OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La Reine mère ferme les braguettes http://owni.fr/2012/05/03/la-reine-mere-ferme-les-braguettes/ http://owni.fr/2012/05/03/la-reine-mere-ferme-les-braguettes/#comments Thu, 03 May 2012 14:55:19 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=108829

“Il est temps qu’Internet ne soit plus traité différemment que n’importe quel autre media.” Comprenez par là que culs et bites n’aient plus droit de cité dans le réseau outre-Manche. Cette sentence, que l’on doit à l’élue conservatrice Claire Perry, vient ressusciter un vieux serpent de mer britannique : l’instauration d’un filtrage a priori de tous les contenus pornographiques.

Fin 2010, le gouvernement avait déjà suggéré de bannir le porno du réseau, au nom de la protection de l’enfance sur Internet. Le projet consistait alors à demander aux internautes attachés à leurs activités frivoles de se signaler auprès de leur fournisseur d’accès à Internet (FAI) en apportant la preuve de leur majorité.

Avril 2012, on prend les mêmes et on recommence. Le premier projet de 2010 n’ayant finalement pas abouti, un nouveau texte a été déposé à la fin du mois d’avril devant la Chambre des Lords : l’Online safety bill. Même trame : plus de cochonneries en ligne a priori, les amateurs étant priés soit de se restreindre, soit de se manifester. Un nouvel haro sur le porno qui déchaîne les passions.

Adieu culs, bites et cons

“Nous n’acceptons pas [la pornographie] sur toute autre forme de média, que ce soit la télé ou les téléphones mobiles, pourquoi devrons nous l’accepter sur Internet ?” a ainsi affirmé Claire Perry dans une émission de BBC Radio 4 en date du 1er mai. Quelques jours plus tôt, l’égérie du mouvement se confiait dans une tribune parue dans The Daily Mail, journal conservateur populaire au Royaume-Uni, lui-même engagé dans une vaste campagne anti-porno. Intitulé “De combien d’autres preuves avons-nous besoin avant de commencer à protéger nos enfants d’images dépravées ?”, le texte livre “[les] expériences d’une mère, ainsi que [les] inquiétudes d’une femme politique” :

Quand j’ai entré les mots “American Girl” dans la barre de recherche de Google, les images apparues n’avaient rien à voir avec les innocents jouets avec lesquels [mes filles] aiment jouer.

Forte de cette malheureuse aventure, la députée arrive à la conclusion que les logiciels de contrôle parentaux ne suffisent plus puisqu’on “peut accéder à Internet avec les iPhone et les Wii, ainsi qu’avec les PC, les portables, les téléphones mobiles, et les TV connectées” qui nécessitent chacun un dispositif de sécurité spécifique. Conclusion : filtrons la pornographie sur Internet :

Ne serait-il pas plus judicieux si tous les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) changeaient le système pour qu’au lieu de placer toute la responsabilité sur les parents qui doivent installer les filtres, Internet soit filtré chez nous et qu’on adopte le système ‘opt in’ pour les consommateurs qui souhaitent accéder à la pornographie et à tout autre site adulte au lieu du système d’‘opt out’ actuel ?

Censure et surblocage

Pour les FAI et experts réseaux en question néanmoins, cette solution n’est pas aussi “simple” que prétend l’élue conservatrice. En termes techniques d’abord, le filtrage massif soulève de nombreuses interrogations quant à son efficacité. Bloquer un site identifié comme pornographique, c’est prendre le risque de neutraliser d’autres contenus tout ce qu’il y a de plus inoffensif. Le couperet du surblocage s’est d’ailleurs déjà abattu dans de nombreux pays, dont le Royaume-Uni, où l’intégralité de la page Wikipedia du groupe Scorpions a un temps été inaccessible en raison de la pochette de l’album Virgin Killer, jugée répréhensible par l’Internet Watch Foundation (IWF). L’organisme, qui cherche à “éliminer toute image d’abus sexuels d’enfant” avait placé ce lien dans une liste noire de sites bloqués par les FAI anglais.

En France, lors de l’adoption de Loppsi en 2010, le débat s’est d’ailleurs focalisé sur le même risque de censure. Une association de protection de l’enfance, l’Ange Bleu, s’étant même opposée aux velléités gouvernementales de blocage du Net, jugé “dangereux, inefficace et contre-productif”. Les contenus visés étaient alors non pas pornographiques mais pédo-pornographiques.

“On perpétue le mythe selon lequel c’est une solution technologique simple à un problème complexe” plaide Nick Pickles, de l’association Big Brother Watch. Un constat que partage Nicholas Lansman, membre de l’Ispa, l’association des FAI anglais, pour qui “il est très compliqué de définir ce qui est illégal ou non”. Car au-delà des considérations techniques, comment déterminer ce qui rentre ou non dans la case olé-olé ? “Nous ne voulons pas arbitrer de ce que font les internautes en ligne” poursuit Lansman, qui estime que les FAI fournissent déjà des solutions techniques, les logiciels de contrôle parental, pour prémunir les plus jeunes de la pornographie.

Même levée de boucliers du côté des industries de divertissement pour adulte : “je pense que nous régressons en tant que société à partir du moment où on autorise le gouvernement à dicter ce que vous pouvez ou non regarder”, regrette ainsi Steven Hirsch, le cofondateur de Vivid Entertainement. Enfin, qui est la police des mœurs ? Cette pente nous mène irrémédiablement vers la perte de nos libertés.” Sans compter que de nombreuses personnes “peuvent se sentir mal à l’aise de faire savoir à leur FAI qu’ils veulent du contenu pour adulte”, ajoute-t-il, renvoyant au passage les parents à leur responsabilité. Une ligne de défense qui n’est qu’une question de gros sous selon The DailyMail, pour qui la suppression du porno sur Internet empêcherait [Steven Hirsch] et d’autres de sa profession sordide de faire de vastes profits dans un business qui rapporte des milliards par an”.

Responsabilité

Le bras de fer s’est intensifié ces derniers jours avec l’affaire The Pirate Bay : les FAI anglais se sont vus ordonner par la justice de bloquer l’accès à ce site de partage de fichiers torrents, au nom de la lutte contre le piratage sur Internet. Signe pour Claire Perry que la face du réseau s’apprête à changer :

Je pense que ce que nous observons avec la décision The Pirate Bay renvoie à un ensemble de changements qui affirme que les FAI ont un rôle à jouer.

Car ce qui se joue dans cette guerre de tranchées est moins la place légitime ou illégitime du porno sur Internet, que le visage que l’on souhaite donner au réseau. Que le rôle à conférer à leurs portiers : les FAI. “Vous êtes ceux qui donnez accès à Internet : pourquoi n’êtes vous pas la police du Net ?” Cette question entendue sur la BBC prouve bien que la chair n’est, comme souvent, que l’arbre qui cache la foret. Et que le noeud du problème est bien la notion de responsabilité.

Deux camps se font ici face. D’un côté, les partisans d’un Internet plus étroitement encadré où, comme le souligne la BBC, “la protection de l’enfance éclipse tout souci de censure” et où il incombe aux FAI de fermer les portes du réseau. De l’autre, les défenseurs d’un réseau où le blocage des sites est “non seulement [perçu] comme inefficace mais aussi comme contraire à la morale”. Et où les individus, consommateurs comme émetteurs, sont responsables de leurs actes.


Illustrations CC FlickR Jim Linwood et roberlan

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Peurs sur le web http://owni.fr/2011/11/29/peur-sur-le-web-pedophilie-action-innocence/ http://owni.fr/2011/11/29/peur-sur-le-web-pedophilie-action-innocence/#comments Tue, 29 Nov 2011 08:00:52 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=53466 En 2011, 22 000 enfants ont assisté aux interventions d’Actions Innocence, devenu un acteur incontournable de l’éducation aux “dangers du Net” depuis son implantation en France en 2003. L’ONG, d’origine suisse, est signataire d’une convention de coopération avec le ministère de l’Éducation nationale depuis 2005, malgré les controverses qui l’entourent. Des campagnes que certaines voix critiques estiment anxiogènes.

Historiquement, Action Innocence se focalisait sur un danger, les cyberpédophiles. Une initiative de Valérie Wertheimer, épouse de Gérard Wertheimer, le co-propriétaire de Chanel, une des plus grosses fortunes de France. “Le déclic survient en 1994 alors que Valérie Wertheimer se rend en Thaïlande avec des amis. Elle prend pleinement conscience de l’horreur du tourisme sexuel et décide d’agir”, apprend-on dans un portrait. Ce paramètre émotionnel fait partie de l’ADN d’Action Innocence et explique ses choix en matière de communication. L’organisation se fait ainsi remarquer par des campagnes fortes. Aujourd’hui encore, son nom est indissociable de sa campagne mettant en scène “le masque” du cyberpédophile.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et tant pis si le discours est à côté des chiffres : il y a infiniment plus de chance que l’adulte qui abuse d’un enfant soit le tonton ou le voisin de palier. Emmanuelle Erny-Newton, psychologue, spécialiste de l’éducation au numérique, rappelait ainsi :

Dans son rapport Techno-Panic & 21st Century Education: Make Sure Internet Safety Messaging Does Not Undermine Education for the Future, Nancy Willard, du Center for Safe and Responsible Internet Use, note qu’une grande partie du discours sécuritaire sur Internet est de la désinformation : on y présente le Web comme un lieu où les jeunes sont à haut risque de prédation sexuelle, alors que la recherche et les statistiques d’arrestations témoignent du contraire. [...]

