OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les vrais prédateurs sexuels http://owni.fr/2011/11/29/itw-les-vrais-predateurs-sexuels/ http://owni.fr/2011/11/29/itw-les-vrais-predateurs-sexuels/#comments Tue, 29 Nov 2011 18:13:29 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=88310 Jean-Pierre Rosenczveig est président du Tribunal pour enfants de Bobigny. Auteur de nombreux ouvrages sur les droits de l’enfant et blogueur, il revient sur la définition des prédateurs sexuels – tels que définis par les associations de lutte contre la pédophilie sur Internet – et les modifications qu’Internet a apporté au cours de ces dernières années.

Comment définir la pédophilie ?

Je revendique une formule qui exprime tout pour moi : les enfants ont droit à l’amour mais pas à ce qu’on leur fasse. On a le droit d’avoir de l’affection pour un gamin ou une gamine mais il y a des limites posées non seulement par la morale et l’éthique personnelle mais surtout par le code pénal. Ce dernier pose une série d’interdits notamment en ce qui concerne les relations entre enfant et adulte et qui sanctionne les faits. Les circonstances sont aggravées lorsque la victime est très jeune et lorsque l’auteur est en position d’autorité sur l’enfant.

La pédophilie est à la fois un fait criminel et un fait sociologique. Au cours de certaines périodes de l’histoire ou dans certaines cultures, le fait n’existerait pas, ce qui est largement contesté. Mais globalement, le sens de l’histoire est d’admettre qu’il puisse y avoir des relations sexuelles entre individus pour des raisons non reproductibles et pour des raisons de plaisir. Pour autant ces relations sexuelles sont effectivement à considérer avec des interdits : ceux de protection pour éviter que certains n’abusent de leur force à l’égard d’autres plus faibles. Dans la pédophilie c’est le plus fort contre plus faible que lui. Certains plus fragiles ne pouvant pas manifester leur opposition. Après jurisprudence, le législateur est venu reconnaître cette position de faiblesse ou de déséquilibre entre deux êtres humains : enfant/adulte.

La définition même de l’enfant évolue aussi ?

Au sens général du terme, l’enfant est une personne de moins de 18 ans et l’enfant de moins de quinze ans est plus spécialement protégé. Mais d’une manière générale, ce concept d’enfant est en train de s’estomper au profit d’une approche plus globale de la personne vulnérable. L’âge et la vulnérabilité ne se cumulent pas sur le plan juridique mais ces critères vont entrer en ligne de compte. Le fait d’être un enfant de moins de quinze ans pose déjà une présomption de faiblesse. De façon purement subjective, dans la période historique que nous sommes en train de vivre, je pense qu’avec le degré de civilisation qu’est le notre, nous prenons plus en compte le respect de l’autre, en particulier de l’enfant. Nous sommes dans une période où il y a moins de maltraitance physique. Ce qui n’a plus rien à voir avec le 17ème siècle en Europe. La vie ne vaut plus la même chose.

Dans ces affaires-là, il n’y a pas d’équilibre de discernement entre ce qui est bien et ce qui est mal de la part de l’adulte ? Comment se définissent-ils ?

Il y a effectivement un certains nombre de personnes qui sont portées vers des enfants dans leurs relations affectives et sexuelles et qu’ils peuvent plus ou moins entretenir. Mais la relation amoureuse et plus la relation sexuelle doit être consentie des deux côté. Or pour qu’elle soit consentie, il faut qu’elle soit équilibrée. Ce qui n’est pas le cas entre un homme de 35 ans et une jeune fille de 14 ou 15 ans. Et même s’il n’y a pas de lien familial ou d’autorité, les histoires sont différentes, la structuration et l’expérience de la vie aussi. La jeune fille de 14 ans découvre la sexualité alors que l’adulte non. Il n’y a plus de négociation à avoir avec une jeune fille qu’on peut embobiner à travers le père qu’elle recherche, une personne qui projetterait une image, ou qui aurait du pouvoir. Celui qui tient ce discours a de l’autorité sur elle. Une jeune fille ou un enfant, ne peut pas imaginer que l’adulte qui vient vers lui soit quelqu’un qui lui veuille du mal. Dans une relation normale, personne ne cherche à faire du mal à l’un ou à l’autre. Dans la relation pédophile, l’adulte pour se dédouaner va soutenir, et ce sera toujours son “mot”, qu’il a été séduit par l’enfant. En d’autres termes, il va reprocher à l’enfant d’avoir développé un art de la séduction et dans son esprit il y a bien une victime et un coupable. Sauf qu’il va essayer de se défausser de sa responsabilité de coupable en se désignant comme victime.

