, sont toujours victimes de l’opacité de la redistribution de la taxe sur la copie privée et victimes des conditions financières des majors qui ont surtout profité du virage numérique pour manger encore plus de marge sur les oeuvres vendues une fois dématérialisées.
Tout ça pour ça…

Article initialement publié sur le Bluetouff’s blog

Crédits photos : CC FlickR roland, opensourceway; missha

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Lobbyistes sous regards citoyens http://owni.fr/2010/08/10/lobbyistes-sous-regards-citoyens/ http://owni.fr/2010/08/10/lobbyistes-sous-regards-citoyens/#comments Tue, 10 Aug 2010 09:29:17 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=24112 Ni journalistes, ni politiques, les lobbyistes ont une influence parfois décisive sur les textes de lois. Le collectif Regards Citoyens, en partenariat avec Transparence International France, effectuera une étude à partir des données publiques disponibles dans les rapports parlementaires. L’objectif? Analyser qui sont les personnes auditionnées en commission, afin de “dresser une cartographie des ‘influenceurs” jugés importants par les députés”, comme l’indique le site du collectif.

Un “crowdsourcing” réussi

Problème de taille: après avoir numérisé les rapports parlementaires et leurs annexes, il fallait pouvoir intégrer les informations exploitables dans une base de données. 18 000 noms de lobbyistes, à classer par sexe, fonction et nom de l’employeur: l’occasion idéale pour faire appel à la bonne volonté estivale d’internautes citoyens.

Des dizaines d’entre eux se sont lancés dans cette tâche colossale. Pour faciliter leur travail, une application a été développée par Brice Person, co-fondateur de Regards Citoyens. Conçue en quelques jours en PHP/MySQL, elle permet à chacun de remplir le document sur lequel sera fondé l’analyse.

Interrogé par téléphone, Brice Person explique que les données renseignées sont vérifiées trois fois. Mise en ligne mercredi dernier, il ne reste aujourd’hui plus que 14% des noms à intégrer à la base de données. Une réussite donc, avec 2727 contributeurs, pour plus de 46 440 contributions : “on a eu de la chance avec les vacances…”

Dure parfois, la vie de lobbyiste...

Et maintenant ?

A partir du moment où l’ensemble des lobbyistes est classé, il s’agit d’analyser ce qu’on peut en tirer. Des éléments intéressants en perspective?  “Nous n’avons pas d’idées préconçues sur la question”, indique Brice, “nous allons voir quelle est la distribution entre fonctionnaires, lobbyistes de métiers et membres des cabinets ministériels. Ce n’est qu’à partir du moment où toutes les données seront numérisées que l’on pourra lancer l’analyse des personnes considérées par les parlementaires”.

Certains bénévoles participant à l’effort collectif ont déjà fait part sur Twitter de leur idée sur la question:

D’autres font part de leurs doutes, de l’usage du terme lobbying à la possible instrumentalisation des chiffres. Gageons, au vu du travail fourni par le collectif sur NosDéputés.fr, que tel ne sera pas le cas. La réponse fin 2010, ou début 2011.

[MàJ 17/08 11h45] Regards Citoyens a annoncé ce lundi avoir achevé son travail de crowdsourcing avec près de trois mois d’avance sur les prévisions les plus optimistes. S’ils se félicitent – à raison – du succès de l’opération, ils en profitent également pour répondre à quelques questions que cette dernière a soulevé.

Ils apportent ainsi des précisions sur le fonctionnement de leur application et rassurent sur sa fiabilité, puisque chaque nom de lobbyiste a été saisi par plusieurs internautes, garantissant l’exactitude des informations récoltées. Ils détaillent également le processus intervenu en amont du travail de “crowdsourcing” qui a permis de repérer les noms des lobbyistes dans les documents parlementaires.

Crédits CC FlickR Julie70 et Pensiero

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Les dangers de la cyberaddiction ? http://owni.fr/2010/07/22/les-dangers-de-la-cyberaddiction/ http://owni.fr/2010/07/22/les-dangers-de-la-cyberaddiction/#comments Thu, 22 Jul 2010 17:15:27 +0000 Jean-Noël Lafargue http://owni.fr/?p=22675 Internet a eu un effet secondaire désastreux et tout à fait mesurable : l’inflation législative.

Une irrépressible inflation législative

Autrefois, l’activité des députés se découvrait dans le Journal Officiel de la République Française, un document totalement public mais à qui personne, dans la pratique, n’accédait. Et puis il y a eu Internet, avec des sites officiels tels que Journal-officiel, Assemblée – Nationale et Legifrance, et d’autres moins officiels tels que Députés Godillots et Nos Députés. Avec ces sources, la surveillance de l’activité des députés n’est plus une affaire de politiques et de journalistes, ça devient un loisir ouvert à qui le veut. Les députés qui assumaient leur mandat sans jamais rien faire étaient autrefois les plus protégés, aujourd’hui ce sont les plus exposés, on peut vérifier qu’un tel rate toutes les séances, n’a posé que deux questions en cinq ans et n’a participé à aucun projet de loi. Cette surveillance du député est parfois injuste, car elle ne porte pour l’essentiel que sur ce qui peut être comptabilisé, or on peut imaginer que, comme dans de nombreux métiers, il n’y a pas que ce que l’on compte qui compte.