Dans les cas débouchant sur des poursuites, les individus accusés de leurre d’enfants sur Internet étaient le plus souvent des hommes de 18 à 34 ans. Les données montrent également que les prédateurs sexuels mentent rarement sur leur âge ou leurs motifs, lorsqu’ils prennent contact avec un jeune en ligne. Leur tactique n’est pas la tromperie mais la séduction : ils manifestent beaucoup d’attention, d’affection et de gentillesse envers les jeunes, les amenant à croire qu’ils sont réellement amoureux. La plupart des jeunes qui acceptent alors une rencontre en personne le font en sachant qu’ils vont s’engager dans une relation sexuelle – relation sexuelle qui sera d’ailleurs répétée dans 73% des cas. Très peu de cas (5%) sont de nature violente, selon le Crimes Against Children Research Center.

Action Innocence assume ce parti-pris, comme l’a expliqué à OWNI Elizabeth Sahel, la présidente de l’antenne française :

“Le masque” date de 2006, nous avons été en 1999 une des premières associations à pointer du doigt les dérives d’Internet, tout ce qui préparait en matière de pédocriminalité, nous étions assez avant-gardistes en montrant les risques de mauvaise rencontre. Les cyberprédateurs existent aussi. Notre travail n’est pas de lutter contre la pédophilie, nous sommes une association de prévention pour l’enfance. Quand nous nous sommes demandés où nous allions intervenir en priorité, nous nous sommes dits qu’il y avait une porte ouverte. À travers cette communication, il n’a jamais été question de dire que le pédophile est plus sur Internet. Heureusement, d’autres personnes prennent en charge cette lutte, dont la cyberpédophilie, comme les gendarmes.

L’échange fut l’occasion de lui faire découvrir le pedobear, ce mème destiné à moquer le cliché du cyberprédateur. La position est assumée, quitte à se montrer contradictoire :

Nous avons des retours terrains, les élèves ont compris les risques de mauvaises rencontres, ils ne donnent plus leur numéro de téléphone, on s’en réjouit. Quant à dire que c’est grâce à nous, je ne sais pas. [...] Sur les 22 000 enfants que nous avons vus cette année, aucun ne nous a dit “on a peur du pédophile sur Internet”, personne ne nous parle de cette campagne comme de quelque chose de dramatisant, les usages n’ont pas été influencés par cette campagne. C’est une prudence qui est transmise par leurs parents et par les enfants.”

La jeune femme, qui souligne que leur équipe “a baigné dans Internet”, fait remarquer que leurs modules de formation ont évolué :

Aujourd’hui, il y a un autre risque, lié aux relations entre pairs, nous sommes davantage sur une aide sur les relations entre camarades, et une remise en question des actes. Il y a une infinie possibilité de bonnes pratiques comme de mauvaises pratiques, notre objectif est de préserver les jeunes de ces risques possibles.

“Net-rumeur, vie privée et droit à l’image, réseaux sociaux, diffamations, cyber-intimidation, incitations dangereuses, téléchargement illégal”, etc. sont ainsi aussi abordés. Glissement de culpabilité aussi : l’objectif initial était de “Préserver la dignité et l’intégrité des enfants sur Internet” (sous-entendu des adultes), il s’agit aussi de prévenir des agissements des jeunes envers d’autres jeunes mais aussi envers les adultes, par exemple les professeurs… ou les ayants-droit.

“Pour pointer du doigt la réalité, il y a les études”

Sur ce champs élargie, la pédagogie du faits divers et de l’émotion est encore de mise. Une étude [pdf] produite par une de leurs psychologues, Martine Courvoisier, pointe l’absence de travaux démontrant l’impact à long terme des images pornographiques sur les enfants. Pourtant, la pornographie n’a pas spécialement bonne presse à Action Innocence, comme en témoigne ce visuel, intitulé “Amour et pornographie n’ont rien à voir !”. Il montre une fille, cet être romantique et désincarnée, claquant son petit ami, cette bite sur patte, qui essaye de la peloter, après avoir regardé du porno sur Internet pour “assurer”. Elizabeth Sahel répond :

Pour pointer du doigt la réalité, il y a les études. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas prouvé l’impact direct entre un risque et sa conséquence qu’on n’a pas intérêt à prévenir ces éventuelles conséquences. Là je vous parle en tant que maman, c’est comme si je vous dis le téléphone sur un enfant aucune étude n’a prouvé que c’était nocif, qu’il n’y a pas par ailleurs une conscience protectrice qui consiste à équiper son enfant en téléphone le plus tard possible, c’est deux choses différentes. Dans l’un c’est l’intuition, dans l’autre c’est juste une remise en question de la diabolisation d’un phénomène sur les enfants.

Elle nous a assuré que le porno n’était pas diabolisé lors de leurs interventions :

Nous ne sommes pas là avec nos pancartes “non à la pornographie”, nous n’avons pas de jugement à donner. Nous indiquons cette nuance entre la réalité et la pornographie, ce n’est pas que ça les relations humaines. On leur dit ce qu’est la pornographie, il y a des tas de confusions possibles. Une image pornographique est négative si elle va créer chez vous une émotion, si elle vous choque, parlez-en dans ce cas-là à vos parents, ce n’est pas grave, on est vraiment dans ce discours pour protéger le jeune, qu’il ne sente ni coupable, ni choqué, qu’il garde éventuellement ça pour lui, c’est bon aussi pour les images violentes.

À voir le succès des formations, elles répondent aussi à une attente. Les retours que nous avons eus, en particulier de personnels pédagogiques de l’éducation, sont mi-figue, mi-raisin. Certains les trouvent pertinentes et équilibrés, d’autres les jugent anxiogènes et n’offrant pas une vision constructive d’Internet.

“Ceux qui les critiquent ne connaissant pas nos modules, répond Elizabeth Sahel. C’est qui ? Des blogueurs ?” Nous lui expliquons alors qu’il s’agit de personnels pédagogiques qui ont assisté aux formations récentes :

On ne peut pas plaire à tout le monde, j’entends ces critiques. Il y a deux façons de faire, de la prévention jusqu’à l’éducation au numérique, nous sommes au milieu. Pour avoir une attitude responsable et citoyenne des nouvelles technologies, il faut aussi connaître les dangers et les risques. Pour moi, nous sommes vraiment dans une démarche extrêmement positive.

L’association de Mme Chanel

On reproche à Action Innocence de verser dans le cliché, elle renvoie la balle, lassée d’être réduite à l’association de l’épouse du co-propriétaire de Chanel, tailleur pied-de-poule, réseaux et locaux dans le XVIème. D’emblée, lorsque l’entretien part sur cette question, Elizabeth Sahel se braque :

- Valérie Wertheimer est la figure-clé de l’association, elle a mis ses moyens financiers et son réseau au service de la cause, comment concrètement ce réseau vous bénéficie-t-il ?

- C’est une question sensible. Je ne répondrai pas à la partie concernant Valérie Wertheimer.

-Je dois voir avec qui alors ?

-Personne. Soit on parle du projet de l’association… Vous enregistrez ? On peut décider quand commence l’interview car là je vous parle de choses qu’à mon sens je n’ai pas à vous préciser.

- Sur les moyens financiers…

- Ça non plus, je ne vois pas… ils évoluent, on mène des conférences le soir avec des parents, des mécènes, des partenariats.

Le seul coup de pouce de Valérie Wertheimer, nous explique-t-elle, c’est le gala annuel de charité. Un coup de pouce maousse à 300 000 euros en 2010 [pdf], sachant que l’association a six salariés. On n’en saura pas plus sur les budget. Pour montrer que l’association ne roule pas sur l’or, Elizabeth Sahel souligne qu’ils viennent d’embaucher un responsable partenariat, lesquels complètent les sommes rapportées par les interventions. Celles dans les établissements scolaires [pdf] sont gratuites et durent d’une heure à deux heures, en revanche, celles pour les parents sont à 200 euros, pour 2 h 30. “Des associations de parents d’élèves organisent la rencontre, en général après une session auprès des élèves”, détaille Elizabeth Sahel. Celle pour les professionnels de l’enfance sont sur devis. Dans chaque cas, transport et hébergement le cas échéant sont à la charge des organisateurs. Comme l’association est partenaire du ministère, il est possible de se faire rembourser une partie des frais.

Enfin, Action Innocence élargit tellement sa palette d’action qu’elle propose aussi d’intervenir… en entreprise [pdf] :

La  sécurité des systèmes d’information est un enjeu majeur pour les  entreprises qui peuvent faire l’objet de cyber attaques plus ou moins  graves. En parlant de la protection des enfants sur Internet, Action  Innocence permet à certaines entreprises d’aborder la sécurité  informatique d’un point de vue plus global.

