La Soucoupe s’est posée sur LeWeb10
Cette année encore, Le Web est l'occasion pour la planète nouvelles technologies de se retrouver pour discuter des tendances, nouer des contacts, et écouter quelques speakers venus de divers univers.
Cette année encore, Le Web est l’occasion pour la planète nouvelles technologies de se retrouver à côté de Paris, aux Docks de la Plaine Saint-Denis, autour de start-ups et d’entreprises déjà bien établies, pour discuter des tendances, nouer des contacts, et écouter quelques speakers venus de divers univers.
L’événement organisé par Loïc et Géraldine Le Meur a pour thème cette année : les plateformes (et ce n’est pas un hommage à Houellebecq).
- Les conférences de la plénière peuvent être visionnées en direct sur ustream.
- Le hashtag sur Twitter à suivre est #leweb.
- Le pearltrees officiel.
Cet article est mis à jour au fur et à mesure de la journée.
Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan est le premier à intervenir. L’industrie automobile semble être moins innovante ? Le sentiment est en tout cas répandu, et le désamour semble profond dans l’opinion des pays développés : la voiture devient une nécessité pénible plus qu’une aspiration teintée d’affect. Le développement de la Mégane a coûté 2 milliards : Renault s’est inspiré des méthodes japonaises de Nissan : benchmarks, partage, automatisation.
Les questions énergétiques et environnementales, prégnantes dans l’opinion publique, sont devenues les premières sources d’innovation chez Renault et Nissan, en particulier dans le domaine des batteries électriques et du design, des matières et de la performance des moteurs. Les automobiles représenteraient 12,5 % des émissions de CO2, et sont les principales consommatrices d’énergies fossiles.
Selon Carlos Ghosn, il y a plus d’un milliard de voitures utilisées par jour en 2010, mais avec les progrès rapides des économies émergentes (Inde, Chine, Brésil…) la circulation passera à deux milliards de voitures d’ici 2010. Les villes et infrastructures vont devoir s’adapter.
La voiture électrique est très critiquée pour le moment, sur tous les fronts (fonctionnalités, autonomie…), mais Renault veut pourtant déjà en parler et la vendre sur un front marketing alors qu’elle n’est pas encore complètement au point, afin de préparer les esprits. Carlos Ghosn, faisant un parallèle osé avec le téléphone mobile, y croit pourtant dur comme fer.
Le secteur industriel automobile représenterait 2000 milliards de dollars, la voiture électrique devrait changer la donne et de nouveaux acteurs se feront une place. L’autre grande tendance est la personnalisation ultime de la voiture, pas ses fonctions propres : appareils électroniques embarqués, intérieur, extérieur… Mais les contraintes liées à la sécurité limitent l’innovation, en particulier les appareils qui peuvent détourner l’attention ou qui sont susceptibles de provoquer des dégâts en cas d’accident. Carlos Ghosn annonce que la voiture qui se conduit toute seule est déjà testée en laboratoire.
La Ze trône à l’entrée de Le Web, le modèle présenté a un petit quelque chose de Tron.
Ethan Beard, responsable du développent Facebook, est interrogé par Michael Arrington de TechCrunch. Avec Connect, Facebook est devenu une plateforme qui peut embarquer de nombreux contenus et qui devient un incontournable dans la musique (c’est le premier fournisseur de trafic vers Spotify), la vidéo, les jeux (Zynga et son célèbre Farmville) et même d’autres réseaux sociaux comme Twitter ou Foursquare qui s’insèrent naturellement dans les statuts.
Les utilisateurs de Facebook ont tendance à y rester et Ethan Beard souhaite les encourager à y retrouver leurs contenus favoris, à voir ce que font leurs amis et les contenus qu’ils y propulsent par recommandation.
Les prochains chantiers de Facebook sont à plusieurs niveaux Le graphe social est un enjeu pour Facebook et il prend corps avec la nouvelle version : connecter les gens entre eux, montrer leurs points communs, leurs événements communs.
L’achat d’objets virtuels à travers une pateforme unique, et donc une monnaie unique, sera la prochaine étape : Facebook Credits. Pour les développeurs, c’est aussi la garantie de travailler sur une plateforme unique sans disperser leurs compétences.
Jason Golgman, directeur produit Twitter, est interrogé par MG Siegler de TechCrunch
Jason Goldman continue à utiliser Twitdeck et d’autres plateformes de services, mais Twitter veut continuer à innover en proposant de nouvelles fonctions à ses utilisateurs : mobilité, contenus complémentaires, changement d’interface, contenu contextuel… L’enjeu est de taille car Twitter gère désormais 100 millions de gazouillis par jour.