Reste que nos parlementaires, fragilisés, stressés (notamment depuis l’épisode Hadopi), se sentent forcés de déposer projet de loi sur projet de loi et de s’inscrire à mille et un groupes parlementaires. Les lois s’accumulent, doublonnent, se contredisent, suivent l’actualité sans distance (« un fait divers, une loi », comme l’écrit Maître Eolas) et s’avèrent souvent complètement inapplicables, au point que nombre d’entre elles ne sont pas promulguées (c’était le cas de 60% des lois votées depuis 2006, selon Le Canard enchaîné du 27/08/2008) ou ne sont pas applicables du fait de décrets évasifs quand aux moyens à employer pour les faire respecter.

On peut craindre qu’il naisse de tout ça une grande confusion et une incompréhension entre les législateurs, les instances juridiques et les citoyens.

Une énième loi contre les dangers des nouvelles technologies

Le 2737e épisode de cette tragédie qu’est notre démocratie vient d’être enregistré auprès du président de l’Assemblée nationale mardi dernier, il s’agit d’un projet de loi « visant à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéo dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction ».

Plutôt œcuménique, ce projet de loi émane d’un peu tous les bords politiques (quoique majoritairement à gauche me semble-t-il) et a été forgé à l’occasion d’une session du « parlement des enfants » : les scolaires d’une classe d’école primaire d’un village de l’île de la Réunion se prononcent pour qu’on les empêche d’abuser du jeu vidéo.

Cette situation confirme à mon sens une intuition que j’ai toujours eue : quand on demande aux enfants de « jouer aux grands » (citoyenneté, réponse à des concours), ces derniers font des propositions qui se rapportent à ce qu’ils savent ou croient qu’on aimerait qu’ils veuillent plutôt qu’à ce qu’ils voudraient eux-mêmes. Le rapport qui sépare l’autorité pédagogique (parents, enseignants) de l’enfant pousse ce dernier à répondre à ce genre de sollicitation de manière impersonnelle.

La cyberaddiction existe-t-elle vraiment ?

Si ce projet de loi passait, il ferait entrer la notion de cyberaddiction dans le code civil, sans la moindre justification scientifique de la réalité effective d’une pratique pathologique du jeu vidéo chez les enfants, malgré une description parfaitement effrayante : « Les conséquences sont alors très graves : fatigue visuelle, asociabilité, agressivité, nervosité, vertiges, troubles de la conscience et de l’orientation, voire crises d’épilepsie et nausées, repli sur soi, échec scolaire, perte de la notion du temps, déshydratation et sous-alimentation ». On se croirait dans un mauvais épisode de la série L’Instit.

Pourtant, aucune étude en psychiatrie ou en psychologie n’a donné de consistance à ce poncif du jeu vidéo qui rendrait forcément « accro » et aurait, le cas échéant, une nocivité comparable à celle du tabac, de l’alcool, ou encore des jeux d’argent… que l’on vient de libéraliser sur Internet.

La « cyberaddiction » n’est qu’une nouvelle forme d’une antique angoisse des adultes, celles de voir leur progéniture se passionner de manière obsessionnelle à un loisir quelconque : « ne lis pas toute la journée tu vas t’abimer les yeux »« ne lis pas Tintin, lis Jules Verne »,« ne lis pas des mangas, lis Tintin »« ne regarde pas la télé tout le temps »« arrête de t’enfermer pour écouter des disques », etc.

Il est logique de recommander aux enfants d’éviter toute pratique excessive, ou du moins, ça semble faire partie du métier de parent. Mais faut-il en faire une loi pour autant ? Ce projet de loi qui affirme que « jouer sur console, sur ordinateur, téléphone portable ou sur Internet à des jeux vidéo n’est pas complètement négatif, à condition d’en mesurer l’usage et la durée » propose rien moins que de contraindre les éditeurs à imposer aux jeunes joueurs des pauses régulières d’une demi-heure.

Il est amusant que l’on craigne si fort la perte de réalité et l’isolement social qui toucherait les enfants au contact de mondes imaginaires (car c’est toujours ce qui est visé : roman, bande dessinée, télévision, mélomanie, jeu), c’est-à-dire échappant à l’empire des adultes… Mais que personne n’aie l’idée de se pencher sur le cas des parents abusifs qui inscrivent de force leurs rejetons à des activités sportives intensives dans le but souvent cruellement irréaliste d’en faire les champions qu’ils auraient rêvé d’être.