Pour 500 euros l’heure et demi, les bénéficiaires de la formation sauront ainsi “Les véritables activités des enfants sur Internet, Le cyber pédophile et ses techniques d’approche”, etc. toute chose fort utile pour une entreprise soucieuse de sa sécurité informatique et pour rentabiliser des Powerpoints.

Interrogée sur le fait de savoir s’il est normal qu’une association soit subventionnée pour effectuer ce qui relève du socle commun des compétences que l’école doit transmettre à tout élève à la fin de la scolarité obligatoire, Elizabeth Sahel nous a répondu avec franchise :

Oui tout à fait, c’est juste.

Sur ce point, Thomas Rohmer, co-fondateur de Calysto, une société qui s’est taillée sa part sur ce qui est bien un marché, avait été moins direct :

Est-ce que l’école peut tout assurer alors qu’il y a des restrictions budgétaires ?


Illustrations par Marion Boucharlat pour OWNI

Image de Une Marie Crochemore pour OWNI

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Christian Vanneste contre les branleurs du net http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/ http://owni.fr/2011/07/07/vanneste-porn-bullshit-loi-internet/#comments Thu, 07 Jul 2011 13:55:55 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=73012 Mise à jour du 8 juillet: Puisque Christian Vanneste n’a pas le monopole de l’indignation, soulignons également l’initiative du très familial Reader’s Digest, qui veut protéger les enfants contre les cohortes de pédophiles déferlant sur Internet. Pour ce faire, ils ont même concocté un joli bouton que nous apposons ici:

Internet, c’est ça? Ou bien ça? Ou peut-être ça? Si vous voulez vous rincer l’oeil en déroulant du sopalin profitez-en, parce que ça ne durera peut-être pas. Christian Vanneste, le député UMP du Nord, vient de déposer une proposition de loi visant à circonscrire l’accès des mineurs aux sites pornographiques. “La pornographie, sans limite, envahit les foyers par le moyen d’internet et s’insère de manière pernicieuse dans la vie de nombreux jeunes”, écrit Vanneste, dont la plume virevoltante semble être portée par “le courage du bon sens”, la devise qu’il affiche fièrement sur la bannière de son blog.

Armé de sa morale, le truculent parlementaire n’en est pas à son coup d’essai. En 2007, déjà, il demandait au ministère de la Justice quelles mesures il comptait prendre pour “protéger les mineurs contre la pornographie”. A l’époque, le garde des sceaux lui répondait poliment que le cadre légal était a priori suffisant pour préserver les chères têtes blondes de la nation du stupre en streaming.

Cette fois-ci, Vanneste va plus loin et demande carrément d’amender la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, la fameuse Loppsi 2. Il voudrait ainsi que les sites pornographiques soient fermés par défaut, et que chaque internaute souhaitant accéder à leur contenu en fasse la demande auprès de son fournisseur d’accès. Ce qui déboucherait sur des courriers du type:

Cher service client, par la présente missive, je soussigné Olivier Tesquet, abonné n° 123456, certifie être majeur et vacciné, et demande l’autorisation de me divertir sur le site http://youporn.com. Merci de faire explicitement figurer cette information sur ma facture détaillée.

Pornographie = terrorisme

Sur le fond, Vanneste adapte une idée chère à Eugene Kaspersky, le leader russe de la sécurité informatique: la création d’un passeport numérique qui obligerait l’internaute à s’identifier avant d’accéder à un contenu. Pour mieux porter son projet, Vanneste a même mis en ligne une pétition. Celle-ci regroupe déjà plus de 750 signataires, pour qui la pénétration du Net ne doit pas passer par les enfants. Morceau choisi:

Il y a évidemment un lien entre la violence au collège ou au lycée et ce que les ados regardent sur leurs écrans. Quand protègera-t-on enfin efficacement nos enfants contre la pronographie (sic) qui fait des ravages aussi chez les adultes, dans les couples, dans les familles ? Cessons d’être laxistes, attaquons le mal à la racine ! Mettre en place des cellules psy après le meurtre ou le viol d’une mineure par un mineur me semble tout à fait insuffisant. Chers dirigeants, ayez le courage de prendre des mesures efficaces à l’encontre de cette forme de terrorisme qu’est la pornographie. D’avance, merci !

Même si les forces spéciales américaines ont retrouvé des vidéos olé-olé dans le repaire pakistanais d’Oussama Ben Laden, le lien entre le sexe et la sécurité nationale ne saute pas aux yeux, sauf à mettre en place un plan Vigipirate du cul qui ne passerait jamais au rouge. Surtout, et c’est toute l’ironie de l’affaire, Christian Vanneste attaque Internet dans son principe de neutralité. C’est maladroit, parce que Christian Vanneste aime profondément Internet. Il lui permet d’afficher ses opinions au nom de la liberté d’expression: homophobie assumée, plaidoyer pour la peine de mort et – donc – diabolisation de la pornographie. Le souci, c’est qu’il a visiblement une idée bien personnelle du réseau. A le lire, c’est la quatrième dimension, un monde parallèle à la Tron dans lequel l’internaute-machine porterait une combinaison en aluminium et des bottes en kevlar:

Internet représente un moyen de communication permettant d’avoir accès à un nombre d’informations quasi illimité à domicile. C’est donc la porte ouverte à toutes les réalités du monde représentées de manière virtuelle. Mais contrairement au monde réel, l’accès aux informations ne nécessite pas de démarches personnelles concrètes, longues, progressives et réfléchies. Tout s’y passe dans l’immédiat, dans la facilité, dans l’exhibition. La publicité y advient de manière intempestive à l’image de toute autre forme de promotion.

Pour sortir l’ami Vanneste des années 90, rien de tel qu’une petite profession de foi. Internet is for P0rn.


Crédits photo: Capture d’écran Youporn pixelisée sous Photoshop

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En défense du porno http://owni.fr/2011/06/19/en-defense-du-porno/ http://owni.fr/2011/06/19/en-defense-du-porno/#comments Sun, 19 Jun 2011 13:58:40 +0000 Didier Lestrade http://owni.fr/?p=70486

Note: certains liens de cet article sont NSFW

Le porno est partout. Ça effraye beaucoup de monde parce que les gens n‘ont toujours pas compris à quoi ça sert. Et cela fait des années que j’écris sur ça, que d’autres le font aussi, et les préjugés sont toujours les mêmes. Et même si certains de ces préjugés sont absolument recevables, il y a certaines choses qu’il faudrait mettre au clair, parce que l’époque a changé, parce que le porno a changé, et que tout ça va devenir de plus en plus important.

Pour commencer, quand j’écris sur le porno dans mon site perso, les pics de visites sont énormes. Ça monte tout de suite, dans l’heure. Cela finit même par m’amuser. Je passe quelque temps sans rien écrire sur ce site, ou alors je publie des textes qui ont un rapport avec des archives, la musique ou le sida, mais rien n’attire les internautes autant que le porno. Cela ne veut pas dire que ce que j’écris est intéressant en soi, cela veut dire que la curiosité est intense et que beaucoup de personnes ont envie de lire un point de vue différent sur le porno, parce que ça les excite, ou qu’ils veulent apprendre. Car malgré le nombre important de blogs qui traitent de ce sujet, il y a relativement peu d’analyse sur l’actualité, ou sur ce que ça veut dire.

Récemment, il y a eu un échange assez vif sur Facebook avec des amis que j’aime beaucoup qui me mettaient en face de mes contradictions. Comment moi, quelqu’un très engagé sur la prévention, le consumérisme gay, la compulsion, la morale, la vie intime, pouvait encourager et légitimer une telle industrie basée sur la prostitution, parfois la drogue et le sida ? Comment pouvais-je trouver ça excitant tout en connaissant le background et le symbole culturel que cela représente ? Et surtout, est-ce que ça n’allait pas me retourner dans la figure ?

Je suis absolument conscient de toutes ces questions. Elles sont dans tout ce que j’écris, depuis plus de 15 ans sur le porno car mes considérations positives sont toujours équilibrées avec la description du côté sombre de cette production. Alors je vais essayer d’être clair et même si je me doute que cela ne fera pas changer d’avis les copains qui sont contre le porno, au moins cela mettra les choses en perspective.

D’abord, j’ai absolument pas peur d’un quelconque backlash. Allez-y, je vous attends. Dès la création de Têtu, en 1995, nous avons parlé du porno parce que nous avions décrété que c’était un sujet important, non seulement au niveau de l’actualité de la production (chroniquer les films qui sortent), du fonctionnement des réalisateurs en les interviewant au même niveau que des stars de la chanson ou du cinéma normal, et en consacrant des dossiers à l’histoire de ce mouvement chez les gays. Il y avait une idée politique dans le fait d’analyser la sexualité dans les films en revendiquant que c’est un aspect fondamental de la culture gay, qui a eu l’impact que l’on sait sur tout le reste. La mode de Jean-Paul Gaultier, les shows de Madonna, les dessins de Tom of Finland, la littérature, la photographie de mode, l’art contemporain, le design, la drague sur Internet, tout est influencé par le porno. Il n’y aurait jamais des phénomènes culturels gays comme le cuir, les clones, les bears, les hipsters aujourd’hui sans le porno. Regardez la première vidéo de Frankie Goes To Hollywood, Relax, et dites-moi que le porno n’est pas la source principale d’influence. C’est quand même effarant d’avoir à rappeler ça dans une culture homosexuelle où le sexe est absolument central, et pas dans sa version douce de l’érotisme. Non, c’est de la pornographie.

