N’engagez jamais un expert en réseaux sociaux !
Attention: si quelqu'un se présente en tant que gourou des réseaux sociaux, ne le croyez pas. Ce profil n'existe pas. Voici quelques conseils pour embaucher quelqu'un qui s'occupera de votre présence sur les réseaux sociaux.
Traduction libre du billet Never Hire a “Social Media Expert”, publié par Tim Baker sur son blog, repris par Kinesis Momentum
Le “gourou des médias sociaux” est l’une de mes bêtes noires favorites. Le genre de type qui passe sa journée à retweeter des articles de Mashable ou des billets de Chris Brogan et qui est convaincu que ses 40.000 followers font de lui un expert en marketing. Ces gens-là sont dangereux, pour plusieurs raisons mais la principale étant le tort qu’ils font à la notion même de “social media”.
Car, aussi surprenant que cela puisse vous paraître, beaucoup d’entreprises n’ont pas encore saisi l’intérêt des réseaux sociaux. Que ce soit par peur de la perte de contrôle et la conviction qu’il ne s’agit que d’une mode passagère, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir dans bon nombre d’entreprises n’ont pas encore osé franchir le pas de la conversation. Avec le temps, certaines de ces sociétés se font toutefois plus entreprenantes et, pour leur malheur, font l’erreur d’engager l’un de ces “ninjas”.
Voici donc quelques conseils pour débusquer ces vendeurs de vent et faire des choix judicieux la prochaine fois que vous engagerez des collaborateurs chargés de travailler avec vous sur les réseaux sociaux.
1. Il n’y a pas d’expert en réseaux sociaux. Si un candidat se réclame de cette trempe, il y a beaucoup de chance qu’il n’ait en fait jamais réellement travaillé de manière intelligente sur les réseaux. Ceux qui ont acquis une reconnaissance dans ce domaine sont les premiers à vous dire qu’ils sont continuellement en train d’apprendre, que la seule chose dont ils sont sûr, c’est qu’ils ne sont pas certains. La vitesse à laquelle les technologies évoluent et la fréquence à laquelle les individus trouvent de nouvelles manières de s’interconnecter sont telles qu’il est tout simplement stupide de croire que quelqu’un puisse un jour être un expert/gourou/ninja/master-king en réseaux sociaux.
2. Si un candidat vous sort son nombre de followers sur Twitter ou d’amis sur Facebook comme preuve en acier trempé de sa compétence, il y a fort à parier que vous ayez affaire à un fraudeur. Plutôt que vous répéter pour enième fois que “le nombre de followers n’est en aucune manière révélatrice d’une quelconque “influence”, dites-vous juste que le compte @OMGJDBFACTS qui ne fait que retweeter de manière automatique des faits concernant Justin Bieber, a déjà plus de 4.000 followers. Vous voyez ce que je veux dire ?
3. Les réseaux sociaux ne sont pas nouveaux. Si un candidat vous jure que Friendster et Myspace étaient des pionniers, c’est qu’il n’est sans doute pas aussi impliqué dans le secteur que ce qu’il essaye de vous faire croire. Avant que “Social Media” ne devienne un buzzword, on parlait de “New Media” et encore avant cela de “Usenet” et de “chatroom”. Là où je veux en venir, c’est que les échanges et la communication à l’œuvre aujourd’hui existent depuis la minute-même où les premiers modem ont permis de se connecter aux réseaux. C’est juste qu’il est devenu extrêmement plus simple pour les non-technophiles de “rejoindre la conversation”.
4. Ca peut vous paraître évident, mais ça ne l’est pas forcément pour tout le monde. Avant d’engager quelqu’un pour s’occuper de vos initiatives sur les réseaux sociaux, assurez-vous que cette personne y est elle-même active. Demandez-lui où elle échange et partage en dehors de Facebook et Twitter et allez y faire un tour. Entre dire que l’on utilise Flickr, Digg, Tumblr, Stumbleupon, Reddit,etc. et les utiliser VRAIMENT, il y a souvent de la marge. Depuis quand ses profils existent-ils ? Sont-ils actifs ? Est-ce que ce candidat teste régulièrement les nouveaux outils/services qui apparaissent ? … Le but n’est bien sûr pas de trouver un candidat qui est présent sur absolument TOUS les réseaux sociaux, mais vous pouvez légitimement être sceptique si votre “gourou” n’est actif que sur Facebook et Twitter (et sur son blog “sur les réseaux sociaux”, évidemment). Pour une liste assez exhaustives des réseaux existants, jetez un œil sur Wikipedia.
5. Repérez le “Constant Marketer.” Il est assez facilement reconnaissable par son obsession à ne relayer exclusivement que ce qui se rapporte au marketing sur les réseaux sociaux. Pour vous en assurer, suivez-le sur Twitter. Si vous recevez une réponse automatique en direct message faisant la promo de son blog et vous assurant qu’il est “super excité que vous ayez choisi de le suivre et terriblement impatient d’échanger avec vous”, laissez tomber. Ce type n’a manifestement pas compris grand chose.
6. Demande à votre candidat comment il compte s’y prendre pour mesurer l’impact de son action sur les réseaux sociaux. S’il vous regarde avec des yeux de merlan frit ou qu’il vous assure qu’il n’y a pas vraiment moyen de suivre le succès de son activité, passez votre chemin. Les entreprises peuvent avoir des motivations différentes pour utiliser les réseaux sociaux, mais toutes ont des objectifs à remplir et veulent un retour mesurable sur leurs investissements.
7. Les usages créatifs des réseaux sociaux sont tellement nombreux que votre candidat doit bien avoir sa petite short list de “case” qui lui paraissent être les plus réussis. [NDT: Tim Baker cite ici l’opération de Ikea sur Facebook et celle de VisitPA avec Foursquare comme étant ses favorites. Perso, je suis assez admiratif de la manière dont, entre autres, Coca-Cola et Starbucks ont réussis à utiliser la force du nombre de leurs utilisateurs (Victoria Secret aussi, mais pour d’autres raisons . Rayon médias, le Guardian (opendata), le Huffington Post ou encore Spot.us m’épatent par la révolution qu’ils sont en train de provoquer]. Vous pouvez en tout cas poursuivre l’interview si votre candidat ne se limite pas à la dernière campagne Old Spice.
Bref, il y a certainement des gens qui peuvent aider votre entreprise à être encore plus performante grâce aux réseaux sociaux, mais vous allez devoir tailler à la hache dans la jungle des “wannabes” avant de trouver votre homme/femme idéal. En espérant que les quelques conseils ci-dessus vous y aident (et si vous en avez d’autres à partager, les commentaires sont à vous)
(Bonus: Pour un état des lieux et un éventail de guidelines pertinentes, je vous suggère d’aller jeter un œil au Livre Blanc des réseaux sociaux, édité par le Social Media Club France)
Publié initialement sur Blogging the News
Photo CC FlickR : John Ryan Brubaker, Carole Browne
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