“l’adulte lui est présenté comme étant quelqu’un qui n’est pas dangereux”

Il va toujours prendre un temps pour la séduction, sinon c’est une agression “simple” ou un viol. Je ne connais pas un pédophile qui n’ait pas fait de travail d’approche, sous forme de séduction, pour faire tomber les quelques résistances qui pourraient exister et surtout pour faire fonctionner le dispositifs d’appétence. Mais un pédophile inscrit son comportement dans la relation, dans le temps. Et Internet ou pas, il va utiliser des subterfuges. Petit à petit en levant son masque il aura créé un tel climat de confiance que la jeune personne en face de lui, même si le masque est tombé ne tirera rien d’autre de son aveu que le constat qu’il est vieux et pas elle.

C’est la plus grande différence : la présence de protection et le respect de l’un et de l’autre. On est limité par soi même et par les limites de l’autre, les barrières existent. Mais dans la relation entre un enfant et un adulte, le réseau de protection n’existe pas, l’enfant peut trouver que la situation est naturelle et d’autant plus quand l’adulte lui est présenté comme étant quelqu’un qui n’est pas dangereux et qui ne va pas lui faire de mal. Le pédophile arrive avec des chocolats !

Pourquoi les statistiques sur le sujet ne sont pas forcément fiables et quasi-absentes concernant les agressions suite à de mauvaises rencontres sur Internet ?

Au niveau des statistiques, Sébastian Roché, chercheur en sociologie à Grenoble, démontre qu’on ne connaît qu’un fait de délinquance sur cinq. Un fait est connu quand quatre autres se sont déroulés, à l’image du premier. Dans certains domaines, le taux de non connaissance est plus faible qu’ailleurs. En imaginant celui sur les violences et les abus sur enfants, on les repère plus facilement que les infractions fiscales ou les détournements. Les victimes sont des victimes physiques et autour des enfants il y a tout un système de dépistage, qui doit permettre de réduire au minimum le taux de non visibilité. Aujourd’hui on a réussi à libérer la parole. Mais a-t-on plus de chances de voir un enfant dire qu’il a été victime de violences sexuelles ou que par delà sa parole, on va réussir à le démontrer à travers son comportement ses écrits ou son silence ? Je vois souvent le terme d’“ambiance pédophile” dans des rapports sur une famille. Il y a une ambiance pédophile, des choses qui relèvent de la pédophilie mais il n’y a rien, aucun fait. À l’heure actuelle, il y a une augmentation des faits connus mais personne ne peut affirmer qu’il s’agit d’une augmentation des faits commis.

On peut connaître les variations de cas connus. C’est ce que je fais dans le cadre de mon travail. Et sur 30 ans, nous avons pu contribuer à ouvrir les yeux de ceux qui ne savaient pas entendre et comprendre. Est-ce qu’on peut en déduire une augmentation du nombre d’affaires sexuelles dans les juridictions, ça veut dire qu’il y a une augmentation par dix ou par cent des violences sexuelles imposées aux enfants? Non, ça veut dire qu’on peut multiplier par X le nombre d’affaires connues et qui donnent matière à une poursuite. Il y a toujours X faits de pédophilie par an, simplement à un moment donné, on pouvait en voir dix et aujourd’hui on en voit 25. Mais peut-être il y en a plus que cent …

N’est-il pas alarmiste de dire qu’Internet permet d’augmenter ce genre de pratiques ?

