OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’enfance de l’art en dataviz http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/ http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/#comments Thu, 25 Oct 2012 15:20:34 +0000 Julien Joly http://owni.fr/?p=123958

Neuf heures. Une douzaine d’enfants déferle sur le stand du collectif Open Data de Rennes. Des tables bricolées à partir de palettes, style DIY, à l’occasion du festival Viva-Cités.

Notre mission : sensibiliser des écoliers à l’art de récolter les données et de les mettre en forme de différentes façons : diagramme circulaire, colonnes… Dans ma tête, ce n’est pas gagné d’avance. Comment intéresser des enfants à un concept aussi abstrait (et, accessoirement, paraître aussi cools que le stand d’à-côté, dédié aux imprimantes 3D et aux robots) ?

Pour essayer de capter l’attention des chérubins, on avait pris quelques précautions :

1. Dédramatiser

L’Open Data, c’est utile et rigolo. Voilà le message que doit faire passer Benoît, un membre du collectif promu M. Loyal pour l’occasion :

C’est quoi, des données ? Eh bien, c’est un peu comme dans une recette de cuisine. On va prendre de la farine, des œufs, et ça va faire un gâteau. Chacun de ces ingrédients est une donnée : on sait ce que c’est et combien il y en a. Les données, c’est important pour un pays par exemple. Comme savoir combien il y a de garçons et de filles, quel âge ils ont…

Quant à l’Open Data, c’est des données qu’on peut réutiliser. Vous savez ce que ça veut dire, “open”?

Un enfant : On dirait une marque de voiture !

Bon, au moins, ils écoutent sagement.

2. Diviser pour mieux datavizer

On installe les élèves par petits groupes de trois ou quatre. Chacun est accompagné par un membre du collectif qui les guide dans leur “exercice”. C’est aussi plus facile à gérer, d’autant que, parfois, les feutres ont tendance à se transformer en missiles lancés dans le pull du voisin.

Eh oui : pendant une heure, nous n’allons utiliser ni ordinateur, ni logiciel d’infographie : uniquement du papier des feutres… et des LEGO !

Chaque enfant commence par récolter et manipuler des informations. Mais pas n’importe quelles informations : des informations sur lui-même.

Nous leur avons distribué des grandes feuilles A3 avec des pictos et des cases à remplir : “Es-tu une fille ou un garçon ? Colorie la pastille correspondante avec la bonne couleur. Combien de télés il y a chez toi ? Combien d’animaux possèdes-tu ? De quelle espèce ?”

3. La dataviz sans ordinateur, c’est possible

Les enfants colorient le nombre de cases correspondant et reçoivent l’équivalent en briques de LEGO, qui seront par la suite récoltées dans chaque groupe puis assemblées pour faire des diagrammes en colonnes. Plus fort que la réalité augmentée.

L’atelier ne se déroule pas trop mal compte tenu du fait que les enfants ne connaissent pas les pourcentages et les fractions… alors, quand on leur demande de remplir un diagramme représentant la répartition des sexes dans leur petit groupe, on leur dit d’imaginer que c’est une tarte aux pommes.

Une fois le coloriage terminé, je leur indique les feuilles du groupe voisin :

Regarde, dans leur “tarte aux pommes”, il y a plus de vert que de orange… pourquoi, à ton avis ?

C’est parce qu’il y a plus de filles que chez nous !

C’est dans la poche. Les diagrammes de Venn, par contre, ont un peu de mal à passer… Même si, à notre grande surprise, certains enfants ont compris leur fonctionnement instinctivement.

4. Prévoir de la place pour les cas particuliers

Au final, nous aussi on apprend des choses. Par exemple, les cases “famille” ne sont pas assez nombreuses pour certains qui vivent à sept ou huit sous le même toit. Idem pour le nombre de télés : certains ont presque un écran dans chaque pièce !

A la fin de l’atelier, on récolte les briques de LEGO de tous les petits groupes et on les assemble par thèmes. Ainsi, les enfants peuvent comparer leurs données personnelles à celles de toute la classe. Ils se rendent compte que le petit bout d’information qui les concerne fait partie d’un ensemble, qu’on peut quantifier et comparer.

Par exemple, la “tour de LEGO” verte est plus grande que l’orange. Ca veut dire que les filles sont plus nombreuses. Certains garçons s”offusquent : “Oh non, c’est pas vrai ?” Eh oui, les gars, c’est aussi ça, la dataviz : briser les idées reçues et voir le monde (bon, en l’occurrence, la salle de classe) avec un oeil nouveau.

Alors, mission réussie ? Certes, en une matinée, nous n’avons pas formé une petite brigade de datajournalistes juniors. Il reste aux enfants à apprendre à manipuler des concepts essentiels comme les fractions, la géométrie… ce sera pour plus tard. D’ici là, l’Education nationale aura peut-être inscrit une épreuve de #dataviz au bac, qui sait ?

En attendant, ces écoliers ont prouvé que la collecte et la visualisation de données pouvaient être étudiées à l’école. De façon ludique. Et, pourquoi pas, associées à d’autres matières comme les maths ou la géo.

Alors que l’atelier se termine, un petit garçon me demande s’il peut emporter un souvenir.

Bien sûr, tu peux garder la feuille !

Bof, moi, je voulais les LEGO !


À lire aussi How GM is saving cash using Legos as a data viz tool.
Photos via Open Data Rennes/VivaCités par Christophe Simonato.
Mise à jour 26 octobre : un problème technique nous a fait initialement attribuer cet article à Sabine Blanc et non à son véritable auteur Julien Joly. Voici qui est réparé.

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http://owni.fr/2012/10/25/enfance-art-dataviz/feed/ 10
Les data en forme http://owni.fr/2012/10/09/les-data-en-forme-episode-51/ http://owni.fr/2012/10/09/les-data-en-forme-episode-51/#comments Tue, 09 Oct 2012 15:28:50 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=121981 Data en forme et nouvelle livraison de visualisations de données. Au menu de cette semaine : de la Bretagne, du Luxembourg, de la Marine, des ballons, des tonalités de scarabées et des données exposées. Bon datappétit.]]> Data vedette

Rennes, ou un nouvel acteur du territoire plongeant dans le grand bain de la visualisation de données grand public. Les responsables de Rennes Métropole ont eu la bonne idée de se pencher sur celles et ceux qui peuplent leurs communes. Non pas qu’ils ne le fassent déjà depuis de nombreuses années mais, cette fois-ci, ils ont ouvert leurs outils de réflexion, à savoir les données, aux habitants eux-mêmes.

Grâce au travail de Dataveyes, société spécialisée dans la visualisation de données, tout le monde, rennais ou non, peut aujourd’hui visualiser la répartition des différentes couches de la population sur cette partie du territoire breton via la web-application : “Qui sommes-nous ?”

