OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Anonymous oublie les cartels http://owni.fr/2011/11/15/anonymous-oublie-les-cartels/ http://owni.fr/2011/11/15/anonymous-oublie-les-cartels/#comments Tue, 15 Nov 2011 07:33:06 +0000 David Glance http://owni.fr/?p=86622 Le mois dernier, un groupe prétendant représenter les Anonymous dans la région de Veracruz (Mexique) a annoncé le lancement de l’Opération Cartel (#OpCartel). Ils menaçaient de révéler le nom des membres et associés du cartel de drogue mexicain des Zetas, en réponse à l’enlèvement supposé d’un Anonymous qui tractait dans les rues de Veracruz. Dans le Guardian, Deborah Bonelle, une journaliste mexicaine a commenté ainsi l’annonce des Anonymous :

La capacité de diffuser sur pléthore de plateformes des informations non-vérifiées provenant souvent de sources anonymes est à la fois une bénédiction et une malédiction. Une bénédiction parce qu’il est plus difficile de supprimer et contrôler ces informations. Mais une malédiction aussi car la diffusion de propagande et de désinformation rapportée par les médias laissent penser au public qu’il s’agit de faits.

Elle parlait du cercle vicieux des informations non-fiables et de la peur qui entoure les cartels, mais ses mots pourraient tout aussi bien s’appliquer aux Anonymous eux-mêmes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La vidéo, postée le 6 octobre, a commencé à capter l’attention quand le site d’un ancien procureur général a été piraté et affichait un message prétendant qu’il était membre du cartel Zeta. Anonymous Mexico a publié une déclaration réfutant son implication dans cette opération. Au même moment, #OpCartel avait atteint les médias grand public qui ont publié allègrement les détails sur la dernière confrontation avec les forces de l’oppression.

Opération annulée

Et puis, quelques jours après l’annonce, Operation Cartel a été annulée. L’Anonymous enlevé s’est apparemment fait retourner par les Zetas qui ont menacé par la suite de tuer dix personnes pour chaque nom d’associé du Zeta qui serait diffusé par les Anonymous. Aucune preuve certaine n’a été apportée confirmant que l’enlèvement avait eu lieu. Aucun signe non plus des noms révélés ou des décès liés à l’affaire.

Des informations contradictoires continuent à émerger. Barrett Brown, un ancien membre des Anonymous en train d’écrire un livre sur le collectif, a déclaré que OpCartel était toujours en cours. Il a affirmé être en possession d’emails qui faisaient le lien entre des officiels américains et les Zetas qu’il projette de publier. D’autres Anonymous émettent des doutes sur les affirmations de Brown. A la suite de menace de Zeta de tuer dix personnes, Brown a cédé sur sa menace de diffuser des noms.

Les effets que pourrait avoir l’opération des Anonymous contre le cartel ne sont pas très clairs, au-delà la diffusion de noms d’individus probablement liés aux Zetas. Comme tous les business, les cartels de la drogue dépendent de plus en plus des technologies pour leurs opérations. Une analyse conduite par Stratfor affirme que les cartels ont recours à leurs propres pirates pour investir le cybercrime. Ils utiliseraient des réseaux électroniques et de communication sophistiqués, ainsi que les médias sociaux pour suivre les victimes. Le recours aux médias sociaux en particulier, a augmenté récemment : des membres de cartels donnaient de fausses orientations à la police en annonçant sur Twitter que des fusillades avaient lieu quelque part alors qu’ils menaient parallèlement des opérations ailleurs. Comme pour les Etats, cette dépendance accrue aux ordinateurs et aux réseaux pourrait les rendre plus vulnérables à des groupes comme Anonymous.

Corps décapité

Hier encore, le modérateur d’un réseau social populaire au Mexique a été brutalement tué, apparemment pour le punir d’avoir aidé à rencarder les autorités sur un cartel de la drogue local. Son corps décapité a été posé à côté d’une statue avec un message :

Voilà ce qui m’est arrivé pour ne pas avoir compris qu’il ne fallait pas que je poste certaines choses sur les réseaux sociaux.

Sur ces trois derniers mois, c’est le quatrième meurtre du genre, lié à l’utilisation de médias sociaux au Mexique.

La rapidité des informations circulant sur Twitter a récemment causé la panique : deux habitants de Veracruz ont tweeté que des hommes armés étaient en train d’enlever des enfants dans les écoles. L’information s’est révélée plus tard être une fausse alerte et les deux habitants ont été arrêtés et poursuivis pour terrorisme et sabotage. Ils ont ensuite été relâchés après les plaintes de militants en faveur des droits de l’homme et de la liberté sur Internet.

La marque Anonymous attire avec elle médias et attention publique. Les Anonymous eux-mêmes reconnaissent que la “défiguration” de site et les attaques DDOS sont des inconvénients mineurs pour les cibles. Elles permettent d’abord de rendre publiques les questions que le collectif considère comme importantes.

