Europe1.fr : le site de radio n’est plus
Sorti des cartons ce week-end, le nouveau site Internet d’Europe 1 marque clairement la fin d’une stratégie webradiophonique pour la station de la rue François 1er, au profit d’une stratégie online d’information et de fidélisation autour de la marque “Europe 1″ ...
Sorti des cartons ce week-end, le nouveau site Internet d’Europe 1 marque clairement la fin d’une stratégie webradiophonique pour la station de la rue François 1er, au profit d’une stratégie online d’information et de fidélisation autour de la marque “Europe 1″, notamment par la production de contenus propres. D’où ce titre, légèrement et volontairement provoc’.
Le défi
Europe1.fr n’est donc plus un site de radio mais un portail d’information, comme l’a expliqué son créateur dans un article élogieux du JDD (Groupe Lagardère, sic). Ce changement majeur intervient au moment où la radio accède au podium de Médiamétrie, face à un leader luxembourgeois encore très fort sur les ondes et sur le web avec 2,4 visiteurs uniques, contre 1,8 pour Europe 1 (chiffres Nielsen/Netratings, octobre 2009). Ce qui est finalement très peu par rapport au nombre d’auditeurs de ces mêmes radios et aux autres sites d’informations en ligne comme LeMonde.fr et LeFigaro.fr, qui oscillent entre 5 et 6 millions de visiteurs. Le défi est de taille, mais avec ces bouleversements (et des moyens constants), il n’est pas risqué de parier qu’Europe 1 dépassera RTL… sur Internet. L’objectif est clairement annoncé : “dépasser les 3 millions de visiteurs uniques mensuels en 2010″ (voir interview). L’opportunité est d’autant plus grande que RTL assume ne pas avoir de contenus propres au web. Pour Tristan Jurgensen, directeur général de RTL Net « ma porte d’entrée, ça reste la radio [...] d’ailleurs, mon meilleur vecteur de publicité, c’est l’antenne ».
Les risques
Cette nouvelle stratégie n’est pas sans risque vis-à-vis des investissements consentis (embauche d’une trentaine de personnes !). A titre d’exemple, France Info qui joue légitimement la carte de l’actualité sur le web ne compte que 900.000 visiteurs uniques par mois (nov. 09) contre 4,5 millions d’auditeurs par jour. Le plus gros risque serait de trop s’éloigner de l’esprit radiophonique, élément clé de la marque Europe 1. Avec ce nouveau site, la station a relégué au second plan tout ce qui fait la valeur d’une radio : le son. Contrairement aux précédentes versions, les articles d’actualité en format texte représentent près de 75% des pages, il n’y a plus de player rapide pour écouter le dernier flash et, comble du comble, même pas d’intégration de reportages audio dans les articles d’actualité. En clair, l’actualité est coupée de l’antenne. Où est la valeur ajoutée par rapport aux nombreux concurrents ?. Les possibilités de se démarquer sont donc faibles.
Les seuls contenus d’antennes disponibles sont des contenus de rattrapage (”catch-up radio” ?), des vidéos bonus, et des pages spéciales sur certains animateurs, dont on se demande comment ils vont réussir à les actualiser à long terme. La solution miracle semble être les sondages, on en compte près d’un par page !
Les incohérences
Cette nouvelle logique de portail comporte à mon sens quelques failles dans l’environnement web actuel. Je vous passerai les remarques de pinailleurs, comme les mauvais détourages de photos ou les pages blanches. Le plus grave est qu’Europe 1 ne semble pas croire aux médias sociaux et à leur puissance de drainage et fidélisation des internautes. Pas de Facebook Connect, pas de liens avec Twitter, pas de live-feed, suppression des blogs de la rédaction… L’aspect communautaire est réduit à un “Club Europe 1“, sorte de carte de fidélité 2.0, copie-conforme du Club France Télévisions, avec tout juste une page fan Facebook (Ouf !) qui plafonne déjà à 794 fans. Europe 1 mise sur une participation cadrée des internautes, à travers des fonctions classiques de commentaires et de sondages.
Autre absurdité, celle que j’appellerai les “vidéos fixes” : la grande marque de fabrique d’Europe 1. Elle consiste à proposer la réécoute d’émissions avec un player vidéo, mais sans vidéo, avec simplement une image fixe de l’animateur. Certes la vraie vidéo est présente par ailleurs dans certains cas, mais reste minoritaire. Alors pourquoi pas proposer un simple player de son ? Qui peut le plus, peut le moins. Cela permettrait au moins d’alléger visuellement la redondance de certaines pages (voir ci-contre).
Rumeur et malice
Pour finir sur une note positive : une astuce de conception très maligne, celle du diaporama avec chargement d’une nouvelle page à chaque changement de photos (au lieu d’un slideshow sous flash sans rechargement)… et Dieu créa la multiplication des clics et des pages vues. Toute dernière observation, cette nouvelle version d’Europe 1.fr renforcerait-elle la rumeur de disgrâce de Jean-Marc Morandini. En effet, le site est pourvu d’une rubrique “médias” ET d’une rubrique “Télé” et pourtant il n’est aucunement mention de l’animateur-vedette-expert du petit écran. CQFD.
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