#DPI inside: l’octet sera légal ou ne sera pas!
Retour (atterré) sur la soirée de lancement de la Hadopi : les pires prévisions de ses opposants semblent bien parties pour se réaliser. Mme Michu n'a plus qu'à prendre une formation accélérée d’administrateur système et réseaux.
Comme je vous le disais, j’en ai pas dormi. Tout ce passe comme nous l’avions imaginé dans le pire des scénarios imaginables. Il faut d’abord bien écouter ce que dit ce monsieur, puis vous souvenir de cette histoire de « quasi neutralité », ou encore de NKM qui nous explique que la neutralité c’est accéder à tous les contenus « légaux » transformant avec sa baguette magique les backbones en cyber douaniers capables de reconnaitre des octets contrefaits. Il faut dire qu’on l’avait senti venir de loin le Deep Packet Inspection !
La petite soirée de lancement de la Hadopi a été riche et Marc Rees de PCInpact, présent sur les lieux, a enregistré des perles ! J’ai eu la chance de l’avoir au téléphone dés son retour et c’est la voix empreinte de consternation qu’il m’a révélé que la Hadopi planifiait bien l’insoutenable en confiant une mission à un anti Net neutrality convaincu, Michel Riguidel, celle de spécifier techniquement le mouchard Hadopi.
Chers internautes, la riposte graduée est bien une étape pour instaurer le filtrage DPI. Je soupçonne aujourd’hui fortement le gouvernement d’avoir instrumentalisé l’ARCEP d’une manière assez abjecte : « vous avez vu comment on est forts en démocratie et en écoute ? On vous a servi des supers spécialistes »… et hop on nous sort une « quasi neutralité » dans laquelle le téléchargement illégal devient prétexte à filtrer Internet en utilisant des outils dont on est assuré que d’une chose, c’est qu’ils ne sont pas maîtrisés.
Mais il y a un petit hic… c’est que le DPI, ça n’est possible que sur les infrastructures des fournisseurs d’accès, à des endroits bien stratégiques du réseau. La Hadopi dit entretenir de bonnes relations avec les fournisseurs d’accès et que les expérimentations de filtrage avancent. C’est amusant, car ayant travaillé pour un FAI et entretenant encore quelques relations, j’entend tout le contraire et j’ai plus tendance à croire mes sources que la Hadopi. Et mes sources disent que le DPI, ils n’en veulent pas, ils n’en poseront pas (sauf obligation légale), et surtout ils ne le financeront pas ! On sait aussi que pas un seul centime n’a encore été déboursé aux FAI pour supporter le coût des délires orwelliens des cyber pieds nickelés.
Hadopi devrait donc en toute logique être étendue à d’autres protocoles que le peer-to-peer, en tous cas la Hadopi souhaite s’équiper en ce sens. En tout cas en France, qu’on se le dise, la Net neutrality, c’est fini !
Les mails partiront bien sans que le mouchard Hadopi ne soit labellisé
Et oui ! Notre madame Michu devra se taper une formation accélérée d’administrateur système et réseaux, la Hadopi laissera à la discrétion du juge toute contestation, si tant est que notre madame Michu ait les moyens techniques et surtout financiers de se défendre, elle est bien présumée coupable ! La Hadopi souhaite passer en force… Un très mauvais calcul face aux internautes qui ne manqueront pas de se rappeler à son bon souvenir. Le décret d’application concernant le délit de négligence caractérisée est évidemment toujours très attendu et ne devrait plus tarder. La CNIL émettra un avis mais rappelons que ce dernier n’est que consultatif.
Mais ne nous pressons pas car le mouchard Hadopi nous promet aussi de grands moments, on le soupçonne toujours aussi fortement de s’asseoir sur un modèle client / serveur (j’ai beau chercher, il n’y a que comme ça qu’il peut fonctionner). Le serveur communiquerait la liste des fichiers (les hashing) et le mouchard irait scanner les disques durs. Heureusement, pour le mettre en prison dans une machine virtuelle, TMG vous propose de télécharger VMWare sur l’un de ses serveurs.
La Hadopi a dû sentir le vent venir, du coup, le mouchard installé sur l’ordinateur ne suffira plus à disculper un internaute, il ne devient qu’un élement parmi d’autres.
Autre information importante, les critères qui détermineront si le dossier d’un internaute incriminé est transmis ou non au parquet reste un mystère. Après le délit de sale gueule, nous orientons nous vers un délit de sale IP ?
La pédagogie, avec HADOPI, c’est terminé, il ne reste plus que le volet répressif.
Mireille Imbert-Quaretta, membre de la commission s’en explique d’ailleurs le plus tranquillement du monde : « Hadopi ne vise pas les pirates, mais la négligence caractérisée, si l’internaute a fait en sorte que son ordinateur ne soit pas assez protégé face aux risques de piratage. »
Un logo plus respectueux du droit d’auteur #lol
Plus anecdotique, la Hadopi a abandonné son logo ou elle utilisait une typographie dont elle n’avait pas les droit. C’est plus austère, elle perd son gros nez rouge.
Le temps pour moi de digérer les articles et d’écouter attentivement les enregistrements réalisés par PCInpact, et c’est promis, on n’a pas fini d’en causer.
Voici les articles promis de PCInpact :
- http://www.pcinpact.com/actu/news/56724-hadopi-labs-decrets-application-walter.htm
- http://www.pcinpact.com/actu/news/56725-hadopi-email-avertissement-surveillance-tmg.htm
- http://www.pcinpact.com/actu/news/56726-dpi-deep-packet-inspection-hadopi.htm
Merci Marc pour le boulot abattu cette nuit.
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Billet initialement publié sur Bluetouff’s blog sous le titre “HADOPI : Le Deep Packet Inspection est bien au menu”.
Photo CC Flickr Antonin Moulart
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