L’interface vous permet de définir votre profil (âge et sexe), vous pouvez ensuite facilement parcourir les données sur chaque commune en filtrant notamment par activité, profession et/ou état civil. Sans oublier le clic sur une commune qui vous permet d’afficher les data dans le détail.

Tous ces chiffres sont issus du recensement effectué par l’Insee en 2009 et son mises en scène grâce à la désormais célèbre librairie D3.js. Reste à étendre la pratique à l’ensemble du territoire et nous aurons un joli data-joujou.


Mise en veille


 

Titre : Juncker, 30 ans d’engagement politique
Source : wort.lu
Auteur(s) : Raphaël da Silva et Dominique Nauroy
Technique : infographie interactive codée avec les doigts
Note : Pas évident de penser une interface efficace pour visualiser 30 ans de vie politique, c’est pourtant le challenge qu’a relevé la rédaction du quotidien luxembourgeois Wort.lu grâce aux journalistes-codeurs Raphaël da Silva et Dominique Nauroy. L’objectif était de donner à voir, en un coup d’oeil, la carrière politique de Jean-Claude Juncker, actuel premier ministre du Luxembourg. Au final : 500 photos et autant de clics possibles qui permettent de suivre les jalons de cet homme sur ses 30 années.



 

Titre : Britain’s Royal Navy in the First World War (La Royal Navy au coeur de la première guerre mondiale)
Source : Guardian
Auteur(s) : Simon Tokumine
Technique : cartographie animée, CartoDB
Note : Mise en avant sur le site du Guardian, cette infographie animée présente des données pharaoniques crowdsourcées par la communauté Old Weather : la localisation de chaque navire de la flotte de la Royal Navy au cours de la première guerre mondiale. Le résultat est donc bien sûr une cartographie des mouvements de ces vaisseaux sur les océans du globe. Seul bémol : une fois l’animation lancée, aucun bouton “pause” ni même “stop” n’est disponible pour agir sur la visualisation.



 

Titre : Is Barack Obama the President ? (Barack Obama est-il le Président ?)
Source : Visual.ly
Auteur(s) : Guardian et Real Clear Politics
Technique : infographie interactive
Note : Les visualisations liées au futur scrutin outre-atlantique sont bien évidemment pléthores depuis quelques semaines et pour encore quelques unes d’ici au 6 novembre. Le Guardian et Real Clear Politics proposent ici une approche graphique ludique, en mode ballons-fête-foraine (coucou la politique spectacle), pour visualiser les derniers sondages état par état. Ça change des cartes et ça fait le job, merci à eux.



 

Titre : La peine de mort dans le monde
Source / Auteur(s) : France Diplomatie
Technique : cartographie interactive
Note : Une fois n’est pas coutume, la diplomatie française a développé sur son site une carte permettant de visualiser les pays appliquant ou non la peine de mort dans le monde. Certes, on pourrait rêver une approche graphique un peu plus travaillée mais l’objectif est atteint : les données sont intéressantes et lisibles d’autant qu’elles sont recoupées avec les résultats du vote de la résolution “Moratoire sur l’application de la peine de mort” qui a eu lieu lors de la 65ème Assemblée générale des Nations unies en 2010).



 

Titre : Géoportail
Source : Quoi.info
Auteur(s) : Insee
Technique : cartographie
Note : Géoportail n’est bien évidemment un service nouveau mais depuis une semaine c’est le portail carto de l’Insee offre de nouveau services. Grâce à la bonne veille de l’amie Marie Coussin, on découvre ainsi que le site s’est notamment doté d’un nouveau moteur de cartographie proposant tout pleins de sympathiques fonctionnalités : affichages des cadastres, des PLU (Plan Local d’Urbanisme), des vieilles cartes de Cassini entre autres. On y découvre aussi cette astuce bien utile : les cartes sont superposables et l’on peut jouer sur l’opacité de chacune d’elle séparément, de quoi faire des visualisations comparatives en peu de temps. D’autant que les fonctions de partage ont elles aussi été améliorées, mais attention les conditions de réutilisation sont loin de la licence Creative Commons.



 

Titre : The Beatles : Song keys (Beatles : les tonalités de leurs morceaux)
Source : ChartingTheBeatles.com
Auteur(s) : Michael Deal
Technique : infographie
Note : Les Beatles, sans doute l’un des groupes le plus datavisé de tous les temps. En attendant la visualisation des visualisations, voici une nouvelle visualisation sur les scarabées d’outre-Manche. Les données présentées ici sont l’ADN musical du groupe : les tonalités principales de chaque morceau de leur 13 principaux albums. Où l’on apprend donc que les Beatles étaient un groupe principalement “Majeur” notamment en sol, la et mi.


BONUS : Data que l’on touche

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Titre : emoto – Installation
Source : Nand.io
Auteur(s) : Nand.io, Moritz Stephaner, Drew Hemment
Technique : tout pleins de matériaux tous plus physiques les uns que les autres.
Note : Durant l’été, au temps de feu les Jeux Olympiques de Londres 2012, nous avions déjà été émus par les données présentées sur la plateforme Emoto et surtout par leur mise en scène. La fine équipe qui s’est attelée à ce projet en a fait une installation physique interactive présentée lors de l’exposition WEPLAY. Au cœur de cette installation deux objets : une sculpture en mousse de polyuréthanne répartie en 17 modules visualisant les quelques 12.5 millions de tweets collectés et documentés au cours des J.O. Une data-sculpture sur lesquelles sont projetées des informations contrôlables par le visiteur qui souhaite fouiller les données en profondeur. Second objet : un sentigraph (graph de sentiments) de 9,5 mètres de long présentant d’une façon différente ces mêmes données.


Tous les épisodes précédents des Data en forme.
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http://owni.fr/2012/10/09/les-data-en-forme-episode-51/feed/ 12
Open data péRennes http://owni.fr/2012/02/21/open-data-perennes/ http://owni.fr/2012/02/21/open-data-perennes/#comments Tue, 21 Feb 2012 08:21:09 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=98903 OWNI s'est un peu installé à Rennes, première municipalité de France à libérer ses données et à adhérer au mouvement open data. C'était il y a un an et demi. Passé le buzz médiatique, il faut tenir la longueur pour se montrer à la hauteur du défi. Un collectif vient de se monter pour sensibiliser tous les acteurs. ]]>

Ce mercredi à Rennes, les mordus de l’open data réunis dans un collectif se retrouvent à la Cantine numérique rennaise sur le thème “politique et citoyens”. Ils se sont réunis pour la première fois en janvier, en complément de l’action de la municipalité, pionnière dans l’ouverture des données en France. Car après le braquage médiatique des projecteurs, l’open data est une course de fond en réseaux combinant acteurs publics, société civile et secteur privé.

