OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Uranium militaire en croisière http://owni.fr/2012/04/02/uranium-militaire-en-croisiere/ http://owni.fr/2012/04/02/uranium-militaire-en-croisiere/#comments Mon, 02 Apr 2012 07:14:40 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=103981

© Laurent Vautrin, Le Carton/Picturetank

Depuis la publication de l’article, des déclarations ont eu lieu remettant en cause les propos de Greenpeace. Voir notre ajout dans un autre article.

La France s’apprête à importer des États-Unis près de 180 kg d’uranium de qualité militaire en lui faisant traverser l’océan atlantique sur un bateau ne répondant pas aux normes de sécurité pour pareil transport. Le 21 octobre dernier, un centre de recherche grenoblois, l’Institut Laue-Langevin, a obtenu des États-Unis une licence pour recevoir cet uranium dit de “qualité militaire”, par l’entremise d’une filiale d’Areva, selon des documents du département américain à l’Énergie (consultable au bas de cet article).

Voyage, voyage

Selon nos informations, depuis ce week-end, cet uranium est sur le point de quitter le sol américain depuis un port (dont nous ne dévoilons pas le nom pour des raisons de sécurité), à bord d’un navire britannique propriété de la Nuclear Decommissionning Agency(NDA – dont TN International, la filiale de transports des combustibles d’Areva est actionnaire).

Dans ses soutes, un peu moins de 180 kilos d’uranium enrichi à 93% destinés à rejoindre les bâtiments de la Compagnie pour l’étude et la réalisation de combustibles atomiques (CERCA) près de Valence, dans l’Est de la France, pour y être assemblé à de l’aluminium. Et alimenter ensuite le réacteur de recherche HFR (High flux reactor) de l’Institut Laue-Langevin de Grenoble, détenu en partie par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et le Centre national de recherche scientifique (CNRS).

Le 16 mars, la Nuclear Regulatory Commission, équivalent américain de l’Autorité de sureté nucléaire française (ASN) a délivré l’ultime autorisation permettant ce transport (page 7 des documents ci-dessous). Problème, le bateau de la NDA affrété pour la circonstance est vieux de 25 ans et ne correspond plus aux normes en vigueur pour ce genre de voyage à haut risque – en raison de la qualité militaire de l’uranium acheminé et de l’intérêt qu’il peut éveiller.

Ce navire, dont nous connaissons le nom et les caractéristiques, appartient à une flotte vouée à démolition comme les bateaux de ce type et de sa génération – qui sont actuellement en cours de remplacement. Un spécialiste s’étonne :

Ces bateaux-là sont conçus pour ça et ce type de voyages arrive de temps en temps, pour le transport du MOX vers le Japon par exemple. Sauf que 25 ans pour un bateau qui assure des missions de transport d’uranium, c’est vieux.

D’autant que pour cette flotte britannique, et particulièrement cette série de bateaux, se sont posés des problèmes de corrosion de la coque, argument utilisé pour la refonte complète des bateaux de la NDA. Et ce même après quelques modifications “destinées à renforcer sa flexibilité opérationnelle en le rendant compatible avec le plus grand nombre de colis et de conteneurs ISO, afin de répondre aux besoins des clients”. Yannick Rousselet, chargé de la campagne nucléaire chez Greenpeace précise :

La NDA voulait à l’origine construire un nouveau bateau. Finalement, pour des raisons financières, ils ont décidé de ne pas construire ce bateau et ont préféré récupérer celui-ci. Curieux de se retrouver avec un vieux bateau pour ce transport-là !

À l’époque de l’acheminement de MOX vers le Japon, “il possédait des canons de défense, dont un témoin affirme qu’ils ont été démontés depuis” précise Yannick Rousselet. Autre anomalie constatée par le chargé du nucléaire chez Greenpeace et confirmée par la carte du port depuis lequel le bateau doit partir : alors que les cargos de ce type naviguent de concert pour se protéger tout au long du trajet, dans le port, le navire chargé pour Areva était amarré seul.

