OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’an II de l’hacktivisme tunisien http://owni.fr/2012/10/30/lan-ii-de-lhacktivisme-tunisien/ http://owni.fr/2012/10/30/lan-ii-de-lhacktivisme-tunisien/#comments Tue, 30 Oct 2012 16:26:51 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=124393

“Ce mercredi, je pars en Suède, développer Le Parti 2.0, mon projet de cyberdémocratie locale, l’Université de Malmö m’a accordé une bourse pour recevoir une formation”, nous annonce avec son sourire doux Aymen Amri, alias eon. Tee-shirt affichant le célèbre masque des Anonymous, ordinateur flanqué d’une tripotée d’autocollants hacktivistes, ce jeune Tunisien qui coordonne le premier hackerspace du pays veut voir dans cette opportunité la preuve que la communauté hacker locale ne s’est pas endormie sur son élan révolutionnaire.

Car les derniers mois donnent l’impression d’un certain essoufflement. “Nous nous sommes dispersés”, reconnait eon. “Nous avions plusieurs activités en parallèle, poursuit son ami Sarhan Aissi, aka Tux-Tn, nous avons dû en laisser certaines, n’ayant personne derrière qui suivent et qui participent.”

“L’euphorie du moment”…

Après la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, de nombreux projets ont été en lancés : le Parti 2.0 de Aymen et hackerspace.tn donc, ce dernier d’abord sous la houlette de Chemseddine Ben Jemaa aka Kangoulya ; le Chaos Computer Club tunisien, du nom de son célèbre et puissant homologue allemand ; OpenGov.tn, et OpenTunisia, des plates-formes qui s’inscrivent dans la lignée des projets de gouvernance ouverte et transparente ; TelecomixTN, inspiré de Telecomix tout court, qui défend la liberté d’expression ; et même un vrai parti, le Parti Pirate tunisien, affilié à ses homologues européens. Aymen rappelle le contexte :

La communauté existait déjà avant la révolution, sans être structurée, chacun était dans son coin. On se rencontraient sur IRC, les mailing lists, Mumble, c’était un mouvement perpétuel pour échapper à la surveillance.

Mais après le 14 janvier,  il a été très facile de créer une association.

Le hacker Aymen Amri en mai 2012 à Tunis (cc) via Aymen Amri

Une “euphorie du moment”, pour reprendre l’expression de Tux-Tn, bien compréhensible. Mais la multitude des projets recouvre une poignée de personnes, qui peuvent enfin revendiquer le terme “hacker”, et non plus se cacher derrière le nom rassurant de “partisans du libre”. Un noyau dur qui peine encore à avancer.

Sans hackerspace fixe

Au début, il est question de créer des hackerspaces en lien avec des associations déjà existantes, tout en gardant l’autonomie. Hackerspace.tn ira ainsi poser ses ordinateurs chez Nawaat, emblématique blog collectif tunisien où s’exprimait l’opposition, avant d’en partir au printemps.

Et depuis, le hackerspace change de lieu chaque semaine, ce qui n’aide pas à progresser. Quant aux participants présents, “ça peut aller jusqu’à dix, comme ça peut être trois… “, détaille Aymen. Un open gov très, trop, resserré. Récemment, un des membres a envoyé un lien sur IRC vers le hackerspace design patterns, un précieux mode d’emploi pour monter et faire vivre ce type de lieu. “Deux ans après, pas trop tôt”, soupire fo0, un hacker français membre de Telecomix.

L’euphorie est d’autant plus grande que l’hacktivisme en Tunisie est le centre de l’attention dans le monde entier. OpTunisia, une opération de contournement de la censure menée par les Anonymous, a fait “le buzz”, comme dit Aymen. Cette avant-garde numérique se retrouve subitement entourée avec bienveillance.

En janvier 2012, le 4M réunit ainsi à Tunis la fine fleur franco-tunisienne des médias et du hacking, en partenariat avec CFI, Canal France International, une émanation du ministère des Affaires étrangères qui fait de la coopération sur le terrain des médias. Il est question de faire un espace co-working, sur le modèle de La Cantine. En avril, Richard Stallman, le gourou du logiciel libre, donne des conférences et fait la nique à Bull, qui a vendu des solutions aux dictatures arabes pour espionner les citoyens via sa filiale Amesys. Le Parti Pirate fait même son entrée, controversée, au gouvernement : Slim Amamou, une figure de l’opposition, devient l’éphémère secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement tunisien.

Mais depuis, pas grand chose de concret. La semaine dernière, Ounis, membre du hackerspace et… salafiste déplorait sur IRC :

Nous essayons de sauver ce qui peut être sauvé. Nous planifions une réunion IRL le week-end prochain, Incha’ Allah
Je suis inquiet au sujet de ce que tu appelles “le noyau dur”. Nous ne sommes plus réactifs au sein de la communauté. Je ne veux pas que les efforts dépensés soient perdus.

Il suffit de jeter un œil sur les sites en question, ou au canal IRC, aussi désert que Tunis le premier jour de l’Aïd El Kebir (quelque chose comme la Moselle un 25 décembre, le froid en moins), pour constater qu’Ounis ne joue pas les oiseaux de mauvais augure.

Décalage

La Tunisie 2.0 est aux urnes

La Tunisie 2.0 est aux urnes

Le 23 octobre, la Tunisie a rendez-vous avec l'Histoire, pour l'élection de son Assemblée constituante. À Tunis, OWNI a ...

Mais il suffit aussi de trainer un peu dans la médina de Tunis pour constater le décalage entre les aspirations des hackers et les gamins pauvrement vêtus qui jouent dans des odeurs plus ou moins prégnantes de poubelles en décomposition, entre deux maisons aux peintures abimées pour une rénovée.

Heather Brooke, l’auteur de The Revolution Will Be Digitised, comparait dans The Guardian les hackerspaces aux cafés anglais du siècle des Lumières : un endroit de réflexion pour préparer les démocraties de demain, s’appuyant sur la participation d’une classe moyenne qui a accès librement à l’information.

Cela est sans doute vrai dans des pays comme l’Allemagne ou les États-Unis. Mais pour trop de Tunisiens, il semble évident que les soucis premiers sont ceux de base : travailler pour manger, s’habiller, avoir un logement décent. Le taux d’illettrisme est encore d’environ 20%. Alors l’Open Data… Et les débats sont surtout vifs à propos de la religion, en particulier depuis qu’Ennahdha, le parti islamiste, a remporté les élections en octobre 2011. Aymen acquiesce :

Parfois, nous sentons que nous sommes trop loin des intérêts des gens mais on essaye de rapprocher au maximum d’eux.

Le règne de Ben Ali n’a pas laissé sa marque que sur la situation socio-économique du pays. Le jeune homme plaide et espère :

Il manque la motivation, il n’y a pas vraiment  de volontariat, du temps de Ben Ali, les gens avaient peur de s’investir. Nous sommes dans la première année de démocratie, c’est pas vraiment facile mais il y a des gens qui veulent travailler.

Tux-Tn tient aussi à souligner les lenteurs de leur administration : “la création de l’association, la mise en place de l’infrastructure et les services ont pris beaucoup de temps, il faut prendre en compte la rapidité de l’administration tunisienne, pire qu’un modem 56K.”

Incubateur de start-ups collaboratif

Bref, c’est l’an 2 de la révolution, et si la gueule est un peu de bois, la petite communauté s’accroche. L’éparpillement appartient désormais au passé : un recentrage a été opéré sur le hackerspace, avec la création d’une structure mixte lucratif/non lucratif, Hackerscop.

Comme dans d’autres pays d’Afrique ou en Chine, hacker rime avec incubateur, impératif économique oblique : le lieu est utilisé pour aider l’éclosion de start-ups en mode collaboratif.

Avec derrière, l’idée de développer une économie autour du logiciel libre, avec le soutien d’une société de services en logiciels libres (SSLL), l’équivalent des SSII. “La priorité est d’organiser l’assemblée générale de l’association et de la mettre sur les rails”, souligne Tux-Tn. Se fixer et acheter du matériel figure en haut de la to-do.

La question de l’organisation, centrale, est aussi remise en cause :

On était un peu désorganisé, on ne voulait pas travailler dans un cadre hiérarchique, chacun participait librement. Il faut remettre de la hiérarchie, pour une meilleure efficacité peut-être. Nous divisons maintenant les tâches, et nous continuons d’essayer de recruter via des conférences et des événements liés au logiciel libre.

