La République obcène
La presse française dévoile régulièrement de petits et gros scandales en Sarkozie. OWNI en a compté 32. De l'abus de jet privé au piston en passant par les notes de frais très salées, le gouvernement ne montre pas l'exemple.
Alors que le président promettait une « République irréprochable » en 2007, avec des ministres qui « rendent des comptes », on le retrouve aujourd’hui à défendre un ministre du Budget dont l’épouse travaillait pour une richissime évadée fiscale.
À OWNI, cette histoire nous en a rappelé d’autres. Souvenez-vous de ce ministre qui reste en poste malgré une condamnation pour injure raciale. Ou de celui qui sort en titubant du Conseil des ministres. Ou de celle qui embauche son fils alors qu’il est dénué de toute qualification adéquate.
Au fur et à mesure que la liste s’allongeait, nous avons décidé de répertorier les petits et gros scandales qui ont émaillé le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En quelques heures, nous en avons compté 31 ! (Et encore, nous n’avons pas pris en compte les infractions routières, pourtant lourdes.)
Retrouvez la liste complète sur Google Doc et n’hésitez pas à compléter en commentaires les scandales évoqués ou à ajouter ceux que nous avons oubliés. Cette liste sera tenue à jour jusqu’en 2012.
Nous avons tenté de ne sélectionner que les scandales qui auraient poussé à la démission des ministres dans d’autres pays, où on prend souvent la porte pour moins que ça. En France, avant la démission d’Alain Joyandet et de Christian Blanc, le dernier ministre à avoir assumé ses actes en prenant la porte fut Hervé Gaymard… en 2005, pour une affaire de 60 000€.
Comparaisons
En mai dernier, le ministre des finances britannique a démissionné après que la presse a révélé qu’il utilisait des notes de frais pour payer un appartement à son partenaire. Montant total détourné: 45 000€. Quatre an plus tôt, en Suède, la nouvelle ministre de la culture quittait son poste parce qu’elle avait 2 400€ d’arriérés de redevance télé. Un montant 25 fois moindre que celui de l’affaire Gaymard.
En Allemagne, l’ancien ministre de la défense a quitté le gouvernement parce qu’il a annoncé qu’une frappe de l’armée allemande en Afghanistan n’avait pas fait de blessé quand dans la réalité il y eut une centaine de morts. En matière de politique étrangère, le dernier ministre de la défense à avoir pris la porte fut Charles Hernu, en 1985, suite à l’affaire du Rainbow Warrior. En revanche, en ce qui concerne l’action de la France au Rwanda ou les attentats de Karachi, on attend toujours que les responsabilités politiques soient éclaircies.
Même en Bulgarie, pourtant pas un parangon de transparence, on démissionne quand la presse révèle qu’un ministre entretien des liens avec le crime organisé. L’occasion de rappeler que des personnalités comme Gaston Defferre n’ont jamais été inquiétées pour leurs relations avec le Milieu marseillais.
Tentation populiste
Comptabiliser les scandales, voilà l’une des occupations favorites du Front National. Facile de critiquer l’action de ceux qui sont au pouvoir quand on ne détient aucune responsabilité. Et les journalistes ne sont pas les derniers à jouer avec leur pouvoir en en sentant que très rarement les conséquences (Outreau ?)
Il ne faut pas non plus tomber dans l’amalgame inverse. Entre dénoncer ce qui nous choque et dénigrer l’action publique dans son ensemble, il y a un pas que toute personne de bonne foi peut constater.
Le gouvernement n’est d’ailleurs pas le dernier à jouer avec cette différence. Quand Xavier Bertrand dénonce les « méthodes fascistes » de Mediapart ou qu’Henri Guaino parle de « totalitarisme de la transparence » (parce qu’on a révélé qu’il gagnait 24 000€ par mois), ils essayent d’endormir leur électorat. Leur message explique en substance que les règles peuvent être assouplies pour huiler les mécanismes institutionnels.
Tout dépend maintenant de l’assouplissement que l’on est prêt à accepter. En Russie, pour accélérer le processus judiciaire, les services secrets peuvent désormais infliger des amendes sans passer par un juge. A l’autre extrême, en Nouvelle-Zélande, le ministre du logement et de la pêche démissionnait parce qu’il avait réglé deux bouteilles de vin avec la carte bleue de son ministère, pour un montant de 40€. La note de frais mentionnait ‘repas et boisson’ alors qu’il aurait fallu indiquer ‘boisson’ seulement !
Où souhaitons-nous placer notre seuil de tolérance face à ces manquements de rigueur ? Tolérerons-nous les mêmes écarts à l’Etat de droit que les Russes ou allons-nous être aussi stricts que les Néo-Zélandais ? Les journalistes ne peuvent pas décider pour les Français. Mais ils doivent leur donner les éléments nécessaires pour faire leur choix.
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Application développée par Pierre Romera, avec l’aide d’Aurélien Fache. Design: Elsa Secco. Sur une idée originale des habitants de la soucoupe (Sabine Blanc, Nicolas Kayser-Bril, Martin Untersinger, Guillaume Ledit), conseillés par Jean-Marc Manach.
Partagez cette application par chez vous en copiant ce bout de code: <script type=”text/javascript” src=”http://app.owni.fr/14juillet/embed.js”></script>
Le titre de l’application est un mauvais jeu de mots (vous l’aurez compris), fondé sur le dernier repas du Christ entouré par ses disciples, connu sous le nom de La Cène.
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Mise à jour 19/7: Grâce à l’aide de Constantin, de Vatou et du Dr Maboul, 4 nouvelles affaires ont été rajoutées à la liste:
- L’affaire de la carte bleue de Cécilia liée au budget de l’Elysée
- Le fils Sarko commet un délit de fuite: le plaignant est condamné
- Les incivilités de NS, à commencer par le “cass’ toi pov’ con”
- La justification par François Baroin de l’exil fiscal de son épouse Michelle Laroque.
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