OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [Màj] Fin de l’Internet illimité : c’est reparti http://owni.fr/2012/10/11/fin-de-linternet-illimite-cest-reparti/ http://owni.fr/2012/10/11/fin-de-linternet-illimite-cest-reparti/#comments Thu, 11 Oct 2012 15:14:35 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=122443 Lettre A, reprise par Rue89, l'opérateur abandonnerait bel et bien l'Internet illimité, comme nous l'annoncions il y a 1 an. Avec l'aide d'un certain Qosmos, suspecté d'avoir aidé Bachar al Assad à surveiller sa population sur Internet.]]>

Stéphane Richard, le patron d'Orange, ne ment pas car Stéphane Richard, le patron d'Orange, a un bisounours sur son épaule.

La fin de l’Internet illimité

La fin de l’Internet illimité

Des opérateurs veulent mettre un terme aux forfaits Internet illimités dans les foyers français. Un document de la ...


Mise à jour (19h34) : Lettre A maintient
Une guerre de position s’engage. Contacté par Owni suite à l’appel d’Orange, Grégoire Pinson, rédacteur en chef de la lettre d’information à l’origine du papier en cause, maintient. “Je ne comprends pas où il y a pu avoir malentendu”, regrette-t-il.
Il explique avoir contacté les équipes d’Orange afin d’aborder avec elles un éventuel projet de mise en place “de forfaits différenciés selon les usages des internautes”. L’opérateur aurait d’abord confirmé travailler sur ces offres, avant “de parler de lui-même de DPI.” Le journaliste aurait alors demandé la provenance de cette technologie, le FAI évoquant Qosmos, avant de citer l’expérience du fameux panel “Orange Préférences”.

Mise à jour (18h50) : un “amalgame”
Suite à nos sollicitations, Orange nous a indiqué avoir été victime d’un “amalgame important”. Lettre A aurait confondu la mise en place l’été dernier d’une étude marketing intitulée “Orange préférence”, utilisant effectivement la technologie DPI et placée sous le contrôle de la Cnil, avec le projet d’instauration d’offres Internet différenciées. “Nous n’avons aucun projet de commercialiser des offres différenciées, encore moins en utilisant une technologie DPI”, indique le service presse.

Aujourd’hui terminé, le panel en question était sur la base d’un volontariat. Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir, s’était néanmoins étonné de cette pratique, qui revenait selon lui “à surveiller votre navigation Internet à la trace pour connaître vos centres d’intérêt et ne vous proposer que la publicité qui vous intéresse.” Il concluait alors : “entre cette nouvelle méthode optionnelle et la clause générale dénoncée, la frontière est mince et Orange semble nager en eaux troubles… A vouloir se plonger dans les flux, Orange risque bien de boire la tasse !”

Interrogé sur son utilisation de la technologie, Orange nous assure “ne faire plus aucune utilisation de la technologie DPI” sur sa clientèle.


Juré, promis, craché : ils ne toucheraient pas à l’Internet illimité ! En tout cas, c’est ce que les opérateurs français s’étaient évertués à faire croire il y a un an, suite à la publication d’un article sur Owni, révélant la volonté de quelques uns à limiter les abonnements Internet.

La Lettre A en date du 12 octobre, reprise par Rue89, indique que l’opérateur historique n’a pas tenu ses promesses. Orange préparait “activement des offres de débits différenciés”, avec l’aide de l’équipementier… Qosmos ! L’entreprise française suspectée d’avoir permis à Bachar al Assad de surveiller sa population. Et de la fameuse technologie de DPI, permettant de fouiner dans les flux Internet des internautes. Pratique pour surveiller massivement une population donc, ou pour mettre en place, comme ici, un système de forfaits différenciés en fonction des usages. Imaginez : un abonnement allégé pour aller sur Facebook et consulter ses mails, un autre plus coûteux pour faire du streaming et pourquoi pas encore un autre pour passer des coups de fil sur Skype ?