De son côté, Aymen collaborera avec le Parti Pirate sur son projet. La formation politique se présentera aux élections de 2018 et travaillera sur le droit citoyen d’accès à Internet, un axe complémentaire du Parti2.0.

Renfort de France

Le renfort vient aussi de France. L’association Action tunisienne développe ainsi avec eux un projet de maison populaire, au Bardo, dans la banlieue de Tunis. Hamza Abid, le vice-président de l’association, détaille son contenu :

Notre ambition est de créer un lieu de vie où les citoyens auraient à disposition un endroit pour s’initier à l’informatique (hackerspace, cryptoparty avec les hackers tunisiens qui se déplaceraient..), aux arts plastiques pour les enfants et les plus jeunes, alphabétisation pour les personnes âgées, club “sciences”, sensibiliser les Tunisiens pour qu’ils connaissent leurs droits, etc, et tout autre domaine qui les intéresserait. Notre rêve serait que cette maison populaire soit autogérée et autonome, que les personnes se l’approprient et y trouvent un intérêt réel.

fo0, très impliqué dans le projet, détaille leur marche à suivre, à la cool :

Cela se fera au feeling, aux rencontres, je vais faire deux aller-retours à Tunis tranquille, dont un avec Hamza plus ou moins prévu en janvier, toujours dans l’idée de susciter des initiatives. Ensuite si ça débouche sur dix gus dans un garage tunisien qui font des choses <3


Illustration par Cédric Bip Bip Audinot pour Owni /-)
Autres photos via Aymen Amri.

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L’Espagne lève le voile de l’information http://owni.fr/2012/04/10/l%e2%80%99espagne-leve-le-voile-de-linformation/ http://owni.fr/2012/04/10/l%e2%80%99espagne-leve-le-voile-de-linformation/#comments Tue, 10 Apr 2012 13:26:01 +0000 Emmanuel Haddad http://owni.fr/?p=105055

Les pouvoirs publics faciliteront, de préférence par des moyens électroniques, l’information dont la divulgation s’avère d’importance majeure pour garantir la transparence de leur activité, en tenant compte des limites présentées dans cette loi.

Huit ans qu’ils l’attendaient ! Huit longues années à mendier la concrétisation d’une promesse électorale du socialiste José Luis Zapatero, une première fois en 2004, puis réitérée en 2008, après sa réélection comme président du gouvernement espagnol… En vain. Jusqu’à ce Conseil des ministres du 23 mars, où le gouvernement conservateur dirigé par Mariano Rajoy a annoncé que l’avant-projet de loi sur la transparence serait mis en œuvre.

Cancre européen

C’est le soulagement dans les rangs de ceux qui ont soutenu ce projet, comme Jesús Lizcano, professeur d’économie financière à l’université autonome de Madrid et président de Transparency International en Espagne :

Mieux vaut tard que jamais. C’est absolument nécessaire pour améliorer la qualité de notre démocratie et la participation citoyenne… Et pour nous élever au niveau de nos voisins.

Car l’Espagne était le dernier pays d’Europe de plus d’un million d’habitants à ne pas disposer de loi sur la transparence. Reste Chypre, Malte et le Luxembourg. De quoi faire dire à un journaliste d’El Pais :

Le manque de transparence semble être quelque chose d’instauré dans la culture politique espagnole.

Les militants du droit d’accès des citoyens à l’information publique voient leurs efforts récompensés. Victoria Anderica, coordinatrice de la campagne d’Access Info Europe, une des entités pionnières de la coalition raconte :

En 2006, il y avait sept organisations dans la Coalición Pro Acceso [Coalition Pro Accès, ndlr]. Aujourd’hui, on compte 56 membres qui demandent une loi d’accès à l’information publique, parmi lesquels Access Info Europe, Amnistie International ou Ecologistas en Accion.

Six années de silence administratif et de promesses non tenues. “En 2010, nous avons fait une expérimentation, la campagne des 100 questions pour mesurer le niveau de transparence des administrations”, poursuit-elle. Les requêtes ne sont pas anodines : le nombre de soldats tués en Irak et en Afghanistan, les dépenses de la Présidence de l’UE ou de la candidature de Madrid aux JO 2016, ou encore les déplacements à l’étranger du maire de la capitale. Chaque fois, la même réponse qui ne vient pas : silence administratif. Victoria a calculé :

Au total, 50% de nos demandes ne reçoivent pas de réponse et parmi les réponses, seules 20% sont recevables.

Malgré les défauts du projet, l’important est d’aller de l’avant. Jesús Lizcano se montre optimiste :

Je pense, comme beaucoup d’observateurs, que le projet de loi ne met pas en place les instruments nécessaires pour instaurer une vraie transparence. Au niveau de la bonne gouvernance par contre, les progrès sont notables. Nous pouvons améliorer ce projet de loi grâce à la consultation publique.

Car l’Espagne a beau avoir du retard, elle tient à se placer à “l’avant-garde mondiale”, martèle-t-on au gouvernement. Les citoyens peuvent donc envoyer leurs propositions au législateur pendant quinze jours, lequel les prendra en compte pour le texte de loi final. Promet-on.

Droit à savoir

Les citoyens espagnols ont du pain sur la planche, tant les lacunes demeurent. Une pétition en ligne vient même d’être lancée pour obliger le gouvernement à proposer une nouvelle loi plus aboutie. Victoria est rebutée par les nombreuses exceptions prévues :

La Coalition Pro Accès propose dix principes minimum pour garantir le droit à l’information publique et le projet est loin de les inclure. En particulier le droit à l’information publique n’est pas défini comme un droit fondamental et il n’y a pas d’organe indépendant pour le défendre.

L’Agence espagnole de protection des données devient d’un coup de baguette magique l’Agence espagnole de protection des données et d’accès à l’information. C’est elle qui répondra aux réclamations. Le projet de loi [pdf] prévoit que :

En cas d’absence de résolution au bout de deux mois, la réclamation sera considérée comme rejetée.

Le directeur de l’actuelle Agence de protection des données, dite indépendante, est nommé par le gouvernement sur conseil du ministre de la Justice [pdf]. Le président de Transparency International en Espagne prévient :

Seul le Parlement peut refuser cette nomination à la majorité absolue. Ce qui est impossible actuellement. La politisation du projet est donc une entrave à la transparence. Mais ce n’est pas la seule. Au sein de l’administration, les fonctionnaires ont l’impression de trahir leurs supérieurs en livrant une information au citoyen, d’où cette inertie qui domine. Dorénavant, ils vont devoir changer pour respecter la loi.

La formation des fonctionnaires sera un des deux défis pour faire de cette loi un succès. L’autre tient à l’envie des citoyens de s’informer. Là-dessus, tous les yeux sont tournés vers le Royaume-Uni, pionnier de l’open governement en Europe. La plateforme whatdotheyknow a beaucoup inspiré tuderechoasaber (“ton droit à savoir”, ndlr), un outil créé par les membres de la Coalición Pro Acceso pour que les citoyens puissent exercer leur droit à l’information de la manière la plus simple et rapide possible.

Contre l’opacité, le journalisme de données

Tout reste à faire et l’optimisme de Jesús Lizcano, combiné aux initiatives de la coalition des militants du droit à l’information fera peut-être taire les critiques. Reste un regret. Que l’accent soit porté sur le code de bonne gouvernance est un moyen d’insuffler la crédibilité dont l’Espagne, réputée pour la corruption de sa classe politique, a besoin sur les marchés. Le gouvernement instrumentalise en effet cette loi pour plaire à Bruxelles, inquiet de voir la dette publique espagnole à son plus haut niveau depuis 22 ans, et culpabiliser le PSOE d’avoir truqué les chiffres du déficit en quittant le pouvoir.

Mais vu de l’intérieur, on craint un effet d’annonce. C’est ce qui s’est passé avec la loi de 2006 sur l’accès à l’information sur l’environnement. Malgré l’obligation administrative de livrer toute information environnementale, l’ONG Oceana a attendu cinq ans avant de recevoir le rapport de l’Institut Espagnol d’Océanographie révélant la pollution au mercure de plusieurs espèces de poissons, de l’espadon au thon rouge en passant par le requin.

Pour éviter qu’un tel silence ne se reproduise, Victoria a une recette à l’accent indigné :

Ne pas avoir peur du paternalisme de l’État espagnol, qui pense trop souvent que les citoyens ne sont pas capables de manier l’information qui les concerne.

