OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La révolution des hackers http://owni.fr/2012/04/17/enfin-une-revolution-cool/ http://owni.fr/2012/04/17/enfin-une-revolution-cool/#comments Tue, 17 Apr 2012 15:37:45 +0000 Thierry Keller (Usbek & Rica) http://owni.fr/?p=106436 Uzbek & Rica organisent à la Gaîté lyrique à Paris un Tribunal pour les générations futures avec, à la barre, la révolution qui vient. Celle d'une société de l'information libre et gratuite, en opposition à une société construite par des industries dites culturelles. Thème du procès de ce soir: "la culture doit-elle être libre et gratuite ?" Dès à présent, récit de la genèse de cette cooool révolution.]]>

[LIVESTREAM] Suivez le tribunal des générations futures en direct sur Dailymotion.


Les hackers sont en train de réussir là où les marxistes avaient échoué : bâtir une société fondée sur le partage. À tout point de vue, cette révolution est vraiment plus sympa que la précédente.

Pour la première fois dans l’Histoire, il est donné aux hommes l’occasion de réussir quelque chose de grand, et sans faire de morts. Grâce à Internet et à ses bons génies, les hackers, une nouvelle civilisation est à portée de vie : la civilisation du partage. Soyons francs : la grande affaire des XIXe et XXe siècles, c’est la révolution. Parvenus à un stade de développement tel que les inégalités devenaient insupportables, les hommes, guidés par une élite intellectuelle nourrie à la philosophie grecque et à la Révolution française, n’ont eu de cesse de vouloir bâtir une société idéale.

« À chacun selon ses besoins », écrit Marx dans Critique du programme de Gotha (1875). C’était le credo : une société où chaque être humain pourrait se réaliser, briser ses chaînes, s’élever. Cette quête fut un combustible ravageur. Combien d’individus sont morts pour la cause ? Combien sont morts assassinés par la cause ? Du haut de notre millénaire flambant neuf, nous avons tendance à l’oublier : la révolution, jusqu’en 1989, fut la seule chose importante dans la vie de centaines de millions de gens. Pour le pire et pour le meilleur. Souvent pour le pire.

De toute façon, la révolution a échoué

Elle a échoué parce que la pureté qu’elle réclame a conduit ses soldats à pratiquer l’anathème, le sectarisme, et à répandre la terreur à l’encontre de tout récalcitrant. Parce que, au nom de l’émancipation, elle a nié la dignité absolue de l’individu. Enfin, parce qu’elle a voulu étendre le champ de la politique à la vie entière. Mais la beauté, l’amour, l’amitié, l’art ne sont pas réductibles à la politique.
Trotski croyait que la révolution avait été « trahie ». Par la bureaucratie, par Staline et ses nervis, qui avaient transformé le rêve en cauchemar. Il avait tort. Le ver était déjà dans le fruit. On ne fait pas le bonheur des gens à leur place. Une révolution dirigée par Trotski aurait-elle été plus douce ? Pas sûr.
Résultat, le capitalisme a gagné à plate couture. Quoi de plus normal ? Le capitalisme est un fantasme puissant. Personne n’a jamais rêvé de franchir le rideau de fer d’ouest en est. Où a-t-on jamais vu que la liberté et le bien-être matériel s’épanouissaient à l’ombre d’un autre système ? À Cuba ? En Chine ? Allons ! Sauf qu’aujourd’hui le système est à bout de souffle.

Un spectre hante le monde : le partage

Oui, à bout de souffle. L’économie est vampirisée par la finance. Elle organise la plus extraordinaire captation de richesses de tous les temps, au profit de quelques sales gosses déguisés en gentlemen, et au détriment de tous les autres. Quant au système politique, assis sur l’État-nation et la démocratie représentative, il fait semblant d’être en vie, mais il est en état de mort clinique. Et ce n’est pas le simulacre de joute auquel nous assistons en ces temps électoraux qui le ranimera. Le capitalisme est mort, la politique est morte. Tant mieux : il faut tout réinventer.

Tout réinventer à condition de savoir piocher dans la boîte à outils que, depuis quelques décennies, des congénères bien intentionnés préparent pour nous. Dans le langage officiel, on les appelle « hackers ». Ils font la une de quelques magazines, sont l’objet de documentaires. Le grand public connaît le plus célèbre d’entre eux, un Australien à cheveux blancs accusé de viol, nommé Assange. Dans le langage marxiste, on les appellerait des « camarades ». Jadis, les possédants les désignaient sous le vocable méprisant de « partageux ». En langue usbekienne, appelons-les plutôt des « anges gardiens », ou des « amis ». À l’origine, rien ne les prédisposait à enfiler le costume de justicier.

Les hackers (bidouilleurs, en français) étaient de simples amoureux de technologie qui ne comprenaient pas pourquoi les firmes gardaient pour elles les codes sources de banales machines. Selon eux, le savoir et le progrès technique devaient être partagés. Ce n’était pas une vision du monde idéologique (l’horrible mot), mais pragmatique. Depuis, les choses ont changé. Les voici à la tête d’un mouvement qui les dépasse. Ils sont devenus des militants, un peu bon gré mal gré ; c’est pourquoi on dit aussi d’eux que ce sont des « hacktivistes ». Peut-être même que si Trotski était vivant, il serait l’un d’entre eux ! Leur job ? Ridiculiser les puissants, rendre visible ce qui est caché et accessible ce qui est confisqué.
Bien sûr, comme ceux qui ont raison avant les autres, ils sont pourchassés. Leur obsession du partage, ça passe mal chez les gardiens du temple. Quand on détient l’information, l’autorité ou le capital, on détient le pouvoir. En être dépossédés, c’est un renoncement auquel peu sont prêts. Criminalisés aujourd’hui, les hackers risquent pourtant bien d’être célébrés demain comme bienfaiteurs. Aujourd’hui underground (on parlait avant d’« avant-garde »), la révolution hacker va vite devenir mainstream (on disait les « masses »). Quand les hackers deviendront mainstream, la révolution aura gagné. Vraiment ? Oui, parce que ce sera une révolution cool.