Rennes Métropole et la Ville de Rennes ont lancé leur plate-forme en octobre 2010. La ville a une réputation forte en matière d’innovation technique dans le domaine des TIC, ah les premiers pas du Minitel… Qui n’échappe à personne. D’ailleurs, faut-il y voir un symbole, l’open data est rattaché à la direction générale de la communication.

L’open data, made in Rennes

L’open data, made in Rennes

Comment peut-on utiliser les données libérées par Rennes? Quelques exemples sortis du concours de la communauté urbaine ...

Le microcosme – dont OWNI – est en ébullition devant le spectacle des données libérées,  celles du réseau STAR, le service de transport en commun de Rennes Métropole, et du service LE vélo STAR et les données d’informations pratiques géolocalisées de 1.500 organismes publics et associatifs.

Dans le même temps, un concours d’application est organisé, avec une belle dotation de 50 000 euros, et une participation à l’avenant. Au final, 43 applications et services seront développées par un premier noyau de communautés rassemblant codeurs, professionnels et amateurs. Avec de belles réussites parmi les lauréats, comme Handimap, application pour faciliter le déplacement des handicapés mais aussi… des doublons.

Obstacle financier

Passée la phase de communication enthousiaste donc, “il faut s’inscrire dans la durée, pérenniser la collecte des données et des services, mettre en place des éléments d’animation en privilégiant les usages”, explique Bernadette Kessler, responsable du service innovation numérique qui chapeaute le projet open data. Dans ce sens, une première réunion des collectivités impliquées dans l’open data a d’ailleurs eu lieu au début du mois.

Le développement des applications se heurtent à un obstacle financier. Elles ne sont pas rentables à un si petit échelon. Comme le détaillait Silicon Maniacs :

Dans la capitale bretonne, les applications les plus populaires culminent aujourd’hui à 5 000 téléchargements. Tout juste de quoi espérer quelques centaines d’euros de revenus publicitaire par mois, pour un investissement qui s’élève souvent à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Ce n’est pas tout que les applications soient prévues pour intégrer les données d’autres villes, encore faut-il que des données similaires soient disponibles. Claire Gallon estime qu’il faudrait une douzaine de sets identiques. Or “concernant les données des transports, seul Rennes et Bordeaux les ont libérées”, déplore Bernadette Kessler à titre d’exemple. Le marché est donc en cours de construction, au fur et à mesure que les collectivités locales se lancent. Cet automne, la communauté  urbaine du grand Toulouse, Nantes ou bien encore le conseil général de Saône-et-Loire s’y sont mis, entre autres. (voir la carte complète). Sans oublier le portail national Etalab. D’autres ouvertures sont prévues, La Rochelle, Brest ou le conseil général du Maine-et-Loire, etc.

Fallait-il pour autant attendre que plusieurs villes ouvrent leurs données pour se lancer ? Attention usine à gaz, mieux vaut appliquer les principes de la doocracy, faire plutôt que dire. “Ils auraient mis beaucoup plus de temps”, prévient Claire Gallon, de l’association nantaise LiberTIC, acteur historique du mouvement open data en France issu de la société civile. “La plate-forme régionale se heurte à la difficulté du mille-feuille, cela pose problème si un acteur manque”, rajoute Simon Chignard, vice-président de la Cantine numérique, président de l’association Bug et futur papa d’un livre sur l’open data. Ce qui n’empêche pas de construire une plate-forme locale, “intéressante car elle sert d’outil d’animation”, poursuit Claire Gallon.

Pédagogie

Une certaine idée de l’open data

Une certaine idée de l’open data

Le 13 juillet dernier est sorti un rapport produit par 4 élèves de l'école des Ponts ParisTech, intitulé "Pour une ...

Depuis avril, l’entrepôt des données attend une mise à jour, qui devrait arriver dans les semaines qui viennent. “Sur 300 jeux de données libérés en France, 113 l’ont été à Rennes”, tempère Simon Chignard. N’empêche qu’il faut faire face à deux problèmes. D’un point de vue technique, la mise est forme est longue. Et il faut convaincre les services de  libérer les données, long travail de pédagogie pour expliquer les enjeux et introduire cette nouvelle culture, toute en souplesse et réactivité, avec des nouveaux outils de communication comme les réseaux sociaux. Officiellement, “il n’y a pas plus de problème qu’ailleurs, au contraire, il y a un accord général”, avance Bernadette Kessler. Dans la réalité, c’est un peu plus compliqué, comme l’explique Simon Chignard :

Même en étant pro open data, je comprends leurs craintes. Les services publics n’ont pas envie de se faire taper dessus.

Certaines personnes ont encore en mémoire l’exemple de l’application Check my metro, qui avait donné des frissons à la RATP, au point qu’elle avait demandé à Apple de la retirer de l’Appstore : plus efficace que celle de la RATP, elle permettait aussi de signaler les contrôleurs. “Mais si on ouvre pas, cela se fait justement de façon sauvage” ajoute Simon Chignard.

La question de l’animation de la communauté demeure centrale.“C’est encore en discussion, explique Bernadette Kessler. C’est une grosse organisation et il faut faire le suivi des applications derrière. Ce ne sera pas en 2012 pour des questions de budget et de temps. Pourquoi pas le faire avec une autre ville ou lancer un appel à projet.”“À Washington, ils ont organisé deux concours puis plus rien, détaille Simon Chignard. En revanche, à New York, ils en sont à trois concours. On peut faire des petits challenges, par catégorie, par exemple.”

Pour que l’open data poursuive son essor, il faudrait aussi que les associations et les entreprises jouent le jeu. Or Rennes a fait un choix : ce n’est pas à eux de prendre en charge la sensibilisation de ces acteurs. Bernadette Kessler justifie :

Je ne peux pas me substituer au milieu associatif et au mouvement de l’open data. À Rennes, la société civile n’est pas forcément au fait, il faudrait qu’il y ait un LiberTIC à Rennes.

Prendre le relais

Et ça tombe puisque depuis cet hiver, la société civile prend le relais, sous la forme de ce collectif qui organisera la rencontre de ce mercredi à la Cantine numérique. Il se passe donc un processus inverse à celui observé à Nantes, où une association forte, LiberTIC, dont la notoriété dépasse la région, avait pris les devants. “Une vingtaine de personnes étaient venues à la première réunion. Nous avons lancé des invitations aux élus pour l’événement de mercredi, plusieurs ont répondu”, se réjouit Léa Lacroix. La jeune femme a une double casquette, qu’elle ne mélange pas : face pro, elle effectue un stage au service open data ; face perso, elle s’occupe de l’association.

“Après le concours, “il y a eu un moment de flottement”
, constate Simon Chignard. Le relais est en train d’être pris par des gens qui ne codent pas. Il y a par exemple des gens de l’économie sociale et solidaire.” Et aussi des journalistes. Non pas issus de la presse locale, semble-t-il plus préoccupée par les apéros Facebook géants que sur les données du budget. Des journalistes indépendants vont bientôt s’attaquer à ce nouveau terrain, rassemblés sous le nom de Rennes 1720. Une allusion au grand incendie qui ravagea la ville, prélude forcé à une modernisation. Mieux vaut prendre les devants, bis.