Par exemple Twitter a acquis Tweetie en 2009, devenu Twitter pour iPhone pour être embarqué dans les smartphones. L’application web Hootsuite intègre les promoted tweets, messages promotionnels payés par des marques qui s’insèrent dans les flux des utilisateurs.
Pour Jason Goldman, le risque pour Twitter est de se complexifier : le projet de départ était simple, le partage d’un statut avec des amis ou des gens, et il ne faut pas rajouter trop de couches. L’API est ouverte et c’est aux utilisateurs de choisir les services annexes qu’ils souhaitent.
Mike Jones, PDG de MySpace, est interrogé par Robert Scoble
MySpace est historiquement le premier grand média social, lancé en 2003. MySpace a été racheté en 2005 par NewsCorp, la holding de Ruppert Murdoch, mais n’est resté jusqu’à présent qu’un gouffre financier. Mike Jone reconnaît qu’il stagne désormais, dépassé par Facebook, mais assure que NewsCorp continue à soutenir MySpace et continue à miser sur son avenir avec la nouvelle version, développée en 6 mois.
Le site s’est recentré sur la musique, la vidéo, et le partage de goûts artistiques. Comme MySpace est un lieu pour les artistes, cette nouvelle expérience est centralisée sur les sentiments à travers les “likes” et les statuts. MySpace est désormais connecté à des applications tierces comme Facebook, Twitter et Youtube. Entertainment.
Aujourd’hui, 30% des usages de MySpace se font sur une plateforme mobile. MySpace développe actuellement des applications spécifiques pour Android et iPad. De nouveaux acteurs qui ne sont pas originellement des médias vont changer le paysage et les habitudes de consommation de produits d’entertainment.
Stéphane Richard, PDG d’Orange, est interrogé par David Barroux des Echos.
Sur un ton morne et peu enthousiaste, Stéphane Richard annonce qu’Orange a vendu 3 million d’iPhones dans 13 pays, soit 6% des ventes totales mondiales d’Apple, ce qui ne lui donne pour autant pas une relation privilégiée avec la Pomme. Ne souhaitant pas parler de chiffres et affirmant qu’il n’y a pas d’objectifs de vente, il confirme cependant que l’iPad, qui vient d’arriver en offres subventionnées liées à un abonnement chez les opérateurs français, sera d’après lui un beau cadeau de Noël.
Pour Stéphane Richard, Orange se veut davantage qu’un grand tuyautier : l’avenir des opérateurs télécoms réside selon lui dans les applications et les contenus exclusifs.
Les opérateurs mobiles réfléchissent collectivement à la fin de l’Internet mobile illimité (qui ne l’est pas vraiment). Prétextant que 10 % des utilisateurs consomment 70 % de la bande passante, il annonce que les offres tarifaires vont devoir être revues, mais il compte également changer les habitudes des utilisateurs, sans préciser comment. Selon Stéphane Richard, le trafic de données mobiles devrait être multiplié par 10 d’ici à peine deux à trois ans.
Marko Ahtisaari, directeur du design de Nokia
Les interfaces tactiles sont immersives et requièrent une forte attention car l’utilisateur doit visualiser où il pose les doigts et clique : Marko Ahtisaari veut aider les utilisateurs à relever la tête. Nokia songe à réintroduire la souris dans ses appareils pour libérer de l’espace sur l’écran, qui n’est alors plus soumis à des contraintes de taille minimale.
Nokia mise massivement sur l’intelligence collective, en particulier pour améliorer les données de navigation sur son système de guidage et de cartes OVI Maps.
Nokia utilise les données des utilisateurs connectés pour détecter les zones de trafic trop denses et réorienter les trajets. Les utilisateurs d’OVI Maps ont parcouru 100 000 kilomètres en utilisant OVI Maps.
Malgré les difficultés de son système d’exploitation vieillissant Symbian, Nokia ne songe pas à s’appuyer sur des OS concurrents comme Windows Mobile ou Android et préfère réfléchir à un OS maison, en s’appuyant éventuellement sur la forte communauté de développeurs.
Osama Bedier, Vice-Président de Paypal, est interrogé par Milo Yiannopoulos du Daily Telegraph
Interrogé sur la suspension du compte de Wikileaks, Osama Bedier répond qu’il a simplement répondu à une demande de l’administration américaine. Il précise que proposer un service mondial unique de paiement en ligne et en mobilité est un challenge complexe, en raison des multiples législations existantes, et la conformité est une condition sinéquanone pour pouvoir opérer.