Humour, humanisme et ego-altruisme

Si elle vise aux mêmes buts que la précédente (une humanité fraternelle), la révolution en cours propose une méthode plus fun (c’est un peu ça, le fun, après tout, qui manquait à Lénine et à ses amis), une méthode qui s’appuie sur quelques principes simples.
L’ego-altruisme, d’abord : une culture qui réconcilie le « nous » des communistes et le « je » des libéraux. L’humanisme, ensuite : un retour bienvenu au récit à « hauteur d’homme », où chacun ne serait pas simplement le jouet de la Grande Histoire, ce qui serait désolant, dessinant les contours du nouvel « humanisme numérique » prôné par le philosophe Milad Doueihi. L’humour, enfin. Une capacité naturelle à entreprendre des choses sérieuses (faire tomber une dictature ou mettre en ligne les plans d’une moissonneuse-batteuse) sans se prendre au sérieux, là où le second degré et l’insolence étaient totalement étrangers à la révolution 1.0.

Osons un sacrilège : la révolution va triompher parce qu’elle sera – elle est déjà – une révolution apolitique. Elle change le monde tranquillement, sans tambour ni trompette, sans excommunications, et sans Grand Soir. Elle obtient des résultats, ne se contente pas de pureté idéologique ni d’incantations. Elle a commencé dans des bureaux d’université occupés par des informaticiens barbus, elle finira dans l’école de nos enfants, dans les rues de nos villes, dans les contrées les plus reculées du monde. La révolution hacker va dessiner une nouvelle civilisation, où tout sera réinventé : l’argent, le pouvoir, l’instruction, la propriété, les frontières, l’identité, la famille… Elle ne fera pas de morts parce qu’elle ne sera pas décrétée d’en haut par un Politburo. C’est cette histoire que nous avons voulu partager avec vous dans les pages qui précèdent. Et qu’Usbek & Rica continuera à raconter dans les prochains épisodes.

Choisis ton camp, ami !

Bien sûr, veillons à ne pas sombrer dans la technophilie béate. L’ère numérique ne recèle pas que des bienfaits.
Il ne faut pas confondre les outils et les buts. Les terroristes islamistes sont des sortes de hackers aux visées macabres. Techniquement, ce sont des contemporains ; politiquement, ce sont des fascistes. Cette civilisation émergente n’affleure pas partout. Quoique mondiale, elle passe encore au-dessus du quart-monde, mais aussi du tiers-monde. Des pauvres d’ici et des pauvres de là-bas, ceux qui n’ont pas les codes pour en goûter les fruits.

Les marxistes avant nous pensaient que la chute du capitalisme était inéluctable. La civilisation du partage a des ennemis : les dictatures, et, chez nous, en vrac, la raison d’État, Acta, Hadopi, les fournisseurs d’accès à Internet qui veulent continuer à s’enrichir et rêvent d’un réseau truffé de péages comme une autoroute.
La nouvelle bataille oppose non plus les révolutionnaires aux bourgeois, mais les altruistes aux égoïstes. Jeremy Rifkin :

« Il semble qu’un nouvel état d’esprit émerge chez les responsables politiques des jeunes générations socialisées sur Internet. Leur politique se structure moins en termes de “droite” et de “gauche” qu’autour d’un nouveau clivage : “centralisé et autoritaire” contre “distribué et coopératif” »

Rifkin n’est pas la Bible, mais, enfin, il a parfois de bonnes intuitions. En ce qui nous concerne, nous avons choisi notre camp. Nous ne jetterons pas l’anathème sur les ennemis de la révolution, nous ne les enverrons pas en camp de rééducation idéologique. Mieux : chacun sera le bienvenu dans la grande aventure de la civilisation du partage, même les capitalistes. Les autres, nous les combattrons.


Design par Almasty pour Usbek & Rica
Adaptation pour Owni par Ophelia Noor

]]>
http://owni.fr/2012/04/17/enfin-une-revolution-cool/feed/ 29
Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font http://owni.fr/2010/09/10/pardonne-leur-car-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font/ http://owni.fr/2010/09/10/pardonne-leur-car-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font/#comments Fri, 10 Sep 2010 16:24:29 +0000 Max Manz http://owni.fr/?p=27798 Retrouvez cet article (et bien d’autres) dans le dernier numéro d’Usbek et Rika, en kiosque aujourd’hui. Et n’hésitez pas à jouer avec l’application What if?

« Y n’est rien d’autre que X sécularisé »

Hans Blumenberg (blague de normaliens)

Ah, la vie de Brian n’est pas facile ! Tel le héros des Monty Python, Brian Joubert n’a pas su être le messie que son peuple attendait. Tant pis pour les fans de patinage artistique, qui espéraient sa victoire aux JO de Vancouver. Les gamelles successives du numéro 1 tricolore lui ont remis les pieds sur terre et le cul sur la glace. Une posture humble qui l’a poussé à une remise en cause touchante : « Ça fait deux ans que je suis un petit con », a-t-il confessé sous l’œil des caméras, avant d’énumérer ses péchés :

J’écoutais pas mes proches, (…) j’ai fait beaucoup de conneries, j’estimais que j’avais toujours raison, je me remettais pas en question…

Assez Brian ! Manifestement tu n’es pas le Fils de Dieu – en tout cas pas patins aux pieds –, tu es humain et faillible : nous ne t’en voulons pas !

Et cette saynète absurde mériterait d’être oubliée, si elle ne faisait partie de l’étonnante série de mea culpa publics qui ont eu lieu ces derniers mois. Tiger Woods, Gordon Brown, Éric Zemmour, etc. Plus un mois ne passe sans qu’une célébrité ne fasse étalage de ses regrets. Si le phénomène est sans doute aussi vieux que le premier journal paru, ses manifestations sont aujourd’hui incroyablement nombreuses. L’autoflagellation publique est devenue banale : dans le flot des événements narrés par les médias, c’est un épisode classique où les acteurs se relaient. Un marronnier de la polémique, au retentissement garanti. Que révèle la surprenante fréquence de ces postures, pourtant ostensiblement artificielles ?