Dans le cadre de la présidentielle, OWNI, en association avec Regards citoyens et La Cantine, a commencé à dresser une liste de courses de données dont nous avons besoin pour mener à bien nos travaux de datajournaliste : Candidata, que vous pouvez vous aussi enrichir. Faites vos jeux (de données) !

Illustrations sous licences Creative Commons par Opensourceway et justgrimes

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http://owni.fr/2012/02/21/open-data-perennes/feed/ 14
L’open data, made in Rennes http://owni.fr/2011/04/11/lopen-data-made-in-rennes/ http://owni.fr/2011/04/11/lopen-data-made-in-rennes/#comments Mon, 11 Apr 2011 11:32:08 +0000 Simon Chignard http://owni.fr/?p=55845 Le concours de développement de services et d’applications, initié par Rennes Métropole suite à l’ouverture des données publiques sur le territoire vient de s’achever. Un premier point d’étape s’impose sur les 43 applications et services qui ont participé. Au-delà des exemples de See.Click.Fix et de “Where does my money go?” – deux réalisations des pionniers anglo-saxons de l’open data-, quelles sont les réalisations ici, en France ?

A l’origine, c’est l’histoire d’un jeu de données, l’un parmi la centaine qui ont été mis à disposition des développeurs. Ce jeu de données s’appelle “emplacement des trottoirs surbaissés”. C’est un fichier de 80 000 points qui recense tous les trottoirs surbaissés de Rennes et leur emplacement.

Un trottoir surbaissé cela peut correspondre à une sortie de véhicule (“un bateau” comme on le nomme dans le langage courant), mais aussi à un passage piéton aménagé pour les personnes en fauteuil roulant. Ces données sont utilisées par les services techniques de la ville, pour les travaux de voirie notamment.

L’emplacement des passages piétons ne figure pas dans les jeux de données ouvertes. Deux développeurs indépendants ont toutefois pu déterminer l’emplacement de 4000 passages piétons, à l’aide des photographies aériennes (orthophotos) qui, elles, faisaient aussi partie des données libérées.

En combinant la donnée “brute”, un vrai travail d’enrichissement et en mixant ces données avec des points d’intérêt spécifique (arrêt de bus accessibles, surfaces podotactiles), ces développeurs ont pu proposer un service de calcul d’itinéraires pour les personnes à mobilité réduite. Leur service, handimap.org est accessible en ligne et sur mobile et figure parmi les lauréats du concours.

Cet exemple illustre – sous un angle différent de celui de See.Click.Fix – tout l’intérêt de la démarche d’ouverture des données: les usagers disposent d’un service qui n’existait pas – et qui n’aurait sans doute jamais vu le jour sans ce concours-, la collectivité voit sa donnée utilisée et enrichie par des tiers et les développeurs ont pu tester et mettre en œuvre une approche originale et prometteuse.

Une grande majorité des applications se sont concentrées sur la thématique du transport et de la mobilité urbaine; les données “vélo” ont été les premières ouvertes (bien avant le lancement du concours), les jeux de données comprennent un grand nombre de modes de déplacement (vélo, bus, métro, parcs-relais de stationnement, …), l’orientation “apps mobiles” du concours a par ailleurs dû contribuer à orienter les développeurs vers cette thématique.

Beaucoup d’applications sur la mobilité dans la ville – dont plusieurs lauréates du concours : Go2Rennes, Transports Rennes, EoCity, … – mais avec souvent des approches différentes: l’un aura privilégié la diversité des modes, l’autre fournira un calcul précis du Co2 économisé en utilisant le vélo (Vélo Rennes). Un dernier enfin (ParkingGuru) vise à faciliter le stationnement dans le centre-ville.

On peut aussi repérer des services à vocation touristique (promenades en réalité augmentée), récréative ou même sportive. Partager des itinéraires favoris, découvrir des lieux de sortie un samedi et les parcours d’entraînement pour les adeptes de la course à pied le dimanche …

Un open data ni de droite, ni de gauche

Lors d’une récente intervention à la Cantine numérique rennaise, Valérie Peugeot soulignait les deux grandes catégories d’arguments utilisés pro-open-data; une approche économique (facteur d’innovation, création de services, amélioration de la vie quotidienne, contribution à l croissance, création d’emploi, …) et une approche politique (faire émerger de nouvelles connaissances, et enrichir les biens communs de la connaissance, gagner en efficacité pour les administrations, la citoyenneté par la transparence et l’accountability, participer de la qualité démocratique, …).

Je m’interrogeais dans un article précédent sur l’orientation politique de l’open data. A première vue, on peut se dire que cet open data là, celui qui a été révélé par le concours, n’est ni de droite ni de gauche, il est utilitariste.

Ce foisonnement de services utiles pour les habitants de la ville et ceux de passage est de nature à rassurer les élus et les collectivités qui s’engagent avec plus ou moins de prévenance dans une démarche territoriale d’ouverture des données. Le bénéfice “usagers” est clair : en ouvrant les données on favorise l’émergence de services (utiles) qui n’existaient pas.

N’est-il pour autant jamais question de politique dans les services présentés ? Un contre-exemple est celui proposé par Urbanility.

Le site propose une autre approche de la ville: en tapant une adresse dans le moteur de recherche, vous trouverez une vision succincte des “points forts” et “points faibles” du quartier. La logique utilisée est celle de la proximité – existe-il un espace de jeux pour les enfants dans un rayon de 250 mètres autour de votre domicile ? Pour les commerces (donnée qui ne figure pas dans le jeu de données), le développeur a utilisé les annuaires de Yahoo Local France.

Le plus intéressant dans cette approche, et ce qui est aussi le plus politique, c’est le retraitement qui a été utilisé pour classer les points forts et les points faibles. Le service recalcule la distance moyenne de chaque point de la ville à un commerce particulier, par exemple une boulangerie. Si vous habitez à 85 mètres d’une boulangerie mais qu’en moyenne pour les adresses de Rennes possédant une boulangerie proche de chez eux cette distance est inférieure, Urbanility considérera que votre adresse est moins bien “fournie”.

Pourquoi est-ce politique ? Parce qu’en choisissant ces critères de classement, le développeur opère une mise en avant de la réalité de la ville, il utilise des données objectives et leur apporte sa propre subjectivité – il reconnaît d’ailleurs le côté “work in progress” de sa démarche. Une telle mise en lumière aurait d’ailleurs tout aussi pu s’opérer sur les données transport; aucun développeur par exemple ne s’est intéressé aux statistiques de fréquentation des stations de vélo en libre-service.