8 kg d’uranium par rechargement

La Compagnie pour l’étude et la réalisation de combustibles atomiques (CERCA), une des nombreuses filiales d’Areva, près de Romans, intervient dans la fabrication et la fourniture de combustible pour les réacteurs de recherche. Dans l’installation nucléaire de base (INB) qui abrite un atelier d’élaboration de combustibles hautement enrichi, l’uranium américain sera donc couplé à de l’aluminium. Pour alimenter le réacteur de l’institut de recherche grenoblois à l’origine de la commande.

À terme, les équipes travaillant sur le réacteur souhaitent utiliser un uranium moins enrichi. Hervé Guyon, chef de la division Réacteur de l’Institut Laue-Langevin, souligne la volonté de baisser le pourcentage d’enrichissement de l’uranium, ” et de faire fonctionner le réacteur avec un combustible enrichi à 20% environ. D’ici 2019-2020.”

En attendant, le réacteur continuera de se fournir “ailleurs”, et surtout depuis les Etats-Unis. Pour Yannick Rousselet, “il y a clairement un problème de risque de prolifération. Avoir des matériaux utilisables à des fins militaires comme ça, directement sur l’océan… Et il a l’avantage d’être sous forme métallique directement utilisable. Un des premiers risques c’est aussi le détournement de matière.”

Face aux nécessités de sécurisation du convoi, les lobbys du nucléaire cultivent leur mutisme : si personne n’est au courant du convoi, le convoi est sécurisé, CQFD. À l’évocation de l’argument “secret bien gardé transport sécurisé”, Yannick Rousselet ironise :

Ce secret, faites-moi la démonstration que nous ne le savons pas ! Quelqu’un qui vraiment veut ces matières peut les récupérer.

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MÀJ du 2/04, 10 h : Julien Duperray, porte-parole de l’activité transport d’Areva, précise que “certaines activités sont clairement classifiées et on ne peut pas communiquer sur celles-ci. Les transports de ce type de matériaux ne représentent qu’une petite part de notre activité.”


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Photographie via Picture Tank par © Laurent Vautrin/Le Carton, tous droits reservés

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Le MOX revient à la réalité http://owni.fr/2011/11/21/le-mox-revient-a-la-realite-edf-blayais/ http://owni.fr/2011/11/21/le-mox-revient-a-la-realite-edf-blayais/#comments Mon, 21 Nov 2011 07:31:49 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=87403

Pendant que le Parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts s’écharpaient à propos d’un paragraphe de leur accord se référant au MOX, le groupe EDF, lui, intensifiait son lobbying pour alimenter avec ce fameux MOX (le plus radioactif des combustibles nucléaires) deux réacteurs de la centrale du Blayais, près de Bordeaux.

Une enquête publique [PDF], démarrée lundi 14 novembre, permet aux habitants et acteurs locaux de poser des questions à l’un des trois commissaires enquêteurs désignés – dont un ingénieur retraité d’EDF – pour effectuer des permanences d’information au public, comme nous avons pu le constater sur place.

Le MOX est une spécialité française : combustible de deuxième génération, composé d’un mélange de plutonium (7%) et d’uranium (93%) et fabriqué à Marcoule par Melox (une entreprise du groupe Areva), il est élaboré à partir des matières recyclées à l’usine de retraitement de La Hague. Des experts sollicités par Greenpeace soulignait dès 2001 l’extrême dangerosité de ce mélange, présent en nombre dans les réacteurs de Fukushima.

À la centrale du Blayais, pour permettre l’arrivée de ce MOX dans deux nouveaux réacteurs, EDF presse les autorités de modifier le décret autorisant l’installation nucléaire locale. En prenant acte, notamment, que les deux premiers réacteurs du Blayais fonctionnent déjà au MOX depuis 1994 et 1997.