Excuses, polémiques et dogmes

Comme Descartes, Jean-Marie Bigard, esprit libre, héritier des Lumières, a érigé le doute en principe fondamental de la pensée. Interrogé à la télévision sur les attentats du 11 Septembre, il s’était montré sceptique, suivant en cela l’opinion exprimée quelques mois plus tôt par une autre experte, l’actrice Marion Cotillard. Devant la polémique soulevée par leurs propos, l’un (vidéo ci-dessous) comme l’autre les ont vite rétractés, excuses à l’appui. Mais pourquoi nos deux intellectuels n’ont-ils pas le droit d’exprimer librement leurs idées ? Les points de vue les plus outranciers sont habituellement bienvenus à la télévision…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La réponse est simple, tous deux ont eu le malheur de s’attaquer à ce qui constitue manifestement un tabou de notre société : un domaine interdit et sacré, si l’on se réfère à l’étymologie polynésienne du terme (tapu). La plupart des excuses publiques trouvent leur origine dans la contestation de l’un de ces tabous. Celles de Kate Moss, qui a affirmé que « rien n’est aussi bon que de se sentir maigre », indique un tabou sur la recherche de la minceur. La polémique issue des multiples aventures amoureuses de Tiger Woods est révélatrice d’un tabou américain autour de l’adultère. Notons que les Français sont moins tatillons sur ce plan, comme l’a montré la bienveillance de l’opinion à l’égard des frasques de Ribéry avec la pulpeuse prostituée Zahia.

La France est en revanche bien plus sensible sur les sujets touchant aux minorités. En 2002, José Bové s’était excusé auprès de la communauté juive après avoir suggéré que les actes antisémites qui avaient alors lieu arrangeaient Israël. En 2005, Alain Finkielkraut avait fait de même pour avoir constaté avec étonnement que la quasi-totalité des joueurs de l’équipe de France étaient noirs. En début d’année, c’était au tour d’Éric Zemmour, qui avait déclaré que la plupart des dealers étaient noirs ou arabes. Notons que certains tabous sont entérinés par la loi et limitent juridiquement la liberté d’expression : les propos racistes ou antisémites sont ainsi condamnés en France (pas aux États-Unis). Mais il existe aussi des tabous de fait, comme les attentats du 11 Septembre, dont il est légalement possible mais socialement difficile de contester l’existence en public.

Tout le problème est de savoir quand un tabou est un indispensable élément structurant du champ social, nécessaire à la vie en communauté, ou quand, au contraire, il forme une entrave inacceptable à la liberté d’expression, dont les excuses publiques permettent en tout cas d’identifier les bornes. Interrogation passionnante… qui mériterait un autre article. À défaut d’y répondre, on peut néanmoins constater que les excuses publiques sont souvent le signe de l’incapacité de nos sociétés à traiter des questions de fond dérangeantes. La polémique qui a suivi les propos d’Éric Zemmour illustre parfaitement le rôle de diversion joué par la demande d’excuse, qui empêche instantanément l’échange d’idées sur un sujet sensible. Éric Zemmour est-il raciste ? Voilà ce que toute la presse s’est demandé. La dimension intellectuelle du débat d’origine – l’acceptabilité du contrôle au faciès – a été évacuée pour laisser place à une polémique morale superficielle, centrée sur une seule personne, quand le problème originellement soulevé concernait toute la société. Tant pis.

D’autres excuses publiques, plus triviales, confirment cette tendance des médias et du public à évacuer le fond au profit d’épisodes tragi-comiques consternants, parfois par pur besoin de divertissement. Lors des dernières élections régionales, le maire de Franconville Francis Delattre a dû s’excuser après avoir accusé à tort son rival Ali Soumaré d’avoir commis certains délits. Cette bataille de cour de récré a occulté pendant des semaines les questions d’éducation ou de transport qui constituaient pourtant les principaux enjeux du scrutin.

Côté britannique, on a poussé le burlesque encore un peu plus loin. À quelques jours des législatives, Gordon Brown a eu le malheur de qualifier de « bornée » une militante travailliste, alors qu’il se croyait hors de portée des micros. Devant le tollé général, l’habitué des G20 a dû se déplacer en personne au domicile de l’offensée pour lui présenter ses excuses, bien entendu filmées. Ce sketch digne de Mister Bean n’aura sauvé l’ex-Premier ministre ni du ridicule ni de la défaite. Mais il aura distrait les électeurs, lassés d’entendre parler de réduction du déficit public.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et c’est ainsi que les polémiques se succèdent tandis que les combats d’idées se font rares. « Il n’y a plus de grande bataille idéologique, tout se rabat sur les individus », constate le philosophe Gilles Lipovetsky. Dès qu’une question ennuyeuse ou dérangeante est posée, la société se détourne et déclenche une polémique à laquelle seules des excuses mettent fin. Rassurons-nous, il n’y a rien d’original là-dedans. « Toutes les sociétés ont un certain socle de sacralisation et de tabous, qui définit leur interprétation des normes », considère Jean-Claude Monod, philosophe spécialiste de la sécularisation (déclin ou transfert du religieux dans le domaine profane).

La multiplication récente des excuses publiques serait alors le signe d’une pression sociale normative de plus en plus forte sur les célébrités, contraintes de s’exprimer et de se comporter en évitant les tabous de l’époque. En France, bien des excuses semblent ainsi le reflet d’une crispation autour des dogmes qui structurent notre modèle républicain, comme si ce dernier était menacé.

Les médias, confessionnaux modernes

Vecteurs des pressions de la société quand l’un de ses tabous est effleuré, les médias se posent volontiers comme gardiens de la morale. Notons que l’idée n’est pas de jeter la pierre aux journalistes – noble corporation dont je fais partie –, mais d’examiner le système que ces derniers constituent avec les célébrités qu’ils interrogent et le public qui les lit, écoute ou regarde. Les médias y exercent une fonction quasi religieuse. Pour commencer, à l’instar de Dieu, plus une faute ne leur échappe:

Seigneur, tu regardes jusqu’au fond de mon cœur, et tu sais tout de moi

À l’âge de YouTube et des caméras sur téléphone mobile, le psaume 139 de la Bible pourrait servir d’utile avertissement aux hommes politiques, dont l’espace privé se réduit sans cesse. Tout est enregistré, rien n’est oublié. Ainsi, en 2007, les propos de Patrick Devedjian, traitant son adversaire UDF Anne-Marie Comparini de « salope », avaient-ils été interceptés à son insu par une caméra. Polémique, excuse, schéma classique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une fois les fautes repérées par l’œil médiatique, les pécheurs viennent se repentir dans la presse ou à la télé, rejouant alors, de façon partielle ou intégrale, le sacrement chrétien de la confession : aveu, repentir et pénitence, pour atteindre la réconciliation avec le public, quand la confession catholique cherche, elle, la réconciliation avec Dieu.