Peut-être que les jeux de données libérés n’orientaient pas vers un usage plus politique. La ville de Rennes et Rennes Métropole viennent d’annoncer la poursuite de leur programme open data avec les données budgétaires – nous pourrons voir prochainement le type de services et d’applications qui les utilisent.

Le retour de la figure du pro-am ?

Deux tiers des participants sont des particuliers. Ils sont lycéen, étudiant ou ingénieurs. Ils ont en commun de bien maîtriser l’outil informatique, par métier ou par passion. La plupart sont des salariés des grands groupes d’informatique ou de télécommunications, mais qui ont poursuivi un projet personnel – il est amusant de noter que peu d’entre eux développent des services mobiles dans le cadre de leur emploi. Ils ont plutôt des spécialisations autour des grands systèmes d’information ou des systèmes de facturation (billing & ticketing).

Les entreprises participantes vont de la start-up locale à la société de services en informatique. D’autres viennent de Paris, de Lyon … ou de Strasbourg – on voit bien une illustration du “first-mover advantage” pour l’organisateur du concours.

D’un point de vue technique, un tiers environ des services sont accessibles sur le web, un deuxième tiers pour les téléphones Android et un dernier tiers pour toutes les autres plate-formes dont l’iPhone. Une part importante d’Android à mettre en relation avec la forte participation des particuliers à cette compétition.

De l’open innovation plutôt que de l’open government ?

Il y a un intérêt dans la démarche, au-delà du résultat lui-même.

Toutes les parties prenantes du processus – les services de la collectivité, les élus, le délégataire de service public de transport, … – auront pu faire l’expérience concrète de l’innovation ouverte.

Les échanges furent nourris sur les forums de développeurs, avec souvent de l’entraide et du partage de connaissances. Les ateliers physiques ont permis de faciliter les rencontres entre les développeurs et ceux qui ont accepté de libérer leurs données.

Une rencontre qui aura aussi permis de confirmer l’une des bases de l’open innovation à savoir qu’il y a des gens hors de l’organisation (collectivité ou entreprise) qui sont capables d’apporter des bonnes idées et des propositions de réalisation. C’est peut-être aussi l’un des premiers bénéfices de cette expérience open data qui se poursuit aujourd’hui. Moins flashy que See.Click.Fix mais tout aussi intéressant…

Le concours n’était que la première étape d’une démarche qui est maintenant lancée, démarche qui a suscité des attentes aussi bien de la part des développeurs que des détenteurs de données. A suivre !

>> Montage Photo utilisant FlickR PaternitéPartage selon les Conditions Initiales suzannelong et PaternitéPas d'utilisation commerciale Christophe Porteneuve

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http://owni.fr/2011/04/11/lopen-data-made-in-rennes/feed/ 10
Libération des données: “On ne reviendra pas en arrière” http://owni.fr/2010/06/14/liberation-des-donnees-on-ne-reviendra-pas-en-arriere/ http://owni.fr/2010/06/14/liberation-des-donnees-on-ne-reviendra-pas-en-arriere/#comments Mon, 14 Jun 2010 17:30:42 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=18220 San Francisco, Londres, Vancouver… : l’ouverture des données, petit à petit, fait son chemin dans les villes. En France, c’est à la “modeste” Rennes qu’il revient d’ouvrir le bal des données, justifiant son image de ville dynamique. En février dernier, la ville bretonne et Rennes métropole annonçait une première pour une collectivité territoriale : l’ouverture de données publiques, en l’occurrence celles de son réseau STAR, le service de transport en commun de Rennes Métropole, et du service LE vélo STAR et les données d’informations pratiques géolocalisées de 1.500 organismes publics et associatifs.
Une précision avant de poursuivre : par réseau données publiques de transport, on entend bien plus que le bus : le réseau, son infrastructure, la disponibilités des équipements -ascenseurs, escalators, stations de vélos) ou la location d’un lieu public. Bref un large bac à sable pour innover.

Xavier Crouan, directeur de l’Information et de l’innovation numérique, de Rennes Métropole & Ville, revient sur ce saut. Il parle en early-adopter convaincu, il parle avec autant de foi que d’optimisme. Un enthousiasme qu’il convient de tempérer. Mme Michu ne s’intéresse pour l’instant pas à l’opendata, cela reste un sujet de conversation chez les geeks (comme OWNI par exemple :) Les quelques applications créées évoquées par Xavier Crouan restent d’usage confidentiel. “Cela ne constitue pas une révolution dans le quotidien des Rennais. Ils s’intéressent plus au fait qu’un vélo sur trois a été volé ou détérioré…”, témoigne un habitant. Et c’est fort logique puisque on en est aux premiers pas. La révolution aura lieu lorsque des usages concrets, pratiques feront jour.

Aux origines de l’ouverture des données à Rennes, il y a une initiative du privé…

Le point de départ effectivement, c’est Keolis, qui est délégataire du transport de Rennes métropole. La compagnie a posé comme condition l’ouverture des données transports. À Rennes, nous sommes ouverts aux nouveaux usages et aux innovations issus des nouvelles technologies depuis un certain nombre de temps, nous avons donc saisi la balle au bond. C’est dans l’air du temps, il y a aujourd’hui dans le monde anglo-saxon beaucoup d’initiatives. En France, il n’en existe pas, réagissons et essayons de mener cela ensemble, de manière à la fois plus structurée et de plus grande ampleur.

Les données LE vélo STAR ont déjà été libérées (accessibles sur une API sous Creative Commons, Ndlr). Nous libèrerons d’autres données de transports progressivement du mois de juin jusqu’à fin août : les données des horaires théoriques des bus et métros, ceux en temps réel le seront dans un an environ, quand le système sera mis en place. Toujours dans le temps réel, les alertes trafic, l’état d’occupation en temps réel des parcs relais, le fonctionnement des ascenseurs et des escalators, l’accessibilité des lignes pour les personnes à mobilité réduite… Ce sont des données qui appartiennent à Rennes métropole mais gérées par Keolis pour le compte du service public, en délégation.

Vous n’en êtes pas resté là…

Nous avons aussi offert d’autres données, qui géolocalisent 1.500 organismes publics, parapublics, culturels, sportifs, associatifs. Elles sont recensées dans un guide que nous éditons chaque année depuis vingt ans, Vivre à Rennes. Voilà trois ans, j’ai lancé l’idée de mettre ses données sur une base, pour pouvoir les exploiter. C’est ainsi que nous avons été la première collectivité à lancer une appli iPhone, VivreàRennes, en octobre dernier, rassemblant ces données structurées en thèmes et sous-thèmes avec un contenu informationnel géolocalisé avec les horaires d’ouvertures, les sites Internet de chaque organisme, etc.
Nous allons aussi libérer, mais je ne peux pas vous fournir de détails car nous travaillons dessus, bon nombre de données du système d’information géographique, ce sont des données importantes avec de la cartographie, des couches d’informations essentielles pour des usages que nous n’imaginons pas encore aujourd’hui mais dont on connaît les potentialités.

