10 bonnes résolutions journalistiques
Pour arrêter de regarder passer la révolution numérique qui emporte les médias, tonton Van Achter a listé pour 2012 dix points qui pourraient changer notre manière de faire du journalisme à mettre sous les sapins de toutes les rédactions !
La recommandation par les pairs est l’un des phénomènes les plus puissants révélé par la “démocratisation de la diffusion”. En 2012, pour les journalistes, et ceux qui aspirent à le devenir, justifier sa place de médiateur de l’information passe donc immanquablement par une plongée en apnée dans le grand bain des réseaux sociaux. Twitter, Facebook, Instagram, Soundcloud, Storify… sont donc AUSSI le terrain.
@davanac mais put*** le journalisme, ça se fait sur le terrain en vérifiant ses sources… Pas sur Twitter !!!
— J-Philippe MATHIEU (@jphmathieu) December 14, 2011
Je n’ai pas de baguette magique mais voici 10 pistes qui me semblent intéressantes à creuser.
1) Trouvez-vous un binôme, un partenaire, un homme/femme de confiance avec qui le courant passe bien. Et faites comme Starsky et Hutch. Couvrez-vous l’un l’autre. À la vie à la mort. Pendant que l’un se rend physiquement sur un évènement, prend des photos “décalées” (càd pas celles über conventionnelles que tous les autres auront), chope de la vidéo (idem), tweete (idem) et prend la température de ce qui se trame, l’autre, au poste devant son desk, se charge de mettre en musique le tout et de re-raconter l’histoire en y ajoutant les réactions/commentaires publiés par les internautes. Inversez de temps en temps les rôles et ajustez le curseur de votre collaboration. C’est à mon sens l’un des meilleures façons de lutter contre le darwinisme à l’œuvre dans les rédactions.
2) Partagez et donnez à voir de vous tout ce qui permettra aux internautes de sentir de quel bois vous vous chauffez. Tout ce que vous ne partagerez pas, vous le perdrez. Et assumez une bonne fois pour toutes que si vous faites ce métier, c’est aussi pour soigner votre égo, légèrement surdimensionné par rapport aux individus lambda. Vous verrez, ça fait un bien fou et votre psy vous félicitera. Vous apprendrez d’autant plus facilement de vos échecs et vos succès auront bien meilleur goût.
3) Gardez en tête que chaque tweet peut être le dernier pour le compte de votre employeur actuel. Si vous le critiquez en ligne, il sera obligé de vous virer. Idem si vous sortez des clous de la légalité. Soyez conscient que même après votre service, vous êtes toujours identifié comme employé de votre média. Si vous souhaitez garder une partie de votre vie privée, ne la mettez pas ligne. Et arrangez-vous avec vos potes pour qu’ils respectent l’intimité de vos beuveries.
4) Testez, expérimentez, bidouillez. Et recommencez. C’est à ça que servent votre liste Twitter “Technologies” et votre blog. Apprenez à coder. Mettez les mains dans le cambouis. Le web est un outil. Ce que vous en ferez ne dépend que de vous et de votre curiosité.
5) Ne faites pas comme si vous aviez la science infuse. Plus personne ne vous croit quand vous traitez le même jour 10 infos sur des secteurs complètement différents en prétendant avoir “fait le tour de la question”. Rendez à César ce qui lui appartient. Faites des liens, embeddez des tweets, sourcez le blogeur qui a inspiré votre papier. Dites quand votre définition vient de Wikipédia. Gagner la confiance des individus connectés ne se fait pas en un jour… Avouez vos limites, ouvrez la porte aux experts en ligne qui pourraient enrichir et augmenter votre travail. Faites-le de préférence en amont de sa diffusion.
Google Analytics n’est pas sale !
6) Intéressez-vous à ce qui se passe près de chez vous, là où vous habitez. Votre boulangère, votre facteur ou votre plombier sont d’excellentes sources d’informations. Allez boire des coups au bistro du coin. C’est aussi ça le terrain. Et une opportunité stratégique parmi les plus intéressantes.
7) Ouvrez vos contenus et faites en sorte qu’aucune barrière ne subsiste à leur propagation. Tracez-en l’usage et faites en sorte d’apprendre tous les jours un petit peu plus à qui vous vous adressez. Intéressez-vous à leurs centres d’intérêts. Ils ne sont pas arrivés sur votre article par hasard. Plongez-vous dans Google Analytics, ce n’est pas sale.
8) Harcelez vos institutions publiques pour qu’elles mettent à votre disposition et à celle des internautes les données relatives à son fonctionnement. En tant que citoyen, vous avez le devoir de vous insurger contre leur utilisation exclusivement commerciale par des entreprises privées. En tant que journaliste, c’est une mine d’or pour traquer les dysfonctionnements et mettre en lumière les paradoxes de notre société.
9) Soyez béton sur les faits, recoupez vos sources et respectez celles qui demandent à rester anonymes. C’est ce qui vous différenciera. Car pour tout le reste, le commentaire, l’analyse, la mise en contexte, la polémique, la critique… il ne faut pas être journaliste.
10) Vous n’avez pas choisi le métier le plus facile ni le plus bankable, alors faites au moins en sorte de prendre votre pied. Soyez vous-mêmes et dites-vous bien qu’on n’a pas attendu le numérique pour voir les cons voler.
Bonne année à tous !
À lire aussi:
Ten things every journalist should know in 2012 (Journalism.co.uk)
Quelles tendances pour 2012 ? (Work In Progress)
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Article publié initialement sur le blog de maître Damien Van Achter sous le titre Journaliste : en 2012, trouvez votre Starsky.
Photo : FlickR CC-BY Euthmann.
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