Les excuses du volage Tiger Woods en sont une illustration éloquente. Lors d’une longue conférence de presse donnée devant une assemblée de journalistes et de proches, le golfeur, l’air contrit, a respecté toutes les étapes de la confession. Aveu : « J’ai été infidèle, j’ai eu des aventures (…), je ne pensais qu’à moi. » Regrets : « Je veux dire à chacun de vous (…) que je suis profondément désolé de mon comportement irresponsable et égoïste. » Pénitence : « Il m’appartient maintenant d’amender ma conduite. Et de ne jamais répéter les fautes que j’ai commises. » Tarif du pardon pour Tiger Woods : six semaines d’abstinence monacale dans la clinique anti-addiction sexuelle de Pine Grove (Mississippi). Et dire que d’autres s’en sortent en récitant quelques « Notre Père »…

Si les similarités entre confession et excuse publique sont nombreuses, elles présentent toutefois une différence de taille, comme le rappelle frère Samuel Rouvillois, théologien et docteur en philosophie : « Dans l’espace médiatique, les individus ne confessent que des faits déjà connus du public, dans l’objectif de retrouver de la crédibilité. » Tout le contraire de la confession à l’église, qui consiste à révéler, dans le secret du confessionnal, des fautes à un prêtre qui ne les connaît pas. C’est bien la preuve de l’aspect artificiel et contraint des excuses médiatiques auxquelles, d’ailleurs, quasiment personne ne croit. Elles ne sont qu’un signe, parmi d’autres, de l’influence qu’exerce la religion sur l’inconscient de la société, qu’elle soit explicite aux États-Unis ou plus diffuse dans un État laïque comme le nôtre. À la télévision, les scènes de confessions ne sont d’ailleurs pas réservées aux people, comme le montre le succès de l’émission Confessions intimes sur TF1.

Pécheurs et messies dans la société du spectacle

Dans le charabia situationniste de Guy Debord, on trouve parfois une phrase lumineuse, compréhensible par un lecteur non familier de la dialectique hégélo-marxiste : « Le spectacle est la reconstruction matérielle de l’illusion religieuse », affirme-t-il ainsi dans La Société du spectacle, avant de poursuivre : « Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n’exprime finalement que son désir de dormir. Le spectacle est le gardien de ce sommeil. »

En d’autres termes, la berceuse religieuse qui nous maintenait somnolents a été remplacée par celle du spectacle, dont le champ médiatique est l’incarnation. « Feuerbach a fait la critique de la religion comme aliénation, où l’homme serait dominé par quelque chose qu’il a lui-même créé. Guy Debord a appliqué le même schéma au spectacle : un univers de l’aliénation où nous sommes dominés par des images que nous avons créées et qui nous prescrivent nos propres désirs », explique Jean-Claude Monod.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir les personnalités publiques adopter dans les médias des postures héritées de la Bible. Dans le cas de l’excuse publique, c’est généralement de celle du pécheur dont il s’agit. Souvent subie, il arrive aussi qu’elle soit choisie, notamment quand les dirigeants politiques se repentent au nom de leur État de fautes que ce dernier a commises. Nécessitant un certain courage, ce type d’excuses est l’un des rares que l’on puisse prendre au sérieux. Exemple fondateur d’un dirigeant assumant la responsabilité des crimes de son pays, le chancelier allemand Willy Brandt était tombé à genoux à Varsovie devant le mémorial des victimes du massacre du ghetto, en 1970.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Depuis quelques années, les excuses d’État se sont multipliées : en 2000, à Kigali, le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a demandé pardon au peuple rwandais ; en 2003, les présidents de la Croatie et de la Serbie se sont excusés ensemble du mal que leurs pays se sont causés pendant la guerre ; en juin 2009 à Washington, le Sénat a présenté ses excuses aux Noirs américains. Relevons toutefois que l’excuse d’État a ceci de pratique pour les finances publiques qu’elle est gratuite, contrairement aux réparations… Et qu’elle n’engage pas la responsabilité individuelle du dirigeant qui la présente – en général innocent des crimes en question –, mais une responsabilité collective et abstraite.

En réalité, ces excuses imitent plutôt une autre figure fréquente dans l’espace public : celle du Messie. « Dans la théologie chrétienne, Dieu est venu porter nos fautes à travers le Christ », rappelle frère Samuel. Le cas de personnalités qui s’excusent au nom d’autres relève de cette symbolique.

En avril 2009, Ségolène Royal avait ainsi réussi l’exploit de s’excuser deux fois, à quinze jours d’intervalle, au nom de Nicolas Sarkozy : d’abord pour les propos condescendants tenus par le président à Dakar, puis pour ses déclarations insultantes à l’égard du Premier ministre espagnol. « Pardonnez-le, il ne sait pas ce qu’il dit ! » Telle était la teneur du message de sainte Ségo, qui, à une autre époque, aurait fait un Jésus très convaincant : souvenons-nous de son « Aimons-nous les uns les autres ! », lancé aux militants en pleine campagne présidentielle. Ou encore de cette scène où elle avait compati, en direct, avec un handicapé en posant la main sur son épaule. Et dire que le malheureux ne s’était pas relevé de sa chaise roulante dans l’instant, touché par la grâce divine !

Quant à Nicolas Sarkozy, s’il est peu adepte des excuses, il est lui aussi familier des postures bibliques : son « j’ai changé », martelé lors du discours fondateur de la porte de Versailles en janvier 2007, évoque Moïse, homme providentiel libérant son peuple après avoir pris conscience de la misère de ses frères de sang. Rappelons au passage que le charisme est à l’origine une notion religieuse (un don particulier conféré par la grâce divine). Pas étonnant dès lors de voir les leaders parodier les messies. Les mêmes comparaisons auraient d’ailleurs également pu s’appliquer au sport, où les figures de messie (Zinédine Zidane), pécheur repenti (Floyd Landis) ou encore fils prodigue (Tony Parker) sont fréquentes, qu’elles soient assumées ou ainsi décrites par les médias, grands amateurs de métaphores religieuses.