Les secrets de l’homosexualité

Tout ce qui était underground chez les gays est devenu majeur culturellement grâce à l’influence du porno. Maintenant que Taschen a vulgarisé les plus grands secrets de l’homosexualité, et on ne cessera de les remercier pour ça, la sexualité gay est devenu un sujet d’art et de consommation quotidienne. Et pourquoi ? Parce que le porno est un des domaines où les gays ont été les plus innovants et, dans ce domaine, ils sont toujours à la pointe de la création. Cela ne se voit pas seulement à l’activité sexuelle qui est montrée dans les films, c’est tout ce qui l’entoure : les génériques, la musique (parfois), la qualité de l’image, le design, le contenu des bonus, le développement marketing des marques des studios, leurs logos, le look des acteurs, leurs personnalités, etc.

Bien sûr, pour un bon porno il y en a dix qui sont mauvais et parfois très mauvais, mais c’est pareil dans toute forme de création et surtout, surtout : c’est toujours intéressant de décrire un porno nul, car il y a aussi beaucoup de choses à exprimer et à décrire – et parfois très drôles.

Donc si le porno est capable de créer un fusion entre le sexe et l’art (ce qu’on voit très bien à travers l’essor de Tumblr, qui va prendre de plus en plus la place de Facebook pour certains d’entre nous, parce qu’on y découvre plus de choses), il faut se poser des questions sur cette capacité qu’a le porno gay de sortir de sa mauvaise réputation – et je trouve que sur ce point, le porno hétéro a encore beaucoup de travail à faire.

Car mon point de vue est très différent de ce qui se passe dans le porno hétéro. Je parle ici d’une sexualité entre hommes. Et nous sommes des hommes, bordel. On ne va pas commencer à avoir des jugements à chaque fois qu’on voit un mec en train de sucer une bite ou un anus avec une bite dedans. On n’en a rien à foutre des considérations féministes dans le porno gay, OK ? On ne va pas s’excuser pour quelque chose que des femmes pourraient nous reprocher dans la sexualité entre hommes, OK ? Si elles ne comprennent pas, on s’en branle. Et si certains gays pensent comme des féministes, très bien, mais à mon avis il y a d’autres domaines dans lesquels ils feraient mieux d’intervenir avant de cracher sur le porno. Commencez par DSK.

D’une manière générale, le porno est un moyen évident pour comprendre l’évolution des pratiques sexuelles. On peut être d’accord ou pas avec certaines attitudes et il y a beaucoup de choses qui me gênent énormément dans les pratiques, comme le fait de se cracher dessus et la prévention que j’aborderai plus loin dans ce texte, mais je pense sincèrement que c’est une chose de critiquer ces pratiques et de refuser de les regarder quand si peu d’études comportementales abordent le sexe gay tel qu’il se pratique.

Oui, le porno influence notre manière d’aborder le sexe, mais le porno est aussi influencé par ce que font déjà les gays. C’est un miroir déformant, mais cela reste un miroir pour beaucoup d’entre nous qui n’allons pas sur les sites de rencontre, qui n’ont pas une sexualité débordante et qui se contentent très bien de ce qu’on appelle le vanilla sex (le sexe basique). Il ne faudrait pas oublier que le porno est à la base du sexe par procuration. On regarde souvent ce que l’on ne fait pas soi-même, soit parce que la vie est comme ça, ou parce que d’autres (les acteurs porno en l’occurrence) sont meilleurs que nous et sont capables de performer d’une manière qui les met vraiment à part.  Et même si tout le monde, en particulier les jeunes, s’avère très technique aujourd’hui, c’est parce que la pratique de la sexualité s’est effectivement libérée, même si tout le monde est loin d’être aussi performant que dans le porno.

Donc on pourrait presque dire que les acteurs sont des virtuoses de la sexualité, ils sont des artistes de leur genre, ils ne deviennent pas célèbres uniquement parce qu’ils sont jolis ou parce qu’ils ont une grosse bite. Et je crois que c’est une des raisons principales de la gêne que procure le porno à certains, et même chez les fans, c’est que cela nous met dans une position d’infériorité, forcément, parce qu’on a beau être bon dans le sexe, le porno présente toujours une version améliorée, comme un Best Of, puisqu’on ne garde que le meilleur (enfin, pas toujours). C’est un peu comme quand vous allez voir un concert : vous êtes émerveillé par le talent de l’artiste, mais cette supériorité vous rappelle forcément que vous ne seriez pas capable d’atteindre un tel niveau d’excellence.

Le bus et le taxi

Il y a une chose qui m’a toujours fascinée. Il y a beaucoup de gays qui n’aiment pas le porno parce qu’ils n’en ont pas besoin. Ils peuvent se branler mentalement, sans avoir à recourir à des images ou à des films. Je trouve ça normal mais, d’un autre côté, j’ai toujours vu ça comme une limite. C’est comme ce que me dit toujours un de mes amis: « À quoi bon attendre le bus quand on peut appeler un taxi ? » Bien sûr, tout le monde n’a pas l’argent du taxi, et je prends toujours le bus et le métro, mais vous comprenez l’idée. Pourquoi refuser quelque chose qui est conçu pour apporter du plaisir ? Il y a assez de catégories différentes de porno pour trouver un réalisateur qui produit exactement le sexe que vous aimez.

Il y a aussi ceux qui disent qu’ils ne comprennent pas cette obligation gay à encourager une uniformité physique, un idéal de la beauté et de la musculature. Il y a 30 ans, quand j’ai commencé Magazine, j’étais tout le temps effaré quand quelqu’un me disait: « Mais quel est l’intérêt de montrer des hommes toujours musclés, avec la peau huilée pour mettre le corps en valeur ? »

Hello ? Oui, c’est un idéal, et alors, il faudrait s’empêcher de le voir ? On a beau être des crevettes, si on avait le choix, je suis persuadé que tout le monde serait content de vivre avec des abdos et des biceps qui ressemblent à quelque chose. Et le sport, on ne va pas commencer à dire que c’est mal de faire du sport, OK ? Et oui, il y en a pour qui ça devient une obsession, qui se rasent tous les poils et qui veulent se conformer à ce que les médias gays nous présentent, mais on est sorti de ça depuis pas mal de temps et aujourd’hui, les gays ne se sont jamais autant montrés tels qu’ils sont, pas rasés, pas musclés, et les bears, c’est surtout un phénomène culturel et esthétique qui valorise l’embonpoint, donc même la culture gay a évolué, et le porno a contribué à ce besoin de voir des hommes différents.

La photographie masculine a toujours été une recherche de l’extraordinaire. Que serait le travail de Bob Mizer, de Robert Mapplethorpe, de Pierre & Gilles et de Wolfgang Tillmans sans cette recherche de la beauté ? Tout ça est de l’Art avec un grand A désormais. Je refuse catégoriquement de m’excuser pour cette recherche de la beauté, elle est à la base de toute ma passion de vie, et je ne suis pas un pervers qui fait des choses condamnables dans ma vie privée. Le porno est une chance unique de voir ces hommes, célèbres ou pas, nous inviter dans l’intimité de ce qui est le plus profond chez eux, le sexe, le plaisir, l’orgasme.

Et ce n‘est même pas du voyeurisme, bien que je n’ai aucun problème avec ça non plus, c’est la modernité de notre époque qui fait que les hommes se livrent au regard extérieur et c’est aussi toute la base des sites de drague, de Tumblr, de Facebook et du porno. C’est la société qui nous empêchait, avant, de communiquer cette nudité et ce sont toujours les forces réactionnaires qui veulent nous empêcher de partager quelque chose que l’on n’avait pas le droit de montrer avant. C’est pourquoi Porno Is The New Black, c’est le phénomène culturel le plus important de notre époque car Internet est derrière. Et c’est juste le début.

Alors, bien sûr, quand on en arrive à ce niveau de pudeur perdue, on arrive évidemment à des excès et j’en ai assez parlé dans mon livre The End, sur l’influence que cette valeur marchande peut avoir sur la prévention du sida. Quand j’ai chroniqué les premiers films de Treasure Island Media sur mon site, même mes amis m’ont dit que c’était dangereux, que c’était contraire à mes convictions.