#OpFacebook, opération présumée qui consistait à attaquer et à faire tomber le site du réseau social le 5 novembre, est une autre campagne à l’origine d’informations contradictoires et qui n’a finalement jamais eu lieu. Certains Anonymous ont nié plus tard que cette opération n’a jamais été légitime. Les Anonymous ont besoin de faire passer leur message dans quelque média que ce soit, y compris la presse écrite comme dans le cas de l’Operation Paperstorm.

La difficulté avec toutes les campagnes Anonymous est leur viabilité. Après avoir porté la situation mexicaine à la connaissance du public, le mème s’est dissipé d’autant plus vite que de nouveaux événements ont occupé le devant de la scène.

En attendant, la misère humaine oblige des dizaines de milliers de Mexicains à fuir le pays. La guerre de la drogue au Mexique aurait pris la vie de près de 40 000 personnes depuis 2006. Les villes frontalières, comme Juarez, ont assisté à la mort de 8 000 personnes ces trois dernières années et la violence s’est maintenant répandue à des villes auparavant sûres comme Veracruz. Les gangs mexicains s’arrachent la drogue, qui est surtout destinée aux États-Unis.


Article initialement paru sur OWNI.eu sous le titre “Anonymous Intervene As Mexico’s Drug Wars Move Online”

Illustration via FlickR CC [by] Esparta [by] Claudio Andres

Traduction : Pierre Alonso

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#PublicidadOficial révèle la corruption du gouvernement Calderon http://owni.fr/2011/04/11/publicidadoficial-revele-la-corruption-du-gouvernement-calderon/ http://owni.fr/2011/04/11/publicidadoficial-revele-la-corruption-du-gouvernement-calderon/#comments Mon, 11 Apr 2011 08:03:24 +0000 David Sasaki http://owni.fr/?p=55923 Article publié initialement sur Owni.eu, sous le titre “#PublicidadOficial campaign exposes corruption in Calderon’s government”

[Liens en anglais, seuls les liens en espagnol ont été signalés] En avril 1982, le président de l’époque, José López Portillo ordonnait à toutes les agences gouvernementales du Mexique d’annuler leurs contrats de publicité avec Proceso Magazine. Il était de notoriété publique que López Portillo dirigeait l’un des gouvernement les plus corrompus du monde à ce moment là, mais cela le fatiguait de voir que les journalistes de Proceso le rappelaient constamment. Sans le soutien financier du gouvernement avec la publicité, Proceso a été forcé d’annuler le récent service de syndication, qui fournissait du contenu à plus de 50 journaux à travers le pays.

Le mois suivant, López Portillo répondait à un éditorial qui critiquait sa décision d’interdire la publicité gouvernementale dans Proceso et d’autre médias de l’opposition. Sa réponse est légendaire :

Je ne les paie pas pour qu’ils me frappent.

Trente ans plus tard, Proceso est pénalisé par le gouvernement, une fois encore, pour sa ligne éditoriale critique envers le gouvernement. En septembre 2007, le magazine proclamait que le Président Calderon utilisait la publicité gouvernementale comme un mécanisme de soutien aux médias qui le soutiennent, et comme moyen de punir ceux qui étaient contre lui.
En 2008, Proceso a publié un peu plus de cinq pages de publicité officielle [es], Emeequis [es] 75,5 pages et Milenio Semanal [es] 11,83 pages

La réponse légendaire de López Portillo rend transparent ce lien direct entre la publicité officielle gouvernementale et la liberté d’expression. Cette phrase est devenu un appel de ralliement pour une nouvelle campagne [es], visant à rendre plus transparente la manière dont le gouvernement dépense l’argent des contribuables en communication et publicité.

Cette campagne est le résultat de plusieurs mois d’enquête par Fundar [es] et Artículo [es]. Les deux organisations ont fait un nombre conséquent de requêtes pour accéder aux informations sur les dépenses au niveau fédéral et étatique du gouvernement concernant les relations presse et la communication.

Ils ont uploadé la totalité de la base de données sur un nouveau site public où les utilisateurs peuvent voir les dépenses de chaque agence gouvernementale de 2005 à 2010. Malheureusement, cette base de données, construite à partir de DataTables, ne permet pas aux utilisateurs de faire des comparaisons sur plusieurs années et agences différentes dans un même tableur mais on trouverait également un budget détaillé des dépenses par an et par type de média sur Google Public Data Explorer avec une timeline assez pratique. De même, un budget détaillé par an et par type de média est disponible sur Google Fusion Tables

Mais cette campagne va au-delà de la visualisation de la façon le gouvernement dépense l’argent des contribuables en publicité et en média. Elle inspire un débat majeur sur le rôle et les droits du gouvernement en terme de communication, dans une époque où la survie et l’autonomie du journalisme est plus fragile qu’elle ne l’a jamais été dans les cinquante dernières années. Afin de faire décoller la discussion, Fundar et Artículo 19 ont organisé une conférence de presse et un débat à l’université de la communication [es] de Mexico City.