Dossier imprécis

Cependant, un avis de l’Autorité environnementale du Ministère de l’écologie et du développement durable (AE), datant de juillet dernier, pointe un certain nombre de défaillances dans le dossier remis par EDF et disponible sur le site du groupe. Michel Badre, président de l’Autorité environnementale nous précise :

Nos avis sont obligatoirement sollicités par les maîtres d’ouvrage, dès qu’il y a étude d’impact et enquête publique. Ils n’ont pas de valeur contraignante, mais doivent être joints au dossier d’enquête publique, et publiés sur site internet (le nôtre, et celui de l’autorité qui instruit le dossier). Tout le monde peut donc y avoir accès, et les utiliser en cas de recours.

Saisie par la Direction générale de prévention des risques du ministère de l’Écologie et du Développement durable, l’Autorité environnementale a rédigé son avis délibéré le 20 juillet. 26 pages techniques et critiques. Au départ, le texte concernait l’évaluation environnementale du dossier de demande de modification du décret.

Mais très vite, la question seule de l’emploi du MOX s’est imposée sur les autres : la centrale prélevant et rejetant son eau dans l’estuaire de la Gironde, lui même site protégé – classé site Natura 2000 pour la préservation des espèces. L’étude d’impact sur l’introduction du MOX dans les réacteurs 3 et 4 de la centrale s’est transformée en une mise à jour de celle de la fin des années 70 :

Dans les faits elle se présente comme une actualisation, pour l’ensemble du site du Blayais, de l’étude d’impact de la fin des années 1970. Il faut par ailleurs garder en mémoire qu’une telle actualisation était considérée comme opportune par de nombreux partenaires concernés par les impacts du CNPE [Centre nucléaire de production d'électricité, NDLR]

Le rapport met surtout en évidence des manquements d’EDF dans les dossiers de présentation. Et pointe du doigt les enjeux sur la santé, l’environnement  et « la prévention des risques accidentels ».

Dans les faits, EDF souhaite introduire le MOX pour des motifs de rentabilité. Or l’avis de l’Autorité environnementale souligne l’absence de bilan de l’entreprise sur sa stratégie environnementale. Et son silence sur l’impact de ses activités :

La justification du choix de « moxer » les réacteurs 3 et 4 du Blayais en un peu plus de trois pages ne peut cependant pas être considérée comme satisfaisante. [...] Aucun développement n’est proposé sur cette nouvelle filière technologique et sur ses perspectives opérationnelles raisonnables à échéance de 2050. La conclusion semble dès lors hâtive : « En définitive, le traitement et le recyclage, avec les installations existantes, constituent aujourd’hui une filière industrielle totalement maîtrisée pour gérer les combustibles usés...».

Pour le rapport, le plutonium, retrouvé en grande quantité dans le combustible nucléaire irradié, est un des éléments “qui pose le plus de problèmes à la filière de retraitement, compte tenu de ses caractéristiques qui le rendent très dangereux (très forte radiotoxicité et durée de demi-vie de 24 000 ans pour le Plutonium 239)”. Le groupe prédit même un avenir qu’il n’est pas en mesure d’estimer concernant un second recyclage du plutonium contenu dans le MOX, dont les pastilles sont un million de fois plus radioactives que celles d’uranium . Le retraitement du plutonium est, pour EDF, une certitude :

Bien qu’il n’existe actuellement aucune perspective validée en France de recycler une seconde fois le plutonium (contenu dans les assemblages MOX usés), le maître d’ouvrage estime que « les combustibles MOX usés permettent ainsi de constituer une réserve de plutonium pour EDF » dans la perspective d’une nouvelle génération (dite IV) de réacteurs à horizon 2050.

“Du pire au super-pire”

Mais le comble, pour un dossier consultable par le public, concerne son manque de lisibilité. Il est jugé par l’Autorité environnementale comme étant « difficile à lire, tant par sa longueur et son organisation générale (renvoi de parties essentielles dans des annexes) que par sa rédaction ». Sur le site d’EDF, 1448 pages en format flash, non téléchargeables.