Il se trouve que TIM m’a envoyé depuis des années presque tous leurs DVDs donc je commence à avoir une idée complète de ce qu’ils font. C’est un studio leader qui montre des trucs qui me donnent la gerbe et vraiment, qui ne m’excitent pas. Pour rester pudique, je me contenterai de dire que j’y arrive pas. Et je suis totalement conscient de tout ce qu’écrit Madjd Ben Chickh dans cette Revue 86 de Minorités, je le sais, je le pense. Ce délire sur le fait de contaminer les autres, le sperme qu’on congèle pour l’inoculer avec des grosses éprouvettes, c’est un cauchemar. Mais TIM sait sortir aussi des films qui sont filmés différemment, avec des plans plus larges, et alors là, c’est objectivement la bombe.

Treasure Island et la vanille

Mais c’est ce que beaucoup de gays font aujourd’hui, même à moindre dose. Je ne sais pas si Paul Morris [en], le patron de TIM, a convaincu les gays de le faire ou si ce sont les gays qui ont demandé à Treasure Island de faire ça, la poule et l’œuf, le fait est, la fascination pour le sperme existe aujourd’hui comme elle n’a pas existé depuis les années 70.

Et si cela était réservé aux méchants barebackers lipodystrophiés de Treasure Island, ça serait facile à mettre de côté, dans une case. Mais les jeunes d’aujourd’hui sont les leaders de cette obsession du sperme. Elle est réelle. Elle ne va pas partir. Les traitements contre le sida ont à nouveau changé notre vision du sperme. Et même si moi je ne touche pas le sperme des autres à moins d’avoir une perche de 5 mètres (j’exagère), je sais que le sperme est redevenu central pour une majorité de gays, même ceux qui sont dans le sexe vanille.

Donc, encore une fois, il est intéressant de se demander quelle est la vocation du porno et dans quelle mesure ce qui est dangereux n’est pas fait par procuration, comme tout le reste du porno est fait par procuration. Sans mentionner que notre regard sur ces films bareback n’est même plus celui que l’on avait au début des années 2000, quand Dustan a défendu l’abandon de la capote pour admettre, avant de mourir, que « ça allait trop loin ». Dix ans ont passé et on ne s’est pas « habitué » au bareback, mais il est tout autour de nous, exactement comme le cinéma a poussé de plus en plus loin l’illustration de l’horreur avec des films vraiment effrayants comme  Saw et The Human Centipede. Car à côté de ça, TIM c’est presque de la rigolade.

Je voudrais vraiment insister sur un point. Depuis 1987, les films pornos américains, et les autres qui ont suivi, ont été safe. Cela fait donc 25 ans qu’une grande majorité du porno officiel, celui des grands et petits studios, est safe. Bien sûr, il y a toujours un ou deux films chez Raging Stallion ou ailleurs qui débordent, où les mecs sucent la bite après avoir joui, ou jouissent sur des muqueuses à éviter. Mais quand ça arrive, on le note toujours.

Il y a réellement un glissement qui s’opère, on ne sait pas si les grands studios vont persister à rester safe quand les grands profits se font avec les films non-safe des petits studios, mais pour l’instant, ça tient toujours. Et cela ne veut pas dire que les acteurs sont safe dans d’autres films ou qu’ils le sont dans la vraie vie. Moi je pars toujours du principe qu’ils ne le sont pas. Mais je reste fasciné, et émerveillé, et reconnaissant de voir qu’une partie énorme de la production porno, et la plus prestigieuse, parvient à produire encore et encore des films excitants qui sont safe.

Donc les gens qui disent le contraire ne connaissent pas le porno comme je le connais. Je reçois ces films depuis trop longtemps pour voir la constance du safe sex, malgré des pratiques qui évoluent, dans un marché énormément mouvant, avec des studios majeurs qui sont rachetés par d’autres et une influence du téléchargement toujours plus rapide, instoppable. Et ce n’est pas uniquement une vitrine. Ces grands studios, ces grands acteurs, performent toujours du safe sex. Une scène de pipe, maintenant, c’est 20 solides minutes. Une pénétration, ça dure des heures. Les occasions de ne pas être safe se présentent à chaque seconde. Et le minuteur s’allonge, et le film se termine, tout a été safe ET excitant, la preuve, vous avez joui, et avec le sourire s’il vous plait. Donc il faudrait quand même reconnaître cette constance d’esprit et quand on me reproche de « cautionner cette industrie », je la cautionne aussi pour ce maintien de l’effort de la prévention.

Sur FB, mes amis Anglais ont été les plus catastrophistes sur les liens entre le porno et la prostitution. Moi je trouve ça étrange car c’est à Londres qu’on a vu en premier, en Europe, des cabines de téléphone remplies d’annonces de nanas à poil, alors qu’on France, la prostitution chez les gays est un phénomène assez récent. D’ailleurs, il serait intéressant de voir s’il y a un lien de causalité entre cette émergence de la prostitution de masse à Londres à une époque où les vidéos et les revues pornos étaient toujours interdites mais bon. Dans tous les gratuits gays de New York ou de Londres, il y avait alors des pages et des pages et des pages d’escorts dès les années 90. En France, vous pouvez toujours chercher, mais il n’y en a toujours pas dans les canards gays. C’est passé directement sur Internet.

Et là aussi, je pense que la prostitution pour les hommes, c’est pas pareil que pour les femmes. Je me suis payé un mec que deux fois dans ma vie, une fois à New York et une fois à Marrakech, avec des hommes adultes à chaque fois. Et ça n’a pas été renversant, mais je n’ai pas de blocage là-dessus. J’ai même une idée sur ça : pour moi, le porno gay est beaucoup moins associé à la prostitution que le porno hétéro. On voit certains acteurs porno disparaître d’une manière violente, mais j’en vois aussi beaucoup qui sont capables de sortir de cette époque de leur vie sans qu’ils se fassent hara-kiri. C’est parce qu’ils ont intégré, eux aussi, la banalité de la pornographie et de la prostitution et qu’ils ont été capables de dépasser toutes les cochonneries éthiques que l’on ne voit pas dans le porno, qui sont off caméra, même si les bonus de making-of dans les DVDs nous ont montré aussi que vraiment, c’est pratiquement plus cool que beaucoup de choses qui se passent dans les backrooms. C’est plus propre d’abord, plus boring, et plus professionnel.

Le bio et McDo

Enfin, pour finir, parce que je pourrais parler de ça pendant des heures et ce texte est déjà trop long. Si vous voulez dire que lorsqu’on est un vrai écolo, on ne va pas chez McDo pour manger un burger, je suis d’accord. Mais je vais au McDo une ou deux fois par mois parce que j’aime vraiment trop ça et pourtant je recycle tout, j’ai mon compost, j’économise l’électricité, je débranche mes appareils domestiques, je ne chauffe pas ma maison comme un branque et je ne roule pas beaucoup, par choix.

Donc si on défend la prévention du sida, on n’encourage pas l’industrie porno, on retourne aux vieux Honcho des années 90 ou, mieux, on passe sa vie dans les bars et les lieux de drague  à attendre Mr Right. Bullshit to that. On verra comment vous serez à 53 ans avec 25 ans de vie séropositive derrière vous. Les filles, dans ce cas, je vous propose de faire un petit tour des autres industries et vous conviendrez, comme moi, qu’elles sont toutes aussi pourries que l’industrie porno.

La musique ? Pfff, regardez Universal et le mal que ça a fait à la musique. Le cinéma ? C’est aussi un outil de propagande. L’édition ? Je ne sais même pas comment j’arrive à publier des livres avec toutes les choses affreuses que j’ai pu écrire sur le monde de l’édition. Les médias ? C’est devenu une profession détestée, à juste titre. L’agriculture ? Ce sont les agriculteurs qui ont créé la malbouffe, pas les industriels. Le sport ? C’est la FIFA. L’art ? Give me a break, ce sont les pires. La politique ? Vous rigolez j’espère. Toutes ces industries, car ce sont des industries, ont perdu toute valeur morale en l’espace de 15 ans seulement.

Et franchement, je ne suis pas obsédé ou quoi, mais un DVD porno me donne plus de satisfaction qu’un CD, qu’un film, qu’un livre, qu’une revue, qu’un repas, parce que le caca qui est derrière est finalement tellement moindre que le caca énorme qui existe derrière toutes les autres industries. Au moins, c’est un caca toujours minoritaire, gay, et qui me ramène toujours, inconsciemment ou pas, à mes origines. Rick Wolfmier, Mike Betts. Maintenant, essayez de faire mieux que ces deux hommes.

Billet initialement publié sur Minorités

Images CC Flickr AttributionNoncommercialShare Alike Cyberslayer NoncommercialShare Alike chrisinplymouth, AttributionNoncommercialShare Alike bratmandeux, Attribution mikey baratta PHOTOGRAPHIC,

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Techniques et technologies de masturbation http://owni.fr/2011/06/18/techniques-et-technologies-de-masturbation/ http://owni.fr/2011/06/18/techniques-et-technologies-de-masturbation/#comments Sat, 18 Jun 2011 07:50:45 +0000 Christian Fauré http://owni.fr/?p=68176

En matière de masturbation, j’appartiens plutôt à la génération de l’impression et de l’édition. Mes supports allaient des cartes à jouer récupérées dans les fêtes foraines aux pin-up des calendriers en passant par la section sous-vêtements du catalogue de La Redoute.