En tout cas Internet ou la pédophilie par Internet ne doit pas différer de ce qu’il s’est toujours passé dans ce domaine là. Simplement les nouvelles techniques viennent à la fois faciliter les choses, ouvrir de nouvelles voies. Mais comme par le passé ! On sait tous qu’avant on parlait plus d’hommes qui pouvaient aller dans les jardins publics et qui s’exhibaient, voire qui cherchaient …. Est-ce que fondamentalement, les attitudes et les mécanismes, les ressorts, sont différents d’aujourd’hui ?

“Sur les cent personnes avec qui votre enfant discute sur Internet, il n’y peut-être aucun pédophile !”

Il faut aussi savoir être réaliste, on peut développer la thèse du “plus on en parle et plus on accentue le phénomène” , mais …. En étant un peu les pieds sur terre, vous vous méfiiez des vieux messieurs dans les parcs qui pouvaient agresser votre enfant. La solution pour éviter ce genre de situation était de quitter le parc ou de ne jamais laisser votre enfant seul. Vous aviez la capacité de mettre en oeuvre une protection autour de votre enfant. Aujourd’hui, vous tournez le dos, vous êtes dans la cuisine et votre enfant dans sa chambre discute avec plusieurs contacts que vous pouvez ne pas connaître. Vous pensez votre enfant en sécurité mais peut-être pas … Après sur les cent personnes qu’il connaît ou avec qui il discute, il n’y peut-être aucun pédophile !

Quel est le vrai rôle d’Internet dans ce cas ?

Il y a 35 ans il n’y avait pas internet, et c’est vrai que les nouvelles technologies facilitent le “travail”, l’approche qu’un certain nombre de gens développent en direction des populations les plus fragiles. Mais sans le nier, il n’y a pas non plus à paniquer. Quand j’avais moins de 25 ans, on nous a appris à savoir lire le journal et à maîtriser l’accès à l’information. Plus que jamais cette démarche d’apprendre à maîtriser les instruments s’impose et il faut apprendre aux enfants à connaître l’offre de services qu’est internet. C’est un instrument extra-ordinaire de culture et de distribution du savoir, de l’accès au savoir. Nous verrons très bien demain la ligne de clivage entre ceux qui ont accès à internet et ceux qui n’ont pas accès à internet. Avant ça, comme tout instrument, il faut savoir s’en servir ! Avec un simple crayon noir on peut écrire un document diffamatoire, déborder d’injures comme écrire un chef d’oeuvre. Et avec un montblanc on peut écrire quelque chose de totalement stupide. Donc c’est pas l’instrument qui est en cause, c’est la maîtrise de l’instrument.


Illustrations pedobear via 4Chan et Kevin Jacobs [ccbyncsa] via Flickr

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[MAJ]Les bikinis rembourrés pour fillettes font scandale aux USA http://owni.fr/2011/03/28/les-bikinis-rembourres-pour-fillettes-font-scandale-aux-usa/ http://owni.fr/2011/03/28/les-bikinis-rembourres-pour-fillettes-font-scandale-aux-usa/#comments Mon, 28 Mar 2011 06:30:18 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=53757

Notre article sur les soutiens-gorge rembourrés que l’on trouve dans les supermarchés, à l’intention des petites filles de 8 à 10 ans, a suscité de très nombreuses réactions, notamment sur les blogs et Facebook, où l’article a été partagé par plus de 2500 personnes.

MaJ du 29 mars : les bikinis rembourrés ont été retirés de la vente… mais un fabricant de jouet chrétien vient de sortir une poupée que les petites filles sont invitées à allaiter au sein, et une esthéticienne britannique a décidé d’injecter du Botox à sa fille… de 8 ans (voir plus bas).

La presse, notamment féminine, que nous avions contactée à la publication de notre article, reste par contre étrangement silencieuse sur cette incongruité, qui fait que la majeure partie des soutiens-gorge vendus en grande surface et destinés aux petites filles de 8 à 10 ans sont rembourrés de mousse, ou dotés de coque, afin de donner du volume aux petites poitrines…

De l’autre côté de l’Atlantique, il a suffit qu’un blog remarque la mise en vente sur un site internet de trois soutiens-gorges rembourrés pour déclencher une petite tempête médiatique…

“Un nouvel exemple de la sexualisation des petites filles”

Le 19 mars dernier, Lisa Wade, professeur de sociologie et spécialiste des questions de genre et de sexualité, s’étonnait sur son blog de découvrir “un nouvel exemple de la sexualisation des petites filles, sous la forme de bikinis “push up, et donc rembourrés, dans la nouvelle collection de la marque Abercrombie Kids, à destination de filles de 8 à 14 ans, dont le modèle S a été conçu pour les tours de poitrine de 70-72 cm, ce qui correspond généralement à des filles de 10 ans.