En ajoutant, en guise de première pierre, à la naissance de la Loi sur la transparence celle d’un premier groupe de journalisme de données.

Photos CC Flickr Attribution ‘Playingwithbrushes’ et Attribution jenny downing

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La France entr’ouverte http://owni.fr/2011/12/10/la-france-entrouverte-transparence-open-gov-open-data-etalab/ http://owni.fr/2011/12/10/la-france-entrouverte-transparence-open-gov-open-data-etalab/#comments Sat, 10 Dec 2011 10:16:50 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=89343

Officiellement, le 5 décembre, la République a donc ouvert ses données publiques lors d’une sauterie organisée sous les lambris de la salle de la Chapelle, en l’Hôtel de Cassini à Paris. Au terme de 817 jours de développement, de 691 624 lignes de code déployées par des partenaires technologiques français le site data.gouv.fr a vu le jour en grandes pompes, mais en version beta.

Viennoiseries

Ce jour-là, sémillant comme à son habitude, le jeune (35 ans) directeur du projet gouvernemental Séverin Naudet fait la claque avec Prezi, le logiciel de présentation en ligne qui relègue PowerPoint au Paléolithique moyen. Rompu à l’exercice, il parvient miraculeusement à tenir en haleine le parterre de journalistes en déroulant les écrans de tableur. Aimable, cet ancien producteur des Nada Surf et pratiquant le Kung-fu sait flatter ses collaborateurs, son audience et ses soutiens anonymes, qui participèrent assidûment à “quatre workshops avec l’écosystème Open Data durant les neuf derniers mois”. Et ses sponsors aussi - nombreux - dont on entend les noms de Google et de… Microsoft sans en voir la présence sur les documents distribués avec les viennoiseries.

Chargé de l’innovation dans l’équipe, Romain Lacombe est au cœur du projet. Co-auteur du rapport Pour une politique ambitieuse des données publiques l’été dernier, lui non plus n’est pas avare de bonnes ficelles pour faire passer cette pilule sucrée nommée “Open Data“. La démonstration (dont il avouera humblement, en privé, que l’idée est de sa pimpante collègue Valérie Schlosser) est aussi brillante que convaincante. En simulant le parcours d’un utilisateur moyen au sein de cette “place de marché globale”, l’ingénieur dévoile en quelques clics combien il est simple d’accéder aux plus basiques éléments de la statistique nationale. Dans les faits, il n’est pas certain que la manipulation sera aussi aisée que celle, balisée, préparée, qui fut offerte à la presse. Néanmoins, la salle frémit ; l’enthousiasme est là, et il est transmis sans quasiment aucun accroc.

Data martyrisée, mais data libérée

Reste que dans les documents de travail que nous avons pu consulter, et dont Regards Citoyens s’est également fait l’écho, l’ouverture des données concerne à ce jour, avant tout, la quantité des informations. S’agissant des formats de fichiers utilisés sur le site, l’ouverture est beaucoup moins visible.

Car sur un peu moins de 300 000 fichiers présents dans la base, seuls 2 600 environ sont au format ouvert (CSV, TXT, SHP, XML, PDF, ODS, HTML et RDF), soit moins de 1%. Le reste, soit quasiment l’intégralité des jeux de données présents sur le site, sont téléchargeables aux formats propriétaires DOC (une trentaine) et XLS. Interrogé par nos soins dans le cadre du Personal Democracy Forum, Romain Lacombe se montre à la fois prudent et catégorique. Non, il n’existe aucune volonté de privilégier le format propriétaire de Microsoft. À ce jour, la priorité de la mission Etalab (nom de l’équipe chargée de ce chantier) est de mettre à disposition l’ensemble des données publiques disponibles, et il se trouve à ce titre que le format Excel est celui qui est le plus utilisé au sein des différentes administrations françaises, “notamment par l’Insee“.

Rebondissant sur l’anecdote, Lacombe ajoute :

La mission d’Etalab, c’est coordonner l’ouverture des données publiques des administrations de l’État. Promouvoir l’harmonisation et l’utilisation de formats ouverts et réutilisables en fait partie intégrante.

En outre, le discours de la Mission est bien goupillé : primo c’est gratuit, ce qui signifie que le fonctionnement du projet ne peut inclure la reconstitution coûteuse de jeux de données inédits. On prend ce qu’on a. Deuxio, le choix des formats de fichiers par les différentes administrations est antérieur à la Mission, on ne peut pas demander à celle-ci de prendre en charge la migration d’une quantité phénoménale de data d’un format propriétaire vers l’univers du libre. Arguant qu’il faut laisser le temps au temps, l’équipe chargée de la libération des données publiques en France a donc choisi de suivre les recommandations indirectes [en] de “l’inventeur du Web”, Tim Berners-Lee : balancer les données en vrac, on verra plus tard pour le reste.

Vers l’infini, et au-delà

Etalab n’est donc qu’un moteur de recherche, ni plus ni moins. D’où le soin apporté à bien communiquer sur la mention BETA du site, qui sonne comme une promesse des jours meilleurs – en espérant évidemment que l’État sera plus prompt que Google, spécialiste du genre, à éliminer ce statut qui fleure bon l’inachevé. Un moteur qui recherche dans un catalogue de documents déjà présents, le plus souvent, sur les plates-formes des différents ministères. Etalab peut toujours communiquer (un peu systématiquement) sur la géolocalisation inédite des gares SNCF, la réalité est aride : soit les jeux de données disponibles existent ailleurs, soit de nombreuses données à ce jour réclamées par les chercheurs, les journalistes et les simples citoyens ne sont pas à disposition du contribuable – alors qu’elles lui appartiennent, de facto.

Un journaliste de données : Data.gouv ? À moi, ça me sert à rien.

Ceci étant posé, à ce stade, savoir s’il est bon ou pas de pouvoir accéder à ces nombreuses ressources dans un format ou dans un autre semble donc un peu secondaire. Pour plusieurs journalistes de données (“data-journalists“) interrogés dès le lendemain de l’ouverture d’Etalab, pour eux qui manipulent ces fichiers bruts à longueur de journées – sautant d’un tableur à un autre pour tirer la substantifique moelle de jeux de données – un fichier en format ouvert de type PDF peut s’avérer être parfois plus compliqué à exploiter s’il est mal élaboré qu’un fichier dans un format propriétaire construit avec méthode. “Les fichiers PDF, c’est sympa, mais ce sont souvent des fichiers inexploitables, conçus à partir de données ‘propres’ [qu'elles proviennent de formats ouverts ou pas, ndlr], et sur lesquels il faut passer un temps fou pour les remettre en format exploitable. C’est kafkaïen !“, argue même François Bancilhon, le directeur général de Data Publica, dont le métier, entre autres, est justement de (re)mettre à disposition des données exploitables.

La vraie question qui point au-delà de l’enthousiasme convenu par cette volonté du gouvernement de promouvoir une certaine transparence démocratique, c’est surtout : et après ?

Top-down et bottom-up sont dans un bateau

Et après, la question centrale du déploiement et de la promotion de l’Open Data, que nous posions déjà en février dernier, c’est la place du citoyen-contribuable au sein de ce dispositif complexe. Derrière les concepts de stratégie de gouvernance un peu pompeux de “top-down” et de “bottom-up” se cache l’enjeu majeur de la réalisation (ou pas) d’un projet de transparence démocratique à la française. Soit les données s’ouvrent de haut en bas, considérant le citoyen comme un consommateur passif – on ose l’euphémisme – et par conséquent bien incapable de contrôler la qualité et la pertinence de la donnée qui lui est offerte par l’État ; soit les données s’ouvrent de bas en haut, portées par la demande du citoyen envers son administration, en s’assurant que celle-ci a les moyens – et la volonté – d’y répondre. Ce qui, globalement, aujourd’hui, est loin d’être le cas.

Face au doute, la mission Etalab sort un atout de sa manche : les DataConnexions. Le “moteur de recherche” data.gouv.fr doit évoluer, et il le fera “dès janvier” sous les auspices de l’innovation et l’autorité des têtes bien faites de partenaires déjà programmés, tels Orange, Inria, l’Afnic, l’Epita ou encore Oséo. Véritable “programme de soutien à l’innovation“, il va permettre “d’enrichir Etalab et sortir du simple moteur de recherche qu’il est actuellement“. En clôture du Personal Democracy Forum, Séverin Naudet en remettra d’ailleurs une couche, évoquant même un programme “enrichi d’espaces collaboratifs et d’échanges entre ses utilisateurs et ses producteurs“, un “espace dédié à la mise en valeur des réutilisations des données les plus innovantes“.