Et pendant ce temps-là, notre charmante secrétaire d’État au Numérique investit des millions d’euros dans les « serious games », c’est-à-dire des jeux pédagogiques qui pour la plupart servent à entraîner des adultes à tout un tas d’activités fantaisistes et souvent néfastes à l’espèce humaine telles que le développement personnel, le management, le boursicotage et, bien sûr, la guerre.

Tous les jeux vidéo sont sérieux, sauf les serious games.

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Lire ailleurs : La recette de l’addiction au jeux vidéo (coût faible, niveau CM2) / Game in society.

(illustrations : diverses campagnes publiques ou associatives de protection de la jeunesse face aux dangers du « numérique ». On goûtera particulièrement la communication de l’association e-enfance pour qui les joies d’Internet sont les jeux, le harcèlement et le happy slapping et qui diffuse un clip sur un jeune internaute qui n’a pas d’amis dans la « vraie vie » en proposant à ses semblables de discuter de leurs problèmes avec… un robot.)

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Billet originellement publié sur Le Dernier Blog sous le titre “Cyber-addiction”.

Crédit photo CC Flickr : Gnack Gnack Gnack.

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Députés: 243 000 euros de sanctions prévus par le règlement http://owni.fr/2010/07/22/presence-des-deputes-243-000-euros-de-sanctions-prevus-par-le-reglement/ http://owni.fr/2010/07/22/presence-des-deputes-243-000-euros-de-sanctions-prevus-par-le-reglement/#comments Thu, 22 Jul 2010 09:04:20 +0000 Regards Citoyens http://owni.fr/?p=22651 Lorsqu’ils ne participent pas suffisamment aux travaux de l’Assemblée, les députés sont susceptibles d’être sanctionnés financièrement. À partir des données dont nous disposons avec NosDéputés.fr, nous avons procédé au décompte des parlementaires qui pourraient être pénalisés pour la session 2009-2010 : cent trente deux sanctions pourraient ainsi permettre à l’Assemblée d’économiser 243 000 euros cette année.

Feuilles d’émargement en commission (blog du député Tardy)

Le règlement prévoit deux types de sanctions : l’une sur la participation aux scrutins solennels, qui existe depuis plusieurs années mais ne semble jamais avoir été appliquée ; l’autre sur la présence en commission le mercredi matin, en application depuis décembre 2009 comme l’a révélé notre précédente étude.

Comme en janvier, nous avons établi, à partir des données du Journal Officiel, la liste des députés ayant été absents plus de deux fois le même mois à la réunion du mercredi matin de leur commission permanente. Après en avoir retiré les députés exonérés de droit, nous avons mené un fastidieux travail de reconstruction des agendas des députés depuis plus de quarante sources d’informations (site des institutions parlementaires internationales, publications relatives aux missions du gouvernement, blogs des députés, …) afin de vérifier si leurs absences correspondaient aux critères valides d’excuse définis par le règlement ou le Bureau de l’Assemblée. Pour parfaire l’étude, nous avons pris contact individuellement avec chacun d’eux afin de vérifier l’oubli éventuel d’excuses dont nous ne pouvions avoir connaissance a priori. La liste finale des 93 députés, susceptibles d’encourir un total de 53 000 € de sanctions, est proposée avec le détail de nos données dans notre nouvelle étude.

Pour les sanctions relatives aux scrutins solennels, il ne nous a pas été possible de réaliser ce travail de reconstitution des excuses. En effet si le périmètre des excuses pour les commissions est large, il n’est même pas cadré pour les scrutins. Nous ne pouvons donc proposer qu’une simple évaluation de l’impact financier qu’aurait l’application de cette partie du règlement : 190 000 € pour 39 députés.

Le système reste malheureusement opaque

Le Palais Bourbon CC-BY-SA Allan Barbeau

Contrairement aux sanctions sur les scrutins solennels, le mécanisme des sanctions en commission est désormais mis en application par les services du Palais Bourbon. D’après nos informations, le démarrage a été laborieux, l’administration ne s’étant pas penchée sur son application avant nos premiers travaux sur la question. Mais les premiers courriers aux députés sanctionnés ont été envoyés début février. Le système reste malheureusement opaque : aucune publicité n’en est faite et les excuses semblent gérées de façon arbitraire et sans réelle cohérence d’une commission à l’autre. Parce que nous estimons essentiel pour le bon fonctionnement de la démocratie représentative de donner accès aux citoyens aux informations relatives à l’activité de leurs parlementaires, nous avons décidé de renouveler notre étude et ainsi faire le bilan sur la session ordinaire complète.

Alors que cette étude révèle un renouveau de l’activité en commission, nous espérons que l’Assemblée saisira cette opportunité pour apporter un peu plus de transparence à son fonctionnement, notamment par la publication des excuses des députés et des sanctions effectivement appliquées chaque mois. C’est un facteur essentiel pour une meilleure valorisation de l’activité des parlementaires.