Lisa Wade avait déjà, à de nombreuses reprises, critiqué ce genre d’érotisation des petits filles, à l’occasion du n° de décembre du magazine Vogue, et plus particulièrement de son supplément cadeau, qui mettait en scène des petites filles de 6 ans habillées et maquillées comme des “dames” de luxe :

Dernièrement, elle avait également relayé la vidéo d’une petite fille de 2 ans qui, à l’initiative de sa maman, avait présenté à un concours de beauté pour enfants une chorégraphie inspirée de la tournée de Madonna où, retirant son costume d’ange, on la découvrait habillée avec le fameux bustier pointu :

Une semaine et plus d’une centaine de billets de blog plus tard, émanant notamment de parents indignés, la presse commence elle aussi à s’en faire l’écho, aux États-Unis. Good Morning America, le célèbre programme matinal d’ABC News, rappelle que les “tweens” [de "between" et "teen", signifiant préadolescent, NDLR] dépensent près de 24 millions de dollars, chaque année, en produits de beauté de type gloss, mascara, fards à paupière, et que des chaînes comme Wal Mart avaient même lancé des lignes de maquillage spécial petites filles.

ABC évoque également la reprise, par des petites filles de 7 ans, de la chorégraphie très sexy de Single ladies, le tube de Beyoncé, en 2010 au festival World of Dance :

Interrogé par ABC, Michael Bradley, auteur d’un livre sur les difficultés que rencontrent les parents avec leurs adolescents, raconte avoir d’abord pensé à une blague quand il a entendu parler de ces bikinis rembourrés, tout en reconnaissant que certaines marques n’hésitent pas à sexualiser les enfants dès l’âge de 4 ans.

Pour lui, ce genre de marketing ne peut que nuire aux petites filles, que l’on pousse trop tôt vers la sexualité, tout en leur expliquant que leur corps ne suffit pas, qu’il leur faut rembourrer leurs seins…

Interrogée par CNN, Gail Dines, un professeur de sociologie, note pour sa part que c’est non seulement dangereux parce que les petites filles commencent elles-mêmes à se penser comme objets sexuels, mais également parce que cela revient à laisser entendre aux hommes que les filles qui portent ces bikinis sont déjà des objets sexuels susceptibles d’être désirées, alors même qu’elles ne sont pas encore prêtes à vivre leur sexualité :

Sur FoxNews, le Dr Janet Rose estime pour sa part que les parents qui achètent ce genre de sous-vêtements à leurs enfants devraient être dénoncés aux services sociaux, parce que cela les pousse, précocement, vers la sexualité, et qu’à long terme, cela ne peut qu’entraîner les adolescentes à avoir une bien mauvaise image d’elles-mêmes.

Patrick Wanis, “expert du comportement humain” (sic) et coach de nombreuses célébrités, estime pour sa part que ces soutiens-gorges rembourrés sont non seulement dérangeants, mais également dangereux :

Sommes-nous en train de sexualiser les petites filles afin d’attirer l’attention des hommes, ou pour encourager les femmes à utiliser leurs filles, et se projeter à travers elles, pour compenser leur propre manque de sex-appeal ?

Pour Shirlee Smith, défenseure des enfants et animatrice d’une émission sur la parentalité, le problème n’est pas tant celui d’une industrie qui va jusqu’à proposer ce genre de produits que celui des mamans qui n’hésitent pas les acheter :

J’en veux à ces mères qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs implants mammaires lorsqu’il s’agit d’acheter des soutiens-gorges rembourrés pour des filles qui n’ont même pas encore de seins.

