UK: un premier débat politique… augmenté à fort impact
Pour la première fois a eu lieu un débat télévisé entre les principaux candidats aux élections législatives permettant aux spectateurs de s'impliquer en temps réel via les réseaux sociaux : Facebook, Twitter.
Si la France ou les États-Unis par exemple sont habitués aux débats télévisuels entre principaux candidats à une élection présidentielle, il n’en allait pas de même au Royaume-Uni où jamais un tel événement n’avait encore eu lieu.
La campagne électorale de 2010 en vue du scrutin du 6 mai – qui comporte une série de trois débats télévisés entre les leaders des trois principaux partis britanniques – marque donc une innovation de taille dans le paysage politique outre-Manche. Cette innovation électorale s’accompagne sans surprise de ce que l’on peut attendre de mieux cinq à dix ans après le début de l’ère du web 2.0 et, en corollaire, de la netpolitique : le débat politique augmenté. Cette notion évoquée pour la première fois par votre serviteur dans ces colonnes il y a un an tout juste – et étendue à la TV plus généralement – renvoie à une forme de débat politique où les spectateurs s’impliquent en temps réel dans les débats télévisés à la faveur d’outils tels Twitter ou Facebook (outils dits de la statusphère, concept datant également d’avril 2009, que d’anniversaires en ce début de printemps !).
Ainsi, ITV (chaîne hertzienne ayant diffusé le premier débat télévisé entre Gordon Brown, David Cameron et Nick Clegg le 15 avril dernier) avait-elle mis en place une plateforme web permettant :
- de suivre en direct le débat ;
- de commenter le débat en interagissant avec les autres internautes sur le site ou, via une application Facebook, avec les membres de Facebook ou encore ses amis uniquement ;
- de disposer d’outils synthétiques et en temps réel d’analyse des réactions des internautes regardant le débat (via une solution assez classique de suivi des réactions d’un panel d’électeurs et via une solution plus récente – et moins éprouvée – d’analyse automatisée de la tonalité des tweets émis sur le sujet).
Par-delà les outils mis en place par la chaîne, le hashtag #LeadersDebate a été utilisé sur Twitter pour permettre le bon suivi des discussions éparses et très nombreuses (près de 30 tweets par seconde en moyenne et un total de 184.396 tweets publiés pendant le débat selon le site Tweetminster).
Sans pouvoir démêler l’impact de ce premier débat, pris dans son ensemble, de celui produit spécifiquement par sa dimension “augmentée”, il est intéressant de noter que les derniers sondages ou outils d’analyse de l’opinion (marchés prédictifs notamment) font passer le Parti libéral démocrate de la troisième à la deuxième place, devant le Parti travailliste au pouvoir, eu égard au nombre de sièges projetés pour chaque parti (le système électoral britannique reposant sur le principe du first past the post impliquant de regarder le détail des résultats dans chaque circonscription). Ainsi, bien que les conservateurs fassent encore la course en tête, avec une avance de plus en plus réduite, la perspective d’une majorité travailliste – libérale-démocrate (ces derniers étant traditionnellement vus comme plus à gauche que les travaillistes) est de plus en plus crédible…
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Billet initialement publié sur Netpolitique sous le titre “Au Royaume-Uni, un premier débat politique… augmenté à fort impact”
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Photo CC Flickr stuff_and_nonsense
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