L’Autorité environnementale recommande de trouver un mode de présentation qui permette de mieux hiérarchiser les enjeux que l’étude d’impact doit prendre en charge, du double point de vue des impacts sur l’environnement et la santé humaine et de celui de l’information du public. [...] l’Autorité environnementale recommande au maître d’ouvrage de mettre à disposition, lors de l’enquête publique, des moyens informatiques permettant de retrouver rapidement les pages concernées par des mots clés qui pourraient être identifiés notamment avec la contribution de la Commission locale d’information du site nucléaire du Blayais.

Pour Stéphane Lhomme, président de l’Observatoire du nucléaire, ancien porte-parole du réseau Sortir du nucléaire et président de l’association Tchernoblaye :

C’est encore pire avec le MOX en cas de catastrophe. En plus de tous les produits qu’il y a dans les réacteurs, il y aura du plutonium. On en est à comparer le pire avec le super-pire. EDF, après Fukushima continue et veut ajouter du MOX comme s’il ne s’était rien passé. On sait à l’avance que le verdict final sera positif pour EDF même si tous les gens qui viennent à l’enquête publique ajoutent des annotations contre la modification du décret. Même si dix mille personnes le refusent.

Le Ministère de l’écologie aura le dernier mot.


Illustration Flickr PaternitéPartage selon les Conditions Initiales gadl

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[Exposé] Areva at the heart of Fukushima’s explosive reactor http://owni.fr/2011/03/16/expose-areva-at-the-heart-of-fukushima-s-explosive-reactor/ http://owni.fr/2011/03/16/expose-areva-at-the-heart-of-fukushima-s-explosive-reactor/#comments Wed, 16 Mar 2011 16:32:39 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=51785 As early as May 2001, Greenpeace advocated that nuclear reactors in Fukushima should abandon using the nuclear fuel MOX. As shown in the letters sent to the American Nuclear Regulatory Commission (see below), the issue pertains to Fukushima’s boiling water reactors. Greenpeace writes:

The safety of conventional thermal nuclear reactors fueled by MOX is seriously compromised by two important considerations: difficulties in the fabrication and quality control of MOX fuel pellets and differences in the behavior of plutonium and uranium in the reactor.

….

……….

The NGO’s information relied on a study  conducted by Dr. Edwin S. Lyman in 1999 (“The Importance of MOX Fuel Quality Control in Boiling-Water Reactors” Dr. Edwin S. Lyman, Scientific Director, Nuclear Control Institute, Washington DC, December 14). The researcher analyzed the impact MOX had on nuclear accidents in Japan, and the organization concurred that:

If significant numbers of fuel failures occur early in the accident, fission products will be released and changes in fuel geometry may interfere with the flow of coolant through the core, ‘Increasing the risk that fuel heat-up will continue until the irreversible core melting and quantitative fission product release occur.’ (p. 37)

Specifically, MOX is extremely reactive and fuses much faster than enriched uranium. “It’s fusion point is much lower,” explained Lauri Myllyvirta, nuclear campaigner for Greenpeace International. Its role in the recent nuclear accident, however, is difficult to determine. Myllyvirta further elaborates:

The state of the fuel and the extent of the damage within reactor 3 remains unclear. Consequently, whether or not it was a factor in the accident remains an open question. But the use of MOX fuel has significantly reduced the safety of the situation – it makes the disaster more difficult for operators to manage while the level of radioactive fumes increases.

In Greenpeace’s crossfire is Areva, the main supplier for the power plant in Fukushima. They are subsidized by Melox, which holds 95% of the market shares for MOX. As shown in the export license issued by the Nuclear Regulatory Commission (see below), Areva supplies the center with uranium-235. Yet since September 2010, it also supplies MOX.