Paroles, paroles

On a forcément envie d’y croire, à cette ouverture de l’ouverture. D’autant que dans le rapport rédigé par Romain Lacombe, qui tient nécessairement une place importante dans la mise en place du portail gouvernemental – rapport déjà mentionné plus haut – figurent quelques passages qui pourraient inciter à l’optimisme. Comme OWNI le relevait en juillet dernier :

L’État devra donc réfléchir à la possibilité de passer d’un modèle “à sens unique” (diffusion des données du secteur public vers la société civile) à un modèle d’écosystème où les données de l’État et des collectivités, ouvertes à la société civile, pourraient être enrichies en retour de façon collaborative (“crowdsourcing”).

Collaboration certaine de centres de recherche et de l’enseignement supérieur, participation éventuelle du citoyen à la constitution de bases de données et d’applications réutilisant vertueusement ces bases de données. On n’est pas loin du but. À condition, là encore, d’aller jusqu’au bout de la démarche de transparence et de coupler ces efforts et ces ambitions d’Open Data avec celles de l’Open Gov – ou “gouvernance ouverte” – comme le rappelle régulièrement l’association LiberTIC à travers son porte-voix Claire Gallon. Une libération des données qui prépare la gouvernance ouverte : là, on en demande peut-être un peu trop à la France.

Invitée par Barack Obama et Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, à prendre siège autour de la table du projet Open Government Partnership (OGP), la France ne fait aujourd’hui pas partie de la cinquantaine de pays [en] s’étant engagés fermement à suivre les intentions vertueuses de cette initiative promue par l’Onu – dont le programme est pourtant alléchant : “engagement à la disponibilité accrue d’informations relatives aux activités gouvernementales”, “engagement à promouvoir la participation civique”, “engagement à faire appliquer par les administrations les normes les plus strictes d’intégrité professionnelle”, ou encore “engagement à intensifier l’accès aux nouvelles technologies à des fins de transparence et de responsabilisation”. Le reste est à l’avenant. Des pays européens comme la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, la Suède, la Norvège ou encore le Danemark ont franchi le pas vers l’avant que le couple franco-allemand aura décidé de ne pas faire.

Transparence à la française

Ce manque de volontarisme apparent de la France serait officiellement une question d’agenda, la demande de l’OGP ayant vraisemblablement été envoyée au cabinet de Christine Lagarde – alors à Bercy – qui n’y aurait pas répondu dans les temps. Selon une source proche du dossier, cette absence remarquée pourrait toutefois s’expliquer par d’autres raisons plus politiques. Articulé autour d’une vision anglo-saxonne de la transparence (Transparency & Accountability), le projet Open Government Partnership pourrait imposer cette vision dans laquelle la frontière entre transparence de l’État et transparence de la vie privée est si ténue qu’elle s’opposerait illico au modèle de protection des données personnelles qui fait loi dans l’Hexagone. Méfiance donc. Méfiance justifiée ? En vérité, les grands principes de l’OGP sont évidemment compatibles avec une vision cocorico de la transparence de l’État ; il semblerait que les inventeurs du clavier AZERTY aient aujourd’hui surtout besoin d’une “transparence à la française”.

De plus, un engagement de la France dans le programme Obama nécessiterait l’existence d’un agenda politique dédié à la gouvernance ouverte. En Grande-Bretagne, il existe une équipe “Transparency” au sein du Cabinet Office, ainsi qu’un “Public Sector Transparency Board” [en] qui oriente la démarche Open Data depuis 2010, et qui compte parmi ses membres des éminences telles que Tim Berners-Lee et Nigel Shadbolt (les pères spirituels du portail data.gov.uk, en ligne depuis 2009) ou Rufus Pollock de l’Open Knowledge Foundation. En France, la nécessité de relier Open Data à Open Gov semble encore avoir un bout de chemin à faire, malgré l’énergie déployée par Séverin Naudet et son équipe à passer pour de radicaux rénovateurs de la société. Ou même mieux, si l’on en croit Franck Riester :

L’Open Data, c’est une révolution silencieuse.

Entre contrepoint, par précaution, on rappellera une récente intervention de David Eaves, célèbre conseiller canadien sur les questions d’ouverture des données publiques :

Un risque majeur pour l’Open Data, c’est que tout notre travail soit réduit à n’être qu’une initiative pour la transparence et aurait par conséquent pour unique objet de mettre en conformité des structures gouvernementales. Si c’est ainsi que se joue notre destin, je suspecte que dans 5 à 10 ans les gouvernements, désireux de pratiquer des coupes budgétaires, n’inscrivent les portails Open Data dans la liste des économies à réaliser.

Construit vingt ans avant la grande Révolution française, l’Hôtel de Cassini porte le nom d’une célèbre famille d’astronomes royalistes, savoyards puis français par naturalisation, dont le patriarche Giovanni Domenico fut notamment le premier à diriger l’observatoire de Paris. C’est lui qui découvrit la grande tache rouge de Jupiter, qui mesura la distance de la Terre au Soleil et qui mourut aveugle, après avoir passé sa vie à observer l’infini et tenté d’organiser les étoiles.


Photos au mobile par Nicolas Patte /-)



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Les data en forme http://owni.fr/2011/11/14/data-bible-ecube-politilines-marathon-opendata-bloomberg-haiti/ http://owni.fr/2011/11/14/data-bible-ecube-politilines-marathon-opendata-bloomberg-haiti/#comments Mon, 14 Nov 2011 07:26:53 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=86779 Qu’il ait été pour vous un cauchemar ou une fascination, vous avez forcément été confronté à un moment de votre vie à ce casse-tête addictif : le Rubik’s Cube. Cette semaine, nous vous proposons de vous replonger dans ce jeu de logique et d’équilibre, dans une version data aussi osée que prometteuse.

Le projet E-cube-Librium, développé par le mystérieux Damon, propose de visualiser la croissance des pays du monde et ses diverses composantes sous la forme d’un Rubik’s cube.

Sur chacune des six faces, Damon a positionné différents indicateurs (certains indicateurs se retrouvent sur plusieurs faces) selon trois piliers principaux :

  • Développement social : indicateur de développement humain (IDH), santé de la population, taux d’emploi,
  • Environnement : accès à l’eau, émission de CO2,
  • Développement économique : taux de croissance du PIB par tête, urbanisation, dépenses de santé.

La vision d’ensemble du cube permet donc de visualiser quels sont les secteurs les plus développés, et ceux pour lesquels il reste encore des efforts à faire. Et surtout, selon les règles d’équilibre relatives au Rubik’s Cube, chaque secteur est en corrélation avec un autre, pour avancer vers une croissance plus équilibrée : par exemple, le taux de croissance du PIB se retrouve relativisé avec les émissions de CO2.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Utilisant les données des Nations Unies sur le développement durable, Damon a réalisé la visualisation pour une douzaine de pays, sur les quatre périodes permises par les données : 1990-1995, 1995-2000, 2000-2005, 2005-2010. “A partir de ces visualisations et ces excroissances en 3D, il est facile de dessiner des connections et d’identifier visuellement quel facteur affecte l’équilibre du système global. Avec ce système d’E-cube, on peut commencer à faire tourner le puzzle dans le but de résoudre les équations ou en tout cas d’éviter qu’ils deviennent encore plus déséquilibrés” explique Damon sur son site.

On regrette juste que le travail graphique ne soit pas plus soigné et qu’une animation ne permette pas de mettre en scène les évolutions des cubes sur les quatre périodes. Mais le projet n’en est qu’à ses débuts…

Républicains et religieux

Après avoir joué avec les formes, jouons avec les mots.

L’analyse sémantique est un domaine que nous suivons de près à OWNI et deux projets particulièrement séduisants ont retenu notre attention dans ce domaine cette semaine.

Le premier s’intéresse à deux des plus grands best-sellers de tous les temps : la Bible et le Coran.

La société Pitch Interactive (dont le slogan est “Doing good with data”, “faire le bien avec les data”…) a voulu déconstruire les préjugés souvent associés à ces deux livres sacrés : par exemple que l’idée que le Coran soit un livre “violent” ou “de terreur”. Pour ce faire, ils ont analysé le contenu de la Bible et du Coran. Le résultat de leur recherche est présenté dans une application en HTML5, permettant de chercher une thématique et de comparer sa fréquence d’apparition dans les deux livres.

