Hadopi : faites entrer l’accusé !

Le 15 mai 2009

La loi Hadopi vient d’être votée. Et se présente comme un procès à charge contre les pirates du web*, qui n’étaient pas dans le box. C’est bien dommage. La loi restera dans les annales pour son inefficacité, car il y a d’emblée une grave erreur sur la définition du téléchargement. Celle-ci trahit l’ignorance de l’industrie du [...]

La loi Hadopi vient d’être votée. Et se présente comme un procès à charge contre les pirates du web*, qui n’étaient pas dans le box. C’est bien dommage.

La loi restera dans les annales pour son inefficacité, car il y a d’emblée une grave erreur sur la définition du téléchargement. Celle-ci trahit l’ignorance de l’industrie du disque pour son consommateur. Le téléchargement n’est pas un vol, c’est du partage. Ce n’est pas un acte isolé : c’est un phénomène de société. Dans le jargon populaire, que seuls les politiques et les capitalistes semblent désormais ignorer, on appelle ça “le web collaboratif”. Je suis passionnée par la musique, l’histoire, la cuisine, la poésie ou l’art, et je le partage avec d’autres personnes sur un site de téléchargement, Wikipedia, Marmitton.org ou mon blog. Si Louis XVI, l’inventeur de la quiche lorraine, Andy Warhol et Paul Eluard font moins de bruit, la raison est simple : les enjeux financiers.

Des internautes indépendants

Les world company voient leurs chiffres d’affaire chuter, impactant la création artistique. Le CD best of des six dernières saisons de “Star Academy” n’ayant plus les faveurs d’un consommateur désormais averti. CDiscount avait déjà mis le feu aux poudres en redonnant ses lettres de noblesse à des œuvres culturelles tombées aux oubliettes, le tout à prix défiant toute concurrence. Le consommateur avait suivi. Et c’est bien là le grand drame : les gens n’en font qu’à leur tête. Ils troquent leurs meublent IKEA sur Ebay, se ruent sur les bonnes affaires de Ventes Privées et délaissent les grands magasins. Pire ils revendent leurs cadeaux de Noël sur le web ! Les étudiants fuient les cursus marketing, parce que la cible des marques aux temps modernes est devenue trop complexe, et on vote des lois pour remettre au pas ce consommateur devenu inconscient.

Le web, futur de l’industrie musicale 

Vous allez me dire, on l’avait prévenu. Le téléchargement illégal ayant fait cause commune avec l’interdiction d’abîmer librement ses poumons. Le consommateur, lui, reste perplexe face à tout cela. Il trouverait presque que l’industrie musicale ne s’est jamais aussi bien portée à l’heure du web participatif. La musique déchaîne des foules d’internautes. Les statistiques n’ont que d’éloges pour cette passion, jamais au dessous du top 3 des sujets de divertissement préférés sur le web. A entendre les pirates, le web serait le futur de l’industrie musicale. Ils sont même prêts à sortir 20 euros de leurs poches pour produire un artiste sur des sites comme My Major Company ! Les spécialistes du son n’ont qu’à bien entendre : il y a une communauté sur le web prête à vous aider à vous réinventer. Menottez leurs les poignets et c’est vous que vous enfermez.

* le réseau des pirates, premier mouvement contestataire d’Hadopi

Chronique publiée précédemment par l’Atelier.



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