Nathalie Bonnefoy, a representative from Melox’s communications department, said “The type of fuel used in the reactor is absolutely not involved in the problems at the Fukushima facility…In normal operations, MOX and enriched uranium have the same performance.” What about the use of MOX in the event of a disaster, such as reactor 3 in Fukushima? “At this stage there is no link.”

For Shaun Burnie, the author of the 2000 Greenpeace report, there is only a relative lack of connection. According to him:

MOX is the most dangerous substance on the planet – even more than uranium. The financial stakes around MOX supersede the knowledge of its effects on public health. Within 30 minutes of the earthquake, everyone who knew Fukushima’s business affairs could imagine what eventually happened – it was predictable.

As a side note to MOX’s nuclear complexity, Greenpeace also accused Belgonucleaire (which produces MOX) of having poor quality standards:

What the evidence shows is Belgonucleaire hasn’t produced sufficient assurance that MOX used in Fukushima was developed under the highest standards of quality, and eventually some sort of incident would bring this to the surface.

Falsification of quality control

Additionally, Since 2002 Tepco (Tokyo Electric Power Company), the power company that runs the plant in Fukushima, falsified the results of quality checks for some of its reactors. In the report two years earlier, Greenpeace suspected Belgonucleaire’s activities were fraudulent. At the time, there was a similar scandal involving British Nuclear Fuels Limited:

A scandal involving the falsification of quality control data by British Nuclear Fuels (BNFL) for MOX fuel delivered to Japan for use in another reactor…forced a delay in all MOX plans in Japan.

During the last 12 months, evidence has emerged that the problems that led to the falsification of MOX fuel quality control data at BNFL, may also have been experienced at Belgonucleaire (pg.8).

In a report from the US Department of Energy, the findings confirm the forgeries, stating “the documents concealed from government regulators (reported) knowledge about cracks in structures holding nuclear fuel in place in reactor cores at several Tepco power plants” (p. 8).

……….

This revelation resulted in the resignation of several executives at Tepco, along with the power plant in Fukushima being closed for one year. It further explains why the delivery of MOX to Fukushima was suspended between 1999 and 2010. When Greenpeace’s report was released, about 32 machines used for making MOX fuel where pending in delivery at Belgonucleaire. It was just last September that these shipments were sent – and reactor 3 has been using this fuel since October. Contacted by OWNI, a spokesperson for Areva confirmed its business with the power plant in Fukushima, indicating that “Reactor 3 was functioning with 30% MOX fuel.”

Instability at all levels

Reactor instability with the use of MOX, liability from manufacturing procedures and falsification of data – these points were already listed in public documents as early as 2000. Add to these various warnings the report from the International Atomic Energy Agency (IAEA) following the 2007 earthquake in Japan. This natural disaster affected the Kashiwazaki-Kariwa nuclear power plant (also managed by Tepco), located 250 kilometers north of Tokyo. The IAEA made the following recommendation:

For all nuclear power plants: Diligence is required in the design, construction and operational phases of all plants to assure that seismic systems interaction issues are minimized…



….

For what it’s worth, the president of Areva Anne Lauvergeon stated last night on France 2[FR] that the multiple accidents at the power plant in Fukushima was not considered a “nuclear catastrophe.”

I think we’ll avoid a nuclear catastrophe. We are a bit between the two.

According to Greenpeace[FR], another shipment of MOX was being prepared for Japan. The “secret crossing” was initially fixed for the week of April 4, yet the order has not been permanently cancelled.