Aujourd’hui, ce sont les mères qui paient ce genre de marketing de l’érotisation des enfants. A terme, ce seront leurs objets sexuels de filles qui le paieront.

Abercrombie Kids, qui avait déjà du retiré, il y a quelques années, des strings en taille 10 ans intitulés “clin d’oeil” et “bonbon pour les yeux” (sic), a refusé de répondre aux questions des journalistes, se contentant d’effacer sa page consacrée aux push ups.

Mais si la rubrique “push-ups” a été effacée, les trois soutiens-gorges rembourrés, par contre, sont toujours en vente.

MaJ du 29 mars : confronté à une couverture médiatique internationale, Abercrombie Kids annonce sur Facebook avoir “re-catégorisé” les 3 soutiens-gorges push-ups, qui ne sont plus disponibles à la rubrique maillots de bain de son site web.

Dans le même temps, Berjuan Toys, un fabricant de jouets vient de son côté de sortir une poupée spécialement créée pour que les petites filles puissent l’allaiter. Elles devront pour cela revêtir une sorte de soutien-gorge avec des fleurs à la place des tétons, avant de coller la bouche de leur poupée à ces autocollants afin que celle-ci puisse “téter et avaler” :

The Breast Milk Baby permet aux jeunes filles d’exprimer leur amour et leur affection de la manière la plus naturelle possible, juste comme leur maman. Cette poupée représente une révolution parce qu’elle apprend aux fillettes les compétences nourricières dont elles auront besoin pour un jour élever leurs propres bébés en bonne santé.

Découvrant que 20% des internautes se déclaraient choqués par cette initiative, le fabricant se défend aujourd’hui en expliquant que… Dieu les soutient :

On nous qualifie de pervers et de pédophiles parce que nous faisons la promotion de la façon dont Dieu veut que nos bébés soient nourris. Les églises du monde entier sont truffées d’images de Marie allaitant Jésus.

Après avoir joué à la “putain“, voici donc les petites filles invitées à jouer à la maman en nourrissant leur poupée avec de (faux) seins… se désole Crêpe Georgette, très énervée, dans un billet intitulé Allaite et tais-toi, où elle propose également à la société Berjuan Toys de créer également :

1. le téton crevassé (tant qu’à faire)
2. le poupon pénis (tant qu’à initier la femme à ses futurs rôles, autant l’initier à tous).

En Grande-Bretagne, une esthéticienne a de son côté décidé d’injecter du Botox à sa fille… de 8 ans, tous les trois mois. Ses explications démontrent là aussi une troublante confusion des genres entre la réalité de ce que vivent les enfants et les fantasmes que peuvent avoir leurs parents :

Ce que je fais pour Britney maintenant l’aidera à devenir une star. Je sais qu’un jour elle sera un top model, une actrice ou une chanteuse, et en lui faisant ces traitements maintenant je m’assure qu’elle aura l’air jeune et qu’elle gardera un visage de bébé plus longtemps.

La réaction de la petite fille est tout aussi effarante :

Je vérifie tous les soirs si je n’ai pas de petites rides, et si j’en ai je redemande plus d’injections. Avant ça faisait mal mais maintenant je ne pleure plus tellement. Je veux aussi une opération des seins et du nez bientôt, pour devenir une star.

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http://owni.fr/2011/03/28/les-bikinis-rembourres-pour-fillettes-font-scandale-aux-usa/feed/ 35
Des soutiens-gorge “ampliformes” en taille… 8 ans http://owni.fr/2011/03/23/erotisation-soutiens-gorge-ampliformes-taille-huit-ans-enfant/ http://owni.fr/2011/03/23/erotisation-soutiens-gorge-ampliformes-taille-huit-ans-enfant/#comments Wed, 23 Mar 2011 18:31:34 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=52812

La majeure partie des soutiens-gorge vendus en grande surface et destinés aux petites filles de 8 à 10 ans sont de type Wonderbra, dits “ampliformes“, ou “push-up“, et donc rembourrés de mousse afin de donner du volume aux petites poitrines…

Interrogés à ce sujet, la quasi-totalité des supermarchés contactés ont refusé de nous répondre. Les deux qui ont accepté d’en parler, Les 3 Suisses et La Redoute, ont aussitôt retiré ces soutiens-gorges de leurs catalogues.