Marisa Mayer, Vice-Présidente de Google, est interrogée par Michael Arrington
Google a-t-il raté le tournant du web social ? Marisa Mayer préfère dire que Google est patient. Les grandes avancées du web est la recherche, la géolocalisation, le social, et le mobile. Google est présent sur trois segments, et même s’investit largement sur le mobile avec Android et un nouveau smartphone à venir, le Nexus 2.
Selon Marisa Mayer, la percée de Chrome et les applications pour ChromeOS montrent qu’il y a de la place pour des acteurs innovants. Google n’investit pas dans Foursquare, mais a investi dans Zynga car les jeux sont un relais de croissance potentiel et un moyen de capter l’attention.
Marisa Mayer, titillée par Michael Arrington sur Google Wave et sur la concurrence de l’iPhone, est confiante dans l’avenir d’Android en raison des développements que Google apporte directement à Android. Facebook n’est pas vraiment un ennemi ? La question est accueillie par un rire poli.
Christopher Smith, directeur de développement plateforme BlackBerry, est interrogé par Ryan Block d’Engadget
RIM a perdu 50% de sa part de marché sur les smartphones, même s’il garde une bonne place. Sur App World, la place de marché d’applications BlackBerry, il n’y a que 15000 applications contre près de 300 000 sur App Store pour Apple : Christopher Smith reconnaît que la pauvreté du portfolio laisse la place aux concurrents.
La multiplication des SDK (kits de développement) est un frein à l’unification de la plateforme et gênant pour les développeurs qui ne savent pas par où commencer. Une plateforme RIM 100 % web devrait permettre de redonner le goût aux développeurs et améliorer leur productivité en leur permettant de réaliser davantage de synergies dans leurs travaux.
La tablette BlackBerry, baptisée PlayBook, vise en priorité les professionnels malgré son nom. Mais les usages pourront se répandre dans le grand public, surtout s’il souhaite utiliser certaines fonctionnalités comme Flash.
Dennis Crowley, co-fondateur de Foursquare
Fourquare a atteint les 5 millions d’utilisateurs. 2 millions de check-ins par jour. Nous avons choisi de rester indépendants et avons refusé des offres très élevées de la part de plusieurs grands acteurs du web, nous avons même été harcelés pendant quelques mois.
Le modèle de marketing géolocalisé commence à s’affiner avec Foursquare : il ne suffit plus d’être le Maire pour bénéficier d’offres spéciales. Les commerces peuvent réfléchir à d’autres formats, comme par exemple faire venir 10 amis plutôt que venir 10 fois.
Pour le moment, Foursquare recueille beaucoup d’information, et il y a peu d’intérêt à part s’identifier sur un lieu et avoir des badges. Une API va bientôt être ouverte, ce qui devrait ouvrir la voie à des jeux et à d’autres usages. Pour une marque, il n’y a pas de prix fixe pour faire réaliser un badge.
Foursquare a signé un partenariat avec Endemol, qui est venu voir Dennis Crowley pour préparer une émission dont la mécanique utiliserait Foursquare. Pour le moment, 14% de l’activité est hors US. Les ambitions internationales sont importantes, la traduction de l’interface est en cours. Mais Dennis Crowley souhaite prendre un peu de temps : les levées de fonds ont été fructueuses et les 5 salariés de Foursquare viennent à peine de s’installer dans leurs nouveaux locaux de San Francisco.
Table ronde médias animée par Adrian Monck, World Economic Forum.
Les questions débutent sur Wikileaks, le droit à l’information, la pression technique, financière et légale des Etats contre Wikileaks et Julian Assange. Pierre Chappaz, se montre surpris par le silence massif de nombreux médias sur ces pressions et se montre catastrophé sur la liberté de la presse, dont Wikileaks est un rouage d’après lui. Julio Alonso se montre plus optimiste : il y aura toujours des moyens d’obtenir des informations, les fuites sont une vieille pratique que la presse utilise. Kenneth Estenson confirme que les médias ont de longue date des pressions et ont appris à faire avec.
La question judiciaire sera suivie de près : Julian Assange sera-t-il extradé, condamné ? Wikileaks est-il illégal, son renvoi de nombreux services (financiers, hébergement) est-il fondé en droit ?
[NDLR] Pour conclure
En conclusion de cette merveilleuse journée, nous ne pouvons que trop vous conseiller le billet de notre con-frère Alex “El Gonzo” Hervaud, sur Ecrans, qui rend hommage à la tradition de la titraille chère à Libé: “Le Web10: Flocon s’explique”.
Et on a beau dire, mais un évènement qui créé des mèmes mérite le respect. On peut le dire, en mots comme en images: le Web n’est pas mort.
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