Assange cause avec le chef du Hezbollah
Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a entamé une nouvelle carrière. Sur la télévision russe RT, Julian Assange devient intervieweur. Une série de douze entretiens est prévu. Pour le premier épisode, il a invité Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah.
Pour sa première interview sur RT, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a choisi un invité inattendu : Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, en visio-conférence depuis un endroit tenu secret au Liban (à son habitude). Aujourd’hui l’une des principales forces politiques libanaises, le “parti d’Allah”, chiite, est classé parmi les organisations terroristes de plusieurs pays occidentaux, mais pas dans l’Union européenne.
En guise de préambule et en forme de justification, Julian Assange a d’ailleurs précisé la participation du Hezbollah au gouvernement libanais actuel. Et en guise de conclusion, Assange a interrogé Nasrallah sur le combat contre les hégémons, à Washington ou dans les croyances religieuses.
Première interview depuis 2006
Depuis 2006 et le dernier conflit contre Israël, Nasrallah n’avait donné aucune interview et n’était apparu publiquement qu’à de rares occasions. Assange ne cache pas son enthousiasme de recevoir celui qu’il appelle à plusieurs reprises par son titre “seyyed”1 :
Il est l’une des personnalités les plus extraordinaires du Moyen-Orient. (…) Je veux savoir pourquoi il est qualifié de combattant de la liberté par des millions de personnes et en même temps de terroriste par des millions d’autres.
Interrogé sur la position du Hezbollah sur Israël, Nasrallah a rappelé que “l’occupation de la Palestine demeurait illégale” et que la seule issue est un État unique. “Le but [des attaques de roquettes] est de créer une sorte d’équilibre de la dissuasion pour éviter qu’Israël tue des civils libanais” a-t-il ajouté.
Hassan Nasrallah s’est aussi expliqué sur le contenu d’un télégramme diplomatique de l’ambassade américaine à Beyrouth rendu public par WikiLeaks. Le diplomate rapportait que Nasrallah était choqué par le comportement de certains membres du parti d’Allah, ce qu’il a contesté :
Ce qu’ils ont dit sur cette affaire est incorrecte. Ce sont des rumeurs qu’ils ont répandues pour discréditer le Hezbollah et altérer son image.
Hassan Nasrallah tente quand même de se justifier, en évoquant un phénomène très limité, lié aux changements de la structure militante du parti.
La faute de l’opposition syrienne
Sur la Syrie, fidèle allié du Hezbollah, Nasrallah a invoqué le principe de non-ingérence pour justifier son inaction :
Nous appelons au dialogue et aux réformes. L’alternative est de précipiter la Syrie dans la guerre civile et c’est précisément ce que veulent les États-Unis et Israël.
Pressé par Assange de préciser quand il comptait faire plus, Nasrallah a invoqué des tentatives de médiation passées, soulignant “que le Président Assad était très désireux de conduire des réformes radicales et importantes”. Et rejetant la faute sur une opposition qui “a rejeté le dialogue”, “n’était pas préparée à les accepter mais cherchait simplement à obtenir le renversement du régime. C’est ça le problème.”
Pour enfoncer le clou, Nasrallah a affirmé que “les groupes armés syriens ont aussi tué de nombreux civils” et reçoivent le soutien financier et des livraisons d’armes de “pays arabes et pays non-arabes”.
Le fondateur de WikiLeaks a poursuivi sur ses sujets fétiches : la liberté d’expression bafouée aux Etats-Unis et la sécurité informatique. Nasrallah a raconté comment “la simplicité peut vaincre la complexité” ou comment l’argot des villages utilisés par les militants se révèle être le meilleur chiffrement, mais “ça ne sera pas d’une grande aide pour WikiLeaks” a-t-il conclu dans un éclat de rire complice partagé par Assange.
La vidéo, mise en ligne sur la page d’Assange sur RT, est proposée au format payant sur YouTube. Le transcript de la conversation est lui disponible sur le site de la boite de production londonienne, Journeyman Pictures.
Illustration : capture d’écran de la vidéo sur assange.rt.com
- Un titre honorifique accordé aux descendants du Prophète en islam [↩]
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