Ces bikinis qui font scandale au Royaume-Uni

En avril 2010, le Daily Mail, un tabloïd britannique, dénonçait la société Primark, une chaîne de magasins de vêtements à bas prix britannique, pour avoir commercialisé des bikinis rembourrés à destination des petits filles de 7 ans, “conçus de façon à faire croire à la présence de seins sur les petites filles” qui, à cet âge-là, d’ordinaire n’en ont pas.

“En tant que défenseurs de victimes, expliquait Shy Keenan, représentante d’une organisation d’aide aux victimes de pédophiles, nous savons pourquoi on ne devrait jamais sexualiser les enfants ou participer à la banalisation de la sexualisation des enfants” :

C’est incroyable comme les marques sont maintenant prêtes à exploiter les trucs dégoûtants de pédophiles pour alimenter un marché noir qui n’a pas sa place dans notre société et encore moins à proximité de nos enfants.

Face au scandale, et suite à un appel au boycott du magasin, la chaîne Primark s’était aussitôt excusée, retirant les bikinis rembourrés de ses rayons, et promettant de reverser les profits engendrés à une association de défense des enfants.

Le Daily Mail rapportait alors que plusieurs autres chaînes de magasins avaient également, par le passé, fait scandale pour avoir commercialisé des soutiens-gorges rembourrés à l’intention de petites filles de 7 ou 9 ans.

Du 65A au 75B pour les 8-10 ans

N’écoutant que mon courage, j’ai donc entrepris de partir en grand reportage dans les supermarchés de France et de Navarre afin de constater, de visu et armé de mon smartphone photo (un véritable appareil photographique eut été trop voyant), ce qu’il en était dans nos contrées.

La tâche fut quelque peu ardue : un homme un peu barbu, frôlant la quarantaine, en train de photographier, discrètement, des soutiens-gorge pour petites filles… il me fallait être très prudent, et braver tous les dangers incarnés par ces vigiles, vendeuses, mamans et autres clients qui auraient pu mal interpréter ce pour quoi je rôdais ainsi dans les rayons lingeries pour enfants.

Le compte-rendu de mes pérégrinations est sans appel : la quasi-totalité des grands magasins dotés de rayons lingeries pour les enfants vendent eux aussi des soutiens-gorges rembourrés. On y trouve ainsi des modèles taille 65A, à destination des petites filles de 8 ans, mais également des modèles tailles 70 et 75B, à l’intention des 8-10 ans :

Dans les supermarchés low-cost (de type Babou), les rayons lingerie enfants ne proposent généralement que des soutiens-gorge type Wonderbra. Dans les hypermarchés classiques (Auchan, Carrefour, Super U…), les soutiens-gorge “ampliformes” représentent généralement la moitié du marché, et certaines grandes marques, comme DIM, Kiabi, Les 3 Suisses ou La Redoute, proposent eux aussi des modèles rembourrés, à partir de 8 ans (70A).


Aucun des supermarchés contactés par OWNI n’a daigné répondre à nos questions. Seule une responsable communication des 3 Suisses s’y est attelée. Plutôt embêtée, elle se justifie en avançant que la marque n’a fait que suivre “des études de marché” indiquant que de plus en plus de petites filles seraient formées plus jeunes, et que les soutiens-gorges “push-up” sont devenus le standard du marché.

En terme d’images, elle insiste également sur le fait qu’on ne voit pas de petites filles porter ces sous-vêtements, que rien n’est “suggéré en visuel” et qu’ils ne sont pas “hyper-pigeonnants“. Il n’empêche : suite à nos appels, La Redoute et les 3 Suisses ont tous deux retiré de leurs sites web les modèles de soutiens-gorge rembourrés de taille 10 ans/70A.