La référence et le contenu des versets qui citent tel ou tel sujet est indiqué, permettant ainsi de naviguer en profondeur dans les détails des livres et de re-situer chaque mot dans son contexte.

Pour chaque thématique est également présenté des données chiffrées : nombre d’occurrences, nombre de versets qui citent le mot, pourcentage de versets y faisant référence (ce qui a son importance, la Bible étant beaucoup plus longue que le Coran). Essayez sur TRUST (confiance), FORGIVE (pardon), ou PEACE (paix), le résultat est assez saisissant.

Le deuxième exemple s’applique au champ de la politique et sera à suivre pendant les prochaines semaines : le projet “Politilines” a pour ambition de visualiser les mots utilisés lors des débats pour les primaires républicaines. Cette application met en relation les mots les plus prononcés, les sujets auxquels ils se rapportent et les candidats qui les ont le plus utilisés, le tout dans une navigation très simple. Pour les plus curieux, la méthode est précisée dans l’onglet “Methods and source”.

Transportons-nous

Il y a deux semaines, nous vous parlions dans les Data en forme du concours lancé par CheckMyMetro et l’agence Creads pour la création d’un nouveau plan du métro. Le concours est terminé et les différentes créations peuvent être consultées ici. Vous avez jusqu’au 21 novembre pour voter pour votre carte préférée. Plusieurs dizaines de projets ont été soumis, quelques uns ont attiré notre œil :

  • une carte géolocalisée (les stations sont à leur emplacement exact les unes par rapport aux autres), qui prend en compte également les distances de quai à quai quand on doit faire un changement, utilisable par les daltoniens, et qui conserve (presque) les couleurs des lignes officielles de la RATP, élément de repère essentiel.
  • une carte végétale, quand les lignes de métro se voient pousser des feuilles

Ensuite, vous cliquerez vers cette application pour rêver, une fois de plus, à tous les services qui pourront voir le jour quand les données de la SNCF ou de la RATP seront ouvertes… Cette app néerlandaise, à la façon de l’appli Locomote développée par Isokron à Rennes, permet de visualiser les distances en transports en commun d’un point à l’autre du pays. Une granularité dans les choix et un très joli travail de design rendent cette application particulièrement réussie.

Il ne faut pas croire que les data ne s’intéressent qu’aux transports en commun. La course à pied peut aussi être un sujet, ou tout du moins constituer une porte d’entrée pour un sujet data. La preuve par ce sujet du New York Times. Dans les bureaux de Paule on s’est partagé le lien avec ce petit commentaire en accompagnement : “Bon, bah c’est le New York Times quoi…”. Comprendre : une idée brillante et pertinente, une réalisation simple, esthétique et efficace. Le genre de projets qui nous rend jaloux.

Leurs journalistes se sont fait la réflexion que depuis 1976, le parcours du marathon de New York, n’avait pas évolué. A l’inverse des quartiers foulés et des zones traversées. Notamment en termes de revenu moyen et de diversité ethnique. Ces journalistes ont donc représenté ces évolutions au moyen d’une dataviz vidéo, montrant sur une carte le tracé du marathon et pour chaque critère (revenu moyen, présence de Noirs, Blancs, etc.), la courbe se situe au-dessus ou en-dessous du tracé du marathon suivant que les données ont cru ou décru.

Restons à New York (en partie) : le mouvement Occupy Wall Street continue et nous fournit chaque semaine un traitement data intéressant. Cette semaine, c’est le travail de Jenn Finnäs qui nous a interpellé. Il a répertorié sur une carte et sur un calendrier le nombre de mouvements, dans le monde, se réclamant de cette manifestation. Et surtout, il explique comment il a fait : se basant sur les données du site meetup.com qui coordonne le mouvement, un script en ruby et un petit travail de mise en forme ensuite, et hop, une joli visu sur le web.

A signaler également l’intiative du Guardian de recenser les différentes mouvements par le crowdsourcing.

Le point Open Data à la mi-journée

La Norvège a lancé cette semaine son portail d’Open Data. Comme il n’existe pas de version anglaise, nous laisserons le soin à nos lecteurs norvégiens, s’il en existe de nous faire un retour sur le contenu du site…

Cette initiative devrait en tout cas probablement permettre à la Norvège de figurer en bonne place dans le classement de l’Open Government réalisé par l’entreprise Digital Daya (spécialisée dans l’accompagnement des décideurs dans leur action et dans l’utilisation des outils du web – réseaux sociaux, plates-formes, etc.).

Le résultat est graphiquement très moyen, mais réalisé avec StatPlanet, un outil de visualisation en ligne gratuit et le contenu est quant à lui plutôt puissant. Pour chaque pays du globe, Digital Daya évalue leur niveau sur deux critères : le statut d’ouverture du gouvernement (fermé, éligible, ouvert) et ses capacités en termes de gouvermement 2.0 (sans activité, novice, doué, faisant autorité). Un bon tour d’horizon du niveau d’ouverture des gouvernements dans le monde.

Autre réalisation dans la philosophie de l’Open Data, Haiti Aid Map recense et géolocalise les projets d’aide lancés en Haïti suite au tremblement de terre de janvier 2010. Les données peuvent être recherchées par commune, par secteur, ou encore par organisation. Chaque projet comporte une description, un calendrier, le budget et un point sur les personnes qui financent le projet. Toutes les données sont exportables en csv, en xml ou en excel.

Pour Noël, offrez-vous votre dashboard data

Bloomberg s’est offert une pleine page d’accueil dédiée aux data (les siennes essentiellement), pour un rendu néanmoins bien sympa. Il est à parier que cette initiative fera de très nombreux petits à travers le monde.


Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

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http://owni.fr/2011/11/14/data-bible-ecube-politilines-marathon-opendata-bloomberg-haiti/feed/ 6
Un état des lieux de l’Open Data http://owni.fr/2011/11/02/etat-des-lieux-open-data-eaves/ http://owni.fr/2011/11/02/etat-des-lieux-open-data-eaves/#comments Wed, 02 Nov 2011 07:24:42 +0000 David Eaves http://owni.fr/?p=85024

Où en est l’Open Data ? Au cours de mon récent discours d’inauguration à l’Open Data Camp (qui se tenait cette année à Varsovie), j’ai tenté de poursuivre l’intervention que j’avais faite lors de la conférence de l’an passé. Voici l’état des lieux que j’en dresse.

Le franchissement du gouffre

1. Davantage de portails Open Data

Une des choses remarquables de l’année 2011 est la véritable explosion des portails Open Data à travers le monde. A ce jour, plus de 50 catalogues de données gouvernementales [en] sont recensés et d’autres devraient suivre. Le plus notable de ces catalogues est sans doute l’Open Data kényan [en], qui démontre à quel point le mouvement de l’Open Data a évolué.

2. Une meilleure compréhension et davantage de demande

Ces portails sont le résultat d’un mouvement d’ensemble plus vaste. De plus en plus de personnalités politiques, en particulier, sont curieux de comprendre l’Open Data. L’idée n’est pas de parler d’une compréhension radicalement modifiée, mais de nombreuses personnes situées dans les sphères gouvernementales (et plus globalement politiques) connaissent désormais le terme, pensent qu’il y a là quelque chose d’intéressant, et souhaitent en savoir davantage. Ainsi, dans un nombre de lieux de plus en plus importants les réfractaires diminuent. Plutôt que devoir hurler de loin, nous sommes désormais souvent invités à nous exprimer.

De plus en plus de personnalités politiques, en particulier, sont curieux de comprendre l’Open Data. [...] Plutôt que devoir hurler de loin, nous sommes désormais souvent invités à nous exprimer.

3. Plus d’expériences

En définitive ce qui est également passionnant, c’est le nombre croissant d’expériences dans la sphère Open Data. Le nombre d’entreprises et d’organisations tentant de pousser leurs utilisateurs vers les données ouvertes est croissant. ScraperWiki, DataHub, BuzzData, Socrata, Visual.ly font partie de ces ressources qui ont apparu dans l’univers des données ouvertes. Le genre de projets de recherche qui émergent – de la traque des irruptions volcaniques en Islande à l’arrivée des hackers et de leurs œuvres, aux micro-projets (comme Recollect.net que je dirige) ou bien encore les travaux qui conduisent à démontrer que l’Open Data pourrait générer des économies de 8,5 millions de livres par an aux institutions de la région de Manchester [en] – sont profondément encourageants.