Coucou, tu veux voir ma...

C’était finalement des supports publics en ce sens qu’ils n’étaient pas uniquement des stimulants technologiques de la masturbation. En effet, on pouvait toujours dire que les cartes servaient à jouer, les calendriers à connaître la date et les jours et que, bien sûr, on ne regardait jamais les pages consacrées aux sous-vêtements dans La Redoute.

Il existait bien sûr des magazines érotiques et pornographiques mais, là, le jeu n’était plus le même : s’ils étaient trouvés, on était grillé. Il était inutile d’essayer d’expliquer que c’était pour un autre usage que nous les avions. Tout devait donc être mis en œuvre pour ne pas éprouver cette honte.

Il fallait donc une stratégie de mise en réserve et d’archivage desdits magazines. Des cachettes hyper-sûres devaient être dénichées. Du coup, l’appartement ou la maison devenaient des architectures qui n’étaient appréhendées que dans la perspective d’y trouver la meilleure cachette.

Et puis le temps de l’analogique et des vidéos est arrivé, vidéos qui bien souvent n’étaient que les enregistrements des films diffusés par Canal+. Mais cela restait très exceptionnel.

Je dis ces magazines et ces vidéos, mais il n’y avait pas pour autant abondance. Bien souvent on faisait avec un fond très réduit de quatre ou cinq magazines et une ou deux vidéos. Ce qui amenait à se masturber un nombre incalculable de fois sur les mêmes images, sur les mêmes plans, les mêmes scènes et avec les mêmes acteurs. Ces satanées musiques d’ascenseurs en bande-son me courent encore dans la tête des décennies plus tard.

Avec l’avènement du numérique, les caractères ASCII étaient bien souvent la matière première des nouvelles formes érotiques. C’était le temps où le numérique nous faisait faire un bond en arrière par rapport au confort de l’impression et de l’analogique. C’était le temps où il fallait plisser les yeux pour ne plus voir les caractères ASCII ou les sprites pour voir émerger, dans notre tête, ce que cachait le numérique tout autant qu’il le montrait.

Ce que le numérique apportait n’était donc pas tant une qualité des supports qu’un confort dans la gestion des supports de masturbation. La question de la cachette des supports venait enfin d’être définitivement résolue : personne dans mon entourage ne savait utiliser un ordinateur. En conséquence de quoi on pouvait commencer à stocker un nombre beaucoup plus important de supports. C’est donc une grande variété qui a marqué cette époque mais aussi une socialisation plus forte autour des supports de masturbation au travers des échanges de fichiers sur disquette.

A l’heure du web et du porno en streaming, c’est une banque de données impressionnante qui est à présent disponible et qui s’enrichit des pratiques d’amateurs qui s’auto-filment et s’auto-publient dans de bonnes ou de mauvaises intentions. Quoi qu’il en soit, on est loin des pratiques qui accompagnaient les technologies et les supports des années 80. Vous voulez une Asiatique à forte poitrine ? Une amatrice qui pratique une fellation ? Quoi que vous vouliez, c’est à portée d’un clic. Il suffit de parcourir les catégories, les mots clés et d’utiliser le moteur de recherche. Les supports de masturbation aussi ont été indexés.

Je n’évoque ici que l’évolution des technologies de publication mais il y a également l’aspect chimique (pilules en tout genre) et gadgets plus au moins robotisés (que j’avais évoqué dans L’érotisme japonais). Face à cette évolution sans précédent des technologies de publication donc, que peut-on dire de l’évolution des techniques et pratiques de masturbation ?

Maintenant que chaque écran devient potentiellement une « station d’assistance à la masturbation », peut-on dire que cela appauvrit l’imagination ? Est-ce que cela augmente le nombre de masturbation par personne connectée ? Y a t il des phénomènes d’addiction ? Les filles, que j’ai toujours crues, à tort ou à raison, moins à même d’avoir recours aux technologies de publication pour se masturber, ont-elles changé leurs pratiques en s’alignant sur celles des garçons ? Y a t il un onanisme technologique et numérique ?

Pas facile en tout cas d’aborder cette question sans se mettre soi-même en interrogation, surtout quand on a connu différents milieux technologiques en si peu de temps. Pas facile non plus de publier ses réflexions sur un sujet à la fois aussi intime que partagé par tous. Et, finalement, dans quelle mesure peut-on dire que la masturbation appartient aux techniques de soi ?

Billet initialement publié sur le site de Christian Fauré

Photo Flickr AttributionNoncommercial Henry M. Diaz

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Le porno américain a peur de la fuite http://owni.fr/2011/04/05/wikileaks-porn-sexe-identite-droit-oubli/ http://owni.fr/2011/04/05/wikileaks-porn-sexe-identite-droit-oubli/#comments Tue, 05 Apr 2011 17:04:51 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=55322 C’est l’un des effets pervers de WikiLeaks, sans mauvais jeu de mots. Alors que le site d’Assange “fait des petits” un peu partout dans le monde, des activistes de tous bords s’approprient la terminologie pour lancer des initiatives aux desseins troubles. Dernier en date, Porn WikiLeaks, une plate-forme qui reprend l’architecture de WikiLeaks, en allant jusqu’à emprunter son nom. Mais ici, il n’est nullement question de révéler les secrets des Etats ou les coulisses de la diplomatie: au lieu de ça, des justiciers de la bonne morale ont décidé de jeter en pâture au public les véritables noms de 15.000 acteurs et actrices de la Porn Valley californienne. Et ce n’est pas tout.

Tandis que certains s’interrogent – légitimement – sur “la fin de l’anonymat dans le X”, d’autres évoquent une industrie “enragée” par ce dévoilement massif. En effet, non contents de détruire les personnages que se sont créés les professionnels du porno pour protéger leur vie privée, les créateurs de Porn WikiLeaks y ont ajouté des adresses, des photos, ou, summum du malaise, une liste “des acteurs gay infectés par le VIH et travaillant dans des productions hétérosexuelles”. Comme des Anonymous intégristes tenants de la bonne morale, ils ont tout fait pour stigmatiser l’activité de ceux qu’ils cherchent visiblement à discréditer.

Sur les 23.807 entrées que compte la partie “wiki” du site, tous les acteurs et toutes les actrices sont qualifiés de “pornographic whore” (putain du porno) ou de “hooker” (prostituée), ces deux qualificatifs étant réduits à des définitions lapidaires qui ne nécessitent même pas de traduction: “a pornographic whore is someone who is a whore for porn”, “a hooker is someone who has sex for money!”. En creux, c’est leur activité professionnelle qui est attaquée.

Piratage de base de données

Comment en est-on arrivé là? Actif depuis plusieurs semaines, suivi de loin par les spécialistes du milieu, Porn WikiLeaks est apparu en pleine lumière quand le blogueur star Mike South – sorte de Perez Hilton du X – a fini par évoquer frontalement le site. Il croit notamment savoir comment son concepteur s’est procuré les dossiers médicaux de milliers de hardeurs et hardeuses, en piratant la base de données qui agrège les informations sur l’ensemble de la profession.

Les 15.000 personnes ciblées ont pour point commun d’avoir fréquenté l’AIM (Adult Industry Medical Associates), une fondation qui affiche son credo d’emblée: “Vous faites l’amour, nous surveillons vos arrières”. Fondée en 1998 par Sharon Mitchell, une ancienne star du X reconvertie dans l’accompagnement thérapeutique des travailleurs du cul, cette clinique est notamment chargée des tests de dépistage de MST, nécessaires à la validation d’un casting pour n’importe quel tournage. Dans un communiqué du 31 mars, l’AIM se défend d’avoir transmis volontairement des informations confidentielles relatives à ses patients, et évoque un acte malveillant:

[Nous] étudions la possibilité d’une intrusion criminelle dans notre base de données médicale. Une masse substantielle d’informations postée sur le site en question ne peut pas provenir de cette base de données car nous ne les possédons pas. Spécifiquement, les adresses ne figurent pas dans les fichiers de l’AIM.

Pour South, comme pour le Daily Beast, qui détaille l’affaire dans un long article, l’identité de cet Assange “justicier” ne fait plus de doutes. Il s’agirait de Donald Carlos Seoane, alias Donny Long, un ancien acteur et réalisateur de films pornographiques. Sur sa page Porn WikiLeaks, qui ressemble à un easter egg de très mauvais goût, il se décrit comme “le dernier hétéro à se dresser contre la mafia gay du porno”. Une tonalité homophobe qu’on retrouve dans les propos d’une revendication anonyme au Daily Beast. Quand on lui demande pourquoi elle a créé le site, la personne, qui se défend d’être Long, répond dans ces termes:

Pour dégager les gays du porno hétéro, ainsi que les maqueraux gay qui ont ruiné la profession en imposant le port du préservatif. L’engouement pour les tapettes doit cesser. La Californie est pleine de Mexicains gay qui peuvent même se marier, ce qui est mal.