Imaginons-nous 2 000 ans de domination chrétienne s’effacer sans laisser d’autres traces que quelques églises ? Dans les sociétés occidentales, laïques ou non, l’influence de la religion continue en réalité de s’exercer, travestie dans le domaine profane. Nous reprochons aux personnalités publiques de ne pas être des saints, nous nous effrayons quand quelqu’un remet en cause l’une des croyances sur lesquelles notre nation est construite, exigeons des scènes d’excuses-confessions hypocrites, en menaçant d’excommunier ceux qui ne se repentent pas, cherchons des messies parmi nos hommes politiques, lisons l’actualité à l’aune de paraboles bibliques…

Aurions-nous la nostalgie d’un temps où morale, modèles et dogmes étaient fournis clés en main ? « Les églises se vident, mais l’attente de lumière, de sens et de rédemption n’a jamais été aussi forte », estime frère Samuel, qui prêche pour sa paroisse. Chaque excuse publique serait alors la manifestation de l’anxiété d’une société assumant mal sa sécularisation, angoissée de voir ses icônes mettre à jour des imperfections qui sont les siennes, mais qu’elle ne s’avoue pas. Heureusement, certaines stars résistent à la pression de ce conformisme et acceptent toute la complexité de leur nature humaine. Zizou a ainsi assuré qu’il préférait mourir plutôt que de présenter ses excuses à Materazzi. Et ouais, on n’insulte pas les mamans, c’est sacré, désolé !

> Retrouvez cet article dans le numéro 2 d’Usbek et Rika

> Illustration CC FlickR par emilio labradorSteve Snodgrass

http://www.dailymotion.com/video/x992c5_expenses-scandal-gordon-brown-says_news
]]>
http://owni.fr/2010/09/10/pardonne-leur-car-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font/feed/ 10
[En] What if Bobby Kennedy had survived? http://owni.fr/2010/09/03/what-if-bobby-kennedy-had-survived/ http://owni.fr/2010/09/03/what-if-bobby-kennedy-had-survived/#comments Fri, 03 Sep 2010 17:33:01 +0000 Thierry Keller (Usbek & Rica) http://owni.fr/?p=26889

Bobby survives an assassination attempt

What is alternate history ?

Alternate history is a writing genre frequently used for political reflections. It consists in rewriting history starting from a particular history point modified by the author. Alternate history creates some kind of new history which shows what could have been. It’s a political imagination tool that begin most of time by : “what if… ?”

The true story of Bobby Kennedy

Younger brother of John Fitzgerald Kennedy, Robert Francis Kennedy, also known as Bobby, is nominated US attorney general by his brother in 1961. He is 35 years old. Married with Ethel and father of 11 children, Bobby is a tormented man and deeply marked by his brother’s assasination in 1963. Whereas he embodies the East coast’s White and catholic self-righteousness, Bobby manages a spectacular shift to the left in the second part of the 1960’s. Strongly opposed to the Vietnam war, a fervent proponent of minorities rights and a spokesperson for the poor, he took part in the Democratic primaries in prevision of the presidential election in 1968. Although he is set to win the race, he is assassinated at the Ambassador hotel in Los Angeles, on June 5, 1968. Millions of Americans accompany his remains all along the railway linking New-York to Washington. His name will remain forever stuck in collective memory as the one who might have given America another destiny. Just the opposite of what Nixon and Reagan did. “Only those who dare to fail greatly can ever achieve greatly”, said Bobby Kennedy.


What if Bobby Kennedy hadn’t been assasinated ?

Bobby Kennedy came through the Ambassador Hotel’s attack. He became president of the United States. A new era is coming for America. But watch out for the counter-revolution !


1-Miracle man

The day Bobby Kennedy survived

Booby is know in a wheelchair

Excerpts of “Mon journal d’Amerique” by Jeff Pomerol de Launac

“Los Angeles, Ambassador Hotel, June 5, 1968.

It looks like the Shea Stadium. The same mad girls, the same foolish enthusiasm, the same electricity in the air. And the same deep feeling to be at the center of the world. But all the fanatic howling from those beautiful white-dressed American girls are not for The Beatles. They’re for Robert Francis Kennedy, a.k.a. Bobby. He’s the one who just won the Californian Democratic primary. However, it is not joy that causes their convulsions and tears. It’s terror. Because they saw everything. They where there, at the first rank, with their “Kennedy for President” hats, when the man fired. A staff member jumped over the stage, this place where a few minutes ago the former President’s brother pronounced his victory speech, next to his wife Ethel, mother to their 11 children. He took the microphone and said, tonelessly : “Senator Kennedy was shot.”

Thereafter came confusion. The Ambassador hotel’s lounge, jubilant five minutes ago, turned into a crime scene. The few policemen were overwhelmed. Excited by the smell of blood, camera crews made their way to the motionless body of the senator. We heard someone shout : “A doctor, we need a doctor !” Three doctors arrived and leant over the dead-still body. One of them tried to talk to him but he was already unconscious. A dark stain spread on the floor. Time seemed to have stopped. “About 10 or 15 minutes maybe”, a witness later said on television. Finally, Robert Kennedy is evacuated.

A few moments later, still shocked, an anonymous crowd gathered in front of the hospital where he was given first-aid treatment. Fire-trucks passed by. Close to there, a whole block was on fire. After a rapid check, they were told that there was no link with the assassination attempt. On television, special editions spoke of conflicting theories. What happened  exactly at the Ambassador hotel? How many persons had been stricken? Could Bobby Kennedy survive?

All night long, Americans were held in a dreadful expectation. It seemed impossible, simply unbelievable, that fate had stuck the Kennedys again. This time it wasn’t the perfect son-in-law but the rebel son, hero of popular classes, spokesman for minorities, for the young, a radical opponent to the Vietnam war, tireless defender of civil rights, JFK’s former attorney general, the one that John’s death brought to the more extreme edges of the progressive family, the hope of America’s forgotten ones.