Investigated with Guillaume Dasquié.
Photo Credits: FlickR CC CmdrCord
Translation: Stefanie Chernow

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http://owni.fr/2011/03/16/expose-areva-at-the-heart-of-fukushima-s-explosive-reactor/feed/ 5
[Révélations] Areva au coeur du réacteur de Fukushima http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/ http://owni.fr/2011/03/15/revelations-areva-au-coeur-du-reacteur-de-fukushima/#comments Tue, 15 Mar 2011 16:29:21 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=51401 Dès le mois de mai 2001, Greenpeace préconisait de renoncer à utiliser du MOX, un combustible nucléaire, dans les réacteurs de Fukushima, dans le cadre d’une procédure conduite aux États-Unis. Comme le montre des courriers adressés à l’Autorité de sûreté nucléaire américaine (fac-similé ci-dessous). En cause : la nature des installations de Fukushima (de type “BRW”, réacteur à eau bouillante), la complexité de l’élaboration du produit et l’exigence attenante d’un contrôle méticuleux du processus de fabrication. Greenpeace écrivait alors:

La sécurité des réacteurs nucléaires alimentés par le MOX est sérieusement compromise par deux éléments importants : les problèmes liés à sa conception et le contrôle qualité des pastilles de MOX, ainsi que les différences de comportement entre le plutonium et l’uranium au sein du réacteur.

….

……….

L’ONG s’appuyait sur une étude réalisée en 1999 par E. S. Lyman [en]. Le chercheur analysait l’incidence du MOX sur le déclenchement d’accidents nucléaires au Japon. Et l’organisation de conclure sur l’accroissement du “risque d’un accident de fusion du cœur de réacteur” par le seul usage de ce combustible, dont “les propriétés physiques, qui sont différentes d’un réacteur ordinaire, alimenté en dioxyde d’uranium, affectent les performances thermiques et mécaniques des assemblages combustibles. (p.35)

En particulier, le MOX est extrêmement réactif : il entre en fusion beaucoup plus rapidement que l’uranium enrichi. “Son point de fusion est plus faible“, précise à OWNI Lauri Myllyvirta, en charge de l’énergie à Greenpeace International. Son rôle dans l’accident nucléaire actuel, en revanche, reste difficile à déterminer, poursuit la militante :

L’état du combustible, l’étendue des dégâts, au sein du réacteur 3 restent peu clairs, en conséquence, définir s’il s’agit ou non d’un facteur de l’accident reste une question ouverte. Mais l’utilisation du combustible MOX a réduit les marges de sécurité et a rendu la situation beaucoup plus difficile à gérer pour les opérateurs, tout en augmentant quelque part les émanations radioactives.

Dans la ligne de mire de Greenpeace, Areva, principal fournisseur de la centrale de Fukushima – et dont la filiale, Melox, détient 95% du marché du MOX. Areva approvisionne la centrale en uranium-235, comme le montre l’une des licences d’exportation attribuée par la Nuclear Regulatory Commission (NRC), chargée de la supervision des activités nucléaires (voir ci-dessous). Mais elle l’alimente aussi en MOX depuis septembre 2010..

Pour Nathalie Bonnefoy, responsable de la communication de Melox, “le type de combustible utilisé n’est pas lié à la situation actuelle” de Fukushima. “En exploitation normale, avance-t-elle, les réacteurs au MOX ou à l’uranium enrichi ont les mêmes performances”. Quid de l’utilisation du MOX dans le cas d’une situation exceptionnelle comme celle du réacteur 3 de Fukushima ? “À ce stade, il n’y a aucun lien.”

Une absence de lien toute relative pour Shaun Burnie, l’un des auteurs du rapport de Greenpeace de 2000, qui s’est confié à OWNI. Selon lui :

Le MOX est la matière la plus dangereuse de la planète, toutes substances confondues, bien plus que l’uranium. Les enjeux financiers autour du MOX priment sur la connaissances de ses effets sur la santé publique.

“Dans la demi-heure qui a suivi le tremblement de terre, toutes les personnes qui connaissent les affaires de Fukushima pouvaient se douter de ce qui allait arriver, c’était prévisible”, affirme encore l’expert anglais, qui dénonce ces risques depuis plus de dix ans.

En marge de la complexité du combustible, Greenpeace pointait également du doigt la faiblesse des normes qualité de Belgonucléaire, en charge, à la fin des années 1990, de l’assemblage du MOX, avant le recentrage de la production sur la filiale d’Areva :

Ce que montre les preuves, c’est que Belgonucléaire n’a pas produit les assurances suffisantes que le combustible nucléaire MOX Fukushima-1-3 a été produit selon les plus hauts critères de qualité, et que dans l’éventualité d’un incident il resterait intact.