Allégorie du droit à l’oubli

Outre-Atlantique, la révélation de l’affaire commence à faire grand bruit, et les médias généralistes s’en emparent, en s’interrogeant sur ses répercussions. A cela rien d’étonnant. Fondée en bonne partie sur la confidentialité, l’industrie du X n’est pas seulement une cible privilégiée pour les whistleblowers mal intentionnés qui veulent un y voir un énième complot reptilien. C’est aussi une allégorie cruelle du droit à l’oubli.

Lors du débat sur WikiLeaks, à la fin de l’année 2010, de nombreux politiciens, et aussi quelques éditorialistes, se sont emportés contre le caractère permanent des fuites. Sur Europe 1, Catherine Nay regrettait par exemple que “rien ne soit jamais effacé [sur Internet]”, et qu’on y fasse l’expérience de “la damnation éternelle, comme l’oeil dans la tombe qui regarde Caïn”.

A l’époque, cet argument n’était pas vraiment recevable, parce qu’il faisait l’amalgame entre la protection de la vie privée des individus et la bonne marche des Etats. Pourtant, il touche un point déjà évoqué lors de l’affaire Jessi Slaughter, cette préadolescente américaine qui avait été prise pour cible par les petits malins de 4chan après avoir posté une vidéo sur YouTube: Jusqu’où peut-on aller sur Internet? A quand un listing complet des fidèles de Youporn, identifiés après avoir été piégés par un script malicieux?

Dans un monde où les pédophiles sont désormais géolocalisés, certains estimeront sûrement que la révélation systématique des coulisses du porno relève d’une démarche presque normale. Pour certains blogueurs, l’offuscation (et non l’obfuscation) n’est que le paravent de l’hypocrisie. Pourtant, le porno n’est pas interdit par la loi, et son seul tort est d’être une industrie “stigmatisante”. L’occasion de rappeler que sur les 15.000 noms fournis par Porn WikiLeaks, bon nombre d’entre eux mènent aujourd’hui une nouvelle vie, loin des plateaux.

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Crédits photo: Flickr CC janale1, Wikimedia Commons

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Quand le NSFW devient ’safe for work’ http://owni.fr/2011/03/20/quand-le-nsfw-devient-safe-for-work/ http://owni.fr/2011/03/20/quand-le-nsfw-devient-safe-for-work/#comments Sun, 20 Mar 2011 17:00:18 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=51362 En 2006, 16% des hommes et 8% des femmes salariés américains confessaient avoir déjà regardé un film pornographique depuis leur lieu de travail. Un vétéran du Vietnam aurait même déclaré que sa visite sur un site aux visées pornographiques était un moyen de se calmer, car il souffrait de stress post-traumatique. En France, une jurisprudence garantit aux visionneurs d’images coquines qu’elles ne peuvent être la cause d’un licenciement si le visionnage n’est pas abusif.

Du porno avec Office

Le collectif Verte Couverture, qui a choisi d’analyser la frustration dans le secteur tertiaire, a rassemblé cette thématique avec un objet représentant le quotidien de tout employé de bureau type, Microsoft Office. Le résultat est MicroPORNsoft, un site proposant des créations pornographiques à base des logiciels de bureautique.

Frustration + Microsoft Office => Porn en .doc

En résultent des productions régulières à base d’Excel, Word et Powerpoint et autres outils développés par la firme de Redmond. Pour permettre à chacun de se faire plaisir des petits guides et les fichiers originaux sont également fournis.

Éjaculation du DOS

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Levrette en .doc

Cliquer ici pour voir la vidéo.

D’ailleurs, Microsoft a compris ce lien entre frustration et bureautique et l’a tourné à son avantage en mêlant les deux dans une publicité, refusée néanmoins, pour promouvoir Office.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le pouvoir de la suggestion

Ces vidéos ne perdant pas cependant leur qualité de NSFW —not safe for work — il existe des moyens plus sécurisé pour se détendre sur son lieu de travail. Notamment en restant dans la suggestion. Vous connaissez l’image avec des dauphins. Elle ne représente un couple enlacé que pour ceux ayant déjà en tête cette image mentale. De la même manière, certaines images peuvent sembler propres à vos collègues alors que vous savez en votre for intérieur ce qu’elles signifient réellement. En témoigne cette publicité pour une marque de vêtement qui ne paraîtra être qu’un dessin animé aux âmes innocentes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une autre solution, inspirée de la méthode dite “du mormon” consiste à ne pas regarder des personnes nues, mais à s’arranger avec les images pour le suggérer. La technique serait née au Japon est à été présentée au monde entier grâce à l’intervention d’un prétendu mormon sur un blog de culturistes. Expliquant qu’il n’avait pas le droit de regarder des femmes nues, il explique que grâce à des bulles savamment placées, il parvient à cacher l’essentiel des vêtements et à encourager l’imagination.

Du plaisir pour les oreilles

Enfin, si toutes ces solutions ne suffisent pas et que l’horreur de l’open space fait que vous ne pouvez pas regarder de films pornographique sur votre écran, il existe un site qui vous permettra d’entendre une description fidèle de ceux-ci directement dans vos oreilles. Imaginé comme un site d’intérêt public à destination des aveugles, le site propose une description audio de nombreux sites payants permettant aux déficients visuels de profiter également de ces petits joyaux de la production pornographique mondiale.

N’oubliez pas de garder vos écouteurs bien attachés !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

photos CC Flickr W, Tostie14memoflores et dmitrybarsky

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http://owni.fr/2011/03/20/quand-le-nsfw-devient-safe-for-work/feed/ 4
L’industrie du porno va-t-elle contribuer au décollage de la 3D ? http://owni.fr/2010/11/20/lindustrie-du-porno-va-t-elle-contribuer-au-decollage-de-la-3d/ http://owni.fr/2010/11/20/lindustrie-du-porno-va-t-elle-contribuer-au-decollage-de-la-3d/#comments Sat, 20 Nov 2010 08:57:47 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=36310 L’industrie du porno va-t-elle faire décoller la 3D ? J’en parlais il y a quelques semaines, si les images en relief commencent à séduire les spectateurs, prêts à mettre le prix pour s’en offrir plein les yeux, le temps d’une séance, au cinéma, il n’est pas sûr qu’ils soient prêts à faire entrer des téléviseurs compatibles 3D dans leur salon de sitôt.

En France, c’est la PME du X (par ailleurs n°1 du secteur en Europe) de Marc Dorcel qui a déjà saisi le filon. En mai dernier, sur la Croisette, en plein Festival de Cannes, il faisait sensation en dévoilant les premières images de l’un de ses prochains films… tourné en 3D. En mars dernier, il entamait en effet le tournage de son premier film en 3D, en travaillant avec une des startups françaises expertes en la matière, la société 3Dlized, qui travaille avec le cinéma et la télévision pour la production de contenus 3D.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Comme le disait alors Grégory Dorcel, fils de Marc :

Comme si elle était assise sur vos genoux, c’est vachement ludique ! Il s’agit d’exploiter le phénomène de jaillissement (sic) permis par la 3D, l’impression que des choses sortent de l’écran.

Cela coûte certes deux fois plus qu’un film classique en moyenne.

Le petit français est carrément en train de monter un nouvel écosystème autour des films X en 3D, en essayant de multiplier les circuits de distribution, en proposant de la 3D en vidéo à la demande (VoD) et en téléchargement. Comme le détaille Romain Thuret dans cette enquête très fouillée (il s’est même fendu d’un “test produit” ;), plus de 100 contenus seront ainsi disponibles d’ici à la fin de l’automne sur Dorcel Vision, et sur les chaînes VOD de Dorcel chez Free et Numericable. VOD qui représente aujourd’hui 50 % du chiffre d’affaires de 20 millions d’euros d’une société qui contrôle également 80 % du marché du DVD en France et concentre une soixantaine de studios européens sous sa coupe. Déjà les heureux abonnés de Numericable pourront apprécier la vidéo mettant en scène le strip-tease 3D d’Aleska Diamond, sur le Canal19 dédié aux démos 3D tournantes et gratuites ;)

À venir aussi, bientôt, la possibilité de télécharger des contenus coquins en 3D sur son PC via le portail direct Dorcel Vision – contenus compatibles avec la technologie NVidia, et avec les téléviseurs 3D.

Nouveaux réseaux de distribution de contenus avec la TV connectée

Malin, Dorcel anticipe donc déjà sur les réseaux de distribution de la télé de demain, qui s’esquissent déjà avec la télé connectée : il délaisse les DVD au profit de chaînes dédiées, qui proposent directement les programmes via des box, ainsi que de la vidéo à la demande, bien pratique pour s’acheter un film X en toute discrétion. Et la VoD risque d’exploser : plusieurs constructeurs ont noué des partenariats avec des prestataires de VoD à l’occasion du lancement de leurs premières TV connectées à Internet.