For nearly 48 hours, they held their breath. They stayed on the pavement. They prayed. They refused to leave, staying out of resignation. People talked about it like he were already dead. They promised to take revenge. The shooter, a lonely person called Sirhan Sirhan, had been instantly arrested but people talked about a second shooter: a policeman. A conspiracy? How could we know? Faces looked tired. Revenge was roaring in wounded souls. Not him! First his brother, then Reverend King, assassinated 2 month before. Kill Nixon or the fake Democrat Johnson, if you want… But not him!

Suddenly, a mother, who had not slept in two days, pointed at the glass door. She wanted to shout but she stayed speechless. She was not hallucinating. Despite the difficulties, the patient wanted to run himself out of his wheelchair without the nurses’ help; he was in pain even if there was still this eccentric gentleness sparkling from his eyes. He would never walk again. He would never stand up on old barrels, in the ghetto, facing fervent crowds. The last bullet touched his spinal cord but he was alive. The roar of the crowd when he left hospital could confirm that. As a kind of answer, a small smile appear on his eternal New-England student’s face.”

JPL.

In the afternoon, Humphrey, McCarthy et McGovern threw in the towel. On November 5, 1968, Bobby Kennedy became the 37th president of the United States of America, crushing Republican Richard Nixon. Four years later, he is easily reelected. But, really weakened, he died in February, 1974. Until 2008, all presidents will be Democrats. Things get bad thereafter… (Ed.)

2-Champagne socialist, an american invention

In Woodstock, we witness the birth of official culture. Subversion is no longer what it was.

Story published in french newspaper “Le Monde”, August 20th, 1969, by Sophie Planchet.

August 16th, 1969. Woodstock Festival, State of New-York.

From all over the country, the long-haired youth flocks here to see the huge show. Organizers are overflowed but Berkeley’s students, spearheads of the Democratic vanguard, ensure that everything goes well. There is no way Socialst Workers Party leftists opposing the government or embittered Black Panthers can come here to disturb this week-end. Participants set up their tents and brought enough weed for all of the United States to get high. Janis, Jimi, Joe, Pete… take the turns on the giant stage. They praise RFK when we would have expected them to criticize the goernment, had the war gone on much longer. But the new president, Bobby Kennedy, called the boys back from the Vietnamese jungle, breaking with the pro-war policy of his predecessor, Lyndon Johnson, the “Texan redneck” supported by the army. The last platoons left Hanoi and were welcomed back as heroes. Moreover, here they are, pouncing around, their uniform opened, showing their chest, on the wide plain of Bethel, 37 miles away from Woodstock. They are the guests of honor in the festival, where a brand-new form of patriotism is in the makings. For Democrats strategists, they’re also the guarantee that Army headquarters will remain quiet. Those who blame soldiers must count with a hostile public opinion. And the opinion prefers to see America’s kids at home rather than 10.000 miles away, being crushed by Vietcongs.

As the sky glows darker, a severe storm threatens the hundred of thousand people who came. In spite of this, an orgasmic wave runs through the crowd as one organizer, the fearless Michael Lang, negotiated quietly the arrival of a special guest. It could be – we might use conditional tense – I could be true that the President honors the festival with his presence! When the first drops start falling on the giant camp, the whisper become reality. The presidential helicopter lands exactly where artists themselves landed earlier. A quarter of an hour later, Bobby is on stage. Straight on his wheelchair, like an amazing reincarnation of Franklin Delano Roosevelt, he delivers the most beautiful speech of his tenure in front of a silent crowd. He says to conclude : “Your are the future. You are America. God bless you, God bless America !” There are kisses and tears. We are no longer at a rock concert, we are attending mass!
In the VIP corner, Ethel Kennedy looks like a girl receiving her First Communion.

When Jimi Hendrix gives her a big joint, she takes it, politely, and she’s nearly suffocating in laughter. The “Star-Spangled Banner” man does not insist. Some talk about him as a special council at the White House, in charge of Cultural affairs, so it might be better not to transform the First Lady into a junkie. On his part, Bobby is holding a conversation  with the Who. Santana joins them while Crosby, Stills & Nash listen to every word. The President talks about America’s new face, this “third way to socialism” which he promotes since his election. Graham Nash whisper to Stephen Stills : “Fuck ! If I had been told that in one year we’d shift from counter-culture to state-culture…” Stills, hilarious: “That’s the reason why we fought !”

On the stage Joan Baez sings “We pray for you, Mister President.” For sure, the Woodstock festival will remain in History as the victory of liberal Americans. Well done, beatniks! Their hair are on the good side of respectability. Nice paradox…

3-The Union of Socialists States of America

Bobby and “socialism with a human face”

The Culture Minister

Excerpts of President Robert Francis Kennedy’s State of the Union address, January, 1974.
(Bobby Kennedy’s last speech)

“ (…) The United-States of America are now going into a new road, the road of democratic socialism. I would like to pay homage to you all, senators, congressmen, that made this possible. I also address the Republican opposition, which allowed us to bring this upheaval to a successful conclusion without violence. The life of a great nation at peace is at this cost (…)”

Make no mistake about it: this socialism with a human face is nothing compared to the one which enslave millions of our brothers in the East. It refuses to abolish individual freedoms in order to bring equality. It condemns the godless society that marxists theorists are building up on hatred behind the iron curtain. It is shocked to see that the utopia of a classless society has been betrayed by Moscow’s zealots. Because of them, the very idea of a revolution against the capitalist order is becoming supicious, while it is the only great idea that we, poor sinners, have been able to retain from God’s teaching.

In the past six years, we stoped the foolish war in Vietnam. We established a social security system for everyone. We enforced the legislation for equality between citizens, whatever their ethnic origins, religious beliefs or sexual inclinations. We punished exploiters, gave rights to workers and women. We took from the rich to give to the poor.

We chose justice abroad as well. (…) I’m proud that Congress heard the heart-breaking cry of the Chilian people by financing the heroic fight of those who follow my friend Salvador Allende against the backward goals of general Pinochet. Without you, Pinochet would still lead the government in power in Santiago instead of serving is life in prison sentence.