Falsification des contrôles qualité

En outre, on sait depuis 2002 que Tepco (Tokyo Electric Power Company), la compagnie électrique qui exploite la centrale de Fukushima, a falsifié les résultats des contrôles qualité menés sur certains de ses réacteurs. Deux ans plus tôt dans son rapport, Greenpeace suspectait aussi fortement Belgonucléaire de falsification. À l’époque, un scandale similaire éclatait, impliquant l’un des concurrents du fournisseur belge, la British Nuclear Fuels Limited (BNFL), et “forçant, écrivait alors Greenpeace, à repousser tous les projets MOX au Japon” (p.7). Et d’ajouter : “des preuves ont indiqué que les problèmes qui ont mené à la falsification des données du contrôle qualité du combustible MOX à la BNFL pouvaient avoir été rencontrés à Belgonucléaire.” (p.7)

Un rapport du Département à l’Énergie américain, daté de 2003, revient par ailleurs sur l’existence de falsifications, expliquant que “des fissures dans les structures qui maintiennent le combustible nucléaire en place dans le cœur des réacteurs des centrales Tepco” avaient été dissimulées. (p.8).

……….

Cette révélation a entraîné la démission de nombreux cadres de Tepco, ainsi que la fermeture, pendant une année, de la centrale de Fukushima. Elle explique aussi la suspension de la livraison de MOX à Fukushima, entre 1999 et 2010. À l’époque du rapport de Greenpeace, près de 32 assemblages de combustible MOX réalisés par Belgonucléaire, étaient restés en attente de livraison. Ce n’est que le 18 septembre dernier que ces livraisons ont repris ; le réacteur 3 fonctionne à l’aide de ce combustible depuis octobre. Contacté par OWNI, le porte-parole d’Areva confirme l’implication de l’entreprise dans la centrale de Fukushima, indiquant que “le réacteur 3 fonctionnait avec 30% de MOX”.

Instabilité à tous les étages

Instabilité des réacteurs en présence de MOX, labilité des procédés de fabrication et falsifications de données : ces différents points étaient ainsi déjà répertoriés, dans des documents publics, dès le début des années 2000. À ces différentes alertes, il faut ajouter celle de l’Agence pour l’Énergie Atomique (AIEA), qui fait suite à un tremblement de terre survenu au Japon le 16 juillet 2007, qui a notamment affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, située à 250 kilomètres au nord de Tokyo et également gérée par Tepco.

Dans un rapport sur la résistance des centrales japonaises au risques sismiques, l’AIEA préconisait alors, “pour toutes les centrales nucléaires”, de faire preuve de “diligence dans l’architecture, la construction et les phases opérationnelles”, afin que les problèmes liés aux séismes “soient minimisés”.


….

De son côté, la présidente d’Areva Anne Lauvergeon déclarait hier soir sur France 2 que les multiples accidents survenus dans la centrale de Fukushima ne constituaient pas “une catastrophe nucléaire” :

Je crois qu’on va éviter la catastrophe nucléaire. Nous sommes un petit peu entre les deux.

Selon Greenpeace, le groupe français s’apprêtait à envoyer une nouvelle fournée de MOX au Japon. Une “traversée préparée dans le secret”, initialement fixée dans la semaine du 4 avril et dont le report n’a pas encore été arrêté.

Enquête réalisée avec Guillaume Dasquié.

> Retrouvez nos articles autour de la catastrophe nucléaire de Fukushima:

#3 – Les sacrifiés de Fukushima n’appartiennent déjà plus à ce monde

Un AZF nucléaire est possible en France

> Retrouvez aussi“le Big Picture sur Fukushima”

Illustration CC FlickR CmdrCord

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