Consultez l’intégralité de notre étude et téléchargez-en les données :
http://www.NosDeputes.fr/confiseurs/index.php

Billet initialement publié sur Regards citoyens ; image CC Flickr mainblanche

À lire aussi : Réaction au communiqué du président Accoyer sur notre étude

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Data et députés: le modèle allemand http://owni.fr/2010/03/22/data-et-deputes-le-modele-allemand/ http://owni.fr/2010/03/22/data-et-deputes-le-modele-allemand/#comments Mon, 22 Mar 2010 15:30:06 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=10633 4209149129_0bcf7ce659

En 2004, un étudiant et un développeur se sont dit que ce serait bien si les candidats à l’assemblée régionale de Hambourg pouvaient répondre publiquement aux questions des électeurs sur leur programme.

Avec une conférence de presse et des bouts de ficelle, ils ont mis sur pied un site où les citoyens viennent interroger personnellement les candidats. 6 ans plus tard, le site est devenu abgeordnetenwatch.dedéputéwatch en français.

abgeordnetenwatchDésormais actif en permanence au niveau national (les internautes peuvent poser des questions tout au long de la législature) et dans 3 Länder, le site couvre toutes les élections régionales (les internautes posent leur questions aux candidats durant les mois qui mènent au vote). En tout, il a collecté plus de 150 000 questions. Plus impressionnant : les internautes ont obtenus plus de 100 000 réponses.

J’ai été interviewer Gregor Hackmack, fondateur du site, dans son bureau de Hambourg, qui m’a expliqué les clés du succès.

1. Faire venir les politiques

La classe politique n’est pas réputée pour son amour d’internet. Pourtant, l’équipe d’Abgeordnetenwatch a réussi le tour de force de les faire venir sur la plateforme – et d’y rester.

Pour cela, il leur a d’abord fallu s’assurer une audience. C’était chose faite avec un partenariat avec Spiegel Online, le principal site d’information allemand. D’autres ont suivi depuis, notamment avec le Süddeutsche Zeitung et avec le portail T-online, filiale de l’opérateur téléphonique T-mobile.

Légitimés par ces alliances avec les médias traditionnels, Abgeordnetenwatch a pu aller prospecter les politiciens. Au départ, quelques figures de la scène politique locale les ont soutenus. La plateforme permet surtout aux centaines de politiques snobés par la télé et les médias traditionnels de venir rencontrer leurs électeurs.

Au départ, l’équipe d’Abgeordnetenwatch devait appeler chaque candidat pour les convaincre d’utiliser la plateforme. Aujourd’hui, les politiques enjoignent carrément les électeurs à poser leurs questions sur le site, afin de pouvoir montrer au grand jour l’intérêt qu’ils suscitent. « Le public s’attend à ce que les députés répondent », explique Gregor.

Le meilleur indicateur du succès d’Abgeordnetenwatch.de reste la peur que le site provoque chez les politiciens les plus influents.

En 2007, un article du tabloïd Bild (12 millions de lecteurs par jour) reprend le classement des députés par jours de présence réalisé par le site et proclame Carl Eduard von Bismark “député le plus flemmard d’Allemagne”. 6 mois plus tard, il a été contraint de démissionner et de donner son indemnité de parlementaire à des organisations caritatives.

Une telle influence ne va pas sans problème pour Abgeordnetenwatch, qui se fait désormais blacklister lorsqu’il demande des subventions auprès d’organisme en lien avec des politiques. Gregor soupçonne par exemple la fondation Zeit, qui comporte plusieurs hommes et femmes politiques dans son board, d’avoir refusé de financer Abgeordnetenwatch. « Trop politique » auraient-ils dit.

2. Faire venir les électeurs

Si ce succès auprès des politiciens peut convaincre les électeurs d’utiliser la plateforme (ils y auront plus de chance d’obtenir une réponse qu’en envoyant un e-mail), Abgeordnetenwatch possède une autre valeur ajoutée.

  • Médiation entre politique et citoyen. Abgeordnetenwatch relit toutes les questions avant de les publier et fait un travail de mise en page, voire de curation.
  • Statistiques sur les députés. Le site agrège les données disponibles lors des votes publics aux parlements national et régionaux et propose l’historique de vote de chaque député ainsi qu’un classement par présence, à la votewatch.eu.
  • Rémunération des députés. Grâce à des données publiées par le Parlement, Abgeordnetenwatch peut estimer le montant des à-côtés des parlementaires.

Plus généralement, le site permet aux électeurs de connaitre leurs candidats. Le système électoral allemand est un « scrutin majoritaire uninominal et proportionnelle par compensation ». En gros, on vote une fois pour une liste nationale et une fois pour un candidat local. Problème : Personne ne connait le candidat local, la vie politique allemande étant moins organisée par fiefs qu’en France. Abgeordnetenwatch permet ainsi aux électeurs de se rapprocher de ceux qui les représentent.

Si les Français avaient la possibilité de l’interroger directement, peut-être qu’ils seraient plus de 29% à connaître le nom de leur président de région.