A l’heure actuelle : un point d’inflexion

Ce qui est excitant avec l’Open Data, c’est que nous sommes de plus en plus nombreux qui aident – fonctionnaires, personnalités politiques, patrons d’entreprises, simples citoyens – à imaginer un avenir différent, plus ouvert, plus efficace et plus avenant. Notre impact est encore limité, mais nous ne sommes qu’au début de l’aventure. Ce qui est plus important c’est que grâce à nos succès (cf. le point 2 ci-dessus) notre rôle change. Qu’est-ce que ça signifie pour le mouvement, maintenant ?

Vu de l’extérieur, le travail que nous accomplissons est tout simplement de plus en plus pertinent. Notre époque est celle d’un échec institutionnel. Du Tea Party à Occupy Wall Street, nous constatons que nos institutions ne nous servent plus suffisamment. L’Open Data ne peut pas résoudre le problème, mais il fait partie de la solution. Le défi de l’ordre ancien et des organismes qu’il favorise, c’est que son principe d’organisation est articulé autour du contrôle des processus, après avoir appliqué le modèle de production industrielle à l’administration. Cela veut dire qu’il ne peut se déplacer aussi vite et, à cause de sa forte tendance au contrôle, qu’il ne peut se permettre autant de créativité (et d’adaptation).

L’Open Data, c’est placer un libre flot d’informations au cœur de la gouvernance – à la fois interne et externe – avec le but d’augmenter le métabolisme du gouvernement et de décentraliser la capacité des entreprises à faire face à leurs problèmes. Notre rôle n’est pas évident pour les personnes appartenant à ces mouvements, et c’est pourquoi nous devrions le rendre plus clair.

Vu de l’intérieur, nous devons relever un autre grand défi. Nous sommes à un point d’inflexion critique. Pendant des années, nous avons été dehors, hurlant l’importance de l’Open Data. Maintenant nous sommes invités dedans. Certains voudraient que nous nous y précipitions, désireux d’avancer, d’autres souhaiteraient se retenir, par peur d’être récupérés. Pour réussir, il est essentiel que nous devenions plus performants à progresser sur ce terrain miné : collaborer avec les gouvernements pour les aider à prendre les bonnes décisions, mais ne pas être manipulés en sacrifiant à nos principes. Choisir de ne pas nous engager serait – à mon avis – fuir nos responsabilités de citoyens et d’activistes de l’Open Data. C’est une transition difficile, mais il sera plus simple de commencer par l’assumer et de nous soutenir les uns les autres.

Le défi majeur : la prochaine étape

En regardant à travers le prisme Open Data, j’ai le sentiment que nous sommes devant trois défis pour lesquels le mouvement Open Data doit faire face s’il ne veut pas compromettre les succès déjà accumulés.

1. Le piège de la conformité

Un risque majeur pour l’Open Data, c’est que tout notre travail soit réduit à n’être qu’une initiative pour la transparence et aurait par conséquent pour unique objet de mettre en conformité des structures gouvernementales. Si c’est ainsi que se joue notre destin, je suspecte que dans 5 à 10 ans les gouvernements, désireux de pratiquer des coupes budgétaires, n’inscrivent les portails Open Data dans la liste des économies à réaliser.

Notre objectif n’est pas de devenir un élément de conformité. Notre but est de faire comprendre aux gouvernements qu’ils sont des structures de gestion de données et qu’ils ont besoin de gérer leur patrimoine “data” avec la même rigueur qu’ils gèrent le patrimoine concret comme les routes et les ponts. Nous donnons autant d’importance à la gouvernance des données qu’à l’Open Data. Cela signifie que nous avons besoin d’une vision pour un gouvernement dans lequel la donnée devient une couche de l’architecture gouvernementale. Notre objectif est de réaliser une plate-forme de données sur laquelle, non seulement les citoyens s’appuient, mais également sur laquelle le gouvernement refonde son appareil politique, et prioritairement son système informatique. En mettant ceci en place, nous nous assurons que l’Open Data est fermement connecté aux services de l’État et qu’il ne peut être facilement stoppé.

Notre but est de faire comprendre aux gouvernements qu’ils sont des structures de gestion de données et qu’ils ont besoin de gérer leur patrimoine “data” avec la même rigueur qu’ils gèrent le patrimoine concret comme les routes et les ponts.

2. Les schémas de données

Cette année, à l’approche de l’Open Data Camp, la fondation Open Knowledge a créé une carte des portails Open Data à travers le monde. C’était marrant à regarder, et je pense que ça devrait être la dernière fois que nous le faisons.

Nous arrivons à un point où le nombre de portails Open Data devient de moins en moins pertinent. Ouvrir davantage de portails ne permettra pas à l’Open Data de se déployer davantage. Ce qui va nous permettre de nous déployer sera d’établir des structures de données communes leur permettant de fonctionner transversalement aux juridictions. Le seul format de données de gouvernance ouverte largement utilisé concerne les données de transport urbain qui, parce qu’elles ont été standardisées par le GTFS, sont désormais disponibles à travers des centaines de juridictions. Cette standardisation a non seulement poussé les données dans Google Maps (générant des millions d’utilisations quotidiennes) mais a également conduit à une explosion d’applications de transports urbains dans le monde. Des standards communs nous permettront de nous déployer. Nous ne pouvons pas l’oublier.

Arrêtons donc de faire la comptabilité des portails Open Data, commençons plutôt à dresser la liste des jeux de données qui adhèrent à des schémas communs. Étant donné que l’Open Data est regardé de plus en plus favorablement par les gouvernements, la création de ces schémas est actuellement, à mon sens, le défi majeur du mouvement Open Data.

3. Élargir le mouvement

Je suis impressionné par les centaines et les centaines de personnes présentes ici à l’Open Data Camp à Varsovie. C’est vraiment sympa de pouvoir reconnaître autant de visages, le problème c’est que je peux reconnaître trop de visages. Nous devons faire grandir le mouvement. Il existe un risque que nous devenions complaisants, que nous nous réjouissions du mouvement que nous avons créé et, encore plus, de notre rôle en son sein. Si cela devait arriver, nous aurions un problème. Malgré nos succès, nous sommes loin d’avoir atteint une masse critique.

La question simple que je nous pose c’est : où sont United Way, Google, Microsoft, l’Armée du salut, Oxfam et Greenpeace ? Nous saurons que nous sommes en train de progresser lorsque des entreprises – grandes et petites – tout autant que des associations sans but lucratif, commenceront à comprendre combien les données de gouvernance ouverte peuvent rendre le monde meilleur et voudront ainsi nous aider à faire progresser la cause.

Chacun de nous se doit maintenant d’aller engager la discussion avec ces types d’organisations et les aider à se figurer ce nouveau monde et son potentiel à faire de l’argent et à faire progresser leurs propres problématiques. Plus nous parviendrons à nous inscrire dans les réseaux des autres, plus nous recruterons des alliés et plus forts nous serons.


Article original paru sur le blog de David Eaves sous le titre The State of Open Data 2011
Photo via FlickR Dan Slee [cc-by-nc] et Sebastiaan ter Burg [cc-by-sa] remixées par Ophelia Noor /-)
Traduction : Nicolas Patte



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http://owni.fr/2011/11/02/etat-des-lieux-open-data-eaves/feed/ 11
Les États s’ouvrent http://owni.fr/2011/07/29/les-etats-souvrent-open-data-open-government/ http://owni.fr/2011/07/29/les-etats-souvrent-open-data-open-government/#comments Fri, 29 Jul 2011 15:13:09 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=74982 Le mouvement d’ouverture des données est lancé. L’open data se diffuse après les campagnes lancées par les pionniers, comme Michael Cross, dès 2006. Les États-Unis ont ouvert la valse avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche et le lancement six mois plus tard du portail data.gov. Le portail britannique data.gov.uk est en ligne l’année suivant.

La fondation iFRAP s’est récemment intéressée à l’ouverture des données publiques en mettant l’accent sur “la propension légale ou coutumière (des États) à diffuser, sans demande expresse particulière émanent de leur société civile, des informations administratives à forte valeur ajoutée de façon à accroître leur degré de transparence”. D’où la distinction faite entre “open data” et “open government”.