Si le scénario semble surréaliste dans un pays comme le nôtre, où l’abonnement Internet illimité a été démocratisé avec l’arrivée de Free en en 2002, il est bel et bien réel dans d’autres pays. Ainsi en Grande-Bretagne ou bien encore aux États-Unis. Ce pays dont le modèle de télécommunications faisant tant rêver, à l’époque, le porte-parole d’Orange qui s’exclamait :

Les tarifs américains, c’est le rêve de tous les opérateurs !

Le processus serait déjà bien entamé. Selon Rue89, la La Lettre A évoquerait même l’existence de tests, menés de concert par Orange, Alcatel-Lucent et la Cnil, afin d’identifier les usages des internautes et de “trouver des axes de différenciation des services”. A suivre…


Loltoshop maison sur une photo de Guillaume Paumier

]]>
http://owni.fr/2012/10/11/fin-de-linternet-illimite-cest-reparti/feed/ 33
Le régulateur se remet à la neutralité du net http://owni.fr/2012/05/18/le-regulateur-se-remet-a-la-neutralite-du-net/ http://owni.fr/2012/05/18/le-regulateur-se-remet-a-la-neutralite-du-net/#comments Fri, 18 May 2012 15:23:25 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=110630

“Quel contrôle les opérateurs de l’Internet ont le droit d’exercer sur le trafic qu’ils acheminent” ? Pour son dernier rapport ([PDF] et en fin d’article), le gendarme des télécoms français (Arcep) frappe fort en plaçant la surveillance des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) au cœur même de la définition du concept de neutralité du Net - qui affirme que les flux d’informations doivent être transportés de la même façon sur le réseau, “indépendamment de leur nature, de leur contenu, de leur expéditeur ou de leur destinataire” (p.9).

Une approche qui tranche avec les positions adoptées par l’Arcep ces derniers mois en matière de neutralité. L’Autorité semble avoir pris en compte certaines mises en garde, dont nous nous faisons le relais depuis des mois. Pour parfois même les reprendre à son compte dans ce nouveau texte, présenté au gouvernement fraîchement installé, au Parlement à venir, mais aussi au public, invité à le commenter jusqu’au 20 juin prochain.

Face à un Internet français qui connaît “des améliorations mais aussi des risques de dégradation”, le régulateur souhaite poursuivre et renforcer les travaux entrepris depuis 2010, et la formulation de ses fameuses “dix propositions” pour un Internet neutre. Dans le viseur, quatre chantiers : renforcement de la concurrence et de la transparence, qualité de service de l’accès à Internet, interconnexion et surtout gestion de trafic. Quelque peu oublié ces derniers mois, l’encadrement de cette pratique est aujourd’hui la pierre angulaire du projet neutralité. Mais si l’Arcep se veut plus offensive, la protection de ce principe dans la loi ne semble pas être à l’ordre du jour.

Opérateurs dans le viseur

Ce qui ne l’empêche pas d’égratigner les opérateurs. Un exercice auquel l’Autorité n’est pas rompu, en particulier dans le cas de la neutralité des réseaux, mais auquel elle s’emploie par petites touches dans ce dernier rapport.

La plus symbolique est certainement d’avoir choisi de lier, dès les premières pages du document, Internet neutre et comportement des opérateurs. A la définition traditionnelle de la neutralité – qui se focalise sur le fond, la non-discrimination des contenus-, l’Arcep préfère désigner les acteurs qui peuvent mettre en œuvre cette discrimination : les FAI. Et appeler un chat un chat. Y compris dans un rapport administratif où les circonvolutions sont généralement de rigueur.

Elle ne révolutionne néanmoins pas le genre et ne répond pas explicitement aux questions qu’elle soulève dès la page 4 :

Le débat sur la « neutralité de l’internet » porte sur la question de savoir quel contrôle les opérateurs de l’internet ont le droit d’exercer sur le trafic qu’ils acheminent. Peuvent-ils bloquer des services, ralentir certaines applications, prioriser certains contenus ? Doivent-ils au contraire s’en tenir strictement au respect du principe d’égalité de traitement, tel qu’imaginé par les concepteurs de l’internet ?

