Manufacturing Landscapes
Visuellement, le principe narratif est le même, ou presque, que celui de Home. Les auteurs de ces deux films ont d’ailleurs un profil très similaire : photographes, amateurs de grands espaces, de plans séquences (quand ils laissent tomber l’appareil photo pour la caméra), de montage lents, et surtout, portés par une conscience aiguë du danger [...]
Visuellement, le principe narratif est le même, ou presque, que celui de Home. Les auteurs de ces deux films ont d’ailleurs un profil très similaire : photographes, amateurs de grands espaces, de plans séquences (quand ils laissent tomber l’appareil photo pour la caméra), de montage lents, et surtout, portés par une conscience aiguë du danger imminent que coure la planète.
Mais les différences sont frappantes et riches d’enseignements. Là où Home est aussi, comme tous les films de YAB une ode à la nature, Manufactured Landscapes d’Edward Burtynsky et Jennifer Baichwal se focalise exclusivement sur l’impact de l’homme sur la planète.
Là où Home est accompagné d’un discours qui cherche à appuyer le visuel, Manufactured Landscapes laisse les images faire passer le message et se garde bien de penser à la place du spectateur : “en ne disant pas ce que vous devez y voir, [les images] me permettent de leur faire voir le monde différemment”. “Ce n’est pas une simple histoire de bien ou de mal, cela demande une toute autre façon de penser”, insiste Burtynsky.
Le film d’Edward Burtynsky a recu une multitude de prix, dont le Grand Prix du Jury du festival de Sundance, et c’est plus que mérité. C’est un film dont on ne ressort pas intact, un film qui marque, que ce soit sur un plan purement estétique ou sur un plan moral et politique.
Mais la vrai différence réside avant tout dans sa distribution.
Là où Home bénéficie d’une distribution jamais vue pour un film, même s’il persiste beaucoup de doutes quant à ce que cache son copyright, quant à l’intérêt d’en empêcher le ‘piratage’ alors que la volonté (affichée) est d’en optimiser la diffusion, et quant à la façon dont il est distribué en Afrique, Manufactured Landscapes, lui, est impossible à trouver, ou presque.
Chez Monsieur Pinault, le généreux mécène de ‘Home’, à la FNAC, on n’en a jamais entendu parler. Chez Amazon France non plus (mais au moins on connait le livre du photographe). CDiscount ? Pas plus. Jamais diffusé à la télévision Française, introuvable au Virgin Megastore…
Il y a deux ans, quand j’ai entendu parler de ce film, je me suis résolu (je sais, c’est mal) à utiliser le circuit de distribution le plus efficace de la planête : le peer to peer.
Depuis, j’ai refais le tour des marchands de DVD, et le résultat est le même : ce film, qui a gagné 5 prix, a été acclamé par la critique et constitue une oeuvre que quiconque ayant la moindre sensibilité écolo se doit de voir, est introuvable.
Ou presque.
Entre temps, un marchand l’a ajouté à son catalogue : Kosciusko Morizet. Pas Nathalie, mais son frère, Pierre, qui le propose chez PriceMinister (il en reste deux en stock, dépéchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde).
A l’époque, je l’ai téléchargé illégalement, mais est-ce un préjudice pour l’auteur ? On ne peut pas dire qu’il ai raté une vente. En pratique, il a même réussi par ce biais à me vendre son livre de photos, bien mieux distribué, à me faire recommander son oeuvre à une multitude de personne (comme aujourd’hui), si j’étais amené à le croiser, je doute qu’il m’en veuille.
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