En 2004, les fondateurs du site voulaient rapprocher les Allemands de la démocratie. En 2010, ils estiment avoir réussi leur pari puisque plus de la moitié des utilisateurs du site n’a jamais eu de contact avec la politique.

Même en ex-RDA, où les internautes sont notoirement incompétents, le site connait un certain succès. En 2009, « super année électorale », l’Allemagne a vu 2 élections régionales à l’Ouest, 4 à l’Est, une élection européenne et une élection fédérale. A chaque fois, Abgeordnetenwatch a permis aux électeurs de poser des questions aux candidats. Résultat : les internautes de l’Est ne sont pas moins intéressés que ceux de l’Ouest, notamment en Thuringe (Leipzig).

3. Tenir la route

Toutes les bonnes intentions de l’équipe de Hambourg (3 temps pleins, quelques temps-partiels et des stagiaires) ne seraient rien si le modèle économique et technique n’était pas pérenne.

Techniquement, Abgeordnetenwatch respecte, comme Owni.fr, le ratio de 1 développeur pour chaque non-développeur. Résultat : le site est fluide et réactif.

Financièrement, le site est tout juste devenu cash-flow positive, ses revenus couvrant toutes les dépenses courantes. Le prêt initial, fourni par la fondation Bonventure (Munich) est cependant loin d’être repayé.

La diversité des sources de revenus montre le sens de l’adaptabilité d’Abgeordnetenwatch :

  • Publicité: 10%. «Ca ne paye pas,» commente Gregor. Malgré des inserts voyants gérés par Glam Media, le site ne fait pas de course à l’audience et ne pourra pas s’appuyer sur les recettes publicitaires.
  • Freemium pour les députés: 10%-50% (en fonction du nombre d’élection dans l’année). Le site propose aux députés d’afficher leur photo sur leur page. Ce service est facturé entre 175€ et 200€. 15% des candidats et des députés soutiennent le site de cette manière.
  • Dons. Si le côté politique du site les empêche d’obtenir autant de subventions publiques qu’ils le souhaiteraient, l’équipe d’Abgeordnetenwatch fait appel à la générosité des utilisateurs.
  • Vente de widgets. Le Spiegel vient d’acheter un Bundestagsradar, une application Flash qui permet de visualiser et de classer les députés. La chaîne régionale WDR en a commandé un autre pour le parlement régional de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie.

bundestagsradar

Et le datajournalisme ?

Pour Gregor, Abgeordnetenwatch ne fait pas du journalisme. Sa valeur ajoutée n’est pas dans le traitement de l’information puisqu’il ne hiérarchise pas les réponses aux questions et qu’il ne génère pas d’informations nouvelles.

Pourtant, le site propose bien une nouvelle manière d’aborder la politique. Les médias ne s’y trompent d’ailleurs pas, puisqu’ils renvoient leurs lecteurs vers le site.

Au pays des digitale Analphabeten, espérons que le succès de ces innovateurs donnera à d’autres l’envie de prendre des risques sur le marché l’information en ligne.

> Photo d’illustration par BriYYZ sur Flickr

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http://owni.fr/2010/03/22/data-et-deputes-le-modele-allemand/feed/ 1
Loppsi: TF1 manque à l’honnêteté de l’information http://owni.fr/2010/02/16/loppsi-tf1-manque-a-l%e2%80%99honnetete-de-l%e2%80%99information/ http://owni.fr/2010/02/16/loppsi-tf1-manque-a-l%e2%80%99honnetete-de-l%e2%80%99information/#comments Tue, 16 Feb 2010 07:27:27 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=8326 La police vous parle tous les soirs à 20hTF1 a une vision très particulière du débat parlementaire. Pour la seconde fois, en un an, son JT a présenté un hémicycle plein à craquer alors qu’il était en fait quasiment vide.

Dans les deux cas, l’Hadopi, puis la Loppsi, il s’agissait de projets de loi décriés sur l’internet, mais plutôt soutenus par TF1. Le CSA, saisi de ces “manquements à l’honnêteté de l’information“, envisage une sanction financière.

Ce 9 février 2010, évoquant le “projet de loi sur la sécurité intérieure qui prévoit un arsenal contre les nouvelles formes de délinquance” que venait de présenter le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, les téléspectateurs de TF1 ont pu voir ceci :

L'Assemblée débat de la Loppsi : la version de TF1

Les internautes qui, de leur côté, avait assisté à la séance grâce à sa retransmission sur le site de l’Assemblée nationale, avait de leur côté pu voir cela :

L'Assemblée débat de la Loppsi : la réalité

Notez la légère différence, en terme de présence des députés dans l’hémicycle de l’Assemblée (et merci à PCInpact de l’avoir souligné).

Une chose est de “couvrir” un évènement (en n’en parlant quasiment pas), une autre est de le “couvrir” (en l’évoquant de façon biaisée).