De même, elle n’évacue pas les arguments des opérateurs qui estiment que le principe de neutralité n’est plus forcément compatible “avec la croissance exponentielle du trafic sur les réseaux, notamment mobiles, et avec la nécessité de financer les investissements qui en résultent” (p.4).

Internet se fera sonder en profondeur

Internet se fera sonder en profondeur

Rencontre avec Luc Saccavini, principal responsable technique du futur observatoire d'Internet de l'Inria. Avec ce ...

Au fil de cette synthèse néanmoins, son argumentaire semble pencher en faveur d’un encadrement effectif voire renforcé des opérateurs. L’Autorité n’hésite pas pour y parvenir à tâcler -certes, en douceur- les orientations des ces derniers.

L’un des coups de griffe les plus significatifs est le pied de nez fait à l’un des arguments préférés des FAI pour justifier les atteintes à la neutralité des réseaux : avec l’augmentation croissance des usages sur Internet, particulièrement gourmands en capacités de réseau (streaming vidéo et musical, jeux en ligne, …), ils estiment devoir supporter des coûts plus importants. Réponse de l’Arcep : non, la hausse du trafic n’est pas liée à une croissance réelle des coûts.

Après avoir disséqué l’investissement requis pour entretenir le réseau fixe d’un FAI, le gendarme des télécoms est sans appel (p.19) :

Les coûts augmentent finalement peu avec la hausse du trafic.

Une réalité souvent brandie par les observateurs en faveur de la neutralité des réseaux, mais aussi par des scientifiques : ainsi l’Inria (l’Institut de la recherche en informatique et en automatique ), il y a quelques mois sur OWNI.

A la décharge des opérateurs, l’Arcep reconnaît néanmoins les investissements importants demandés par le déploiement de nouveaux réseaux (très haut débit fixe et mobile). Mais enfonce le clou, en rappelant aux FAI que s’ils financent ces infrastructures, ce n’est pas en raison “de la seule augmentation du trafic internet”. Bien au contraire, ce mouvement “s’inscrit dans une dynamique beaucoup plus large, qui dépend de la stratégie des opérateurs, de l’impulsion des pouvoirs publics et des choix des utilisateurs.” En clair, mollo sur la complainte des investissements.

Le régulateur des télécoms va encore plus loin, en plaçant les futurs modèles des opérateurs dans son collimateur. Si elle se montre peu claire quand elle les aborde de façon directe, estimant qu’ils peuvent “avoir des conséquences à long terme sur l’écosystème de l’internet, puisqu’[ils] modifient les conditions dans lesquelles les utilisateurs accèdent à l’information ou en diffusent”, elle se veut beaucoup plus incisive en rentrant dans le vif du sujet.

La fin de l’Internet illimité

La fin de l’Internet illimité

Des opérateurs veulent mettre un terme aux forfaits Internet illimités dans les foyers français. Un document de la ...

Ainsi dans le mobile, où elle dénonce “le risque de discrimination” et l’atteinte concurrentielle de certains forfaits. En cause, les offres qui soumettent certaines applications et pas d’autres à la limite de consommation de données sur Internet. Ce seuil, appelé fair use, existe pour la majorité des forfaits mobiles, mais des opérateurs ne l’appliquent pas à des sites de leur choix… souvent partenaires. Ainsi, Orange avec Deezer. L’Arcep recommande donc “que les FAI, d’une part, proposent des offres ne privilégiant pas certains services, d’autre part, qu’à défaut, ils aient une approche par typologie de services et non pas par services individuels.” Et la neutralité sera bien gardée.

L’occasion aussi pour le régulateur de revenir à pas feutrés sur la polémique de l’été dernier, concernant la fin rêvée (par les opérateurs) de l’Internet illimité dans les foyers français. L’Arcep se veut rassurante, estimant l’éventualité “peu probable” (p.47). Mais “à court terme” seulement, et dans “le cadre d’un marché fortement concurrentiel et transparent”“les opérateurs ne sont pas confrontés, pour des consommations classiques, à des coûts d’acheminement du trafic qui augmentent significativement avec le volume consommé”. Beaucoup de conditions pour une situation qui, rappelle l’Autorité, ne met pas directement en cause la neutralité. Qu’elle estime même “préférable” (p.48) aux pratiques qui discriminent des contenus sur d’autres.