But all these outcomes are nothing compared to what we still have to accomplish. My strengths are leaving me, but I know I can count on a new generation of young leaders devoted to the idea of common good, a generation that will make our dreams come true in order to change the life of millions of men and women. Abolish poverty. Crush down injustice. Change our cities into sweet havens, banish violence from our ghettos. Seek peace in all circumstances and all around the world. Understand our ennemies while being assured that one day, they will follow our way. And finally strive to achieve the only valuable goal in all political action: unite men under a planetary democratic society, where love will reign (…)”

4-China attacks America!

President Palin announces massive retaliation

Five chinese terrorists attack the WTC

Interview of Sarah Palin by Diane Sawyer, live on CBS, September 13, 2009.

Madam President, thanks for having us in the Oval office at a time when America is living its the most tragic hours. My first question will be to-the-point: What are you going to do now?

War.The United States of America have been savagely attacked. We will retaliate. Quickly, strongly, and without any kind of hesitation. 2,500 innocent Americans perished in these attacks. It’s about time our great nation reacts instead of looking cowardly at our enemies crushing us. For the past forty years, we only opened our hands to those spitting at us. This era is over. Blood calls for blood.

But China is not a typical country. We are waging a war against almost 1,5 billion people!

We have the means to win the war.

Not all Chinese are guilty!

We have nothing against the Chinese people. All those ready to collaborate with us will be spared. Others will be punished.

Do we have irrefutable proof that the Chinese government is behind the attacks? Beijing denied any involvement.

At 9am, this 11th of September, two airliners struck the twin towers of the World Trade Center. Our intelligence services are clear on that: All 5 Chinese terrorists were members of the Chinese Communist Party. What other proof do you need?

What do you mean? Are you implying that America is made of cowards?

Forty years of Democrat administration let the vital energies of our country go dry. Democrats abandoned Vietnam. They wanted to make peace with the USSR. They encouraged regimes on our continent that had no respect for freedom and property rights. They have, at home, discouraged people from working and encouraged state charity. In 1984, they had a Negro elected at the White House. I have nothing against colored people in general and against rev. Jackson in particular, but there are things that simply should not be done. And that give a very bad example to the world. How can we be surprised to be attacked after we showed everyone our weaknesses?

The leader of the Democratic opposition asks for a Senate inquiry over the circumstances of the attack…

You are talking about the islamophile, pro-Chinese Hussein Obama? I think he should have stayed where he belongs: as a social worker in the slums of Chicago. That’s where he’ll be most useful for his people. Judging from their history, Blacks cannot be patriots. We can regret it, but that’s the way it is. Go ask the families of the dead firefighters if they need an inquiry. Facts speak for themselves.

Isn’t this war against China a way to rally Americans around an issue?

It is, first and foremost, a way to defend ourselves. But it is also an unexpected way to fight the poison of decadence that grows in the hearts and minds of Americans since 1968. We must repair the original sin of the Bobby Kennedy presidency. We have waited 40 years for this moment. I can tell you we’re not going to let this opportunity slip through our hands.

5-Carla and Cecilia: “Together, everything is possible”

The First Ladies’ revenge

Sarah Palin and Nicolas Sarkozy have an affair...

Published in Hello!, April 12, 2010 (the photograph in the inner pages is taken from the magazine cover, where we see – blurred – Cécilia Attias, Sarkozy’s former wife, and Carla Bruni-Sarkozy French kissing each other).

What a story! The whole planet is upside-down ever since we revealed that Nicolas Sarkozy was having an affair with Sarah Palin (Hello!, February 5).

Everything started at the Nato summit, in December last year. Sarah and Nicolas quietly held hands during the official dinner, following a ‘one-to-one’ conversation. A stolen kiss a few days later in Washington… we know the rest. From a simple ‘foolish moment’ (according to the press release from the Elysee Palace and the White House), we went to a full-blown love-story, where world affairs are being dealt with under the sheets. France just sent 10,000 additional troops on the Californian front! That’s how persuasive women can be…

Brave Todd Palin cannot stand to be laughed at anymore. He gathered around him an army of lawyers and is hoping to get a divorce at-fault. Right in the middle of the Thild World War, that’s cheeky. As for Carla Bruni-Sarkozy, she did not bother with all the judicial stuff. She is in the middle of her own – Italian – love story with what seems to be a ghost: Cécilia Attias. Sarkozy’s ex-wife said she was ‘very happy’ to have got rid of her ‘rather boring’ husband and to show the world that “it’s not so hard” to be a free woman. Ah, Nicolas, we had warned you: “No penis in the office!”


Select timeline

1969: The promotional movie Easy Rider premieres at the White House. In the film, two Democrats criss-cross the US to explain the reforms of the RFK administration to uncooperative peasants. The concept of “change driver” is born.

1970: Medicare reform gives every American comprehensive social benefits, even in case of an abortion.

1971: The death penalty is abolished throughout the US. The right tolerates the move.

1972: Massive demonstrations from the Republicans in protest of the handshake between Kennedy and Mao Zedong in Beijing.

Jimi Hendrix nominated

1973: Congress votes the budget for the US to support Chilean President Allende against the rebels of Pinochet. Sept 11, 1973: Victory of Allende. A military treaty is signed between Chile and the US.

1974: Bobby Kennedy dies. 1 million persons follow the funeral cortege from Washington to New-York. Among the officials present is the new French president, François Mitterand. Vice-president McGovern takes office until 1976.

1975: Fidel Castro declares that “Cuba must become the 51st state of America”.

1976: McGovern is elected. He launches the New Economic Policy (NEP).

1977: The right wing of the democratic party is marginalized at the Cincinnati convention. Jimmy Carter, a man who made a fortune growing peanuts, becomes general secretary.

1978: Defense Secretary Harvey Milk escapes a terrorist attack.

1979: The Tin Drum is the only Palme d’Or at the Cannes Festival. Francis Ford Coppola goes back empty-handed with his uninviting piece, The Vietnam War Will Not Take Place.

Woodstock turn into a democrats meeting

1980: Jimmy Carter elected president. Considered to be soft and easily influenced, he will remain in History for he remained only 4 years in office.

1981: François Mitterant is reelected with 54% of the vote in France, against Raymond Barre.

1982: Carter denies he belongs to the 4th International.