Un précédent : la “couverture” de l’Hadopi

TF1 est coutumier de ce genre de petit arrangement avec les faits. Déjà, en avril 2009, au moment du vote de l’Hadopi, PCInpact avait déjà relevé que la couverture médiatique qu’en donnait TF1, qui montrait un hémicycle plein à craquer, travestissait quelque peu les faits :

TF1 montre un hémicycle plein l'hémicycle était en fait quasi-vide

L’Hadopi ne fut en effet votée que par 16 députés… Alerté par un “fervent internaute soucieux de vérifier les informations diffusées par les médias“, le médiateur de TF1 avait alors fait son mea culpa, et promis qu’on ne l’y reprendrait plus :

Vous avez parfaitement raison de dire que ces images d’archives sont contradictoires avec la réalité (…).

Il s’agit d’une maladresse, certes regrettable, mais en aucune façon d’une intention maligne de contrefaire la réalité.

Cette maladresse est imputable à un défaut d’attention humain et nous veillerons à l’avenir à ne pas reproduire ce genre d’erreur, conscients que nous sommes de la force des images.

Vers une sanction financière ?

Titrant L’info de TF1 dans le collimateur du CSA, LePoint.fr révélait que le 15 décembre 2009, Nonce Paolini, pdg de TF1, et Catherine Nayl, sa directrice de l’info, étaient convoqués par le CSA afin de fournir des explications concernant trois “manquements à l’honnêteté de l’information” : cette fausse représentation du débat autour de l’Hadopi, les images d’un tueur (qui n’était pas le bon tueur), et celle d’un rassemblement musulman où les femmes et les hommes étaient censés être séparés alors même que, et “au contraire, les pratiquants n’étaient pas séparés selon leur sexe…” :

De manière générale, Catherine Nayl a plaidé qu’en aucun cas ces erreurs n’avaient été commises dans l’intention de tromper les téléspectateurs. Ce que TF1 avait déjà eu l’occasion de dire lors d’une audition devant le “groupe de travail” chargé de la déontologie. La procédure suit son cours.

Il n’est peut-être pas vain de souligner que cette image d’un hémicycle plein à craquer était précédée d’un reportage sur les violences à l’école (TF1 a consacré, tous les soirs de la semaine passée -celle où fut débattue la Loppsi-, un reportage au sujet des violences scolaires, mais un seul à la Loppsi), et qu’il fut introduit comme suit, par Laurence Ferrari :

Et c’est dans ce contexte que le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a présenté son projet de loi sur la sécurité intérieure qui prévoit un arsenal contre les nouvelles formes de délinquance.

Parmi les mesures qui seront discutées il y a la vidéosurveillance, un couvre-feu pour les moins de 13 ans, avec des sanctions possibles pour les parents des enfants délinquants. La gauche et les magistrats jugent ce projet “liberticide”.

Une présentation somme toute “équilibrée” (voir, entre autres, Les pédophiles n’ont rien à craindre de la LOPPSI. Les internautes, si.)

En décembre dernier, le CSA “envisageait de prononcer une sanction financière” en raison de ces “manquements à l’honnêteté de l’information“. Contacté, le CSA n’est pas en mesure de déclarer si sanction il y aura, mais confirme que l’”action suit son cours“.

Voir aussi : 
Rions un peu avec l’Hadopi
L’internet et les “pédo-nazis” : le best of
Les internautes, ce “douloureux problème”
Hadopi : Alex Türk “assume”, et s’explique
Prohibition 2.0 : vers un classement X du Net ?

Les “petits cons” parlent aux “vieux cons” (la version courte)

» Article initialement publié sur Bugbrother

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http://owni.fr/2010/02/16/loppsi-tf1-manque-a-l%e2%80%99honnetete-de-l%e2%80%99information/feed/ 0
Paquet télécom : vagues de sensibilisation http://owni.fr/2010/02/05/paquet-telecom-vagues-de-sensibilisation/ http://owni.fr/2010/02/05/paquet-telecom-vagues-de-sensibilisation/#comments Fri, 05 Feb 2010 07:07:30 +0000 Peignois Aurore http://owni.fr/?p=7678 Dans le débat vigoureux au sujet du « paquet télécom », des nouveaux acteurs sont entrés en jeu. On les appelle les activistes. Parmi les plus dynamiques, on retrouve le collectif « La Quadrature du net ». Ce rassemblement online de citoyens vise à influencer les leaders politiques via des opérations de « mass mailing ».