Gestion de trafic

C’est d’ailleurs le point chaud du rapport : la gestion de trafic. Ces pratiques qui consistent, pour un opérateur, à favoriser, limiter voire bloquer la diffusion de certains contenus sur Internet. Et “susceptibles, écrit l’Arcep (p.4), d’entraver, dans certaines circonstances, le principe de neutralité de l’Internet.”

Pour encadrer ces pratiques, l’Autorité des télécoms suggère de s’en tenir aux recommandations qu’elle avait formulées en 2010 : oui à la gestion de trafic, nécessaire notamment à la bonne tenue du réseau, mais à condition qu’elle respecte “pertinence, proportionnalité, efficacité, transparence, non-discrimination des acteurs.”

L’intérêt de l’Autorité pour ce comportement n’est donc pas nouveau. Mais voir la gestion de trafic trôner en si bonne place dans le rapport constitue un renouveau. Les militants de La Quadrature du Net pointaient du doigt “un retard considérable” de l’Arcep en la matière. L’autorité semble avoir enregistré le message, et redresse quelque peu la barre.

En particulier dans le mobile, où elle se fait menaçante. Si elle note une “diminution de ces pratiques”, elle estime néanmoins que certaines subsistent, et portent atteinte à la neutralité du Net. En particulier le blocage de services tels que la voix sur IP (Skype, par exemple) ou le peer-to-peer. Si la situation n’évolue pas, l’Arcep prévient qu’elle “détient des compétences qui lui permettront de mettre en œuvre ses recommandations.”

Sur le fixe, l’Autorité se veut tout aussi vigilante, en particulier face à la coexistence de deux modèles sur les tuyaux du Net : l’accès à Internet d’un côté et une multitude de services tels que la télévision ou la téléphonie sur IP, de l’autre. Le premier étant fourni sur le principe du “best effort”, autrement dit, les opérateurs font du mieux qu’ils peuvent ; les seconds bénéficiant d’une qualité garantie – c’est ce qu’on appelle les “services gérés”. L’Arcep redoute de voir la qualité des services gérés progressivement rogner celle de l’accès à Internet même (p.22). Ce qui pourrait mener à un Internet “à plusieurs vitesses”.

Qualité de service sous surveillance

La société civile contrôlera aussi le Net

La société civile contrôlera aussi le Net

Initialement, la qualité du service proposé par vos fournisseurs d'accès à Internet devait être contrôlée par... ces ...

Une situation qui justifie l’observation rigoureuse de la qualité du réseau : ce que l’Arcep tente de mettre sur pied depuis septembre, dans depuis quelques temps, il y a du mieux.

Le régulateur semble en effet avoir pris en compte les mises en garde d’acteurs autres que les opérateurs. En particulier sur la mesure de cette qualité, qui dépendait au départ largement du bon vouloir des FAI. Faisant d’eux juges et parties. Une aberration quelque peu atténuée, mais qui persiste. Ainsi, les opérateurs détiennent toujours la possibilité de choisir le prestataire qui effectuera les mesures sur leur réseau.

L’Arcep appelle donc le Parlement “s’il l’estime utile”, à lui donner “les moyens juridiques et financiers pour mesurer de façon plus indépendante les indicateurs de qualité de service.” Elle s’appuie notamment sur un autre rapport, récent aussi, de Laure de la Raudière (UMP) qui appelait à une telle évolution. Un progrès considérable, quand on sait les difficultés de l’Arcep et de son président, Jean-Ludovic Silicani, à reconnaître les biais de ce dispositif.

Une neutralité socialiste ?