Le directeur exécutif de Fundar, Miguel Pulido [es] a lancé le débat en mettant les pieds dans le plat. En se tournant d’abord vers le directeur d’Emeequis Ignacio Ramirez Renya, Pulido a posé la question suivante :

Est ce qu’un média mexicain indépendant peut survivre sans la publicité gouvernementale ?

Ramirez a évité la question, ou, pour être plus précis, il l’a changée :

La vrai question, a-t-il répondu, est de savoir si un média indépendant a le droit d’accepter de la publicité en provenance du gouvernement, et je pense que oui.

Pour poser un peu le contexte pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec le paysage médiatique mexicain, Emeequis est, à mon avis, le meilleur magazine de news et d’évènement du pays. Avec Gato Pardo [es], ce sont les deux plus proches des américains Atlantic Monthly ou Harpers. L’écriture est vivante, les sujets sérieux, et le design éditorial est bluffant.

Et, comme tout le monde le sait, Emeequis ne serait plus de ce monde depuis longtemps, sans l’apport financier du gouvernement à travers la publicité. Jetez un coup d’œil aux banners directory - pratiquement toutes leurs annonces online viennent d’agences gouvernementales. En d’autres termes, les contribuables subventionnent le travail journalistique d’Emeequis en finançant la publicité des agences gouvernementales comme le Conseil national de prévention de la discrimination (CONAPRED, es). Tout cela est bien. En fait, c’est l’essence de la communication de développement. Les Mexicains devraient être au fait des activités de leur agences gouvernementales et dans ce cas, soutenir le journalisme d’enquête de qualité, pour le meilleur.

Un graph de l’argent budgété et dépensé sur la publicité fédérale et les relations presse de 2055 à 2010. Les montants budgétés sont en bleu, les montants dépensés en rouge.

Ce n’est pas le type de “publicité officielle” que Fundar et Artículo 19 critiquent. Mais ils sont contre ce que Géraldine Juárez a appelé “spotisization of democracy” [es]. Ce terme signifie pour elle une réalité parallèle et bien lisse, projetée par le gouvernement et produite par des coûts élevés en RP et agences de communication.

Vous entrez dans cette réalité alternative faite de publicité pour de la bière à chaque fois que vous ouvrez un journal ou un magazine, à chaque fois que vous visitez un cinéma, à chaque fois que vous allumez votre télévision ou votre radio.

Et c’est constamment présent : le gouvernement vous dit : “Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, les choses vont s’arranger” , même si c’est clair que non. Le directeur exécutif de Fundar, Miguel Pulido le présente de cette manière en un tweet sarcastique :

J’ai fait un cauchemar. J’ai rêvé que nous vivions tous des vies heureuses, avec un accès à la sécurité sociale et à un vaste choix d’emplois. Je vivais dans une publicité du gouvernement.

Par exemple :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Plus les mois passent, plus les mexicains pensent que leur gouvernement a échoué dans sa guerre contre la drogue. La réponse du Président Calderon s’est traduite par toujours plus d’augmentation des dépenses de l’argent des contribuables pour financer une campagne médiatique visant à les convaincre… du contraire. Non seulement les contribuables mexicains participent au financement d’une guerre très coûteuse contre les trafiquants de drogue qui donne peu de résultats sinon des morts et des déplacements de population. Ils financent aussi cette habile campagne médiatique. Par exemple :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Enfin, il existe une autre préoccupation, particulièrement en ce moment, à un an des élections fédérales. Les politiciens en exercice utilisent la publicité gouvernementale régulièrement comme déclencheur de campagne des années avant que la saison électorale n’ait officiellement commencé. La cas le plus emblématique est celui de la campagne électorale du gouverneur de Mexico et potentiel présidentiel, Enrique Peña Nieto , dont la communication a totalement été financée par les Mexicains. Il avait engagé l’actrice Lucero Hogaza León pour jouer dans une série de spot TV qui faisait l’éloge de ses exploits. Mais pire encore, ce clip, qui fait clairement partie de la campagne présidentielle, est maquillé comme une simple pub gouvernementale censée informer les citoyens :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cette manipulation éhontée de l’appareil de communication étatique pour les besoin personnels d’une campagne électorale a inspiré au sénateur Pablo Gómez une nouvelle loi qui interdirait l’utilisation de la com étatique pour sa propagande personnelle et politique [es]. Je dois encore revoir cette proposition en profondeur mais cela pourrait être un objectif concret de la campagne derrière lequel se rallier avant la fin de la prochaine saison électorale.

Pour l’instant, la #PublicidadOficial de la campagne demande aux Mexicains comment ils voudraient que les 18 milliards de pesos que l’administration Calderon a dépensé jusque là en communication soient utilisés :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Por la Educación [es], un groupement d’ONG et d’associations promouvant une meilleure éducation au Mexique, dit qu’elle construirait 18.834 écoles publiques :


Article publié initialement sur le blog de David Saski

Crédits photo via Flickr oso

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