Pour Sandrine Pannetier, directrice de la stratégie pour le bureau de tendance Martine Leherpeur, qui a longtemps travaillé pour une marque de lingerie, l’explication serait à peut-être à chercher du côté de la culture et du marché asiatique :

Le savoir-faire de corsetterie est extrêmement difficile à maîtriser, et il est beaucoup plus facile de fabriquer des soutiens-gorge rembourrés, ou à partir d’une coque moulée, que non rembourrés.
De plus, quand vous avez une toute petite poitrine, et que vous voulez masquer le téton, il faut le rembourrer, ce qui fait que le marché asiatique est envahi de soutiens gorge rembourrés pour masquer les tétons, et éviter toute érotisation.

Où l’on découvre que ce qui, pour des observateurs européens, peut être interprété comme une érotisation du corps des préadolescentes relèverait, a contrario et paradoxalement, d’une forme de pudeur asiatique…


Illustration de la Une : Louison pour Owni
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Little Miss Austin http://owni.fr/2011/03/23/little-miss-austin/ http://owni.fr/2011/03/23/little-miss-austin/#comments Wed, 23 Mar 2011 17:46:34 +0000 Guilhem Malissen http://owni.fr/?p=52908 Dans notre imaginaire collectif, il y a la Bud Light (marque de bière et monument national), le spring break (vacances de printemps) et les « beauty pageant » : ces concours de beauté réservés aux enfants, symboles de l’Amérique que l’on aime détester. L’élection de Little Miss Austin se tenant à Austin pendant notre séjour texan, nous nous devions d’aller voir de plus près ce qu’il en était de ce symbole phare d’une Amérique étrange.

Rendez-vous est fixé tôt, un samedi matin dans un Holiday Inn. Il est 8h. Nous arrivons en face de l’hôtel sordide au sortir d’une bretelle d’autoroute. Le chlore de la piscine intérieure qui borde le hall embaume l’endroit. Curieuse ambiance, quelques parents remaquillent les enfants, des filles d’à peine 5 ans errent ça et là, toutes bronzées par les UV qu’elles subissent durant la semaine. Il est beaucoup trop tôt pour encaisser tout ça, un café, un muffin, et nous continuons la découverte.

Le concours commence à 9h, la maîtresse de cérémonie annonce la couleur.

Il y a beaucoup de participants, ça va être long, très long, alors faites preuve d’organisation et de rigueur vous aiderez tout le monde.

Le ton est froid et strict, on ne rigole pas avec les beauty pageant. TLC, chaîne de télévision nationale est là pour filmer pour son émission « Toddlers and Tiaras », nous sommes donc vivement invités à manifester notre engouement ostensiblement pour le spectacle, nous dit-on.

Tout le monde est en place. Le salon de l’hôtel, réservé pour l’occasion, est orné de centaines de coupes et ballons. La déco est de mauvais goût et la clim souffle à fond. Nous sommes bien aux Etats-Unis. D’abord, les garçons. Quelques pauvres enfants de quelques mois à 10 ans, motivés par des mères très impliquées, offrent clins d’oeil et autres manœuvres de drague à un jury de 15 ans leurs aînés, au mieux. Coup d’arrêt pour la virilité naissante de ces garcons, qui auront bien du mal a s’extraire du souvenir de ces concours.  Une fois cette formalité expédiée, les choses sérieuses peuvent commencer.

Après les garçons, les filles

Tous les âges sont représentés, les premières participantes ont à peine quelques mois. Portées par la mère ou le père, qui les chatouillent et les titillent pour obtenir d’elles un sourire qui fera chavirer le coeur du jury. Les parents se partagent le travail : pendant que l’un porte sa fille sur scène, l’autre fait des mimiques ridicules derrière le jury pour attirer le regard de l’enfant apeuré vers les juges. Puis arrivent les sections des enfants qui peuvent marcher seuls sur scène, petit numéro préparé, les pas sont hasardeux quand on marche seulement depuis quelques mois.

Enfin la catégorie phare, les 5-8 ans. Les robes sont plus belles, les coiffures plus travaillées, le bronzage plus intense et la routine mieux préparée. A ce stade les parents ne rigolent plus, un chèque est en jeu. Se postant toujours derrière le jury, les gestes sont plus stricts et directifs, proche du dressage canin, certaines mères montrent une implication beaucoup trop intense pour être rassurante. Le spectacle qu’ils donnent est tout aussi intéressant à regarder que le défilé des enfants. Ce père bedonnant, par exemple, qui refait à l’identique les gestes de sa fille, avec la grâce et la féminité que son corps permet. D’autres parents encore, font appel à des coachs, considérant qu’un concours de beauté est une affaire trop sérieuse pour être prise à la légère.