Ce revirement traduit de manière générale une prise en compte plus large des arguments venant d’autres parties que les opérateurs. Encore imparfait, cet ajustement est donc plutôt une bonne nouvelle pour Internet, en particulier à l’heure où la Commission européenne semble plus que jamais proche des intérêts des FAI.

L’Europe délaisse la neutralité du Net

L’Europe délaisse la neutralité du Net

La commissaire européenne en charge des affaires numériques Neelie Kroes a livré ce matin sa vision d'un Internet ...

L’Arcep souhaite-t-elle affirmer son autorité à l’heure d’une recomposition imminente du paysage administratif ? Elle aurait en tout cas tout intérêt à le faire, pour exister face à un CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) qui affiche de plus en plus son ambition de reprendre la main sur les tuyaux du Net. Une attitude qui pourrait aussi expliquer certaines recommandations plus politiques de l’autorité sur des questions qui sortent de ses attributions, comme le blocage de sites. Sur ce point, l’Arcep invite les FAI à “porter une attention particulière aux possibles effets secondaires non souhaités de tout blocage” (p.49).

Reste à savoir comment en France, le nouveau gouvernement, et le Parlement à venir, s’empareront de ce rapport. Lors de la campagne présidentielle, la responsable numérique Fleur Pellerin n’avait pas été très claire quant à ses intentions sur la neutralité. Se disant attachée au principe, elle n’avait pas précisé les modalités concrètes envisagées pour sa protection.

Sur ce point, l’Arcep joue la carte de la prudence, invitant à ne pas trop “détailler” d’éventuelles dispositions, afin d’éviter une péremption de la loi trop rapide (p.55).

La neutralité du Net pourrait néanmoins trouver un allié de taille à la tête même du gouvernement. Jean-Marc Ayrault a déjà exprimé son intention de défendre une loi pro-neutralité : c’était en février 2011, lors de l’adoption avortée d’un projet déposé par le député PS Christian Paul.

Si les législatives de juin prochain donnent aux socialistes une majorité à l’Hémicycle, ce scénario pourrait être envisageable.


Illustrations CC FlickR : Viktor Hertz

]]>
http://owni.fr/2012/05/18/le-regulateur-se-remet-a-la-neutralite-du-net/feed/ 9
Le roi d’Orange démaquillé http://owni.fr/2011/09/21/orange-stephane-richard-bfm-france-telecom-internet-operateur/ http://owni.fr/2011/09/21/orange-stephane-richard-bfm-france-telecom-internet-operateur/#comments Wed, 21 Sep 2011 06:30:12 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=79886 C’est la rentrée ! Belle époque où l’on balade son cartable en crânant avec ses fournitures neuves. Et Stéphane Richard n’échappe pas à la règle: le boss de France Télécom/Orange s’est plié à l’exercice de com’ de ce mois de septembre, sur BFM Business, dans l’émission “Club VIP”. L’été s’était terminé dans la douleur pour “FT”: bourses qui ballotent, arrivée de Free dans le mobile ou fin de l’Internet fixe illimité; l’actualité a pas mal titillé l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, qui se veut aujourd’hui rassurant.

Santé financière du groupe, stratégies sur fixe et mobile, investissements dans les infrastructures et les contenus: OWNI réécoute et dépiaute le discours officiel du patron d’Orange pour cette année.

L’illimité c’est pas fini. C’est “ajusté”

Qu’on se le dise, l’Internet illimité, “c’est pas fini” (comme il le dit à 16′25 de son entretien). Selon le patron d’Orange, c’est même une “polémique qui n’aurait pas dû exister”.

Selon lui, les plans de la Fédération Française des Télécoms (FFT – rassemblant les principaux opérateurs, Free et Numericable exclus) révélés par OWNI, ne valaient pas la peine d’être communiqués. Ils consistent pourtant à calquer les offres Internet mobile sur les forfaits fixes. A appliquer un tableau prévoyant de plafonner la navigation de salon, en excluant le peer-to-peer, la voix sur IP ou les newsgroup. Un détail, pas grand chose, tout juste la remise en cause du modèle français de l’Internet illimité. Pas de quoi tenir au courant les millions d’abonnés français.