Le premier consiste à “publier sur des sites dédiés des jeux de données (…) dans des formats susceptibles d’être ensuite réutilisés gratuitement par le public (société civile, entreprises) pour un usage propre”. Le second renvoie à “la capacité de l’administration [de] mettre de façon directe et spontanée à la disposition du public un certain nombre d’informations, lorsque celles-ci sont disponibles, sans sollicitation préalable, [soit] une politique de divulgation ‘proactive’ (Proactive Disclosure Policy)”. État de fait d’un côté, dynamique et volonté de le faire de l’autre. L’auteur de l’étude, Samuel-Frédéric Servière résume :

L’e-démocratie du point de vue des citoyens renvoie à l’open data, l’e-démocratie du point de vue des gouvernants à l’open government.

La fondation iFRAP, spécialisée sur les politiques publiques et les réformes en a tiré un classement. OWNI a utilisé les mêmes données, fournies par l’OCDE, pour visualiser les États qui s’ouvrent. Deux variables sont prises en comptes : le cadre juridique dans lequel les données sont publiées et le moyen utilisé pour les publier. L’OCDE s’est basés sur une typologie de 12 données :

  • les documents relatifs au budget
  • les rapports annuels des ministères y compris leurs comptes
  • les rapports d’audit
  • tous les rapports sur les politiques publiques
  • les contrats commerciaux au-dessus d’un certain seuil
  • la liste des fonctionnaires et leurs salaires, les jeux de données publiques
  • les informations décrivant les systèmes d’enregistrement, leur contenu et leur utilisation
  • les informations sur les procédures internes, les manuels et les directives
  • la description de la structure et du fonctionnement des institutions de l’Etat
  • le rapport annuel sur la loi sur la liberté d’information
  • les informations sur les procédures liées à la liberté d’information

Légende : Le chiffre qui apparaît à côté du nom de chaque pays correspond à un indice décrivant l’encadrement législatif de la publication ouverte de 12 types de données.

  • Rouge foncé (4) : La publication de la majorité des données est obligatoire en vertu de la loi (ex : Russie, Espagne, Estonie)
  • Orange (3) : La majorité des données est publiée en vertu de la coutume, sans encadrement juridique codifié. (ex : Brésil, Suède)
  • Orange clair (2) : Autant de données sont publiées en vertu de la loi et de la coutume (ex : Australie)
  • Jaune foncé (1) : Autant de données sont publiées en vertu de la coutume que non-publiées.
  • Jaune (0) : La plupart des données ne sont pas publiées.

La Hongrie, la Turquie et le Portugal ne sont pas les chantres habituels de l’open data. Ni les premiers pays auxquels on pense à propos d’open government. Idem pour la Russie, ce qui ne signifie pas forcément que les règles théoriques soient suivies d’effets… Ils disposent pourtant d’une politique de transparence encadrée par la loi. Parmi les douze catégories retenues par l’OCDE, onze sont l’objet d’une obligation législative de publication en Hongrie. Ce dispositif législatif stricte est typique des “pays « jeunes », soit en transition démocratique pour lesquels la vertu de transparence de l’action publique permet de constituer un volet de la lutte anti-corruption, soit récemment émancipés (…) et donc particulièrement réceptifs aux technologies internet” analyse la fondation iFRAP.

Pratique coutumière

Absence de dispositif législatif n’est donc pas synonyme d’absence de pratique comme le révèlent les exemples anglosaxons. En Grande-Bretagne, les pratiques coutumières prédominent, témoin d’une certaine maturité démocratique et de la tradition de la Common Law, la coutume soit le droit non codifié.

Les pays qui publient le moins parmi ces douze données sont assez inattendus : le Luxembourg et la Pologne (huit données non-publiées). Selon Samuel-Frédéric Servière, certaines données sont parfois accessibles très facilement, sans pour autant être publiées.

En Suède, les salaires des fonctionnaires ne sont pas disponibles en ligne, mais peuvent être obtenus par téléphone. La transparence fait partie de la tradition.

Une tradition et des habitudes qui ne sont pas toujours compatibles avec les pratiques dominantes concernant l’ouverture des données par les États, ce qui a valu à la Suède un rappel à l’ordre pour “non-transposition de la directive européenne de 2003 relative à l’accès à l’information publique”.

Légende : Le chiffre qui apparaît à côté du nom de chaque pays correspond à un indice sur la disponibilité des données.

  • Vert (1) : La majorité des documents étudiés sont publiés sur un portail central (Russie, Suisse).
  • Vert-bleu (2) : La majorité des documents étudiés sont publiés sur les sites de ministères ou d’agences gouvernementales. (France, Brésil, Canada)
  • Bleu (3) : La majorité des documents étudiés sont publiés sur d’autres sites (Australie)
  • Gris (4) : Autant de documents sont publiés sur un portail central que sur les sites des ministères et agences gouvernementales (Suède, Slovénie).
  • Jaune (5) : Autant de documents sont publiés sur les sites des ministères et agences gouvernementales que sur d’autres sites (Espagne)
  • Jaune foncé (6) : Autant de documents sont publiés sur un portail central, sur les sites des ministères et des agences gouvernementales et sur d’autres sites (Ukraine).

Autre différence notamment, la disponibilité des données mises en ligne. Dans la majorité des cas, ce sont les sites des ministères et des agences gouvernementales qui fournissent le plus de données. La Suède fait figure d’exception : les données publiques sont autant disponibles sur un portail central que sur les sites des ministères, signe là encore d’une importante accessibilité des données. La redondance de publication des données concourent aussi à leur pérennité.

De grands écarts existent entre les différentes données publiées. Seuls 5,5% ne publient pas les documents relatifs au budget et aux institutions et à leur fonctionnement alors que 64% des Etats interrogés ne publient pas les listes des fonctionnaires et leur salaires. Ceux qui rendent ces données accessibles sont engagés dans la lutte contre la corruption, à l’instar du Mexique ou de l’Italie qui ont un arsenal législatif rigoureux.

États en lutte contre la corruption, états post-autoritaires qui érigent des barrières législatives pour encadrer l’ouverture des données et États qui les publient par tradition ou conviction forment les trois grandes catégories des “open governments”.


Crédits Photo FlickR CC by-nc-nd Wallig

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http://owni.fr/2011/07/29/les-etats-souvrent-open-data-open-government/feed/ 2
Tim Berners-Lee:|| “Les gouvernements devraient encourager l’ouverture des données” http://owni.fr/2010/12/01/tim-berners-lee-gouvernements-ouverture-donnees-web-html5/ http://owni.fr/2010/12/01/tim-berners-lee-gouvernements-ouverture-donnees-web-html5/#comments Wed, 01 Dec 2010 09:18:10 +0000 cyrille chausson (LeMagIT) http://owni.fr/?p=36642 A l’occasion d’une conférence annuelle du W3C qui s’est tenue le 2 novembre dernier à Lyon, la rédaction du MagIT a rencontré Tim Berners-Lee, le père du Web et un des patrons du consortium. Au programme, le Web sémantique, l’ouverture des données, HTML 5 et la fondation W3. Tim Berners-Lee livre aussi sa réponse à l’article de Wired (“Le Web est mort. Vive Internet”).

Le Web sémantique évolue-t-il au rythme que vous espériez ?

Tim Berners-Lee : Je n’avais pas de prévisions à proprement dit. On ne peut pas prédire le futur et savoir véritablement comment les choses évoluent. Je pense en revanche que le Web sémantique s’inscrit dans une croissance exponentielle. Il y a quelques années, lorsque nous avons commencé à parler des Linked Data [un concept qui consiste à relier les données entre elles via le Web et non plus uniquement des pages - le principe même du Web sémantique, NDLR], les gens ont été quelque peu surpris car ils avaient une idée très simple de ce que cela pouvait être, illustrant du coup la nature essentielle du web sémantique. Il existe de très bons et nombreux outils autour du Web sémantique. Les Linked Data, qui demeurent très importantes pour les données publiques des gouvernements, sont une idée relativement simple qui génèrent beaucoup d’enthousiasme.

L’approche sémantique émerge également sur le desktop, comme Nepomuk (un projet de desktop sémantique qui fait une première apparition dans Mandriva 2010), peut être plus rapidement sur le Web. Pourquoi ?