« La Quadrature du Net appelle ses soutiens à se mobiliser afin que l’amendement 138 déposé sur le rapport Trautmann[1] soit voté et contribue à garantir que la « riposte graduée » ne puisse être mise en place en Europe », pouvait-on lire en septembre dernier, sur le site internet de la « La Quadrature du net ». « Il s’agit d’un collectif de citoyens qui informe sur des projets de lois que nous considérons dangereux pour les libertés individuelles mais aussi pour le développement socio-économique de l’internet », explique Jérémie Zimmermann, porte-parole et cofondateur de la plateforme, au journaliste Damien Van Achter. La mobilisation des citoyens est organisée sur un wiki, un site web dont la principale caractéristique est de permettre à ses utilisateurs d’éditer de façon simple et rapide n’importe laquelle de ses pages. Parmi les tâches proposées, les internautes peuvent contacter personnellement les députés pour les sensibiliser ou leur expliquer les tenants et aboutissants des projets sur lesquels ils travaillent. Pour ce faire, de nombreux outils sont à la disposition des citoyens. De la lettre type en passant par la liste exhaustive des moyens de contacter chaque politicien concerné, le citoyen a, entre les mains, tous les outils pour être un parfait activiste.

Vague de mails

Lorsque des telles opérations de sensibilisation sont mises en place, les boites mails des députés se retrouvent vite submergées. Philippe Lamberts, eurodéputé vert en témoigne : « avant le débat sur le « paquet télécom, on n’avait jamais connu un bombardement par emails en provenance de citoyens à titre personnel. Mais il faut bien se rendre compte qu’à un moment, on arrive au seuil de saturation et qu’on ne fait plus attention ». Pour le politicien belge, « la démocratie c’est un peu une série d’intermédiations entre les citoyens et la décision politique. Je trouve que les ONG y ont toute leur place mais je pense que parfois, elles scient la branche sur laquelle elles sont assises. Si elles venaient nous trouver en disant ; ‘‘voici un texte que nous avons soumis à la consultation populaire sur Internet et pour lequel nous avons 1 millions de signatures, quelle est votre réponse’’ ? Il faut bien se dire que les députés ont une bande passante limitée et qu’on ne va pas répondre à 10.000 mails… même si on sait que c’est important ».

De son côté, Christian Engström (VERT) dont la carrière politique a décollé grâce à ce type d’action en Suède, a une opinion tout à fait différente sur les opérations d’envois multiples, dites de « mass mailing » : « Je pense que c’était absolument central dans le débat. C’est uniquement grâce à la mobilisation des activistes qui se sont intéressés au Paquet télécom que nous avons pu trouver quelque chose qui allait dans la bonne direction ». L’eurodéputé reconnait tout de même que c’est son background d’activiste pour le parti suédois Pirate Bay qui l’en convint. Selon lui, il est central que les lettres écrites par les citoyens soient personnelles, « car personne n’apprécie recevoir à profusion une lettre unique sans personnalisation, c’est juste du spam », dit-il. « Mais si de nombreux citoyens envoient une lettre qu’ils ont écrite eux-mêmes, ça peut faire la différence. Je pense que cette action a eu un énorme impact pour les Parlementaires qui n’étaient pas convaincus au préalable de la nécessité de mettre en place certaines garanties », ajoute Christian Engstörm.

Les deux prochaines étapes pour les activistes consisteront à rappeler à leur propre gouvernement que les droits des citoyens par rapport à Internet doivent être respectés et que « la discussion n’est pas finie puisque la directive n’est pas parfaite », renchérit M. Enstörm. Il reste donc pas mal de pain sur la planche pour les collectifs citoyens.

> Article initialement publié sur le blog d’Aurore


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LOPPSI, censure du Net : Contactez votre député ! http://owni.fr/2010/02/04/loppsi-censure-du-net-contactez-votre-depute/ http://owni.fr/2010/02/04/loppsi-censure-du-net-contactez-votre-depute/#comments Thu, 04 Feb 2010 10:53:48 +0000 La Quadrature du Net http://owni.fr/?p=7657 Paris, le 04 février 2010 – La Quadrature du Net vient de faire parvenir aux députés une lettre accompagnée d’une note sur les enjeux des dispositions de la loi LOPPSI1 relatives à la lutte contre la cybercriminalité, et particulièrement sur la censure administrative du Net. Si le filtrage du Net a été encadré par l’autorité judiciaire en commission des lois, la mise en place de ce dispositif laisse la porte ouverte à de dangereuses dérives et doit désormais être complétée par de strictes garanties, ou à défaut être rejetée. La Quadrature invite tous les citoyens soucieux des libertés à informer leurs députés sur ces enjeux fondamentaux pour l’avenir d’Internet2.

Les décisions administratives visant à bloquer l’accès à des sites Internet au nom de la lutte légitime contre la diffusion et le commerce de contenus à caractère pédopornographique devront désormais être soumises à l’« autorisation » préalable de l’autorité judiciaire. En l’état, le texte est cependant encore très dangereux et préoccupant. Outre l’incapacité chronique de cette censure du Net à remplir l’objectif annoncé (voir à ce titre l’étude de Fabrice Épelboin: « Le commerce de la pédopornographie sur Internet de 2000 à 2010 »), le risque d’un sur-filtrage, mis en avant par toutes les études sur le sujet, semble inévitable.