1983: Carter steps up for the copper miners in Phelps Dodge, AZ. That’s the best proof of his being a Trotskyist!

1984: Greenville, SC, hometown of rev. Jesse Jackson, cannot believe the election result. Jackson is the first African-American to be elected president of the United States.

1985: Nelson Mandela is freed.

1986: Sandinists win in Nicaragua, financed by the US.

1987: The Washington treaty puts an end to the Arab-Israeli wars.

1988: The “French Jesse Jackson”, Harlem Desir, acclaimed by public opinion, leaves his NGO and runs for president. He wins against Raymond Barre, who was running with far-right support, on May 8.

1989: In January, Jackson takes oath for his second term. He promises to “rid America of the cancer that is racial segregation”. Gearge H. Bush, his contender, declares privately that he is fed up with “these Niggers that run America”.

A new ideological model is born : The United Socialists States of America (USSA)

1990: Jean Leloup sings “1990″.

1991: Francois Mitterrand is awarded a Pulitzer prize for The Secret of the Grain.

1992: Jesse Jackson is reelected with a thin margin. Republicans strongly improved their standing in Midwest states.

1993: Race riots in Los Angeles following the Rodney King affair.

1994: The US win the Soccer World Cup at home, beating France in the finals (Cantona is given a red card after he beat up the referee).

1995: Desir is reelected in France. Bertrand Delanoe becomes prime minister. “A Negro and a fag, where is France headed for?” asks Prof. Choron.

1996: Bill Clinton, former Vice-president, is elected.

1997: Hillary Clinton, Health minister, revamps the Medicare system: 93% of all drugs will now have to be paid by the patient. The Democrats’ left wing are up in arms.

1998: France loses against Croatia (1-0) during the semi-finals of its World Cup. Sports minister Lilian Thuram is very upset.

1999: George W. Bush falls back into alcoholism and will not get over it.

2000: Clinton is reelected despite the “Monicagate”.

Chinese soldiers invade California

2001: A space odyssey.

2002: President Clinton talks of China and North Korea as the “Axis of Evil” in his State of the Union address.

2003: Republicans are crazy about an anchor on the Fox News channel: Sarah Palin.

2004: Al Gore is elected thanks to a fraudulent vote. Democrats, feeling the defeat, manipulate the votes in Tennessee. The end of the Democrat era nears.

2005: Al Gore declares that, while he remains alive, the US will never sign the Kyoto Protocol.

2006: Jacques Chirac bathes in the Seine river.

2007: Hu Jintao burns the Star-Spangled banner on Tienanmen Square.

2008: Sarah Palin wins the presidental election. Beginning of the conservative counter-revolution.

2009: Sept. 11: Chinese terrorists Attack the World Trade Center. Sept. 15: The US fire missiles against Beijing and Shanghai. The UN protests. For the first time, two members of the security council are at war. Sept. 18: China attacks the US. California is targeted by the Chinese Navy. A curfew law is passed in Los Angeles, leading to gang wars and plunders.

2010: The US government signs the armistice in Guangzhou and acknowledges defeat. For 74% of Americans, “we deserved it”. The United States become a province of China. Sarah Palin chooses to collaborate. Together with Nicolas sarkozy, they adopt a boy named ‘Hu’.

They adopt a young Hu

Famous alternate histories

Writings :
> The plot against America, by Philip Roth (Houghton Mifflin, 2004). Roosvelt lost the 1940 presidential election. Charles Lindberg, non-interventionist republican, became president and sign a non-agressive treaty with Nazi Germany.
> The Portage to San Cristobal of A.H., by George Steiner (Faber and Faber, 1981). Hitler did not commit suicide. He’s alive, hiding in the Amazon forest. A Jewish commando finds him and wants to bring him back to civilization to judge him.
> Fatherland, by Robert Harris (Hutchinson, 1992). Berlin, 1964. The Nazis won the war. They rule everything as far as east Russia. No Jews remain to testify of the Holocaust.

Movies :
> Jean-Philippe, by Laurent Tuel (2006). Jean-Philippe Smet never became Johnny Hallyday because he missed his first audition. He’s still a kind person named Jean-Philippe.
> There is also the “Back to the Future” trilogy, by Robert Zemeckis (1985-1989-1990) where the young Marty (Michael J. Fox) goes back in time and interferes in his parents’ romance.

First published in Usbek & Rica (article on OWNI when the #1 was published)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Texte : Thierry Keller / Illustrations : Eleanor Wood.

À votre tour, réalisez des uchronies grâce à notre application

Vidéo de présentation d’Usbek & Rica

Cliquer ici pour voir la vidéo.

]]>
http://owni.fr/2010/09/03/what-if-bobby-kennedy-had-survived/feed/ 13
[application] Whatif ? http://owni.fr/2010/09/03/what-if/ http://owni.fr/2010/09/03/what-if/#comments Fri, 03 Sep 2010 16:33:51 +0000 Admin http://owni.fr/?p=26923 En partenariat avec Usbek & Rica (“yes we can !”), OWNI vous propose une application toute fraîche pour plonger dans le futur du passé.

“Uchronie” en est le sésame. U-chronos: le non-temps, tout un programme.

Le principe est simple : réécrire l’histoire en partant d’un évènement du passé que l’on choisit de modifier. Le calcul est vite fait : le choix des possibles est infini.

Chez Usbek & Rica le challenge est de taille : “Et si… Bobby Kennedy n’avait pas été assassiné ?” Forcément, il devient le 37e président des États-Unis mais quid de la suite ?

Avec l’application “What if…”, have fun et testez ce qui serait arrivé / ce qui arriverait si…

Quelques uchronies bientôt cultes !

Et si…

…Diam’s prenait la tête du PS ?

…Benoît XVI s’envoyait en l’air ?

…le foot n’existait pas ?

…Ben Laden retournait sa veste et devenait Boudhiste ?

…la Chine était un pays écolo ?

…Coluche avait remporté les élections présidentielle de 1981 ?

…le soleil s’éteignait ?

Découvrez toutes les autres uchronies dans l’application et proposez les vôtres.

“Imagine…” comme disaient les scarabées.

]]>
http://owni.fr/2010/09/03/what-if/feed/ 4