Casseurs d’embargo
Qu’on le veuille ou non, l’embargo de publication, l’une des pratiques les plus répandues du journalisme, est aussi en train de disparaître. A quand la fin du « off the record » ? Longtemps considéré comme un code éthique entre journalistes et un symbole du « gentlemen agreement » passé entre une source d’informations et un média traditionnel, l’embargo n’est [...]
Qu’on le veuille ou non, l’embargo de publication, l’une des pratiques les plus répandues du journalisme, est aussi en train de disparaître. A quand la fin du « off the record » ?
Longtemps considéré comme un code éthique entre journalistes et un symbole du « gentlemen agreement » passé entre une source d’informations et un média traditionnel, l’embargo n’est plus une arme de contrôle efficace de la diffusion d’information de services de presse soucieux d’obtenir un « arrosage » maximum et simultané de leurs messages.
En décembre dernier, le franc-tireur, Michael Arrington, a annoncé que son blog TechCrunch – devenu l’une des premières sources mondiales de news high-tech—ne respecterait plus à l’avenir les embargos, sauf en cas d’exclusivité.
Au printemps, le Wall Street Journal, lui a discrètement emboité le pas, avec une politique identique. Rappelons au passage que les journalistes du WSJ sont désormais évalués notamment au nombre de scoops qu’ils produisent par rapport aux agences de presse.
L’Europe est désormais touchée, puisque le Guardian semble, ces derniers temps, avoir décidé également de ne plus attendre ses confrères pour publier une information.
Ces casseurs d’embargos, vieux et nouveaux médias, tous sous la pression de l’exclusivité, du scoop, font le pari que les services de presse et de relations publiques ne prendront pas le risque de les pénaliser.Qui se couperait ainsi de tels relais à l’heure de l’ultra fragmentation des outils de diffusion?
Pour les départements de relations publiques, habitués à distiller leur message, souvent en plusieurs étapes, pour contrôler le plus possible l’angle du journaliste, c’est un vrai nouveau problème. Pour certains journalistes aussi : l’embargo permet de préparer un sujet, de lui donner du contexte, de faire réagir divers sons de cloches différents sur une information.
Mais après tout, l’un des objectifs du journalisme n’est-il pas de « sortir une info » le plus vite possible ?
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Article initialement publié sur AFP – Mediawatch
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