Le spectacle offert jusque-là est atterrant. En attendant leur tour, les filles sont posées sur des chaises pendant des heures, le regard vide et l’air hagard, beaucoup trop calmes pour des enfants. Un doute s’installe alors, aurait elles à leur insu ingéré des calmants ? Une participante nous parle, d’une voix monotone, elle passe bientôt nous dit-elle. Sa mère intriguée accourt pour nous demander qui nous sommes et si on ne les trouve pas fous. Le public est uniquement composé de parents encourageant leurs enfants, une communauté autonome fonctionnant apparemment en circuit clos.

Aucun spectateur n’est totalement étranger à ce qui se passe, la présence de chacun répond à un enjeu narcissique ou financier. Ce qui finalement nous rassure sur la portée de cet événement loin de toute morale, les beauty pageant sont soutenus par une communauté assez réduite de passionnés. Une pause cigarette soulage encore notre idée d’avoir affaire à des exceptions culturelles américaines, une cliente sort du hall pestant envers les parents qui usent leurs enfants afin de satisfaire leur propre égo.

Nous revenons au salon en croisant l’équipe de télé qui semble aussi épuisée que nous. La première partie s’achève et le nombre de candidates se réduit à mesure que les âges augmentent. La dernière à défiler sur la scène doit avoir 15 ans, seule dans sa catégorie, elle à déjà l’allure d’une vieille miss. Image triste d’une résistante qui défile devant son copain (mari ?) et son fils. Le cliché de l’Amérique profonde nous fait brutalement face, sans que nous puissions y faire quoique ce soit.

Concours de maillot de bain

Le pire est à venir, nous sommes assis depuis bientôt trois heures et la seconde partie commence, le concours de maillot de bain. Toujours ces mêmes enfants, toujours le même ordre, mais maintenant les robes ont disparu pour laisser place à des bikinis. Toujours la même routine, les plus petites d’abord puis celles qui peuvent marcher. Mais force est de constater qu’elle ne font pas que marcher, quand l’une d’entre elles se retourne, dos au jury et propose un déhanché à faire pâlir les filles du Pink, c’en est trop pour nous. Une irrépressible envie de faire de l’humanitaire nous envahit. Peut-on sauver ces filles d’une forme de pédophilie mélangée à de l’entertainment ? Nous partons, il est 13h, cela fait cinq heures que nous sommes là devant ce spectacle affligeant, mentalement nous sommes à terre. K.O. L’Amérique a gagné sur ce coup-là.

Constatation amère qui saute aux yeux, tous les enfants se ressemblent : blonds, bronzés, sourire figé. Des normes physiques policées et uniformes, qui ne nous évoquent rien de vraiment bon. Puis cette purge infligée à des enfants un samedi matin. Tout ça pour pas grand-chose, de l’argent et cinq minutes de gloire dans un salon d’hôtel. Heureusement, ces concours ne déchaînent pas les foules, les familles viennent de loin pour participer, et ne réunit finalement qu’une cinquantaine de candidates. Le public n’est pas composé d’amateurs de jeunes enfants en maillot, mais de parents chauvins et amis dévoués. Ramenant tout ça à une sorte de club narcissique, une microsociété autosuffisante. Toujours est-il qu’il y aurait beaucoup à dire sur la légitimité morale de ce genre de concours, mais on est aux Etats-Unis et tous les freaks ont leur place au soleil des projecteurs, si petits soient-ils. Et puis les autres riront bien en regardant sur TLC « Toddlers et Tiaras ». La boucle est bouclée, The Show Must Go On.


Article initialement publié dans le magazine I Heart Austin dont le prochain numéro sera en kiosque en avril
Photos par Guilhem Malissen

Illustration de la Une : Louison pour Owni
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