Je vais multiplier les rencontres pour avancer : la région Bretagne vendredi (le 11 juin, Ndlr), le département avant la fin du mois, un délégataire de service public qui gère les parkings de Rennes pour avoir les informations en temps réel, Dor Breizh, un système qui gère les informations sur les embouteillages à Rennes et alentour, le directeur de l’agence d’un organisme de Rennes métropole qui possède les données statistiques sur le territoire. Certaines données sont certaines, sur d’autres nous travaillons encore.

L’entrepôt des données, pour reprendre un terme anglo-saxon (datastore, Ndlr) va s’enrichir petit à petit et il sera recensé sur un site Internet, data.rennes.fr et data.rennes-metropole.fr avec des liens vers les détenteurs de ces données.

Avez-vous rencontrés des difficultés inattendues ?

Comme nous défrichons, nous essuyons quelques plâtres. Mais notre territoire est vraiment innovant, nous avons un terreau politique et des acteurs qui font que cela démarre au quart de tour, depuis quatre-cinq ans nous travaillons sur cette dynamique, les choses se passent assez facilement même si de temps à autre, des gens disent effectivement : “c’est mes données, c’est ma cassette et je ne la partage pas”

Les réticences viennent de qui ?

Pour l’instant nous n’avons pas rencontré fondamentalement de réticences., même si cela surprend au départ. Quand on explique la démarche et à quoi elle peut aboutir, c’est assez vite compris. Cependant, quand il s’agit d’un consortium, il y a des difficultés. J’évoquais Dor Breizh qui réunit cinq ou six acteurs. Pour savoir à qui appartient précisément les données, si elles sont libres de droit etc., des questions juridiques se posent. Dans la mesure où elles ont vocation à être diffusées, je ne vois pas pourquoi il y a des freins à cela. Après, on comprend bien pourquoi certaines personnes peuvent se montrer un peu frileuses.

Mais je pense que la dynamique est lancée, on ne reviendra pas en arrière, on a cassé les frontières, à Rennes comme en France. Notre exemple est un peu observé, cela va créer une vraie dynamique, il y a des enjeux importants derrière.

L’ouverture des données pose aussi des questions sur le plan juridique…

On va prendre une licence pour préciser le contexte dans lequel elles peuvent être utilisées, en application de la directive européenne de 2003 (transposée dans la loi français en 2005, elle autorise la réutilisation commerciale de ces données, Ndlr). Nous étions partis sur des Creative Commons et l’on s’aperçoit que les CC, qui sont éprouvés au niveau du droit international, couvre la réutilisation des œuvres. La commercialisation, la réutilisation de données retraitées a du mal à émerger dans le cadre de la licence CC : une œuvre d’art ne peut pas être réinterprétée et revendue. Il existe aussi la licence IP du ministère de la Justice mais qui ne correspond pas tout à fait aux données publiques au sens où on l’entend. En revanche, celle de l’APIE, (agence des biens immatériels de l’État), a été conçue dans ce sens et on devrait la réutiliser. Nous finalisons actuellement l’étude de cette licence.
De la même manière, il n’y a pas de jurisprudence, le droit s’écrit au fur et à mesure. On s’attend peut-être à ce que notre dispositif juridique soit observé.

Avez-vous des projets pour doper la participation et l’innovation ?

Nous allons lancer un concours d’app, mobile et web, du 1er octobre au 31 janvier, avec une dotation attractive de plus de 50.000 euros. Les critères : la notion d’accessibilité, d’intermodalité, de développement durable. Les donnée seront fournies gratuitement avec peut-être un plafond d’usage, pour éviter de faire gonfler notre parc serveur, ce qui coûterait cher, si nous avons trop de requêtes. Les app seront gratuites et la commercialisation des services issus de ces données pourra se faire sous forme de vente au téléchargement ou par voie publicitaire.

La question de la commercialisation était encore en suspend récemment, en fait vous vous dirigez dans ce sens. Ce n’est pas incompatible avec la philosophie du projet ?

Je ne crois pas, au contraire, on considère que ces données doivent avoir une valeur et nous laissons le marché réagir. Certains services seront gratuits, d’autres payants. Si cela ne crée pas de la valeur directe pour l’institution puisqu’on les livre gratuitement, elle peuvent en créer directement sur le territoire. C’est une façon d’inciter les gens à participer, d’étendre le champ des créateurs. Nous préférons cela au choix inverse, où nous vendrions les données avec un nombre moindre d’applis. Nous croyons à la multiplication des applis, quitte à ce qu’une grande majorité soit gratuite, car cela peut engendrer une autre relation aux institutions, au territoire et au service public. Dans une de mes présentations, j’explique qu’on passe du web 2.0 au web2, c’est-à-dire que l’on fait en sorte que l’habitant deviennent lui-même producteur de son propre service public, les possibilités sont presque infinies. Nous, en tant qu’institution, nous n’aurons jamais ni le temps ni les moyens pour réaliser une appli pour trente personnes.

Les prix seront réglementés ?

Ils seront libres.

Libérer les données, c’est un chantier coûteux ?

Oui et non. Je pense que je n’aurai pas de ligne budgétaire. C’est plutôt en temps-homme que cela se compte, il faut lancer la machine, après c’est assez simple. Dans le coût, il y a le développement des API, mais c’est à la marge, une API coûte entre 10 et 20 000 euros selon la complexité des données. On ne livre pas les données, on livre l’accès aux données et il faut assurer aux utilisateurs qu’elles seront mises à jour. En revanche bien sûr, j’aurai une ligne budgétaire pour le concours.

La réussite du projet passe aussi par un travail de pédagogie auprès des élus et du public…

Nous n’avons pas trop communiqué auprès du public pour l’instant, c’est plutôt auprès des institutionnels et des élus. La signature à Rennes depuis trente ans, c’est “vivre en intelligence”. La dynamique participative de proximité et d’innovation est déjà ancrée , la libération de données n’est qu’un nouvel outil.

Quel retour avez-vous eu en terme de participation ?

Sur les données vélo, nous avons déjà onze applis, en sachant qu’il n’était pas encore possible de croiser ces données avec d’autres. Les possibilités futures sont très prometteuses.

Quelles retombées espérez-vous pour le territoire ?

Nous attendons un maximum d’applications, une dynamique vertueuse d’ouverture plus importante de données, une dynamique créative dans tous les sens du terme : de valeurs mais aussi en terme d’innovation sociale. C’est aussi démontrer que le territoire de Rennes innove dans les usages issus de nouvelles technologies pour permettre leur développement. Cela participe aussi à l’attractivité du territoire, et ce n’est pas le moins important.