Une broutille telle que Stéphane Richard ne lâche rien et s’appesantit sur l’“attachement” d’Orange à ce modèle qui “a permis le succès d’Internet en France”.

Modèle pérenne donc, mais tout de même “ajusté”. On ne sait pas bien en quoi consistent ces “ajustements”, reste qu’ils reviennent à tout bout de phrase dès qu’il est question de fin d’illimité:

Qu’il faille naturellement des ajustements qui se fassent dans un monde où tout change, les usages changent, les habitudes de consommation. Bien sûr tout ça, oui.

“Tout ça”, c’est donc d’abord une adaptation aux usages qui “changent”, un peu comme le monde ma bonne dam’. Dans le viseur de Stéphane Richard, le – déjà célèbre – “net goinfre”, évoqué à de nombreuses reprises fin août dernier, alors qu’Orange rétro-pédalait vigoureusement pour nous répéter qu’entre eux et l’illimité, c’était le grand amour. Ces “1% des gens” censés télécharger des films “toute la journée”, nous disait alors le porte-parole du groupe Jean-Marin Culpin. Si on ne sait toujours pas d’où sortent ces chiffres, ce qui semble néanmoins se confirmer à demi-mot c’est qu’au-delà d’un certain seuil, Internet sera donc… limité. Satanée boucle.

Internet ? Un marché “pas du tout appelé à baisser”

“Tout ça”, c’est aussi la hausse des prix sur le fixe. S’il se sait marcher sur des œufs, le patron de FT n’a d’autre choix que de cracher le morceau:

Les Français se sont habitués à payer pas cher l’accès à Internet, c’est très bien, ça a permis de développer formidablement l’usage de l’Internet en France. Maintenant, euh… il faut aussi que chacun prenne conscience que… euh… on va dans les années qui viennent plutôt vers une stabilisation ou une légère remontée des prix, qui est nécessaire si on veut investir dans les investissements lourds notamment dans la fibre.
(à 16′20 de son entretien)

Aaaah! “Les-investissements-lourds-notamment-la-fibre”. L’expression valise qui justifie à peu près toutes les offensives des opérateurs. Limitation des usages? “5% d’internautes mobilisent par leurs excès 80% de la bande passante. Il faut rendre les gens responsables ! “ La contribution des sites à l’entretien du réseau ? Une des “propositions concrètes” des opérateurs européens pour “relever le défi de l’investissement en bande-passante”. Défi qui justifie donc désormais un nouveau prélèvement dans les foyers français – et bonne rentrée, hein.

Détournement d'une campagne Orange par la Quadrature du Net

Mobile: les bons conseils de Stéphane Richard

Fort heureusement, sur le mobile: l’heure est à la baisse. Preuve en est ce tout nouveau forfait Orange, intitulé Sosh, et qualifié d’offre “low cost”. Bel effort de FT, qui selon son directeur pourrait représenter près de 15% des offres mobiles en France !

Des prévisions reluisantes auxquelles Stéphane Richard accorde du crédit uniquement pour son groupe. En ce qui concerne son tout nouveau concurrent sur le marché, Free, en revanche, il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes, prévient le boss de FT. Et d’enfoncer le clou:“quand j’entends des gens me dire que Free va, comme ça, moissonner dans les clients de Bouygues, SFR et les nôtres, des centaines de milliers de gens, je trouve que c’est une vision un peu naïve”.

Avec une entrée sur le mobile accompagnée d’offres à quelques euros, Xavier Niel risque de produire un “effet déceptif”, explique Stéphane Richard. Prévenant, il tient à mettre en garde les Français, en les invitant à ne pas s’attarder sur le tarif, mais sur le critère qualité/prix.