Outre ce marché que développe Dorcel avec un sens aiguisé du business, le format 3D s’associe particulièrement bien avec les films porno, par essence destinés à exciter les sens du téléspectateur ;) Rien de tel que des films coquins proposés en images en relief pour les convertir à ce nouveau format… Parce que l’image en relief – à l’effet tellement réaliste que l’on se prend parfois à vouloir saisir un objet qui se distingue de l’image – se prête à ce type de films, qui donnent envie de toucher les corps (virtuels mais presque réels par la magie de l’effet 3D) qui s’offrent à l’écran…

Billet initialement publié sur Miscellanées

Image CC Elsa Secco pour OWNI /-)

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http://owni.fr/2010/11/20/lindustrie-du-porno-va-t-elle-contribuer-au-decollage-de-la-3d/feed/ 3
Asie du Sud-Est: le sexe, voie royale de la censure d’Internet http://owni.fr/2010/07/21/asie-du-sud-est-le-sexe-voie-royale-de-la-censure-dinternet/ http://owni.fr/2010/07/21/asie-du-sud-est-le-sexe-voie-royale-de-la-censure-dinternet/#comments Wed, 21 Jul 2010 15:04:30 +0000 Mong Palatino, trad. Loïc http://owni.fr/?p=22590

Aujourd’hui, contrôler le contenu d’Internet est vu comme une pratique anti-démocratique mais les gouvernements d’Asie du Sud-Est la justifie en mettant en avant la nécessité de protéger les jeunes du fléau des “comportements indécents liés au sexe”.

Un projet indonésien consistant à filtrer le “mauvais” contenu du web via son Conseil de contrôle du contenu multimédia [en français] a été enterré en février dernier après l’opposition de la population. Aujourd’hui, ce projet est à nouveau d’actualité suite au scandale provoqué par une vidéo à caractère sexuel d’une célébrité indonésienne [en anglais] qui  choque à la fois les jeunes et les adultes. L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde. Après avoir instauré une loi anti-pornographie en ligne il y a deux ans, l’Indonésie désire maintenant ériger une liste noire des sites Internet [en anglais], à la demande des conservateurs qui désirent protéger le sens moral des jeunes générations.

Un scandale similaire autour de la vie sexuelle d’une célébrité a fait polémique aux Philippines l’année dernière [en anglais] ce qui a ouvert la voie au vote d’une loi contre le voyeurisme [en anglais]. Internet a également été critiqué pour la diffusion instantanée des vidéos de sexe, ce qui a incité les législateurs à créer un projet de loi contre le cyber-crime.

Contrôler tous les FAI

Au Cambodge, le gouvernement a proposé de mettre en place un nœud d’accès à Internet dirigé par l’État [en anglais] pour contrôler tous les fournisseurs d’accès à Internet du pays, pour “renforcer la sécurité sur Internet contre la pornographie, le vol et d’autres cyber-crimes”. Le texte n’est pas encore finalisé mais tout porte à croire que le gouvernement fera aboutir cette mesure, surtout après les remous provoqués par la mise en ligne d’une vidéo de femmes nues [en français] se baignant dans un monastère.

Les gouvernements d’Asie du Sud-Est n’ont pas toujours besoin de scandales pour censurer le web puisqu’ils peuvent avancer d’autres raisons, comme la sécurité nationale, pour filtrer et surveiller [en anglais] les contenus. Par exemple, la Thaïlande est devenu le premier pays au monde à fermer 100.000 sites Internet [en français] pour avoir hébergé du contenu “dangereux”. Des blogueurs, des journalistes [en anglais] et des administrateurs de sites Internet ont été sanctionnés pour crime de lèse-majesté [en français]. Le Vietnam a été accusé par Google et l’anti-virus McAfee de mener des attaques virtuelles [en anglais] contre certains sites, et plus particulièrement des sites qui militent contre l’exploitation minière du bauxite, un problème qui fait polémique dans le pays.

Cependant, la règlementation politique d’Internet se heurte souvent à de fortes oppositions de la part des internautes et provoque toujours des condamnations de l’étranger, notamment des médias et des organisations de défense des droits de l’homme. Les gouvernements du Sud-Est asiatique peuvent toujours ignorer ces critiques mais ils y perdent également leur crédibilité. Les gouvernements soucieux de leur image démocratique ne peuvent pas se permettre de censurer les médias en ligne sur une longue période. En revanche, règlementer le web pour combattre la pornographie et d’autres pratiques “contraires aux bonnes mœurs” génère seulement un chuchotement de protestation. C’est donc devenu le stratagème le plus sûr pour bloquer les sites “nuisibles”. La politique de règlementation d’Internet [en français] du Myanmar (Birmanie), imposée par la junte, a été décrite comme l’une des plus draconiennes. Mais sa décision d’interdire deux hebdomadaires [en anglais] pour avoir publié des photographies de mannequins en short n’a pas soulevé les mêmes protestations des groupes démocratiques.

Symptôme de la montée du conservatisme

La volonté d’éliminer le sexe et les images érotiques d’Internet peut être vue comme un symptôme de la montée du conservatisme dans plusieurs pays d’Asie du sud-est. La carte de la morale est jouée pour imposer des attitudes, des sentiments et des comportements parmi la population même si cette stratégie n’est pas en accord avec certaines cultures de cette région du monde. Quand l’Indonésie a voté la loi anti-pornographie, le gouverneur de Bali a élevé la voix car la loi est contraire à la tradition locale [en anglais] où la réalisation de statues historiques nues et les danses érotiques sont toujours répandues. Lorsque le Cambodge a bloqué l’accès à des sites [en français] présentant des images pornographiques ou érotiques, le site reahu.net [en anglais] a également été interdit pour cacher des illustrations artistiques d’anciennes danseuses Apsara dénudées [en anglais] et d’un soldat khmer Rouge.

Un autre problème est la définition approximative de ce qui constitue une image et une action qui est pornographique, indécente, immorale et obscène. Des activistes philippins sont préoccupés par le fait que le projet de loi contre le cybercrime [en anglais] rende illégal [en anglais] la publication ou la mise en ligne de contenus qui contredisent l’interprétation officielle de ce qui est moral et convenable.

Les gouvernements sont parvenus à maîtriser les outils et les techniques de censure pour les médias traditionnels. Ils sont maintenant en train de tester les limites de la règlementation en ligne. Le projet indonésien pour faire respecter une liste noire des sites Internet devrait être surveillé pour son impact dans la région. L’Indonésie a plus de 40 millions d’internautes et le pays est reconnu comme la capitale de Twitter en Asie [en anglais]. Si l’Indonésie réussit à filtrer le contenu du web, d’autres pays de la région suivront ce modèle.

La censure du web ne coupe pas seulement l’accès à l’information ; elle affaiblit également la possibilité pour les internautes de former des communautés solidaires en ligne. Pour réellement protéger les jeunes et les personnes vulnérables, la meilleure solution est de leur donner, à leurs parents et à leur famille en général, une bonne éducation sur ce thème et des informations pertinentes sur les aspects positifs et les risques liés à la navigation sur Internet.

Billet initialement publié sur Global Voices ; image CC Flickr remixée Alaskan Dude

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Du Porn plein l’iPad http://owni.fr/2010/06/09/du-porn-plein-l%e2%80%99ipad/ http://owni.fr/2010/06/09/du-porn-plein-l%e2%80%99ipad/#comments Wed, 09 Jun 2010 15:53:19 +0000 Admin http://owni.fr/?p=18137

Attention jeunes gens innocents, ce lisse iPad contient en fait plein de cochonneries.

Du grand nettoyage puritain des applications iPhone de l’App Store aux déclarations no-porno de Steve Jobs, Apple a décidé de jouer la carte du « pas de ça chez nous » (on le laisse à Android).

À l’occasion de la sortie internationale de l’iPad, le 28 mai dernier, des Berlinois ont réagi en réalisant cet adbusting. Installée à la station de métro Rosenthaler Platz, cette version publicitaire NSFW du dernier joujou d’Apple associe photos explicites et légendes très cucul (« Promenade au bord de la mer », « Fête de Paques », etc.) via@DominicKennedy

Promenade à la plage.

Promenade à la plage.

L'anniversaire d'Eva.

L'anniversaire d'Eva.

Billet paru sur The Internets

OWNI a traduit l’article de Gawker sur l’échange de mails entre Ryan Tate et Steve Jobs où la question du porno a été évoquée, entre autres sujets de discorde. À lire aussi : Steve Jobs, le hacker génial est-il devenu un réac’ visionnaire ?

Le bonus vidéo

Dans la même veine, des plaisantins se sont amusés à détourner des pubs pour l’iPad à l’occasion de la conférence développeurs WWDC 2010 d’Apple, qui se tient en ce moment à San Francisco. Le tumblr où ils ont diffusé leur clip laisse présager d’autres polissonneries. Ils ont accompagné leur première opération d’un petit texte dont voici la traduction.

Cher Steve,

Tu ne veux pas que des gens regardent des vagins sur une tablette que tu as appelé du nom d’un produit d’hygiène féminine ?

Quelque chose qui sent le poisson.

Sincèrement,

Des gars qui aiment le porno

PS : si vous pensez que le porno c’est super, vous devriez envoyer votre vidéo préférée à sjobs@apple.com

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Music: When I’m Small – Phantogram

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