Vous faites une veille sur ce qui se passe en la matière dans d’autres pays. Allez-vous calquer des idées ? Par rapport aux autres initiatives, avez-vous une spécificité, lié à votre territoire, par exemple ?

La spécificité, c’est peut-être la prise de risque : nous avons franchi le pas. Nous regardons aux États-Unis les mises en commun qui se font entre villes. À l’échelle de la Bretagne, il y a peut-être des collaborations à mettre en place, entrer dans une démarche commune avec d’autres collectivités. Nantes réfléchit beaucoup, Paris a voté hier soir (mardi 8 juin, ndlr) une délibération mais qui n’a pas beaucoup de contenu, Brest Métropole Océane a également voté une délibération d’intention au conseil municipal. C’est mûr un peu partout pour aller au-delà.

De façon générale, vous notez une curiosité sur le sujet de la part d’autres collectivités ?

Bon nombre de collectivités y réfléchissent. J’ai l’impression que dans dix-huit mois on ne sera plus tout seul, c’est évident. Notre approche est de faire savoir pour partager, nous travaillons à livre ouvert pour faire progresser la réflexion nationale sur un certain nombre de champs : quels sont les points d’achoppement, le coût réel, les avantages… C’est aussi une ouverture de la démarche.

Vous rencontrez parfois de l’incompréhension, on vous prend pour des extra-terrestres ?

Pas à ce stade. Ceux qui nous interpellent sont plutôt des gens en réflexion. Ceux qui se mettent des freins dans leur tête ne font pas partie de la Fing (Fondation Internet nouvelle génération, qui accompagne entre autres les collectivités territoriales dans leur réflexion sur l’usage des nouvelles technologies, Ndlr).

Pour conclure, êtes-vous optimiste sur l’ouverture en France des données ? Ou ce mouvement sera-t-il laborieux, comme certains le pensent, parce qu’il ne s’inscrirait pas dans notre tradition ?

On va le faire et cela va révolutionner la manière de percevoir les services publics, cela va faire bouger un certain nombre de ligne dans les organisation municipales, ministérielles. Le plus gros frein ne sera pas les collectivités territoriales. Aujourd’hui les villes et les métropoles sont le cœur de l’innovation parce que c’est là où vivent les habitants, c’est là où la gouvernance de proximité se fait. Au contraire, c’est dans ces territoires que l’innovation sociale, au sens numérique, sera la plus grande. Les innovations se font dans des métropoles : à Rennes, à Bordeaux, à Montpellier, à Grenoble, à Lyon. Ce sera plus simple, plus rapide, plus efficace.

En revanche, cette révolution au niveau de l’État va certainement demander beaucoup plus de temps. Je ne veux pas juger l’APIE, mais elle connaîtra des difficultés.

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Photo CC Flickr Dr Craig et michibanban

Titre alternatif, refusé par ma hiérarchie : Libération des données : lâchez le Rennes!

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Facebook : quand un anonyme rassemble des milliers de personnes autour d’un verre http://owni.fr/2010/03/26/facebook-quand-un-anonyme-rassemble-des-milliers-de-personnes-autour-dun-verre/ http://owni.fr/2010/03/26/facebook-quand-un-anonyme-rassemble-des-milliers-de-personnes-autour-dun-verre/#comments Fri, 26 Mar 2010 10:38:12 +0000 Erwan Alix http://owni.fr/?p=10927
Photo CC Flickr Stéfan

Photo CC Flickr Stéfan

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Normalement, un jeudi soir, cette place est presque vide...

Ce jeudi 25 mars, un apéro géant se tenait à Rennes. Lancé par un anonyme sur Facebook, il a illustré la puissance du service en faisant le plein.

L’invitation a été lancée plusieurs semaines à l’avance sur Facebook, et elle a pris très rapidement. Au total, 13 000 personnes ont annoncé leur participation certaine, 10 000 autres disant qu’elles viendraient peut-être. L’affaire avait de quoi inquiéter d’emblée la municipalité et la préfecture, habituées aux fins de soirées « animées », et susciter dès l’amont l’intérêt des médias locaux (Maville, Ouest-France, Mensuel de Rennes, Alter1fo, France 3 Ouest…) , et même nationaux (LC1 et TF1 !).

Au moment où j’écris ces lignes, je reviens de l’apéro géant (sobre !). Il est trop tôt pour parler de succès total, car d’éventuels débordements sont possibles d’ici à demain matin. Quand je suis parti, vers 23 h, l’ambiance était bon enfant et il n’y avait pas trop de verre brisé. Mais déjà de la viande saoule, par contre…

Néanmoins, malgré une météo capricieuse, le pari de réunir un grand nombre de personne est déjà gagné. Que ce soit plus ou moins qu’à Nantes en novembre, on s’en fout.

Il est difficile d’estimer le nombre exact de participants ; de 20 h à mon départ, la foule n’était pas compacte mais alimentée par des allées et venues permanentes. Des policiers m’ont parlé de 4 000 personnes. C’est sans doute le nombre de fêtards en simultané au plus fort de la soirée, mais l’événement a drainé un nombre total de personnes sans doute plus important. Ce n’est que mon estimation.

Taux de transformation

Plus de 13 000 personnes avaient annoncé leur venue, elles n’étaient pas toutes là, sûrement pas. Mais il y avait au moins 30, 40 ou 50 % d’entre elles. La fourchette est large, au pifomètre, mais force est de reconnaître qu’il y a eu un taux de transformation du virtuel au réel assez remarquable. On raille souvent les mobilisations en ligne pour leur inefficacité, voici un contre-exemple. A ce propos, si quelqu’un me retrouve le billet imaginant le flop de l’appel du 18 juin 40 s’il avait été fait sur Internet, je suis preneur.

Quand on a fréquenté l’Esplanade de Gaulle ce soir, quand on a vu la rue du Maréchal Joffre, d’ordinaire déserte à cette heure, remplie comme la rue le Bastard un samedi après-midi, on ne peut qu’être impressionné par la puissance de Facebook.

Normalement, un jeudi soir à Rennes, l’esplanade de Gaulle est quasi vide. A part ceux qui sortent du cinéma. Ce soir, il y avait plus de 4 000 personnes là. Les rues voisines, peu fréquentées la nuit, pleines de gens qui allaient au rendez-vous, ou en revenaient. Les flux urbains habituels modifiés, deux stations de métro neutralisées. Juste parce qu’un inconnu a écrit sur Facebook « et si on faisait un apéro géant le 25 mars, esplanade de Gaulle à Rennes ? »

C’est fou, non ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Billet initialement publié sur le blog d’Erwan Alix sous le titre “Un apéro pas commes les autres”

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Bruit, rumeur et information http://owni.fr/2010/03/19/bruit-rumeur-et-information/ http://owni.fr/2010/03/19/bruit-rumeur-et-information/#comments Fri, 19 Mar 2010 09:02:32 +0000 Erwan Alix http://owni.fr/?p=10398 rumeur

Photo CC Yung GrassHopper sur Flickr

Ce 18 mars était une journée animée sur le front de l’info et du web à Rennes. A 11h39, une forte détonation a été entendue dans la ville et alentours. Le web local s’est enflammé. L’occasion de parler de bruit, de rumeur et d’information.