« La mise en œuvre de la censure du Net fait courir de grands risques techniques et démocratiques. Elle ne devrait être envisagée qu’à titre expérimental et temporaire, ce qui permettrait de confirmer son inefficacité. Il est également indispensable que les députés amendent le texte de la LOPPSI afin de prévoir un mécanisme de recours pour les “censures collatérales” liées au sur-filtrage. Sans de telles garanties, le texte voté présentera inévitablement un danger pour la liberté d’expression et de communication. » déclare Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.

La Quadrature appelle tous les citoyens à utiliser la note, l’étude de Fabrice Épelboin et tous les autres matériaux analytiques mis à leur disposition sur le web-dossier sur le sujet, afin de contacter leurs députés pour leur demander d’imposer un strict encadrement de la censure du Net prémunissant contre tout risque de dérive et de sur-filtrage ou, à défaut, de rejeter dans son ensemble l’article 4 de la LOPPSI.

TROUVEZ ET CONTACTEZ VOTRE DÉPUTÉ

  1. La discussion du projet de loi à l’Assemblée nationale est programmée pour les 9, 10 et 11 février prochains.
  2. 2. Vous pouvez pour cela vous reporter à la page suivante: http://www.laquadrature.net/wiki/LOPPSI_contacter-son-depute_HOWTO

» Appel publié à l’origine sur le site de la Quadrature

» Illustration de page d’accueil par jef safi (‘pictosophizing) sur Flickr

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Génération HADOPI http://owni.fr/2009/09/14/generation-hadopi/ http://owni.fr/2009/09/14/generation-hadopi/#comments Mon, 14 Sep 2009 15:42:23 +0000 La Quadrature du Net http://owni.fr/?p=3603 La « génération HADOPI » regroupe des individus de tous âges et de tous horizons. Ces derniers comprennent le caractère désormais fondamental d’Internet pour le fonctionnement de nos sociétés. Ils veulent faire face aux gouvernements qui tentent d’exercer un contrôle illégitime sur cet espace de liberté et d’innovation sans précédent. Ils doivent se faire entendre auprès de leurs députés pour les inciter à rejeter le texte HADOPI 2 lors du vote solennel à l’Assemblée du mardi 15 septembre, et continuer après le vote à les informer sur la place cruciale qu’occupe Internet dans nos sociétés.

Contrairement aux promoteurs de la riposte graduée, la génération HADOPI comprend qu’Internet, loin d’anéantir la diversité culturelle, est une occasion historique de stimuler la démocratie en encourageant un plus grand pluralisme dans la sphère culturelle. Elle sait que certains modèles économiques antérieurs à Internet, qui organisent une économie mercantile basée sur la rareté des copies et le contrôle des canaux de distribution, doivent être abandonnés pour que nos sociétés entrent pleinement dans la société de la connaissance, une société fondée sur un accès élargi aux biens informationnels.

La génération HADOPI sait que la circulation des œuvres culturelles hors-marché est un progrès sociétal majeur qui peut parfaitement coexister avec des modes d’exploitation commerciale. Elle peut déjà entrevoir l’émergence d’une culture plus ouverte, contributive, et demain mieux financée, où le citoyen n’est plus seulement un consommateur de biens culturels, mais un auteur, un co-auteur, un promoteur, un critique.

Pour toutes ces raisons, la génération HADOPI refuse d’abandonner les droits culturels nouveaux permis par l’évolution des techniques, tel que l’échange d’œuvres dans un but non lucratif. Elle appelle de ses vœux une évolution du droit d’auteur qui devra permettre de réorganiser l’économie culturelle autour de ces nouvelles pratiques émancipatrices.

Elle regrette la collusion persistante entre les industries du divertissement et de nombreux gouvernements de par le monde. Elle n’accepte pas que ses libertés et droits fondamentaux soient mis en cause sous prétexte qu’une partie de ces industries n’a pas su prendre le tournant numérique. Ce sont ces convictions que symbolise désormais l’acronyme « HADOPI ».

Aussi, la génération HADOPI se réjouit d’avoir vu le Conseil constitutionnel rappeler solennellement le gouvernement français au principe fondateur de la démocratie qu’est la liberté d’expression et de communication, auquel le projet de riposte graduée porte atteinte de manière manifestement disproportionnée.

La génération HADOPI espère, enfin, que le législateur français – qui est sur le point de se prononcer sur le projet de loi HADOPI 2 – saura faire primer l’intérêt général et les valeurs républicaines en rejetant ce texte attentatoire aux libertés individuelles.

La Quadrature du Net appelle les membres de la génération HADOPI à contacter les élus pro-HADOPI avant le vote solennel du 15 septembre (pour leur demander de rejeter le texte), mais également après le vote. Il est vital de les informer sur les enjeux de cette loi répressive et profondément dangereuse.

> Un formulaire dédié est mis à disposition afin de faciliter l’envoi de courriers aux députés pro-HADOPI

> Article initialement publié sur la Quadrature du Net

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