TBL : Ce qui est intéressant dans les Linked Data, c’est qu’il s’agit d’une technologie d’intégration très puissante, qui permet notamment d’intégrer tout forme de technologie : des bases de données, des fichiers XML, des agendas, voire des cartes de visites électroniques. Les bénéfices de cette approche? Avoir sous la main votre vie, tout votre environnement où toutes les données importantes sont connectées entre elles. Avec Nepomuk, ils ont réalisé cette prouesse sur les données privées. Et les données privées sont une partie capitale du Web sémantique. J’utilise moi-même le principe des Linked Data à titre personnel, et il existe probablement d’autres personnes qui le font, mais on ne le sait pas. Et c’est la même chose en entreprise : les données personnelles de l’entreprise sont manipulées à l’intérieur du firewall. On ne sait donc pas que le Web sémantique est finalement utilisé. Les journalistes n’écrivent donc pas dessus. En revanche, ils s’intéressent aux Open Data Cloud, un cloud de données ouvertes pour les gouvernements par exemple. Il existe tout un spectre entre ce qui est public et ce qui est personnel. […] Les entreprises peuvent copier ses données et les utiliser dans leur système d’information.

Quel est aujourd’hui le niveau de maturité des outils en place ?

TBL : Quand on considère le Web sémantique, développer de nouveaux outils est toujours fascinant, tout se connecte et s’auto-alimente. Développer les Open Linked Data est une de nos principales priorités, car il existe tellement de données éparpillées et que grâce à ce procédé, seule la valeur de la donnée compte. Et pas seulement pour les gouvernements, mais également pour la chaîne de valeur par exemple. Il existe une véritable valeur à publier ses données.

Toutefois, je pense qu’il existe encore un marché pour des outils plus puissants. Dans le domaine des interfaces utilisateurs, des outils qui permettent de naviguer dans ces données […] et de mieux les présenter. Il existe une véritable valeur à ouvrir les données, mais une fois ces données connectées entre elles, comment l’utilisateur doit les explorer, comment lui faire passer l’information, pour ensuite produire une analyse pertinente, selon les besoins et les métiers. Les spreadsheets existent bien mais ne sont pas suffisamment performants pour donner du sens à un pool de données.

Tim Berners-Lee, prophète de l'open data?

Les  gouvernements européens devraient-ils davantage exposer leurs données publiques – ce qui est très lié aux projets d’e-administration ?

TBL : Oui bien sûr, ils devraient encourager cette ouverture car tout le monde y est gagnant et cela apporte de meilleurs services aux citoyens. Les gouvernements sont parvenus à résoudre les problèmes de production des données, ils doivent aujourd’hui aller plus loin. […] Donc oui je pousserais les gouvernements à développer les données publiques sur le Web. Mais ces données, liées aux fonctionnements du pays, ne sont qu’une partie de l’Open Data Cloud. Des données géographiques, sur les CDs, les artistes, les découvertes en matière de santé: il existe un grand nombre de type de données prêtes à être publiées sur le Web.

Le degré d’ouverture est-il aujourd’hui suffisant ?

TBL : En France, il y a le cadastre par exemple. La Commission européenne est également très intéressée par l’ouverture des données, pour notamment informer sur l’état des pays en cas de voyage dans Union européenne. En 2009, aux Etats-Unis comme au Royaume Uni, des projets comme data.gov ont été un vrai succès, engageant une compétition transatlantique. […] Ces projets sont certes globaux, mais les données locales sont également très importantes, regardez le cadastre en France. Cette classification n’est pas implantée dans tous les pays. Certains concepts sont nationaux, d’autres mondiaux. […]

Quel conseil donnerez-vous aux développeurs Web concernant HTML 5 ? Attendre que les spécifications soient finalisées pour les intégrer dans leurs développements, ou y passer dès maintenant ?

TBL : Ils doivent dès aujourd’hui s’intéresser à  HTML 5. Il est vrai que les travaux sont encore en cours de standardisation, certaines spécifications sont plus stables que d’autres, mais un bon développeur écoute toujours où se portent les débats, où en sont les travaux du W3C, quels éléments sont susceptibles de changer. Il est important de comprendre l’étendue des possibilités de HTML 5. Il est également nécessaire de comprendre le calendrier d’implémentation des fonctions dans les différents navigateurs. Mais HTML 5 est conçu pour rester compatible avec l’existant. Donc voici mes conseils : apprenez le, utilisez le, expérimentez. Vous comprendrez également vers quelle direction se dirige le standard, et si vous le souhaitez, prenez part aux débat du groupe de travail au W3C. Les travaux sont certes en cours, mais des éléments de HTML 5 sont aujourd’hui largement stables.

Comment se porte aujourd’hui votre fondation W3 ?

TBL : Aujourd’hui, 20% seulement de la population mondiale utilise le Web. Il en reste encore 80%. L’avons-nous développé uniquement pour nous ? A-t-il été développé par les pays développés pour les pays développés ? Nous avons donc décidé de monter cette fondation pour répondre à cette question, dont la portée est plutôt très large. Nous avons été très chanceux d’obtenir une première subvention sur cinq ans de la part de la Knight Foundation, pour démarrer. Nous avons commencé à regarder comment combler les fossés qui existent entre ceux qui ont accès au web et ceux qui ne l’ont pas. Et il existe des résultats intéressants. Dans les pays en développement, on mise en premier sur l’apport de l’eau, des soins médicaux puis on favoris les développements économiques. Mais Internet est considéré comme un luxe. Pourtant, il ne doit pas être pris de la sorte: il doit être vu comme un élément indispensable auquel les gens doivent avoir accès. Avec une connexion bas débit, ils peuvent trouver un emploi, obtenir de l’information sur leur environnement, l’utiliser pour partager des informations sur la santé. L’idée est que ces personnes entrent dans “l’Internet Society”. La Web Foundation travaille en ce sens. Nous nous concentrons aujourd’hui sur l’Afrique, mais la portée est bien plus vaste. Et portera également sur l’accès à Internet dans les pays développés.[...]


LeMagIT : La magazine Wired a décrété la mort du Web, invoquant notamment le schéma des applications mobiles qui ne donnent plus accès au Web et aux pages HTML,  mais aux seules applications qui sont elles-mêmes connectées à Internet. Quelle est votre position ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Article initialement publié sur LeMagIT, sous le titre “Tim Berners-Lee : ‘les développeurs doivent s’intéresser dès aujourd’hui à

HTML 5′”

Illustration CC FlickR par Dunechaser, Documentally

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Another crowdsourced government bites the dust http://owni.fr/2010/08/26/another-crowdsourced-government-bites-the-dust/ http://owni.fr/2010/08/26/another-crowdsourced-government-bites-the-dust/#comments Thu, 26 Aug 2010 14:08:08 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=24172 How many times have you heard “Have Your Voice” – during an election campaign? It’s pretty standard, only this time – Anno domini 2010 – the ‘man’ informed us on how exactly we’d have our voice. The new forum, the Athenian democractic assembly of the 21st century is, ladies and gentlemen, the Internet.

Amen.

In the UK, the crowdsourcing experiment was meant to take place on this website: Programme for Government.

The British coalition government (also known as ConDem, for those of you that are misinformed, its Conservatives + LibDem) were elected on a mandate to introduce ‘a new era in politics‘, which was to begin by austerity measures and cuts aimed at reducing the astronomical public debt.

The coalition pledged to ‘crowdsource’ their policies via the named website so that citizens (more like netizens) could have an impact on the issues that affected them, especially the cuts which were (and still are) to affect the welfare system, and which laws should be abolished. The website covers issue from A to Z, from banking and civil liberties to transport and Universities.

This measure could have provided the answer to the 21st century post-ideological world. It could’ve empowered the people to precisely have a say, a greater say, in their government’s doings.

What instead happened is what many had predicted: the status quo prevailed. Though 9500 comments were posted on the Programme for Government website, none of them were deigned with an answer. All of them have been binned an ignored.

This is not the first episode of its kind. The US government has been experimenting with crowdsourced urban planning for a while. This experiment being less ambitious and bold than the one proposed by the UK government, it is still ongoing.

Websites like mySociety have introduced similar participation-enhancing tools, but they are independent.

Information-sharing technologies allow for a new institution that can break the barrier between the individual and the government. This vision can be taken even further, by publishing government data and promoting transparency, openness and collaboration.

Let’s at least hope this first #FAIL will be followed by a few more #WIN.

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For more information, we recommend you read Simone Novek’s “Wiki Government”.

Flickr CC Photo Credits : Djeucalyptus, Seanbonner.

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