Pensez-vous que cette illustration sert ou dessert le billet ? Je  me pose la question...

Pensez-vous que cette illustration faite à la main sert ou dessert le billet ? Je me pose la question…

Il était donc 11h39 ce matin lorsque de nombreux Rennais ont entendu un gros boum, et pour certains, ressenti une vibration. Dès 11h41, un utilisateur de Twitter demandait si d’autres twitterers avaient entendu ce bruit. Il était retweeté à plusieurs reprises dans l’heure de midi.

J’étais à Chantepie, et moi je n’ai rien entendu. J’ai vu cette rumeur sur Twitter en début d’après-midi, qui m’a mis les sens en alerte… En effet, nous avons eu plusieurs cas similaires dans l’Ouest – avec au final des avions franchissant le mur du son – et à chaque fois, c’est une avalanche de réactions.

Rumeur ou information ?

Vu le tour que les choses prenaient sur Twitter, nous avons cherché à vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un fake. Les nombreux tweets mentionnant l’explosion étaient pour l’essentiel des retweets provenant de deux sources. C’était un peu léger. Nous avons donc cherché à vérifier en appelant des connaissances résidant à l’est de Rennes. Dès le premier coup de fil, une personne de confiance nous a confirmé avoir entendu un boum suivi d’une vibration, en fin de matinée. Simultanément, d’autres personnes témoignaient sur Twitter.
Nous avons donc commencé par mettre en ligne un appel à témoin : « Avez-vous entendu un boum à 11h39 ? », avec les précautions du conditionnel (un bruit aurait été entendu…)… En dix minutes, nous recevons dix témoignages concordants, localisés à Rennes et ses environs. Il y a donc bien eu un bruit.
Nous avons donc augmenté la visibilité de l’appel à réaction, et sollicité les abonnés de notre base par un mail d’alerte, afin qu’ils témoignent. Ça c’est la moitié de notre travail de journaliste web. Dans le même temps, nous nous sommes efforcés d’accomplir l’autre moitié de notre travail : vérifier l’info et trouver l’explication.

Nous avons donc commencé par mettre en ligne un appel à témoin : « Avez-vous entendu un boum à 11h39 ? », avec les précautions du conditionnel (un bruit aurait été entendu…)… En dix minutes, nous avons reçu dix témoignages concordants, localisés à Rennes et ses environs. Il y a donc bien eu un bruit.

Nous avons ensuite augmenté la visibilité de l’appel à réaction, et sollicité les abonnés de notre base par un mail d’alerte, afin qu’ils témoignent. Ça c’est la moitié de notre travail de journaliste web. Dans le même temps, nous nous sommes efforcés d’accomplir l’autre moitié de notre travail : vérifier l’info et trouver l’explication.

Le réflexe traditionnel serait de chercher d’abord à identifier le pourquoi du bruit, pour ensuite rédiger un bel article et édifier les masses ignorantes en leur dévoilant l’origine du boum qu’elles ont entendu. Seulement, la réactivité du web rend aujourd’hui caduque la position des vieux médias (presse, radios, TV) quant à la gestion des rumeurs publiques. Auparavant, lorsque ces médias étaient les seules caisses de résonance, la rumeur restait cantonnée aux cafés du commerce. Maintenant, elle enfle publiquement à grande vitesse via les réseaux sociaux. J’estime que le journaliste ne peut plus prendre le temps de la vérification d’une rumeur dans le silence. Son existence même est une information.

Attention, je parle là d’une rumeur sur un fait survenu dans le domaine public (type « on a entendu un gros boum à Rennes »), pas d’un ragot. En l’occurrence, sans mauvais jeu de mot, il vaudrait mieux parler de « bruit » que de « rumeur », connoté péjorativement.

Nous avons donc naturellement invité nos internautes à parler de ce boum entendu et à livrer leurs témoignages, avant même d’avoir l’explication. Le rôle d’un site web d’info locale est d’être le lieu d’échange et de discussion, d’épanchement aussi pour tous ceux qui ont envie de dire « moi aussi je l’ai entendu ce bruit à 11h39 ! ». J’estime que le nombre de commentaires reçus légitime cette position (plus d’une centaine dans l’après-midi).

Le bruit reste un bruit

Une fois la machine à témoigner lancée, quasi en même temps en fait, nous nous sommes attelés à avoir l’explication de bruit. Les coups de fil au Réseau National de Surveillance Sismique et à l’armée n’ont pas permis de découvrir l’origine de ce boum, entendu de Bédée à Vitré, dans quasiment toute la partie centrale du département. Il faut avouer que nous n’avons pas le carnet d’adresse de certains, et peu de pratique des services de communication de l’armée de l’air. Et si nous sommes sûrs à 95 % qu’il s’agissait d’un avion franchissant le mur du son, nous n’avons pas de version officielle.

Nous avons reçu beaucoup de témoignages, il y a eu plein de tweets, mais comme le souligne très justement Alter1fo, c’était un peu « beaucoup de bruit pour rien » ! La plupart indiquent avoir entendu un bruit à tel ou tel endroit, mais rares sont ceux qui essaient d’ajouter une plus-value. Toute cette agitation 2.0 n’a pas permis d’avoir le pourquoi de la déflagration.

Ce n’était pas non plus complètement inutile. Certains internautes apportaient chez nous des éléments d’information intéressants (précédents de bangs supersoniques, couloirs aériens,…), et la variété des localisations géographiques permettait également de se faire une idée de l’étendue de la zone dans laquelle a été entendu le boum.

Mais le nombre des commentaires n’a pas permis d’avoir l’explication exacte. Et tous autant qu’on est, on attend de voir demain dans Ouest-France s’il y aura une version officielle… Pour l’instant, malgré nos efforts, le bruit est resté un bruit. Sur Alter1fo, du fait de l’absence d’explication, le bruit de ce matin est maintenu au grade de rumeur, dans le billet et dans certains commentaires. Comme s’il n’avait pas vraiment existé, malgré les témoignages.

Ça montre l’une des limites de l’info participative.

EDIT (19/03 – 11h00) : Dans Ouest-France ce matin, un entrefilet tout maigrichon, reprenant les infos ayant circulé en ligne sans mentionner leur origine. Et pas d’explication non plus. Ça montre bien les limites de la presse traditionnelle…

Billet initialement publié sur le blog d’Erwan Alix

Benoît Raphaël a rédigé récemment un billet sur Twitter et la rumeur à propos de “l’affaire Bruni-Biolay”

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