Le marché, ce n’est pas que question de prix. Le problème est: qu’est-ce qu’on a pour ce prix là ?
Je donne juste un conseil, si je peux me permettre, à tous les téléspectateurs. Quand il y aura toutes ces nouvelles offres, regardez ce qu’on vous offre pour ce prix là. Ne vous précipitez pas juste parce qu’il y a un prix qui paraît alléchant. Regardez quand même ce qu’on vous propose en terme d’heures de voix; ce qu’on vous propose en terme de SMS/MMS; ce qu’on vous propose en termes de data aussi.

(à 15′10 de son entretien)

Super pratiques les trucs et astuces conso de Stéphane Richard ! Prenez l’offre Sosh: sans les conseils de Stéphane, personne n’aurait vu les 10 mentions légales écrites en tout petit au bas de la promo du forfait. Avec Sosh, donc, on dispose d’un accès à Internet mais avec les “(3) usages P2P interdits” ou d’un certain volume de données en 3G rechargeable avec les (7) “pass internet 100Mo à 3€, 200Mo à 6€, 500Mo à 10€, valable 30 jours”. Bref, “quand il y aura toutes ces nouvelles offres, regardez ce qu’on vous offre pour ce prix là.”

Orange, partenaire de vos contenus

Après Deezer et Dailymotion, Orange annonce une poursuite de son offensive dans les contenus. De préférence ceux qui sont “vraiment prisés sur Internet”. Comprenez les vidéos, les jeux vidéo. Des services très fréquentés et particulièrement gourmands en bande passante. Oh wait !

Ceux-là même accusés par Orange de congestionner les infrastructures de réseau. En mai dernier, en plein bras de fer avec les éditeurs de contenu, Stéphane Richard déclarait à l’occasion de l’eG8:

Sans nous il n’y a pas d’Internet; sans nous, sans nos réseaux, il n’y a pas de Facebook, pas de Google. Tout ça n’est possible que parce que les opérateurs investissent pour construire les réseaux.

De menace pour les tuyaux du net, les sites deviennent donc une activité lucrative à laquelle les opérateurs ont tout intérêt à s’associer. La hache de guerre n’est néanmoins pas encore totalement enterrée, les opérateurs turbinant sec à Bruxelles afin que la Commission force les sites à financer les infrastructures. Mais voilà certainement “une polémique qui ne doit pas exister.”

Orange se dit donc “à l’affut” pour devenir “partenaires” des éditeurs de contenu à la mode. “Partenaires”, attention, et non pas “acteur directement dans le contenu”, tient à souligner Stéphane Richard. Autrement dit, pas d’incursion dans l’édition, houla non! A peine un rôle de facilitateur.

Prenez Deezer. Sur son forfait mobile Origami, Orange a aménagé une voie royale au service de streaming musical . Pour 5 euros de plus, l’abonné a le droit d’écouter tout le catalogue, sans que Deezer entre pour autant dans la limite de consommation de 500 Mo mensuel -fixée pour toutes les autres applications. Enfin de l’Internet illimité ! Enfin, de l’Internet, mais à la sauce Orange.

La crise rogne les marges

Un dernier mot sur la santé du groupe. En ces temps de chute, stress, ballotage, déprime, angoisse (et tout le toutim) des bourses mondiales, Stéphane Richard tient à le dire: “on n’a rien à voir avec la crise grecque. On n’a pas d’activités en Grèce.” Les clients et employés de FT n’ont pas de souci à se faire face à la crise financière.

D’autant plus que le groupe renforce ses positions en Europe (bizarrement son rôle en Tunisie, lui, n’a pas été mentionné), tout en “se mettant à l’abri pour une bonne année”. Le côté “auvergnat” de l’entreprise, confie Stéphane Richard.

Mais ce n’est pas la fête pour autant chez FT. Parce qu’en se tourneboulant, le monde, il vient menacer les marges des opérateurs. Et Stéphane Richard le dit: “moins on aura de marge, moins on investira”. Vous voilà prévenus.


Illustrations CC FlickR: miss_margaret, montage OWNI (CC FlickR: gpaumier, miri695, bryan hatcher)

]]>
http://owni.fr/2011/09/21/orange-stephane-richard-bfm-france-telecom-internet-operateur/feed/ 14