Vous avez raté “Déchets, le cauchemard du Nucléaire” …
… Allez vite le regarder en ligne sur Arte+ 7 (visible encore 5 jours) ou achetez le livre éponyme publié aux Editions du Seuil et écrit par Laure Noualhat, journaliste à Libération, blogueuse de six pieds sur terre… C’est aussi une amie – je vous dis ça par déontologie- mais avant que je ne découvre [...]
… Allez vite le regarder en ligne sur Arte+ 7 (visible encore 5 jours) ou achetez le livre éponyme publié aux Editions du Seuil et écrit par Laure Noualhat, journaliste à Libération, blogueuse de six pieds sur terre… C’est aussi une amie – je vous dis ça par déontologie- mais avant que je ne découvre le doc, elle ne m’en avait rien vraiment dit. Je suis donc allée à l’avant-première dans un état total de découverte. (Mea culpa Laure, j’ai loupé la date de diffusion pour écrire ce billet avant…)
Dans ce documentaire, vous ne verrez pas d’horribles bébé méduses, de gens difformes ou des foetus dans un bocal. Vous découvrirez au long d’une enquête implacable qu’en 2009, comme en 1970 ou en 1945, on ne sait toujours pas quoi faire des déchets nucléaires. Démontré par A + B.
On les envoie dans les airs, dans les sols, dans la mer ou à l’air libre. On les transporte sur des milliers de kilomètres pour les entasser dans des ailleurs qu’on espère invisibles et oubliés (scoop du documentaire : au moins 90 % de notre uranium soit disant recyclé est envoyé en Russie sans encore que nous soyons revenus le chercher…) On vitrifie les plus dangereux mais on stocke encore et toujours. On ne sait rien faire d’autre !
Le plus étonnant dans ce documentaire est qu’il a un côté rafraîchissant. Et il y a des moments où on rit franchement. Lorsqu’il montre par exemple l’ignorance crasse du sujet dont font preuve les candidats à la présidence du pays le plus nucléarisé du monde, c’est à dire la France. Jouissif petit retour sur le débat Sarkozy-Royal de 2007 avant l’élection présidentielle.
Destination après destination, interview après interview, le roi est dénudé, le tartuffe est mis à nu : oui, le nucléaire est bien dangereux, oui, il produit bien beaucoup de déchets, et non madame, on ne sait pas vraiment comment gérer tout cela. Mais ne vous en faites pas, nous sommes si intelligents !! Vous auriez bien tord de douter… Donc on rit oui, devant l’employé de l’usine de retraitement des déchets de La Hague chargé de répondre aux questions des journalistes et qui perd pied, en toute bonne foi, devant la caméra. Devant les ingénieurs creusant les galeries sensées recueillir les déchets, qui vous explique qu’ils vont rester là bien au chaud le temps qu’ils perdent leur radioactivité… dans 200 000 ans, rien de moins que l’âge de l’Homo Sapiens… et devant les grands pontes du Corps des mines, qui tiennent toute l’industrie nucléaire dans leurs mains, et les décisions qui vont avec elles, et qui n’ont rien d’autre à déclarer, comme les curés du temps où ma mère était enfant, et avec un aplomb sidérant “Madame rien ne peut se faire sans la confiance “. C’est tellement énorme qu’on finit par en être bidonné de rire. Comme du Simpson, version réelle.
Ils ont démontré point par point, que dans ce domaine comme tant d’autres, on agissait en apprenti sorcier. Et qu’aujourd’hui comme hier, rien n’est vraiment maîtrisé. Et que cette non maîtrise conduit à un autre danger, la confiscation du débat, l’opacification des faits, la négation de la démocratie pour la technocratie.
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